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Classements d'albums

17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 20:29

 La dernière fois que j’ai écrit un billet pour critiquer l’article d’un blogueur, je me suis pris une volée de bois vert… ce qui est somme toute compréhensible, j’y étais allé un peu fort. Pas de ça ici, il s’agit juste d’apporter une précision, de réagir sur une petite chose qui m’a fait bondir, sans aucune volonté de nuire. Il n’y aurait d’ailleurs pas lieu, le site Chroniques électroniques est un excellent site, indispensable pour tout amateur de musiques électro, les articles sont bien écrits et intéressants, les albums encensés par les auteurs du site sont de qualité (même si je suis loin d’être toujours d’accord avec eux). Bref, aucune raison de leur chercher querelle.

La petite phrase qui m’a fait bondir se trouve dans un article sur l’album de VNDL :    « Je dois avouer que j'étais plus que sceptique sur le potentiel de VNDL. Je n'ai certes pas l'oreille absolue et je m'efforce chaque jour un peu plus d'accepter (à défaut de respecter) le goût des autres. »

Si un passionné de musique, qui a manifestement une bonne culture musicale et des goûts exigeants, se trompe sur ce qu’est l’oreille absolue, c’est donc qu’il doit y avoir beaucoup de gens pour lesquels cette notion n’est pas claire. L’occasion d’écrire un article pour l’expliquer.

Contrairement à ce que peut laisser penser la phrase citée, posséder « l’oreille absolue » ne vous donne pas plus de légitimité ou de pertinence pour juger de la qualité d’une musique ou du potentiel d’un musicien. L’oreille absolue ne préserve pas du mauvais goût. Vous pouvez avoir l’oreille absolue et aimer les pires tubes variétoche, et ne pas l’avoir mais vous délecter des quatuors de Schubert ou des œuvres expérimentales les plus pointues.

L’oreille absolue, au fond, ce n’est que de la technique. Sans rapport avec l’esthétique. Qu’est-ce que l’oreille absolue ? La capacité d’associer leurs noms aux notes que vous entendez, sans s'aider d'une note de référence. Si je joue un fa, vous entendez précisément qu’il s’agit de la note fa. Quelle importance pour un auditeur ? Aucune. J’exagère un peu, mais c’est d’une utilité très limitée. Transposé au cinéma, c'est un peu comme si vous connaissiez le nom de chacun des acteurs d’un film, ou que vous puissiez identifier le type de caméra utilisé pour chaque plan. Mais ce n’est pas ça qui rendra votre avis plus pertinent que d’autres sur le film que vous venez de voir.

L’oreille absolue est surtout utile pour les musiciens (car il ne s’agit pas seulement de repérer le nom des notes, mais aussi de mieux identifier l’harmonie des accords via les notes qui les composent). Mais le plus important pour un musicien, c’est déjà d’avoir l’oreille relative. C’est-à-dire de repérer non pas les notes par leur nom, mais par l’intervalle utilisé (vous n’entendez pas qu’il s’agit d’un sol et d’un si, mais vous savez qu’il y a là une tierce majeure). Et encore, nombre de musiciens dans les musiques populaires modernes n’ont quasiment aucune notion de solfège ou de théorie, ce qui ne les empêche pas de composer et jouer de la bonne musique…

Bach, Mozart, Beethoven et Chopin avaient certes l'oreille absolue... mais paraît que Mariah Carey et Malmsteen l'ont aussi. Comme quoi, elle n'est pas gage de qualité.

Il en va de même pour l’oreille que pour la théorie harmonique, le plus important, ce n’est pas le nom des notes, ce sont les intervalles. Savoir que tel accord est un accord de sol majeur, et telle note un ré, ce n’est pas ça qui nous dit quoi que ce soit d’intéressant sur le fonctionnement de l’harmonie d’une musique. Ce qui compte (pour un musicien, surtout), est de savoir que cet accord, par rapport à l’accord fondamental, est un accord du IV° ou V° degré, par exemple, et que le ré est la quinte de cet accord. Un morceau peut se transposer dans toutes les tonalités, vous le reconnaitrez toujours et n’aurez pas l’impression qu’il s’agit d’un autre morceau (à moins de l’écouter transposé immédiatement après l’original), tant que l’on respecte les mêmes rapports entre les accords, les mêmes intervalles. Il n’y a que ceux qui ont l’oreille absolue qui entendront que l’on n’est plus dans la tonalité d’origine. Je suis rentré dans des questions un peu techniques… pour simplifier, prenons un exemple d’actualité, le foot. Si vous voulez comprendre le déroulement d’un match de foot, l’essentiel n’est pas de savoir que le prénom du n°8 est Michael, mais de savoir quelle est sa place dans l’équipe, quel est son rôle sur le terrain.

Posséder l’oreille absolue, c’est en quelque sorte avoir un diapason, ou un accordeur dans le cerveau. Ce qui vous permet d’identifier une note avec justesse, mais en aucun cas d’avoir un avis plus juste que d’autres sur les qualités de telle ou telle musique.

En savoir plus sur l’oreille absolue : Wikipedia (l’article est assez complet)

Pour en savoir plus sur la théorie de la musique, cf. Gammes et tonalités 

 

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 12:21

1.      Présentation

2.      L’œuvre échappe à son auteur

3.      La cohérence d’un album

La question de la cohérence est sans doute la plus importante lorsqu’on réalise un album… enfin, après la qualité des compos, évidemment. La constance dans la nullité et la médiocrité a beau être une forme de cohérence, elle n’a aucun intérêt…

Quels sont les principaux éléments à prendre en compte pour travailler la cohérence d’un album ? Le son, l’ambiance, le style, l’agencement des morceaux et les textes (ou noms de l’album et des morceaux pour un album instrumental).

Avant le net et l’accès relativement simple à des logiciels de composition, il fallait passer par un ingénieur du son et un producteur pour diffuser au public de la musique enregistrée. Ce qui garantissait (dans le cas d’un producteur intervenant dans la réalisation) une certaine cohérence sonore. Mais maintenant, avec, en outre, le fait que les genres musicaux sont beaucoup plus poreux, et qu’il est fréquent de tomber sur des musiciens mélangeant allègrement des styles très différents les uns des autres, la question de la cohérence est inévitable.

Je ne vais pas rentrer dans des détails théoriques, d’autant plus qu’il n’y a pas de règles strictes et de formules magiques,  tout dépend du type d’album que l’on fait… Mais plutôt illustrer cela avec un cas particulier, qui me pose un petit problème.

J’aime beaucoup le 3° morceau que j’ai composé cette année, Diversion. Le premier réalisé sans importer de boucles rythmiques, j’ai tout écrit de A à Z, de la moindre note de piano au moindre coup de caisse claire. Pas de cordes (trop) lyriques non plus, et c’est le seul composé en sachant à l’avance où j’allais. Le problème, c’est qu’il ne colle pas avec les autres.

-          L’instrumentation piano-basse-batterie tranche avec mes autres compos, plus électro.

-          Le thème de départ n’est pas du tout dans l’esprit de celui des autres morceaux.

-          Il est le seul (des 5 morceaux pour l’instant composé) qui n’est pas « atmosphérique ».

Bref,  il donnerait l’impression, au sein de l’album, de tomber comme un cheveu sur la soupe. La seule possibilité qu’il me reste pour l’intégrer serait de composer quelques morceaux qui puissent faire office de transition. Non pas de bêtes morceaux de transition, mais des morceaux à part entière qui fassent le lien entre celui-là et les autres, par leur instrumentation et leur style. D’un autre côté, j’aime particulièrement les albums qui ont une identité forte, une ambiance très homogène (cf. The Carapace), beaucoup plus que les albums qui misent avant tout sur la diversification (à quelques exceptions près, le génial White Album des Beatles en tête). Je n’ai donc pas fait de choix définitif, mais je penche plutôt pour l’évincer, et l’utiliser, pourquoi pas, dans un autre album…

Normalement, je devrais vous faire écouter les morceaux de l’album dans cette série d'articles… mais les deux seuls que je vous propose pour l’instant, n’y seront sans doute pas. Vortex (à moins que je le retravaille), et maintenant Diversion.

Ecoutez-le en entier (et fort, si possible), ou ne l’écoutez pas du tout… ne vous arrêtez pas au thème de départ (que je n’aime pas vraiment), il est assez inoffensif et carré, mais c’est voulu, ce qui compte, et ce qui m’a intéressé dans sa composition, c’est la manière dont il évolue.

Je suis bien entendu très curieux d’avoir votre opinion sur ce morceau. Non pas sur sa cohérence au sein de l’album, puisque vous ne disposez pas des autres morceaux pour comparer, mais sur cette question qui me taraude :  est-ce qu’il sonne suffisamment « pro » pour figurer sur un véritable album, ou est-ce qu’il donne encore trop l’impression d’être bidouillé par un amateur sur un logiciel (en même temps, je fais avec ce que j’ai, même si l’on peut toujours peaufiner certaines choses). C’est sûr qu’il a un côté « piano mécanique », mais ça ne me gêne pas tant que ça, j’aime bien ce côté « honky-tonk barré » par endroits…

Diversion

 

Diversion by Winter Loge

 

 

(Note à moi-même, bonne stratégie, qui n'était pourtant pas intentionnelle, de faire écouter un morceau pourri - en l'occurence Superstar de Madonna - juste avant une de mes compos...)

(En revanche, mauvaise idée que d'inciter mes lecteurs à écouter le magnifique I will Stand Alone dans l'article précédent... j'ai pas l'air fin, à côté...)  

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 11:03

1. Présentation 

 

2. L’œuvre échappe à son auteur

 

J’ai plusieurs fois parlé de cette règle, qu’on a tendance à oublier ou négliger. La faute aux conceptions romantiques toujours bien ancrées, et qui tendent à nous présenter l’auteur comme un démiurge qui aurait tout contrôle sur sa création. Mais le romantisme propose aussi un dépassement de cette conception très « exclusive » d’une œuvre qui appartiendrait totalement à son auteur, par l’idée de transcendance, le fait qu’un auteur soit animé par des forces qu’il ne contrôle pas et qui vont influencer en profondeur sa création. (Ne vous affolez pas, je ne vais pas venir vous raconter que j’ai été parcouru par des énergies cosmiques qui auraient façonné mon album…)

 

Lorsqu’on parle d’une œuvre qui échappe à son auteur, on parle en général de « réception ». Le public « interprète », « comprend » une œuvre d’une manière qui n’est pas toujours celle voulue par l’auteur, et ce n’est pas forcément le public qui se trompe. Cela peut tout aussi bien être l’auteur qui n’est pas parvenu à exprimer au mieux ce qu’il souhaitait, ou qui n’a pas eu conscience qu’il faisait passer tel type de message. Pour creuser la question, voir l’article que j’ai écrit ici.

 

Ce qui me marque le plus depuis que je travaille cet album, ce n’est pas tant les qualités ou défauts de la musique que j’écris, mais la facilité avec laquelle elle m’échappe, au stade même de la composition. Ce qui demande quelques explications…

 

Avant même de commencer la composition, j’avais une idée assez claire de l’album que je voulais faire. Le type d’ambiance, de sons, d’harmonies… en revanche, lorsque je compose un morceau, je ne sais jamais où je vais, et c’est ce qui me plaît. Je peux donner l’impression d’être un musicien assez cérébral (par tout ce que j’écris sur ce blog, et en particulier cette volonté de faire une série d’articles sur la composition de l’album), mais au fond, je me considère plutôt comme un intuitif, je ne pars jamais d’un plan, d’une structure réfléchie en amont, d’une histoire que je voudrais raconter en musique, mais de manière empirique avec des motifs musicaux qui me viennent, que je développe et varie, et que je laisse m’emmener où bon leur semble … avec, bien sûr, au final, un travail de construction pour rendre tout ça cohérent et structuré. 

 

Tout comme je déteste que l’on me raconte quoi que ce soit d’un film que je compte aller voir, de la suite d’un livre ou d’une série que je viens de commencer, je n’aime pas savoir à l’avance où m’entraînera le morceau que je compose. A quelques rares exception près, comme celui d’un morceau un peu particulier que je vais vous faire écouter bientôt, et où l’idée de départ était de le faire évoluer progressivement vers quelque chose de complètement différent de ce qu’il semblait exprimer au départ…

 

Cette manière de procéder n’a rien de singulier, la plupart des musiciens travaillent comme ça, notamment dans la pop, ils jouent de leurs instruments, trouvent une suite d’accords, une mélodie, voient où ça peut les emmener… mais il y a tout de même une différence de taille avec la chanson, où l’on fait la majeure partie du temps rentrer ce que l’on compose dans des cases couplets / refrains, et où l’on colle des notes sur des mots. Ce que j’aime dans la musique instrumentale, c’est son côté plus aventureux, libre, l’idée que « la musique seule commande ». Si un thème mérite d’être répété et varié un bon moment, on ne va pas l’en empêcher sous prétexte qu’il faut passer au refrain… si un autre thème permet des modulations ou changement de rythmes intéressants et inhabituels, on ne va pas s’en priver sous prétexte que ça ne collerait pas au texte ou à la structure de la chanson.

Pour autant, ce n’est pas vraiment cette manière de composer qui me donne l’impression que mes compos « m’échappent ». Comme vous le savez si vous me suivez depuis un moment, j’adore les musiques sombres, graves et envoûtantes. Et c’est bien dans cette veine que je conçois mon album. Mais presque systématiquement, sans que je ne le choisisse réellement, mes morceaux dérivent vers un certain lyrisme, voire de l’emphase. Alors que je suis très critique ici sur les envolées emphatiques (du prog, du metal, de la pop). J’espère que mes passages « lyriques » ne sont pas aussi ridicules que ceux des Muse, Queen, Yes et tous ces groupes de speed metal ou rock prog que je ne supporte pas… mais cette dérive m’inquiète légèrement et m’interroge.

 

Au bout de 2-3 morceaux, je me suis rendu compte que, malgré moi, je ne pouvais m’empêcher de mettre trop de cordes. Presque systématiquement, je partais, à un moment ou un autre du morceau sur un motif assez sombre aux contrebasses / violoncelles, que j’enrichis, développe, monte vers les violons et qui devient assez « lyrique ». Comme si c’était naturel, inévitable… la faute, je pense, à ma passion pour la musique du XIX° (et un peu aux musiques de films, qui doivent de toute façon tant à la musique symphonique romantique).

 

Après ces quelques morceaux, je me suis dit « stop au lyrisme , compose un morceau plus ambient, très sombre, lent, exclusivement électro, où tout ce qui compte, c’est l’atmosphère, et sans aucune envolée lyrique aux cordes ». Tout va bien pendant les premières mesures… puis je me surprends à placer une note tenue aux violons, note qui amène un début de lyrisme romantique… et là, je me suis littéralement dit « et merde ». Parce que je savais que ça n’allait pas louper, j’allais me mettre à partir dans de grands passages d’ensemble de cordes. Vous me direz, sachant cela, c’est pas compliqué, il n’y a qu’à virer cette note aux violons et partir dans une autre direction. Mais c’est plus fort que moi, je n’ai pu m’en empêcher. Il fallait que je déploie ce thème, que je lui donne de l’ampleur, voire de l’emphase.

 

Qu’un morceau parte dans une direction qui n’était pas prévue, c’est normal, ça arrive à tous les musiciens… mais dans mon cas, c’est plus grave, limite schizophrénique, c’est carrément mon style qui m’échappe, et se fait beaucoup plus « lyrique » que je le souhaitais, sur quasiment chaque morceau.

Je devrais vous faire écouter ce morceau pour illustrer ce que je viens de vous dire… mais je ne peux justement pas le faire car, pour l’instant, je n’assume pas ce lyrisme. Il me faut encore bosser mes morceaux pour les rendre plus hypnotiques qu’emphatiques. Ce qui n’est pas si simple, il ne suffit pas de virer les envolées, balancer quelques dissonances d’un côté, épurer l’harmonie de l’autre, il faut encore pouvoir proposer quelque chose d’intéressant à la place. Je ne compte pas me débarrasser de tout lyrisme non plus, après tout, que je le veuille ou non, j’aime le lyrisme en musique (enfin, un certain lyrisme, celui de la musique du XIX°,  ou de Radiohead dans la pop), et une certaine puissance, mais il me faut trouver un meilleur équilibre pour ne pas en faire trop, pour éviter, surtout, que ça vire au pompeux…

 

La création d’une œuvre, quelle qu’elle soit, relève en partie de ce que l’auteur cherche à exprimer, mais aussi de ce qui s’exprime en lui sans qu’il le contrôle ou le comprenne. Que cela vienne des tréfonds de son inconscient ou de la société dans laquelle il s’inscrit. Mais je ne rentrerais pas dans ces considérations pour « expliquer » mon album, je refuse même de me poser ce genre de questions. Il y a un peu de vrai dans le fameux cliché de l’artiste qui dit qu’il ne pourrait faire de psychanalyse car ça nuirait à sa créativité, quant à ce qui pourrait s’exprimer à travers moi du monde qui m’environne, ce n’est sûrement pas à moi de le dire ou l’analyser, je n’ai pas encore atteint ce degré de mégalomanie…

 

Je ne vous ferais donc pas écouter de compo cette semaine, mais, à la place, un de mes morceaux de chevet, ICCT Hedral d’Aphex Twin, parfaite illustration à mon sens de morceau qui sait rester dans l’ampleur/la gravité/la grandeur sans tomber dans l’emphase/la grandiloquence…

 

Aphex Twin – ICCT Hedral

 

 

ICCT Hedral orchestré par Philip Glass

 

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