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Classements d'albums

19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 15:22

11/2010    Ici D'ailleurs

 

 

Third-Eye-Foundation-the-dark.jpgLe problème des musiques hypnotiques... c'est qu'elles ont le pouvoir d'hypnotiser suffisamment l'auditeur pour qu'il ne prenne pas toute la mesure de leur richesse (ou leur pauvreté). Et dans le cas présent, c'est bien la richesse de ce dernier album de Matt Elliott qui risque d'échapper à certains. The Dark a beau être un album "atmosphérique", il perd beaucoup à ne servir que de fond sonore d'ambiance. Ecouté distraitement, il peut sembler répétitif, monotone... mais il vaut bien mieux que cela lorsqu'on accepte de s'y abandonner réellement. Là, c'est un univers sonore riche et foisonnant qui s'ouvre à vous. Une oeuvre organique, remarquable de cohérence, de fluidité et de musicalité. Ce n'est pas un album avec une suite plus ou moins homogène de morceaux, mais une véritable symphonie électro répétitive...

 

The Dark pourrait laisser sur le bord de la route ceux qui ont découvert Matt Elliott avec ses chansons (plus accessibles) de la "trilogie des songs"... même s'il est clair que ce nouveau Third Eye Foundation s’enrichit du travail effectué par Matt Elliott sur ses derniers albums. Il y a les artistes qui cherchent à se renouveler un peu n’importe comment, en suivant les nouveaux sons du moment, en expérimentant au petit bonheur la chance… il y a ceux qui se renouvellent naturellement parce qu’ils ont, eux, une véritable âme d’artiste. Mettre de côté l’électro de Third Eye Foundation pour sa trilogie des songs (et son premier album sous son propre nom, The Mess we made), puis y revenir en intégrant et en adaptant avec intelligence et musicalité des éléments explorés sur ses derniers albums, tout cela semble couler de source pour Matt Elliott. Cohérence de l’album, cohérence de la démarche artistique qui est la sienne depuis plus d’une décennie.

 

A tous les points de vue, il faut se plonger dans cet album. S’y plonger pour saisir la richesse de toutes ses variations, ses strates, ses « touches sonores » qui viennent se greffer à la trame principale… autant l’auditeur distrait peut avoir l’impression qu’il ne se passe pas grand chose, autant l’auditeur attentif ne s’ennuiera pas une seconde. Une musique exigeante dans le meilleur sens du terme, qui révèle ses trésors à ceux qui acceptent de lui prêter l’attention qu’elle mérite. S’y plonger, aussi, car Matt Elliott nous entraîne dans de tels abîmes de mélancolie (comme sur sa trilogie des songs) qu’il sera compliqué pour certains de s’y abandonner totalement. Elliott semble nous dire « Sombrez avec moi, ou passez votre chemin… » Et si l’on ne craint pas de sombrer dans une telle mélancolie, cet album est un régal… 

 

S’il fallait définir le style de Matt Elliott en deux mots, « mélancolique – fantomatique » me semble le plus indiqué. Pas étonnant, d’ailleurs, que son deuxième album s’intitule « Ghost », sa musique est hantée par les fantômes. Entrelacs vaporeux de sonorités, voix désincarnées, chœurs livides, mélodies envoûtantes, rythmes qui traînent et vagabondent…

 

J’aime beaucoup l’image de Mmarsup, très pertinente, du « bateau ivre » pour qualifier cet album… Et s’il fallait préciser, je dirais : « un vaisseau fantôme ivre dérivant sur des vagues de mélancolie ». A vous de voir si la balade vous tente…

 

Si oui, embarquement immédiat, sur deezer (je l’y ai écouté plusieurs fois, il n’a jamais été coupé par de la pub… la moindre des choses, c’est une œuvre qui ne peut se couper).

(Si vous avez le mal de mer, attention aux risques de secousse en toute fin de voyage, sur le bien nommé : If you treat all like Terrorists, We will become Terrorists)

 

L'album en écoute intégrale sur deezer :

 

The Third Eye Foundation - The Dark 

 

 

La chronique de Nyko

Celle de Mmarsup

 Celle de Thom 

 

Un autre album électro de cette année que je vous conseille, qui, comme ce Third Eye Foundation, est plutôt atmosphérique et répétitif mais beaucoup plus riche qu'on pourrait le penser : Future Sound of London - Environments 3  

 

 

Précédentes chroniques d'albums de Matt Elliott :

 

Drinking Songs

Failing Songs
Howling Songs

 

 

Classement des albums de 2010

 

 

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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 12:03

Fake Diamond    16/08/2010 (2008)

 

 

 

Crooked-spoke.jpgEn ces temps de revival où la musique pop peine à innover et proposer des oeuvres réellement fortes et originales, les groupes qui s’en tirent le mieux sont bien souvent ceux qui parviennent à mêler des influences diverses et variées avec finesse. Et à ce petit jeu, The Crooked Spoke est assez remarquable.

 

 

Peter Leth et Asger Baden, les deux talentueux membres de ce duo danois méconnu, marient avec style des éléments électro, jazz, rock, musiques de films dans cet album en grande partie instrumental (3 chansons sur les 11 titres). Un duo qui a su trouver la bonne alchimie, le bon équilibre entre recherche d’ambiances et diversité, morceaux envoûtants et ludiques, atmosphériques et entraînants, légers et mystérieux… et tout cela coule assez naturellement, avec élégance, sans ne jamais donner l’impression laborieuse du « collage pour le collage ».

Quelques petits creux, dans la seconde partie de l’album, même si, après plusieurs écoutes, ces morceaux se révèlent finalement plus intéressants qu’ils n’en avaient l’air… sauf pour le tout dernier, une chanson assez dispensable, la bien nommée Dead End… dommage, les deux autres chansons de l’album, Black Tower Hotel et The One You left behind sont, elles, très réussies.

 

L’influence de John Barry est assez évidente, celle de Lynch plus souterraine mais pourtant bien présente :     

La Rythmique de Strange Walk qui rappelle celle du morceau d’ouverture de Mulholland Drive (Jitterbug)

Les claquements de doigts sur un tempo très lent et l’effet de reverb à la guitare sur Sneaking qui évoquent les musiques de Twin Peaks (le thème de ce morceau est par contre typique de ceux de John Barry).

La rythmique de The One You left behind (dès le début, mais peut-être plus encore lorsqu’elle s’alourdit sur la fin) qui renvoie à Pink Room sur la BO de Twin Peaks, ou Go Get Some sur celle de Mulholland Drive.

 

Alors en cette année de vaches maigres pour la musique - excepté l’excellent Processions de Bjarnason et une toute petite poignée de vrais bons albums - on ne s’étonnera pas qu’il faille chercher un album de 2008 pour remonter un peu le niveau. Car The One You Left behind, sorti de manière très confidentielle il y a deux ans, est réédité cette année. Espérons qu’il puisse rencontrer ainsi un plus grand succès, il le mérite amplement…

 

L’album en écoute sur deezer :

The Crooked Spoke - The One you left behind

 

 

Tracklist :

 

1. Hang Ten

2. Black Tower Hotel

3. The Sacrifice of a Common Thief

4. Strange Walk

5. Prologue

6. The One You left behind

7. Sneaking

8. Low Down

9. Down Sunset

10. The Inquiry

11. Dead End 

 

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 17:48
Electro / Ambient        Slo.Bor Media 2009

jason-sloan.jpgSe lancer dans des chroniques de disques électro ambient, ce n'est jamais facile. A moins de considérer qu'il suffit de placer les mots "minimaliste", "planant", "éthéré", "épuré", "envoûtant", "atmosphères", "contemplatif" chaque fois dans un ordre différent. Et de broder autour. Alors pourquoi parler de cet album de Jason Sloan ? Tout simplement... parce qu'il est très réussi, et au-dessus de la mêlée des disques d'électro ambient.

S'il n'est pas très connu, Jason Sloan n'est pas le premier venu ni un de ces bidouilleurs qui agencent 2-3 sons sur un synthé et un PC et appellent ça de l'ambient. Musicien électro, compositeur, prof à l'Institute College of Art de Baltimore, il travaille sur la musique et les nouvelles technologies, le "net art", et a composé pour des galeries à New-York, Berlin ou encore Kiev. Bref, Sloan est donc plus un artiste versé dans les nouvelles technologies qu'un ex-DJ vieillissant qui se met à l'ambient parce que ses jambes et ses oreilles ne suivent plus... ou parce qu'il a trop abusé de substances planantes.
Mais ce qui fait la grande qualité de ce très beau [--], c'est que loin d'interminables plages de synthés sur deux accords comme on en rencontre si souvent dans l'ambient, Sloan parvient à trouver une remarquable alchimie entre "musique planante et hypnotique" et "rythme et diversité". En clair, il sait distiller suffisamment de rythmes,variations, nouveaux éléments à son matériau ambient de base pour éviter une  trop grande monotonie. Bien sûr, il ne s'agit pas ici de "rythmes et diversités" comme on peut en trouver chez un Amon Tobin. Cela reste de l'ambient. Mais [--] est à la fois un excellent album du genre et une très bonne porte d'entrée pour ceux qui connaissent mal ou très peu l'ambient, et craignent de n'y trouver que les interminables plages de de deux accords dont il était question ci-dessus. Jason Sloan était jusque-là beaucoup plus dans l'ambient "pure et dure", épurée (de l'ambient "hardcore", en quelque sorte) et ce [--] est sans doute à la fois son album le plus accessible, et, à mon sens, le plus réussi de sa discographie.

Jason Sloan - [--]

1. .open
2. frozenblind
3. greylightafter
4. residual
5. movement
6. .close


Pour vous en faire une idée, il y a un morceau de l'album sur son
myspace, greylightafter (les titres suivants, tirés d'autres de ses albums, ne sont donc pas particulièrement représentatifs de ce que vous pouvez trouver sur [--])  

Il est toujours intéressant de voir la liste des influences que laissent les artistes sur myspace... la liste de Jason Sloan est impeccable, on y trouve notamment : La Monte Young, John Cage, Stockhausen, Brian Eno, Suicide, le Velvet Underground, Steve Reich, Pierre Schaffer, Pierre Henry, Autechre, Aphex Twin, Throbbing Gristle, Sonic Youth, Marcel Duchamp, André Breton et Antonin Artaud...   

Pour en savoir plus sur Jason Sloan : 
Son site
Wikipedia


Et si vous en avez marre du bruit et de la fureur de l'époque, si vous souhaitez vous laisser envoûter une heure en plongeant dans une musique "minimaliste, planante, éthérée, épurée, envoûtante, atmosphérique et contemplative", je vous conseille, de Jason Sloan, cette "Live Web Performance" :

JASON.SLOAN LIVE WEB PERFORMANCE from jason.sloan on Vimeo.



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