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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 23:52
wu-tang-clan-wu-tang-chamber-musicEnfin ! Enfin un "véritable" album du Wu-Tang Clan, ce qu'on n'attendait plus depuis près d'une décennie... Avec ce Chamber Music, le Wu-Tang revient à ce qui le rendait si fascinant sur Wu-Tang Forever (1997) ou sur la BO du Ghost Dog de Jarmusch (1999) par RZA : ambiances sombres, groove félin et crépusculaire, musiques enfumée des bas-fonds new-yorkais ; le tout sans prods luxuriantes ni "bling bling musical"... mais - ne rêvons pas - sans revenir non plus au son rugueux de leur indispensable chef-d'oeuvre, Enter the Wu-Tang (36 Chambers) (1995).

Leur précédent album, 8 Diagrams, avait beaucoup de qualités, mais on pouvait légitimement lui reprocher un son parfois trop lisse, et, surtout, des morceaux très inégaux. Pas de ça sur ce Chamber Music, l'album est étonnamment court pour un album du Wu-Tang (ne vous laissez pas abuser par les 17 titres, la moitié sont des interludes). Comme s'ils avaient voulu rectifier le tir, et ne garder que le meilleur pour celui-là.
Pourtant, ce "véritable album du Wu-Tang"... n'est pas vraiment un album du Wu-Tang Clan. Les titres ne sont pas signés RZA (sauf le dernier morceau, l'excellent NYC Crack), bien qu'il ait tout supervisé - comme d'habitude, et comme il le fait souvent pour les albums solos de ses acolytes - mais joués par un groupe instrumental, The Revelations. Et ces derniers n'ont rien à envier au "maître", leurs instrus sont remarquables et parfaitement dans le style du groupe.
Sur le papier, il y avait pourtant de quoi être dubitatif... car dans le monde du hip-hop, difficile de trouver un meilleur "compositeur" que RZA, un meilleur flow que celui de Method Man, et un meilleur lyricist que GZA... alors l'absence sur cet album de Method Man et GZA, ajouté au fait qu'il n'y ait qu'une compo de RZA aurait pu nous faire craindre du "Wu-Tang au rabais", Mais il n'en est rien. C'est plutôt du "Wu-Tang à l'économie" (la crise pour tout le monde...), modeste, qui vire tout spectaculaire pour ne se recentrer que sur l'essentiel. De la "musique de chambre" plutôt que de la musique de stade (même si le Wu-Tang n'est jamais vraiment tombé dans ce travers qu'est la "musique de stade"...)
"Inégal"... voilà un adjectif qui, malheureusement, colle bien au Wu-Tang Clan. Après deux vrais chefs-d'oeuvre (deux de mes albums favoris de tous les temps, Enter the Wu-tang (36 Chambers) et Wu-Tang Forever), il y a eu la déception The W (pas mauvais, mais il souffre la comparaison face aux deux précédents), puis le "très" grosse déception Iron Flag, et... l'inégal 8 Diagrams. Quant aux nombreux albums solos de ses membres, c'est encore plus chaotique, on y trouve de tout, du génial (Only Built for Cuban Linx de Raekwon) au pire... trop de dispersion, peut-être, alors qu'ils sont la plus impressionnante "Dream Team" du monde du hip-hop... L'ironie de ce Wu-Tang Chamber Music, c'est qu'ils parviennent à rompre avec cette malédiction de la dispersion et à se recentrer en... laissant plus que jamais la place à des musiciens et MC's extérieurs au groupe. Mais, rassurez-vous, la plupart des "membres historiques" du Wu-Tang sont bien présents (Raekwon, Ghostface Killah, RZA, Inspectah Deck, U-God) et toujours aussi affutés.

Si l'album a convaincu les critiques, s'il est généralement considéré comme une "très bonne surprise" (il est sorti plutôt discrètement)... ça m'étonnerait fort que beaucoup d'autres que moi en fassent leur "album de l'année". Mais le fana que je suis de leur groove et de leurs ambiances nocturnes et envoûtantes ne peut résister à ce très bon cru du Wu-Tang...

L'album en écoute intégrale sur
musicme

La chronique de Mowno
Celle de Rap2k

Mon précédent article sur le Wu-Tang : Wolves.


Wu-Tang Chamber Music

1. Redemption
2. Kill Too Hard (feat. Inspectah Deck / U-God / Masta Ace)
3. The Abbot
4. Harbor Masters (feat. Ghostface Killah / AZ / Inspectah Deck)
5. Sheep State 
6. Radiant Jewels (feat. Raekwon / Cormega / Sean Price)
7. Supreme Architecture 
8. Evil Deeds (feat. Ghostface Killah / RZA / Havoc)
9. Wise Men
10. I Wish You Were Here (feat. Ghostface Killah / Tre Williams)
11. Fatal Hesitation
12. Ill Figures (feat. Raekwon / MOP / Kool G Rap)
13. Free Like ODB 
14. Sound The Horns (feat. Inspectah Deck / U-God / Sadat X)
15. Enlightened Statues
16. NYC Crack (feat. RZA)
17. One Last Question...

              
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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 16:06
2009

nullDu hip-hop le plus expérimental (Dälek) à celui plus "grand public" (Eminem), beaucoup de bons - et même très bons - albums ont marqué 2009 (après une année 2008 un peu terne pour le genre). Cependant, il y avait de quoi émettre quelques réserves pour chacun d'entre eux :







- Aussi impressionnant soit le Dälek, difficile de l'écouter en boucle tant il est sombre, dense, étouffant.
- Le dernier Eminem est très efficace, ludique, accrocheur et plutôt inspiré... mais, forcément, les esthètes les plus pointus auront du mal à être totalement séduits.
- A l'inverse, le Kill The Vultures aura de quoi plaire aux esthètes, mais les autres le trouveront quelque peu austère.
- Le DJ Signify est planant, envoûtant, touchant... mais un peu "daté" et monotone.
Only Built for Cuban Linx 2 de Raekwon est vraiment très réussi, mais forcément, il souffre de la comparaison avec son illustre prédécesseur.

Bref, difficile de trouver le bon équilibre entre exigence et accessibilité (le dernier Mos Def y parvient... presque, je le trouve tout de même un peu moyen par endroits).

A la différence de tous ces très bons albums, il n'y a pas de "mais" pour le nouveau Anti-Pop Consortium. Un album original, fascinant, inventif, mais qui n'en oublie pas pour autant l'efficacité, la puissance, le groove... à écouter le volume à fond pour l'apprécier pleinement.

Autre fait d'arme remarquable, cet album est celui des retrouvailles pour le collectif, et l'on sait bien à quel point les reformations - dans le rock, surtout - ne laissent présager rien de bon. Dans 99% des cas, le groupe a perdu le "feu sacré", se reforme par dépit parce que les projets solos de ses membres n'ont pas fonctionné et l'on aboutit à tous les coups à l'un des deux cas suivants :

1. Le but, c'est de faire un maximum de pognon en capitalisant sur le nom du groupe, ce qui donne un album très consensuel, sans risques, conçu pour déplaire au moins de monde possible.

2. Le groupe n'a jamais touché un vaste public, leur nom parle surtout aux fans... donc ils se lancent dans un album destiné uniquement aux fans de la première heure... et cet album qui mise sur la nostalgie sera aussi ringard qu'indigent. 

En musique comme dans un couple, se remettre ensemble après une longue séparation est en général une très mauvaise idée. Très vite, on se souvient pourquoi ça ne pouvait plus marcher, et l'on se rend compte que d'imaginer repartir comme en 40 et retrouver ensemble les émotions fortes des débuts était très naïf. Rien de tout ça chez Anti-Pop Consortium, l'ex- groupe phare de l'abstract hip-hop, n'a pas plus le regard tourné vers le passé que vers le portefeuille. Ils ne cherchent ni à verser dans la surenchère expérimentale, ni à racoler le grand public, mais simplement à tracer leur voie et à faire ce qu'ils font le mieux : du hip-hop technoïde influencé par l'electronica. L'album donne vraiment l'impression qu'ils ont toujours autant de plaisir à travailler ensemble, qu'ils n'ont rien perdu de leur talent, et le résultat est assez réjouissant. Ce n'est sans doute pas l'album hip-hop le plus révolutionnaire de la décennie, mais peu importe, le plaisir et l'efficacité l'emportent, et c'est déjà beaucoup.

Fluorescent Black est en écoute intégrale sur
deezer.

Trois de mes titres favoris, pour vous inciter, je l'espère, à vous plonger dans l'album :

Découvrez la playlist Anti-Pop FB avec Anti-Pop Consortium


La Chronique de Systool
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16 juillet 2009 4 16 /07 /juillet /2009 20:24


06/2009  -  Truth and Soul

Les amateurs de soul et funk ont de quoi se réjouir, deux très grands albums sont sortis cette année. L'excellent Bird Head Son d'Anthony Joseph & The Spasm Band, et ce non-moins excellent My World de Lee Fields. Deux albums qui ont en commun d'être fortement ancrés dans l'âge d'or du genre (fin 60's début 70's), le premier étant le plus "free", le second le plus "roots". Avec l'album de Baby Charles l'an dernier (auquel on pourrait ajouter le Sharon Jones & the Dap Kings de 2007, voire le Amy Winehouse), le revival soul/funk du moment est assez passionnant.

Pourtant, un revival, c'est en général assez peu excitant. Signe qu'on tourne en rond, manque de créativité, réchauffé... refaire ce qui a été fait il y a plusieurs décennies en moins bien, c'est d'un intérêt très limité. Bizarrement, les critiques musicaux sont en général assez peu sévères avec le "revival". Sans doute parce que ça leur permet de revenir en terrain connu, de sortir leurs grandes références, l'impression d'une seconde jeunesse... Un jour, ils vous expliquent que tel album est génial parce que novateur, le lendemain, que tel autre est aussi génial car il reproduit parfaitement ce qu'on faisait déjà 20 ans auparavant. Allez comprendre... 

Bref, n'écoutez pas les critiques, les revivals n'ont rien d'enthousiasmant, ils sont même au fond très "bourgeois". Au lieu d'oser, d'inventer et d'expérimenter, on se repose dans son petit confort tranquille sur ce qui a déjà été éprouvé et qui a fonctionné.   

Mais avec les albums de Sharon Jones, Baby Charles, Anthony Joseph et Lee Fields, on tient enfin un type de revival remarquable et pertinent. Remarquable, car à l'écoute de ces albums, on ne se dit pas "ce sont de bons albums d'un genre d'une autre époque" - le mieux qu'on puisse espérer, la plupart du temps, d'un revival - mais "ce sont des albums qui, s'ils étaient sortis au début des 70's, auraient eu leur place à côté des meilleurs". Pertinent, car il est nécessaire de revenir aux bases de la soul et du funk. A la fois parce que ces genres ont par essence, comme le blues, une identité forte (historico-sociale autant que musicale) qu'il convient de ne pas négliger ou trahir (ce qui compte dans le blues, la soul et le funk, c'est d'exprimer plus que d'inventer)  et ils sont la plus juste des réactions à la pire dérive qui soit de la musique afro-américaine : le r'n'b moderne.

Si
Michael Jackson a amené le règne du marketing et du grand spectacle boursouflé dans la pop, il est aussi coupable d'avoir blanchi la musique noire-américaine. Il délaisse l'élégante sensualité de la soul et la liberté cathartique du funk pour une soupe bien plus consensuelle et racoleuse. Il y aurait des pages à "noircir" sur l'influence désastreuse de Michael Jackson sur la musique noire-américaine (ce qui a d'ailleurs été fait, mais oublié ces derniers temps), et les stars du r'n'b moderne sont ses sinistres rejetons. Face à cette dérive, il était donc nécessaire de revenir à ce qu'est vraiment la musique noire-américaine populaire...

Cependant, englober Lee Fields dans ce "revival" est quelque peu étrange, car il a vécu les grandes années de la soul et du funk. Celui que l'on considérait comme le "James Brown underground" n'a jamais eu la notoriété des grands de la soul et du funk, il fait partie de ces "trésors cachés" que se partagent quelques happy fews fans de soul/funk. Le problème, lorsqu'on n'est qu'un "trésor caché", c'est qu'il faut bien vivre, et Fields a accepté il y a quelques années de chanter sur des morceaux du plus niais des DJ, Martin Solveig. On souhaite vivement que ce superbe album ne reste pas lui aussi réservé aux aficionados, et que Fields n'ait plus à supporter ces "travaux alimentaires". Utiliser une telle voix pour ça, c'est du gâchis...

D'ordinaire très funk, Lee Fields se fait ici beaucoup plus soul, trouvant même une parfaite alchimie entre les deux genres. James Brown, Marvin Gaye, Otis Redding,
Curtis Mayfield... on pense inévitablement aux plus grands en écoutant My World, et Lee Fields ne souffre pas la comparaison. Un mot aussi sur les "Expressions" qui l'accompagnent, de formidables musiciens (qui ont bossé avec Sharon Jones et Amy Winehouse) au groove impeccable. Rien à redire, donc, sur ce grand album... si ce n'est un tout petit bémol, la reprise du hit un peu mielleux de la Motown My world is empty without you (malgré une instrumentation bossa assez plaisante). Mais c'est vraiment histoire de chercher la petite bête...

Dommage qu'on ne puisse écouter l'album sur deezer, musicme, jiwa et les autres... seuls 4 titres sont disponibles sur imeem, 3 sont superbes, le 4° est My world is empty without you...   

Playlist :


Lee Fields & The Expressions - My World

[Edit : L'album est maintenant en écoute sur deezer
           
Lee Fields & The Expressions - My World

01 Do You Love Me
02 Love Comes And Goes
03 Honey Dove
04 Money I$ King
05 My World Is Empty Without You
06 Expressions Theme
07 My World
08 Ladies
09 These Moments
10 The Only One Loving You
11 Last Ride
12 Truth, Deception, & Lies - My World Remix (Feat. Aloe Blacc)
13 My World (Instrumental)
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