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Classements d'albums

19 septembre 2008 5 19 /09 /septembre /2008 14:18

La meilleure idée d'un blog musical... c'est celle de Kfigaro, qui a tenu - il y a un moment déjà - à expliquer son parcours pour montrer d'où lui viennent ses goûts. Cela a déjà été fait sur des forums (comme ici, suite à l'article de Kfigaro, ça commence par Christian, et il y en a d'autres sur les 5 pages) ... mais, à ma connaissance, pas vraiment d'exemples sur les blogs (si ce n'est sur le bien nommé soundtrack of my life). Bientôt 2 ans que Kfigaro l'a publié, et depuis ce temps, je pense sans cesse à m'y mettre... pour m'y coller seulement maintenant. 
Pourquoi est-ce une si bonne idée ? Car nos goûts sont en grande partie le fruit d'une construction, et le meilleur moyen de comprendre pourquoi on a tel ou tel goût, c'est de comprendre cette "construction". Afin de mieux "se" comprendre, mais aussi de mieux se faire comprendre quand on écrit sur la musique. Que ceux qui me lisent puissent saisir pourquoi j'ai telle préférence ou telle conception de la musique plutôt que telle autre. C'est bien là un avantage des blogs musicaux sur la presse : aucun magazine ne laisserait ses critiques-rock raconter leur parcours musical. Ce qui aurait d'ailleurs l'air assez vaniteux et mégalo... pourtant, il est au final plus "mégalo" de prétendre distribuer de bons et mauvais points à des albums sans expliquer d'où l'on vient, musicalement parlant, et pourquoi on a telle ou telle inclination.
Comme d'habitude, j'ai fait long... tellement long que je ne peux tout caser dans un article, il y a un nombre limite de caractères par articles sur over-blog (ce qui m'avait valu l'amputation d'une partie de mon article sur Jim Morrison), j'ai donc dû diviser en deux parties (la 2° arrivera dans très peu de temps). 
A la fin des différentes périodes, je mets une playlist des titres qui ont vraiment été décisifs pour moi, qui m'ont tous profondément marqué... et, parfois, une playlist alternative avec des morceaux qui me séduisaient à l'époque, même s'ils m'ont moins "frappé". Il manque quelques morceaux importants, que je n'ai pas trouvé sur deezer, mais l'essentiel y est... 

Ces deux articles sont longs... mais pas exhaustifs. Il y aurait trop de choses à dire, j'ai essayé, autant que j'ai pu, de ne me focaliser que sur ce qui m'a le plus marqué.   

 

Mon premier souvenir musical… c’est Breakfast in America de Supertramp. Mes parents écoutaient très peu de musique à la maison, je n’avais pas de radio, ne m’intéressais pas particulièrement à la musique… mais un jour, j’ai écouté quelques-uns de leurs disques. Je me souviens de deux : Sgt Pepper, et Breakfast in America. Quand on est enfant, on est con et on a des goûts de chiotte : je me rappelle de la pochette de Sgt Pepper, pas de la musique, par contre, j’ai beaucoup aimé le Supertramp. Particulièrement Gone Hollywood : un dramatisme, du lyrisme, de l’intensité, quelque chose d’un peu « fantastique »… une musique qui me transportait…


10-15 ans


J’ai déjà raconté dans les commentaires de cet article, chez Arbobo, le choc étrange qu’a été la découverte de Cambodia de Kim Wilde. La kermesse de l’école, et cette chanson qui d’un coup, me tétanise, me plonge dans un profond état de mélancolie, par ses nappes envoûtantes de synthé. Ensuite, il y aura Billie Jean de Michael Jackson dont je découvre le clip pendant des vacances chez ma grand-mère… car mon père n’acceptait pas qu’on regarde des clips ou qu’on écoute les « conneries qui passent à la radio » (c’est pourquoi la musique, même la pop commerciale, a toujours eu un petit côté transgressif pour moi, puisque je l’écoutais « en cachette » jusqu’à 13-14 ans... ce qui est finalement une bonne chose, la musique n'aurait peut-être pas eu le même attrait si elle n'avait pas représentée dès le départ un "interdit"). Billie Jean va me marquer par son côté mystérieux, étrange…  Jusque-là, je n’écoutais quasiment pas de musique… mais les choses vont radicalement changer. Je passe des nuits, la radio sous l’oreiller, en quête de chansons… puis j'utilise le magnétophone de mes parents… je me vois encore demander régulièrement à ma mère, ma sœur et mon frère de ne pas faire de bruit dans l’appartement quand il était annoncé à la radio que telle chanson que j’aimais allait passer, afin que je l’enregistre (un « radio-k7 », je n’en aurai un que plus tard, après de longues négociations avec mes parents…) Dans cette période où je commence à écouter régulièrement la radio, Such a Shame de Talk talk sera ma chanson favorite… j’enregistre un maximum de choses, effaçant les k7 de mes parents que je pensais qu’ils n’écouteraient jamais…

A 12 ans viendra LA révélation, la chanson la plus importante pour moi : Shake the disease de Depeche Mode. Je n’avais jamais entendu un truc pareil : un son aussi dur, froid, la voix d’outre-tombe de Dave Gahan et celle, fantômatique, de Martin Gore. Pour la première fois, j’ai eu l’impression d’entendre une chanson « à moi et rien qu’à moi », qui me parlait au plus profond, qui exprimait ce que j’avais de plus personnel… et ce clip sombre, inquiétant, si loin des productions débiles de l’époque…  

Une chanson qui change à jamais mon rapport à la musique : je comprends que les chansons ne sont pas seulement des mélodies, atmosphères, mais aussi une manière de me « définir » … tout comme elle marque le début de mon rapport « esthétique » à la musique. Ce n’était pas juste « une chanson que j’aime », mais une chanson que j’aime « contre » les autres, une chanson dans laquelle je voyais des qualités qui faisaient défaut aux autres, qui me semblait beaucoup plus profonde que le "tout-venant de l'industrie musicale". Depeche Mode deviendra, bien entendu, mon groupe favori de 12 à 15 ans. Et donc le premier groupe dont j’ai été « fan ». Pourtant, je n’ai pas eu le moindre de leurs albums avant d’acheter à 15 ans une K7 d’occase de Music for the masses. Tout ce que j’avais de Depeche Mode, c’étaient des compils de chansons enregistrées à la radio. Idem pour tous les autres groupes. De la préhistoire pour les ados qui me liraient : une époque où l’on pouvait passer des jours et des jours (voire des semaines, des mois) à espérer entendre à nouveau (et pouvoir enregistrer) une chanson qui nous a plu. Mais je n’ai pas le moindre regret pour cette époque, j’ai dû perdre un temps fou à m’enfiler des tonnes de daubes pour tomber sur quelques chansons qui me plaisaient… chansons qui, avec le recul, étaient bien souvent de la daube, d’ailleurs… Duran Duran, A-Ha, Kim Wilde et pire encore (cf. playlist 10-15 n°2)…

Pas de grand-frère, de grande-sœur (je suis l'aîné)… pas de magazines… bref, personne pour m’influencer et m’aiguiller. Je ne parlais quasiment jamais de musique avec mes amis à l’école… d’ailleurs, cette passion nouvelle pour la musique marque aussi un certain renfermement sur moi-même… comme des millions d’ados, sans doute, je deviens limite asocial et préfère passer des heures dans ma chambre à écouter de la musique plutôt que de fréquenter les autres. La musique était quelque chose de totalement personnel, un univers parallèle plus intéressant et captivant que la réalité…

De Depeche Mode, je vais adorer Blasphemous Rumors, People are people, Masters and servant… et, surtout, Question of Time. Qui détronnera ce Shake The Disease qui m’obsédait tant. La 2° chanson la plus importante de mes 10-15 ans (et j'adore toujours autant cette chanson). Puis ce sera l'album Music for The Masses, avec particulièrement Behind The Wheel (peut-être ma chanson favorite de Depeche Mode, en tout cas, c'est une de mes chansons favorites tout court...) et Never Let Me Down (mais, à part une ou deux, j'ai adoré toutes les chansons de l’album).

A l’aide d’un 2° magnétophone, je ferai des tas de collages, enchaînant le refrain de telle chanson avec le couplet de telle autre, répétant 6 fois un couplet qui m’obsédait, et virant un refrain que je n’aimais pas…  

 

Le deuxième groupe qui me fascinera sera les Cure… en vacances chez ma grand-mère, je squatte la chambre de mon oncle et ses cassettes… rien qui ne m’intéresse… jusqu’à ce que je tombe sur la compil Staring At The Sea des Cure. Jumping Someone Else’s Train, A forest, The Love Cats, Charlotte Sometimes, 10-15 Saturday Night… des morceaux qui vont me marquer profondément.

Je détestais les guitares, le rock, la soul, le disco, les musiques « terriennes », chaleureuses, les musiques de fêtes (et les chansons françaises)… pour moi, la musique devait être un univers envoûtant, des sons, des atmosphères… un "trip"... même si je pouvais me laisser prendre par quelques tubes pop accrocheurs. Les guitares, je ne les supportais que chez les Cure, car elles n’avaient rien de guitares hendrixiennes incandescentes (de toute façon, je n’avais jamais entendu Hendrix à la radio), et je retrouvais chez les Cure des ambiances proches de celles de Depeche Mode… De la même manière, les seuls titres « soul » que j’ai pu supporter – et aimer – étaient Billie Jean et Beat It de Michael Jackson. Des chansons assez sombres, loin de la soul festive et lumineuse. Mon truc, vous l’avez compris, c’étaient les sons de synthés froids et les ambiances mystérieuses…  comme dans P-Machinery de Propaganda, un des titres favoris de ma jeunesse, ou le synthé de Sweet Dreams et l’ambiance de Here Comes The Rain d’Eurythmics … je finis par aller vers une certaine « épure », vers Vangelis et JM Jarre, chez lesquels il n’y a plus de chant, juste des ambiances et synthés planants… avant de revenir à des choses plus « pop-rock »… New Order (là, je reste en terrain connu, celui des synthés), Genesis, Rebel Yell de Billy Idol, 2-3 chansons de U2 et Dire Straits, Why Can’t I be You des Cure… je commence donc à m’intéresser à des morceaux plus « rock », à accepter les guitares… ce qui tombe bien, je pars habiter au Canada, où j’aurai l’occasion d’entendre plus de rock qu’en France… sauf que je reste tout de même attaché à la pop planante (On the Turning Away de Pink Floyd) et que mes goûts n’étaient pas terribles (Summer of 69 de Bryan Adams est la principale chanson qui va me marquer, c’est dire… faut avouer qu’elle reste associée dans ma mémoire à cette fille, Ishtar, une hollandaise… bref…)

Ce séjour au Canada (8 mois environ), ne m’aura donc pas permis de faire évoluer mes goûts dans le bon sens (Bryan Adams, c’est tout de même une sacrée régression après Depeche Mode et les Cure), mais de m’intéresser un peu plus au rock, et d’avoir envie d’autre chose que ce qui passe à la radio en France. Je découvre ainsi des émissions de rock, tard le soir, une nouvelle ère musicale qui s’ouvre pour moi, qui commence plutôt pas mal avec Dancing In The Dark de Springsteen, mais va vite se dégrader…

De 10 à 15 ans (quelques titres, à la fin, débordent sur la période suivante, mais ne pouvaient s’intégrer dans la playlist de mes 15-20 ans)…

 

Désolé pour la mise en page, c'est du copier-coller e ce que j'ai pu récupérer sur feu-grooveshark...

 

Such a Shame - Talk Talk

Shake the Disease - Depeche Mode

Blasphemous Rumors - Depeche Mode

People are people - Depeche Mode

10:15 Saturday Night - The Cure

The Great Commandment - Camouflage

Touched By The Hand Of God - New Order

Pump Up The Volume - M/A/R/R/S

The Lovecats - The Cure

Blade Runner (End Titles) - Vangelis

Jumping Someone Else’s Train - The Cure

A Forest - The Cure

Equinoxe, Pt. 4  - Jean Michel Jarre

Fade to Grey - Visage

Steppin' out - Joe Jackson

"Charlotte Sometimes","The Cure","Faith"

"P-machinery","Propaganda","A Secret Wish"

"Billie Jean","Mickael Jackson","Thriller"

"Why Can’t I Be You?","The Cure","Kiss Me Kiss Me Kiss Me"

"A Question Of Time","Depeche Mode"

"Behind the Wheel" - "Depeche Mode"

"Never let me down again" - "Depeche Mode"

"Here Comes The Rain Again","Eurythmics"

 

 

Une 2° playlist, qui fait parfaitement l’affaire pour le Rock’n’Roll Hall of Shame de Guic’. Car si Depeche Mode et les Cure ont été mes groupes favoris dans ces années, si la plupart des autres titres de la première playlist – à part quelques-uns, tout de même – ne sont pas vraiment « honteux », j’ai quelques cadavres dans mon placard, des chansons pop à la con qui me plaisaient vraiment (mais pour certaines, j’avais déjà honte…). Une 2° playlist, donc, avec des chansons « mineures » (il y en a quelques-unes pas trop mauvaises dans le lot), que j’aimais comme des « sucreries pop », mais qui ne m’ont pas bouleversé et touché autant que celles de la 1° playlist : 

 

Cambodia -Kim Wilde

A View to a Kill - Duran Duran

Always the Sun - The Stranglers

Gambler - Madonna

Les écorchés - Noir Désir

"Tainted Love","Soft Cell"

"Running Up That Hill (A Deal With God)","Kate Bush","Hounds of Love"

In the Heat of the Night - Sandra

"Boys Don't Cry","The Cure"

"Faith","George Michael"

"The Sun Always Shines on T.V.","a-ha"

"Somebody's Watching Me","Rockwell"

"Number One","Chaz Jankel"

"New Year’s Day","U2","War"

"West End Girls","Pet Shop Boys"

"Sweet Dreams (Are Made of This)","Eurythmics"

"Living in Another World","Talk Talk","The Colour of Spring"

"Sweetest Smile","Black","Wonderful Life"

"Les écorchés","Noir Désir","Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient)"

 



15-19 ans 


Très rapidement, je passe du rock à guitare au hard. Notamment par une émission de radio : l’animateur annonce une playlist hard, que j’enregistre et vais écouter en boucle toutes les vacances. Sur cette playlist :
AC/DC – Let there be rock
Iron Maiden - The Evil That men Do
Queensryche – Speak
Bon Jovi – Lay your hands on me (je crois… mais j’ai un doute, pas sûr que ce soit ce morceau)
Led Zeppelin – Rock’n’roll
Slayer – Evil has no boundaries

Les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas la chance qu’ils ont… rien d’autre pour découvrir le hard que cette playlist à l’époque, il a fallu que je me tape à chaque fois Bon Jovi (et le pire, c’est que j’ai fini par aimer ça… pour le rejetter assez rapidement) Et cette playlist marque le début de ma période « hard-metal ». Dans cette période d'adolescence tourmentée, c'était la musique qu'il me fallait pour me défouler. 

L’autre événement décisif dans mon évolution musicale à cette période, c’est l’accès à la médiathèque, bien fournie en disques… on dit que les médiathèques servent à élever les gens vers la culture… ça n'a pas toujours été le cas pour moi. J’allais à la médiathèque essentiellement pour trouver des albums hard… Scorpions, Mötley Crue, Led Zeppelin, Deep Purple, Caught Somewhere In Time de Maiden, du Def Leppard, Judas Priest, Venom, Mötörhead… voilà parmi les premiers disques que je me souviens avoir emprunté. Du punk aussi, j’ai eu une « période punk » à 17 ans (enfin, sans la crête et les épingles à nourrice, passées de mode depuis longtemps), période où je découvre les « incontournables » : Sex Pistols, Clash, Béruriers Noirs (le premier groupe français que j’ai vraiment aimé… il y en aura très peu d’autres). C’est aussi à cette époque que je vais commencer à acheter régulièrement des albums (Appetite for destruction de Guns n’roses) et tout le peu d’argent de poche dont je disposais y passera…    

Chemin tout à fait banal : plus je vais écouter du hard, plus je vais chercher des trucs toujours plus… « hard ». L’escalade dans la violence…

Au début, plutôt du hard FM, glam-rock, hard 70’s, un peu de heavy… puis beaucoup plus de heavy, du thrash… avec le clip One de Metallica, dans l’émission « hard’n’heavy » de M6, je crois… une grande claque, je découvre un nouveau son, radical, qui me fascine (ah, ce final…)… le même processus et la même attraction que lorsque j’ai entendu Shake the disease pour la première fois. Un son dur, froid, excessivement sombre, comme je n’en avais jamais entendu auparavant… et Metallica devient mon groupe favori (Thom, je te vois jubiler...). C’est aussi à peu près à ce moment que je me mets sérieusement à la guitare. Au moins un point positif dans ma période « hard-metal », l’envie de jouer de la musique… sauf que sur la vieille guitare acoustique pourrie et inaccordable que j’avais dénichée, je ne risquais pas de retrouver le son de One… De plus, jouer de la guitare n’aura pas une très bonne influence sur mes goûts, je vais être quelques temps bêtement épaté par les branleurs de manches que sont les Malmsteen, Vai, Satriani, Marty Friedman & co…
L’album qui m’aura le plus frappé dans ces années hard-metal sera le premier que je découvre de Metallica, K7 achetée après avoir vu One : …And Justice for All. Et le premier CD que je me paye sera un album de thrash : Practice What You Preach de Testament. Practice est l'autre album, qui, avec ..And Justice, marque mes "débuts" dans le thrash... et que j'écoute en boucle en 89. Je pourrais mettre tous les morceaux de ces deux albums dans ma playlist, tant je les ai usés. Un de mes favoris de Practice :  Nightmare (je mets des liens youtube quand le morceau n'est pas sur deezer, et donc pas sur ma playlist). Mais, parmi les albums de thrash que j’écoutais jusqu’à l’overdose, il y en a deux, seulement, que je peux toujours réécouter maintenant avec plaisir : Reign In Blood de Slayer, et Rust In Peace de Megadeth.

Metallica, Testament, Megadeth, Slayer seront mes principales références dans cette période… même si je continue à écouter encore du heavy et du hard moins… « hard ». Comme Sonic Temple de The Cult, un de mes albums de chevet en cette année 89. Dans cette frénésie de brutalité, une chanson pop mélancolique me touchera beaucoup I Need You Like a Drug de Fiona Apple (j'aimais pas trop le refrain, mais j'adorais le reste)… un peu de douceur dans ce monde de brutes. Les ballades que j'aimais étaient généralement beaucoup plus... lourdes : Testament - The Legacy

Nouveau séjour au Canada, plus court (3 mois, pendant l’été), mais beaucoup plus de découvertes que la première fois… contrairement à la France, le hard est assez bien diffusé, même en journée, à la télé… je découvre un groupe qui comptera beaucoup pour moi, Faith No More. J’achète la K7 de The Real Thing, qui sera ma bande-son de l’été 89… avec pour la première fois, un chant "rap" qui me plaît (Epic). Un autre des très rares albums de cette période qu’il m’arrive de réécouter.  

Au lycée, je ne parlais que très peu de mes goûts hard/metal… je sentais bien que ça passerait mal… de toute façon, je m’en foutais, la musique n’était pas pour moi quelque chose que l’on « partage », mais un univers totalement personnel… jusqu’à ce que je croise dans mon quartier, à 17 ans, des « metalleux »… Mes amis, au Lycée, étaient les types les plus barrés de la classe. Quand on n’avait personne à emmerder, on s’en prenait… à nous-même. On se marrait bien, mais l'ambiance n'était pas très saine. C’est pourquoi, en fréquentant des métalleux, je me trouve enfin une « vraie » bande d’amis… avec lesquels traîner, faire des conneries, discuter de tout, jouer de la musique, etc…

Un de mes titres de hard favori, qui représentait une sorte « d’idéal »… Hounds de Savatage (sur Gutter ballett). Tout ce qui me plaisait dans le metal,  : noirceur, mystère, violence, speed (le final...), lyrisme, puissance, breaks et changements d’atmosphères. Autre titre heavy comme je les aimais : The Heretic de W.A.S.P. 

Human de Death, l'album qui me fera aimer le Death (pour les incultes qui ne connaissent pas ce genre d'une beauté, d'une finesse et d'une intelligence sans pareille qu'est le Death-metal ; il y a le groupe, Death, et le genre, le Death)... avec un titre en particulier :  Flattening of emotion (1991 - Human)
 

Une période où mes goûts se durcissent, très peu de hard "standard" et de heavy (Painkiller de Judas Priest, tout de même... si tout le heavy était aussi intense, violent et tranchant que le morceau-titre, le genre ne serait pas aussi ridicule), mais essentiellement du thrash, du death et un peu de doom... Slayer, Metallica, Coroner, Sepultura, Kreator, Death, Annihilator, Prong, Atheist, Morbid Angel, Pantera, Obituary, Paradise Lost, Entombed etc... seront la bande-son bourrin de cette période de ma vie,  mais mon intérêt nouveau pour le Death ne durera pas très longtemps, je m'en lasse vite, il marque surtout la fin de ma fascination pour le hard. Cette escalade dans la violence musicale me lasse… en plus, je découvre Nevermind de Nirvana avant que l’album ne devienne le « phénomène » que l’on connaît, et il me fait dire que l’on peut écrire des chansons accrocheuses sans être mièvres ; et rebelles sans avoir besoin de batteurs bourrinant sa double-pédale sur des distos de guitares « énormes ».

L’autre cause de mon abandon du metal sera la découverte de The Wall de Pink Floyd (le film et l’album) et de la musique classique (je retire ce que j’ai dit sur les médiathèques), vers 90-91, dans ma période metal, The Wall et le classique vont éroder mon goût pour le hard, je réalise qu’on peut trouver autant de noirceur, de révolte, de lyrisme, dans des musiques beaucoup moins lourdingues (tout est relatif… certains trouvent The Wall pompeux, mais quand on a passé 2 ans à écouter exclusivement du hard, The Wall, c’est du Nick Drake). De plus, en 91-92, le hard me fait aller de déception en déception…  le mollasson Black Album de Metallica (à part Sad but True et un ou deux autres titres que j’aimais bien), le pitoyable Countdown to extinction de Megadeth… les grands noms du thrash cherchent à élargir leur public et perdent leur âme (à supposer qu’ils en avaient une). Déception aussi, à l’écoute du double Use your Illusions de Guns’n’Roses qui, malgré quelques morceaux pas mauvais, est loin de l’urgence d’Appetite for destruction. Le coeur n'y est plus (à supposer que j'en avais un...) En 92, alors que je me suis pas mal éloigné du hard/metal et ne jure plus que par Pink Floyd, deux derniers albums hard vont m’accrocher : The Ritual de Testament, pas exceptionnel, mais moins mauvais que les derniers Metallica et Megadeth, et, surtout, Angel Dust de Faith No More. Formidable album, qui, au lieu de me réconcilier avec le hard, va me faire dire qu’à côté, les autres groupes font pâle figure, et que je fais bien de laisser tomber ce genre... en ne gardant une oreille que pour Slayer et Faith No More.

Une première playlist, avec tous les titres hard/metal qui m'ont vraiment marqué (il aurait dû y avoir une dizaine de titres de Led Zep - entre cette période et la suivante - mais deezer ne les a pas...) :

 

"You're Crazy","Guns N' Roses","Appetite for Destruction"

"We Let It Rock...You Let It Roll","Scorpions","Savage Amusement"

"I Need You Like A Drug","Fiona Apple","Unknown Album"

"The Call of Ktulu","Metallica","Ride the Lightning"

"Babe I’m Gonna Leave You","Led Zeppelin","Led Zeppelin"

"This Love","Pantera","Vulgar Display of Power"

"Seasons in the Abyss","Slayer","Seasons in the Abyss"

"Nightmare (Coming Back To You)","Testament","Practice What You Preach"

"Postmortem","Slayer","Reign in Blood"

"Raining Blood","Slayer","Reign in Blood"

"Slowly We Rot","Obituary",""

"The Ritual","Testament","The Ritual"

"Peace Sells","Megadeth"

"Blessed in Contempt","Testament","Practice What You Preach"

"The Heretic (The Lost Child)","Wasp","The Headless Children"

"Wasted","Def Leppard","On Through the Night"

"Hounds","Savatage","Gutter Ballet"

Flattening Of Emotions - Death

Beg to Differ - Prong

New York City - The Cult

TV II - Ministry

"The Evil That Men Do","Iron Maiden","Seventh Son of a Seventh Son"

"Seventh Son Of A Seventh Son","Iron Maiden"

"The Loneliness of the Long Distance Runner","Iron Maiden","Somewhere in Time"

"Dead Skin Mask","Slayer","Seasons in the Abyss"

"Evil Has No Boundaries","Slayer","Show No Mercy"

"Speak","Queensrÿche","Operation: Mindcrime"

Suite Sister Mary - Queensrÿche

"The Hellion/Electric Eye","Judas Priest","Living After Midnight - The Be"

"Scorched Earth","Van der Graaf Generator","Godbluff"

"The Sleepwalkers","Van der Graaf Generator","Godbluff"

"Hook In Mouth","Megadeth","So Far, So Good... So What! (Remastered)"

"Soul Asylum","The Cult","Sonic Temple"

"The Guns Of Brixton","Clash","London Calling"

"Lonely as Me","Mucky Pup","Act of Faith"

"Soleil Noir","Bérurier Noir","Souvent Fauché Toujours Marteau"

"Arise","Sepultura","Arise"

"Epic","Faith No More","The Real Thing"

"Smells Like Teens Spirit","Nirvana","Nevermind"

"The Real Thing","Faith No More","The Real Thing"

 

J'imagine bien que personne n'écoutera mes aussi longues playlist en entier (ni même la moitié, ni même le quart, et vous avez bien raison, surtout pour ces playlist hard... elles aussi à leur place dans le Rock’n’Roll Hall of Shame de Guic') Une 2° (si l'un d'entre vous, après avoir écouté la 1°, se met en plus à écouter la 2°, pas de doutes, je tiens mon premier fan psychopathe) avec d'autres morceaux qui m'ont emballé, même s'ils ont été moins importants dans l'évolution de mes goûts...
 

[Edit : playlist sur deezer supprimée]




...évolution qui tardait à me porter vers des musiques vraiment intéressantes. C'est tout le problème quand on ne connaît pas de "prescripteurs" pour vous influencer dans le bon sens, on trébuche et on se vautre pas mal, il faut plus de temps pour arriver à séparer le bon grain de l'ivraie... Les musiques le plus intéressantes, ce sera pour le prochain épisode...

La suite, ici.


 

 

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13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 12:30
Etienne Daho - Pop Satori (1986)







          Thom a eu une idée géniale avec son topoftheflopofthemachin, idée qui nous vaut une flopée d'articles hilarants, et de grande qualité. Seulement... l'exercice de style de mauvaise foi a aussi ses limites. On en viendrait presque à oublier l'essentiel. Le véritable ennemi. Qui n'est bien entendu pas plus le Velvet que Zappa, les Beatles que les Sex Pistols, Led Zep que Massive Attack, etc, etc... non, le véritable ennemi, c'est la variétoche. 

Quant à la mauvaise foi... c'est drôle, c'est rock'n'roll... sauf qu'à force de second degré, tout le monde félicite tout le monde, et applaudit même quand il voit son artiste favori descendu en flèche. Rien n'est pris totalement au sérieux, ce concours se déroule dans la joie, la bonne humeur, les clins d'oeil, les postures et les exercices de style. Et quand certains sont vraiment sérieux et n'en rajoutent pas, on imagine qu'il s'agit encore de second degré.
Pas de ça ici, cet article est garanti 0% mauvaise foi. Pas de posture, pas d'exagération, pas de "tiens, je vais me faire untel, ça va être marrant", pas de clin d'oeil... ce n'est en rien un exercice de style. Je ne cherche pas à descendre Daho à tout prix, à forcer le trait, je me contente de dire avec la plus grande sincérité possible ce qu'il m'évoque, et m'a toujours évoqué. 

Certains me diront... Etienne Daho ? Bof... tu ne t'attaques pas à un intouchable... peut-être, mais :
1. C'est le but de cette chronique. Tant qu'à dire du mal, autant le dire de quelqu'un qu'on déteste vraiment.
2. Etienne Daho est tout de même encensé par les inrocks, il est plutôt bien considéré chez toute une frange des français amateurs de rock, j'en ai souvent lu du bien sur de nombreux blogs rock de qualité, par
d'éminents blogueurs dont personne n'oserait dire qu'ils ont aucun goût.

Je disais un peu plus haut que le véritable ennemi était la variétoche... mais il y a pire. Pire que la variétoche qui dit son nom, c'est la variétoche insidieuse qui tente de se faire passer pour autre chose. Que l'on tente de nous vendre comme plus "respectable". Alors qu'elle n'est QUE de la variétoche. Le cas Daho.

Pourquoi Pop Satori en particulier ? Cela aurait pu être n'importe quel autre de ses albums... de toute façon, je n'en ai - jusqu'à aujourd'hui - jamais écouté un seul. Je ne connais que ses singles, auxquels, malheureusement, on ne peut échapper quand on vit en France. Et à l'écoute de Pop Satori (merci deezer... enfin, "merci", c'est façon de parler...), je vois que je n'ai rien raté. Les singles ne sont pas chez lui les morceaux les plus accessibles au sein d'albums plus riches et profonds, ce sont juste les morceaux les plus "accrocheurs", les autres étant totalement insipides.
Pop Satori, donc, car c'est l'album qui l'a vraiment fait remarquer, "l'album de la consécration" comme on dit... et parce que cette époque, je l'ai vécu... j'étais en plein dedans. J'avais 12-13 ans, je passais une bonne partie de mon temps à écouter la radio, j'adorais les sonorités électro-synthétiques, les mélodies pop, j'étais fana de Depeche Mode... bref, a priori, Etienne Daho et sa pop synthétique auraient pu me plaire. Mais non. Quand les tubes de Pop Satori ont débarqué, j'ai détesté. Je trouvais ça horriblement con et mièvre. Et pourtant, j'étais pas difficile, je me laissais souvent séduire par de gros tubes pop racoleurs. Des morceaux de A-Ha, Madonna, Kim Wilde, Fake et autres conneries commerciales des 80's. Mais Daho, impossible, je trouvais ça beaucoup trop niais, pire encore que ceux que je viens de citer.

Comprendre pourquoi des gens aux goûts musicaux plutôt exigeants apprécient Daho, voilà une question qui me taraude. J'ai une hypothèse... le rejet de la variétoche, c'est une chose qu'ont en commun la plupart des passionnés de musique, qu'ils aiment le classique, le rock, le jazz, la soul, le folk, le blues... Pour des raisons esthétiques, mais aussi de "classes". Sardou, Hélène Ségara, Calogero, Christophe Maé, Nicole Croisille, Pagny, Gilbert Montagné, Bruel, Michel Berger... mieux vaut cacher que vous écoutez ces daubes si vous vous retrouvez en compagnie de mélomanes. A moins de tenir à vous placez au centre d'un dîner de cons (je recycle une discussion avec Kfigaro dans de précédents commentaires). Daho, c'est pas tout à fait la même chose. Pas vraiment pour des raisons musicales, mais des raisons d'image. Parce qu'il a la "carte", collaborations avec des gens du milieu et les références qui vont bien (Velvet, Syd Barrett), qui lui permettent de faire croire à certains fans de rock qu'il est des leurs ("mais si, Daho, c'est bien, il a collaboré avec Marquis de Sade, Daniel Darc...") Raisonnement absurde, Frédéric François peut toujours collaborer avec Tom Waits, être super-pote avec Thom Yorke... ça ne fera pas de sa musique autre chose que de la guimauve varièt. Mais pour certains, ce sont des choses qui "légitiment" un artiste, aussi mauvais soit-il.
Daho nous dit "je suis de votre milieu"... et a réussi à cultiver une image sympa, le type timide et discret, qui s'excuse d'être-là (et il fait bien...) Le "bon copain" qui n'en fait pas trop, ce qu"illuste sa voix... une voix mollassonne, pas une voix varièt' qui en fait des tonnes. Daho, c'est l'anti-Jim Morrison... strictement rien de dangereux, d'imprévisible, de sauvage, d'excessif, de provocant, d'arrogant, d'exalté... rien de rock'n'roll, donc. 
Revendiquer un artiste, ce n'est pas seulement aimer sa musique, c'est aussi chercher à "dire" quelque chose de nous, s'approprier une image, et créer un lien affectif symbolique. Aimer Daho est donc acceptable de ce point de vue... on signifie "il existe une part dahoesque en moi, un type humble et sympa, gentiment mélancolique, touchant, mais avec une certaine distinction". A mon sens, ce qui se cache surtout derrière ça, c'est un penchant un peu honteux pour la varièt'... Daho permet à certains d'écouter des trucs aussi couillons que les nullités variétoches, mais avec la sensation de ne pas être ridicules, pas comme si l'on avouait être fana de Sheila ou Sardou. Seulement, à l'époque, je ne connaissais pas plus le Velvet que Syd Barrett (on ne risquait pas de les entendre en radio), je ne lisais pas de magazines de rock, personne pour me dire "qui a la carte et qui ne l'a pas", donc j'écoutais la musique... avec mes oreilles. Sans m'intéresser le moins du monde au CV de l'artiste. Et ce que me disaient mon cerveau et mes oreilles lorsque j'écoutais la radio était :
- D'un côté, les vrais bons groupes, qui apportent quelque chose de nouveau, une certaine profondeur même dans leurs singles, mes deux favoris : Depeche Mode et Cure.
- Ensuite, les groupes sympathiques et pop : Talk Talk (avant Spirit of Eden), Duran Duran (ah, cette mode de noms avec deux fois le même mot...), Bronski Beat... pas du grand art, mais ça se laissait écouter.
- Puis les "sucreries pop", des groupes/artistes que j'aimais pas vraiment, que je trouvais (déjà) beaucoup trop commerciaux et racoleurs, mais voilà, j'étais jeune, difficile de résister à certains de leurs refrains entêtants : A-Ha, Madonna, Michael Jackson... voire même Indochine.
- Enfin, les trucs vraiment honteux, la variétoche fadasse et pop bébête : Kylie Minogue, Rick Astley, Débuts de Soirée, Lio, Elsa, Partenaire Particulier, Jean-Pierre Mader... et, bien sûr, Etienne Daho.

Apprendre, plus tard, que Daho aimait le Velvet et Syd Barrett, ce n'est sûrement pas une circonstance atténuante, mais bien une circonstance aggravante. Car il n'a même pas l'excuse du type qui fait de la variétoche pourrave parce qu'il a baigné dedans et parce que c'est sa culture.

Il faudra qu'on m'explique un jour en quoi la musique de Daho des années 80 serait "respectable", et Jeanne Mas kitsch et ringarde. La principale différence que je vois entre les deux... c'est qu'il y a plus de souffle, de dramatisme et d'intensité chez Jeanne Mas. Des mélodies pop taillées pour le grand public dans les deux cas, les plus naïves et niaises étant à mon sens celles de Daho. A 13 ans, avec un peu de bonne volonté, je pouvais écouter quand ils passaient en radio Johnny Johnny ou Sauvez-moi... mais pas Daho, je changeais de station, j'avais tout de même mes limites dans la pop débile. 


Pour certains, Daho en 85, c'est l'équivalent de la "nouvelle scène française" bobo-soporifique pour trentenaires mous des années 2000. Ce n'est même pas ça. Souchon et Voulzy, de toute façon, tenaient déjà ce rôle-là dans les années 80. Non, Daho, était en plein dans l'air du temps, un air nauséabond, un des pires moments de l'histoire de la musique pop : le milieu des années 80, en France. Le règne du Top 50, du vidéo-clip, des radios FM type NRJ, des tubes kleenex bêtas de pop synthétique, des compilations où les majors se tiraient la bourre pour mettre les titres les plus putassiers possibles. Plus c'était niais, plus il y avait de chance que ça marche... rien d'étonnant à ce que Pop Satori ait eu ce succès. Daho ne relevait pas le niveau, bien au contraire. Epaule Tattoo, Tombé pour la France, sur les compils françaises des années 80, avaient parfaitement leur place au côté de tous les tubes infâmes qui ont marqué ces années. Daho n'avait même pas l'air d'être au-dessus, rien de dérangeant ou novateur dans sa musique, c'était juste de la grosse variét' en tube.

La variété, c'est un genre bâtard, sans âme, sans personnalité, qui digère quelques nouveautés musicales "dans l'air du temps", pour les lisser, les rendre consensuelles. C'est une putain qui couche avec tout ce qui peut lui ramener du fric : le rock, le disco, puis la new-wave, le rock de nouveau quand il revient à la mode, l'électro, le r'n'b... Elle prend ce qui marche, vire les aspérités pour faire avaler une soupe sans saveurs au grand public.
Mais cette façon de coller à l'air du temps, de changer de style en fonction des modes, n'est-ce pas finalement ce que fait Bowie ? Bowie - Daho, même combat ? Sûrement pas... Quand Bowie, par exemple, se met à l'électro avec Outside, il n'intègre pas des sons électroniques polissés dans un cadre "chansons pop", il crée quelque chose de nouveau, sort un album véritablement complexe, foisonnant d'idées, bien plus exigeant et original que la majeure partie de l'électro-techno de l'époque. Jamais vous ne trouverez de morceaux aussi étonnants, singuliers, que A Small Plot of Land sur Pop Satori. Aucune comparaison possible non plus entre la mélodie incroyable de ce titre et les ritournelles faciles de Daho. Non, Daho est plutôt dans la même famille que Zazie. Qui prend quelques sonorités électro faciles, les rabote, et s'en sert pour habiller avec un semblant de modernité ses chansons varièt'. L'anti-Bowie, en plus d'être l'anti-Morrison.


Daho, donc, est à la new-wave ce que Zazie est à l'électro. Et ne me parlez pas des textes... je suis allé lire les paroles de Pop Satori (c'est dire si je pousse loin la conscience professionnelle) et... rien. C'est con, c'est creux, c'est ado. Le pire :
On s'ressemble, c'est fou c'qu'on ressent
Du moins c'est ce qu'il me semble, on s'ressemble
On est bien ensemble et quoiqu'on en pense
Etre ensemble en confidence est pure chance
On s'ressent, c'est à n'y rien comprendre
Tant on se ressemble, on s'ressent
Qui s'ressemble se rassemble, qui s'ressemble s'assemble
J'cherchais partout quelqu'un qui m'ressemble
On s'ressemble, c'est fou c'qu'on ressent
Du moins c'est ce qu'il nous semble, on s'ressemble


Revenons donc à la musique, même si elle ne propose rien de meilleur. Imaginer que Daho ait apporté quoi que ce soit aux sons synthétiques et à la pop de l'époque, faut ne pas avoir vécu ces années-là. Avant les premiers albums de Daho, il y avait déjà des tas de groupes employant synthés et boîtes à rythmes, de façon beaucoup plus intéressante. Et quand il sort Pop Satori... cela faisait déjà longtemps que les ondes FM étaient saturées de sons synthétiques. Tout le monde les utilisait, des groupes new-wave anglais aux pires produits marketings de l'industrie du disque. Qu'apporte Daho à ces sons ? Rien. J'ai écouté Pop Satori, il n'y a aucun moment où je me suis dit "tiens, là il y a un son, une instrumentation, une idée plutôt originale pour l'époque". Ce qu'il y fait, c'est la même chose que ce que faisaient déjà n'importe quel groupe du top 50 ces années-là. Bon, j'avoue ne pas avoir pu écouter les titres jusqu'au bout, tellement je les trouve crétins. Je me suis forcé, mais j'ai arrêté avant les 20-30 dernières secondes. Si ça se trouve, les 20 dernière secondes de chaque morceau sont hallucinantes d'inventivité, rattrapent ses chansons insipides... j'ai du mal à y croire... mais puisqu'il s'agit d'être ici 100% sincère, j'avoue que 4000 années d'horreur (morceau gentillet, qui porte mal son nom), est juste "écoutable", et je suis allé jusqu'à la dernière seconde. C'est bien le seul... 
Ecoutez (désolé de vous infliger ça, mais vous pouvez vous contenter du début) le mièvre Tombé pour la France de Daho, gros tube qui l'a popularisé... puis le déjà plus intéressant Smalltown Boy de Bronski Beat, sorti en 1984... Daho pompe pas mal d'éléments de l'instrumentation, et nous sort un "sous-Smalltown Boy" flasque, sans le lyrisme - remplacé par une petite mélodie nunuche. Pourtant, Bronski Beat, ce n'est pas le Velvet, ni même un des groupes les plus pointus de l'époque dans l'utilisation des sons synthétiques...  


Pour saisir ce qui différencie la bonne musique pop-rock de la varièt', c'est facile, suffit de comparer ce que faisaient Depeche Mode et Daho ces années-là. D'un côté, un groupe qui arrive à passer en radio, à toucher le public - de la pop, donc - mais qui invente, qui surprend, qui amène des éléments nouveaux. Des sons, harmonies, ambiances qu'on n'entendait pas chez les autres, qui ont même, sur pas mal de morceaux, de quoi rebuter le grand public. De l'autre, de la varièt'. Des sons passe-partout, rien qui dérange, rien qui dépasse, aucune profondeur. Des petites chansons dérisoires, kitsches et mièvres. Daho est à la new-wave ce que Téléphone est au punk, Indochine aux Cure, Johnny à Elvis... une énième preuve de la médiocrité française en matière de musiques pop. On copie mollement ce que font les étrangers en oubliant tout ce qui rend leur musique audacieuse.

Pop Satori sort le 1er avril 1986 (s'il faut considérer que l'album est une blague, elle est de très mauvais goût). Quelques semaines avant c'était Black Celebration de Depeche Mode... L'écart entre les deux est gigantesque. L'équivalent de ce qui peut séparer actuellement Radiohead et Raphaël...
Quand Daho sort Pop Satori, il ne pouvait donc connaître Black Celebration. Par contre, il aurait pu écouter Some Great Reward, de 1984. Et les précédents (sauf le premier, très mauvais, qui a horriblement mal vieilli avec ses nullités genre Just Can't Get Enough, aussi laide et niaise que du Daho...)   

Il aurait pu les écouter, ça l'aurait aidé à comprendre tout ce que l'électronique pouvait apporter à la pop, comprendre qu'on peut mêler expérimentation et chanson pop, comprendre comment construire des mélodies fines, accrocheuses et riches. En guise d'exemple... Epaule tattoo, le moins mollasson des titres de Pop Satori (qui n'en reste pas moins une des pires chansons varièt' que je conaisse) et If You want de Depeche Mode (1984). Chez ces derniers, des sons, harmonies, dissonances et breaks inhabituels, une vraie atmosphère, une gravité, une mélodie intéressante, de la profondeur, de la tension... c'est le jour et la nuit après Daho :


Découvrez Étienne Daho!



Même plus envie de parler de Daho, tellement j'ai l'impression de perdre mon temps avec cette varièt' soporifique. Finissons donc par Depeche Mode, avec une playlist pour voir ce qu'étaient des artistes pop inventifs lorsqu'ils utilisent l'électronique. Je commence par Blasphemous Rumors (il y a plus d'idées sonores dans ce titre - dont il faut écouter attentivement l'instrumentation fascinante - que dans tout Pop Satori... ce qui n'est d'ailleurs pas difficile). Ensuite, retour en 82, pour aller chronologiquement de A Broken Frame à Black Celebration, évolution passionnante avec ici des titres vraiment marquants, "historiques", même (ce que ne sera jamais Daho, si ce n'est par un stupide malentendu), car les trouvailles sonores de Depeche Mode auront, elles, un véritable impact, sont un jalon essentiel entre la pop robotique de Kraftwerk et l'électro/electro-rock des années 90. Bien sûr, il y a des choses qui ont mal vieilli, mais c'est le cas de toute la pop électro de cette période, on en était encore aux débuts... et eux ont au moins le mérite d'avoir été des pionniers. Il faut imaginer ce que c'était, en 84-85, quand on allumait la radio ou regardait le top 50, et qu'au milieu de tous ces sons synthétiques interchangeables et propres sur eux passait un titre de Depeche Mode, avec leurs sonorités glaciales, métalliques, lourdes et sombres (sans parler de la voix exceptionnelle de Dave Gahan)... on sentait bien qu'on avait affaire à un groupe pas comme les autres. Un groupe qui pouvait toucher le public sans proposer de la bouillie tiédasse. Ce qui n'est pas le cas de l'autre rigolo avec ses bluettes indigentes pour synthés indigestes. 

Depeche Mode - 82-86 :

Découvrez Depeche Mode!


 
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2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 22:50

Tout a commencé avec Hendrix... ce fabuleux musicien à la sensualité débridée, qui faisait corps avec sa guitare comme personne avant lui,  dont les doigts agiles montaient et descendaient avec une folle dextérité sur son gros manche, ce qui mettait toute la jeunesse de l'époque en transe. Ses deux titres emblématiques resteront le magnifique "Hey Joe", écrite pour son compagnon, et Purple Haze avec son fameux message crypto-gay (mais pas si crypté pour qui sait écouter), "s'cuse me, while I kiss the sky" qu'il prononce en fait "s'cuse me, while I kiss this guy", rendez-vous en compte par vous même :

Jimi Hendrix - Purple Haze

A peu près dans le même temps, l'autre groupe à l'origine du hard sera Led Zeppelin, mené par le couple sulfureux Robert "boucles d'or" Plant - Jimmy Page. L'ange blond et le guitariste ténébreux, qui - à la ville comme à la scène - étaient en parfaite osmose, les entrelacs de cris orgasmiques suraigus de Plant et de solos de Page resteront dans les annales du hard.

L'ange blond, Robert Plant, qui ferait passer dans la vidéo suivante Lennon et McCartney pour deux bluesmen rugueux, ou deux bucherons du grand nord :







L'ange blond et Jimmy Page, qui en a fait rêver plus d'un avec son double-manche :

 

























lls frappent un grand coup dès leur premier album, à la pochette qui a fait pas mal jaser pour cet énorme symbole phallique :

 















C'est avec eux que naît une des branches les plus radicales du "hard", branche qui ne fera pas l'unanimité dans leur communauté, puisqu'ils revendiquent ouvertement une haine des femmes, allant jusqu'à proclamer dans Dazed and Confused, au moment paroxystique, "Soul of a women was created below"... ces femmes, créatures de l'enfer, créatures malsaines, vénales, qui pensent gagner leur place au paradis en payant ("she's buying a stairway to heaven")

Led Zeppelin - Dazed and Confused


Hendrix et Led Zep ont posé les bases, et fasciné toute une génération de jeunes mâles : chevelure très longue et féminine, androgynie (Plant), couleurs chatoyantes, jeans moulants, guitariste qui n'est plus un simple accompagnateur mais le "heros" du show, excitant les jeunes hommes venus admirer ce gros engin qu'il manipule avec virtuosité dans des poses provoquantes... le hard est enfin né, on sort du placard, on n'a plus honte d'affirmer ses choix, son identité... mouvement qui ne pouvait naître en d'autres temps que dans ces années 67-68. 

Aux côtés de Led Zeppelin apparaîtront deux groupes phares du hard : Deep Purple et Black Sabbath, qui donneront naissance à des courants majeurs du genre. 

Deep Purple doit beaucoup à Hendrix. Son nom, déjà, référence à "Purple Haze", morceau emblématique dans lequel beaucoup se sont reconnus pour la phrase citée en début d'article, mais aussi la mise en avant de la virtuosité. Sauf que, contrairement à Hendrix dont la virtuosité est toujours au service d'une grande intensité orgasmique et reste profondément ancré dans le blues, ils ouvriront la boite de Pandore en cultivant un certain goût pour le kitsch (mélange rock-classique pas toujours de très bon goût, mais pas aussi grotesques que leurs suiveurs) et l'exhibition technique parfois gratuite. Ils restent capables de pondre de bons morceaux rock - tel "Speed King" écrit en hommage à l'un des amants de Ritchie "Black Amore" Blackmore - mais n'évitent pas quelques dérives qui donneront naissance à beaucoup des "grandes folles exhibitionnistes" du hard, Yngwie " la Sweedish Diva" Malmsteen en tête. A noter aussi que Ritchie Blackmore fondera "Rainbow" - les couleurs de l'arc en ciel sont un des symboles de la communauté gay - en 1975.

Black Sabbath, de son côté, va - comme son nom l'indique - développer un univers plus sombre, flirtant avec le satanisme, qui deviendra un des thèmes majeurs du metal. Pourquoi le satanisme ? Pour deux raisons :
1. Les espoirs nés du flower power sont vite retombés pour beaucoup de jeunes de l'époque, qui voyaient bien que rien ne changeait vraiment, que leurs parents et la société n'acceptaient pas leur "différence". On les rejette, on leur dit que leurs inclinations sexuelles sont "mal", on les culpabilise... soit. Ils vont "exorciser" le poids insoutenable de la culpabilité en jouant les "démons de l'enfer".
2. Le satanisme, c'est le renversement des valeurs judéo-chrétiennes, des impératifs moraux, des normes sexuelles... il s'accompagne souvent d'une sexualité débridée, où toutes les expériences non-conformes aux bonnes moeurs sont valorisées.

Cela donnera le "grand-guignol glam-sataniste", avec les créatures ambiguës que sont Alice Cooper et Marilyn Manson, et le satanisme plus radical des "honteuses" Slayer, puis ceux du Death Metal et, surtout, du Black Metal (dans les 90's). A côté des "grandes folles" colorées, flashy, décomplexées et glam-kitsch dont les médias sont friands, se développeront, de manière plus underground les "grandes folles de l'enfer" du Black Metal aux tenues fantasques et maquillages outranciers, qui, elles, sont coincées entre leur désir d'exhib et d'expression de leur identité, et le poids de cette culpabilité qui les ronge :

 

























Une chanson qui en dit long... Poison d'Alice Cooper, où "Alice" exprime son incapacité à vivre une relation physique avec une femme. Sa volonté, conditionnée par les injonctions de la société, le pousse vers les femmes, mais rien à faire, on ne peut aller contre sa nature et ses pulsions, le contact physique avec une femme le rebute. Double allégorie, le "Poison" étant à la fois l'effet physique provoqué par le toucher d'une femme, et les injonctions morales qui briment sa nature : 

I want to love you but I better not
Touch (dont touch)
I want to hold you but my senses
Tell me to stop
[...]
I want to taste you but your lips
Are venomous poison
You're poison running through my
Veins


Alice Cooper - Poison


Un mot sur les essentiels AC/DC, qui ont fait beaucoup pour avancer "la cause". Un nom qui annonce la couleur, puisqu'en argot il signifie "à voile et à vapeur" (bissexuel), un guitariste jouant les "écoliers pervers" et se baladant volontiers cul-nu sur scène, et un chanteur... qui a fait son coming-out à la télé dans la vidéo suivante, travesti comme il aimait tant le faire au quotidien :
  
AC/DC - Baby Please don't Go

Dans les années 70, le hard aura une rude concurrence comme "porte-drapeau" de la communauté gay, avec le glam-rock, tout d'abord, puis le disco. Mais il saura à chaque fois rebondir, aller plus loin dans l'excentricité, et s'imposer comme le seul genre musical "durable" représentatif de sa communauté. Lorsque le glam débarque, le hard contre-attaque avec Alice Cooper et Queen, et face à la déferlante disco, il jouera la carte KISS, groupe à faire passer le look disco pour celui de mornes "hétéro-beaufs" :

KISS - I was made for loving You : le mariage du hard et du disco.


Aux côtés de la fascination pour le kitsch et un certain mauvais goût revendiqués par la communauté gay - une manière de se défendre des attaques à son endroit en poussant à l'excès ce pour quoi on la rejette ("puisque vous trouvez que nos préférences sexuelles sont de mauvais goût, nous cultiverons ce mauvais goût") - codes qui deviendront un signe de reconnaissance, va se développer une esthétique de la "virilité surjouée". L'exemple le plus connu du grand public est bien sûr celui des Village People, mais le hard ne sera pas en reste et saura surfer sur cette vague. Avec Lemmy, qui souhaitait intégrer les Village People et tenir le rôle du motard... il passera les castings, mais se fera chiper la place, ce qui lui reste d'ailleurs toujours en travers de la gorge. Il devra se contenter, avec Motörhead, d'une version plus trash et crasseuse des Village People.

Photo de Lemmy - excité comme une puce - prise juste avant son casting chez les Village People :


















Dans la surenchère de virilité surjouée et de mauvais goût, le hard a trouvé ses maîtres dans les années 80 en la personne de Manowar, les "Village People de l'âge de pierre" :


 


Manowar, du "Gay Power Metal", sous-genre du heavy-metal qui, fin 70's début 80's, sera représenté par :

"La vierge de Fer", Iron Maiden, mélange de kitsch coloré et de grand-guignol de série B d'horreur.

Leur premier chanteur, Paul Di'Anno sera viré pour Bruce Dickinson, seulement choisi parce que son nom amusait ceux des autres musiciens dont le goût douteux ne se limitait donc pas seulement à la musique et aux fringues.

 


Bruce Dickinson qui d'ailleurs reprendra dans son premier album solo "All the young Dudes" de Bowie...

Judas Priest, qui popularise le "total-look SM", surtout via son leader, Rob Halford. Personnage emblématique du Metal, dans lequel se reconnaissent l'essentiel des fans de hard, qui l'ont déifié et surnommé le "Metal God". Il a révélé publiquement en 1998 son homosexualité alors que la plupart de ses confrères, très "chochottes", préfèrent garder un semblant de mystère qui pourtant ne trompe personne. Halford collaborera aussi avec son compagnon, Trent Reznor, sur le projet 2wo... les deux forment un couple sulfureux depuis longtemps, même si les infidélités de Reznor avec Marilyn Manson ont failli avoir raison maintes fois de leur relation.   


















"The Metal God"


Judas Priest - Touch of Evil


Autre groupe qui ne laisse pas vraiment planer de doute, les teutons d'Accept (pas la peine de chercher bien loin pour savoir ce qu'ils demandent "d'accepter") et leur fameux hymne gay, Balls To The Walls :

Accept - Balls To The Walls

Le plus célèbre groupe allemand de hard, Scorpions, dépassera les limites du bon goût... certes comme tout groupe de hard qui se respecte, par sa musique et son look, mais c'est surtout la pochette zoophile d'Animal Magnetism qui créera scandale :



















A noter que dans les 90's, le "flambeau" du metal allemand sera repris par Rammstein, surnommés par les mauvaises langues les "Village People Nazis" :

















En réaction contre la morbidité de nombreux groupes metal, les californiens de Van Halen vont proposer un hard plus "ensoleillé, fun et flashy". L'insouciance californienne, où les préférences sexuelles des uns et des autres sont bien mieux tolérées qu'ailleurs. Décomplexé, le couple Eddie Van Halen - David Lee Roth l'était. Avec Van Halen, la guitare - symbole phallique fétichisé par des légions de jeunes mâles depuis les origines du hard - s'émancipe totalement, elle devient objet de culte, vénérée pour elle-même sans avoir à s'entourer d'autres musiciens dans ce morceau fondateur, Eruption, dont le nom est une allusion qui n'a rien de subtil. Une "éjaculation de notes" qui fera malheureusement école auprès de ceux qu'on baptisera "guitar-heroes" dans le metal, style plus pertinemment nommé "branlette" dans le milieu rock :

Eddie Van Halen - Eruption   

Le couple Van Halen - David Lee Roth, en bon couple californien, est un couple libre. Dave laisse Ed s'amuser tout seul sur son manche, pendant qu'il va jouer les Zaza Napoli dans sa célèbre reprise de Just a Gigolo, clip où transparaît toute la décomplexion gay californienne, Dave arborant des looks plus excentriques les uns que les autres, faisant passer Boy George (présent dans le clip sous la forme d'un sosie) pour un modèle de sobriété et d'élégance discète :  

David Lee Roth - Just a Gigolo/I ain't got nobody :


Chouette reprise, ceci-dit... et si vous n'avez jamais vu le clip, il vaut le coup d'oeil...

Le glam-metal ira encore plus loin, avec Mötley Crüe, W.A.S.P. ou la folle tordue des "Twisted Sister" :

 























Mais toute cette exhubérance des "grandes folles du hard" agace un peu le milieu rock, pas toujours très ouvert d'esprit sur ces questions. En réaction apparaîtront des groupes rock sans fards et limites homophobes dans les années 80, tels les "hétéro-beaufs" The Smiths et leur fameux "The Queen is Dead", un de leurs "slogans", qui a fortement déplu à la communauté gay, le prenant comme une provocation :

The Smiths - The Queen is Dead

Les images parlent d'elles-mêmes, d'un côté les drag-queens de Mötley Crüe, de l'autre, la virilité tranquille de Morrissey :

 

 

motley crue

null 


Le message a été reçu par certains, qui refusent - pour des raisons diverses, d'ailleurs - cet étalage et cette surenchère. Le syndrome "cage aux folles" touche le hard depuis trop longtemps, et beaucoup de jeunes gays ne se retrouvent plus dans ce genre qui en fait beaucoup trop dans les paillettes, le kitsch ou le pompeux. C'est ainsi qu'apparaît le thrash, plus direct, moins fantasque dans le look, et plus en prise avec les "souffrances et la révolte" de sa communauté (toujours stigmatisée malgré une certaine évolution des moeurs). Le groupe qui va fédérer la communauté hard sera Metallica. 
James Hetfield, le leader charismatique a fondé le groupe avec Lars Ullrich (batteur) et a très rapidement intégré son compagnon, Dave Mustaine. Mais l'idylle entre James et Dave ne résistera pas à la difficile vie de groupe... la rupture sera consommée lorsque Dave surprendra James au lit avec un jeune et joli guitariste métis, Kirk. Fou de rage, Dave claque la porte et décide de fonder son propre groupe. C'est ainsi que Dave choisira un nom de groupe commençant par les mêmes deux premières lettres, mais dont la 3° est devant dans l'alphabet, pour faire de l'ombre dans les bacs à Metallica et se venger de celui qui l'a trompé. Mal lui en a pris, la jalousie est bien mauvaise conseillère, puisqu'il optera sans réfléchir pour un des noms de groupe les plus ridicules (pourtant, dans le hard il y a une forte concurrence à ce niveau) : Megadeth.

Notez aussi que Kirk a quitté James pour Lars, les deux filent le parfait amour et ne le cachent pas :

metallica.png

James, lui, saura toujours rester assez discret sur sa vie privée, mais il n'en écrira pas moins un des hymnes gays les plus touchants du hard. Sur une vraie musique de midinette, il révèle avec beaucoup de délicatesse et de douceur les atermoiements de son petit coeur sensible. Il s'agit bien entendu du fameux Nothing Else Matters, où Hetfield fait enfin publiquement son coming-out, d'une manière ô combien poignante. Chanson qui deviendra, donc, un hymne pour tous les jeunes gays de l'époque, rarement ont été aussi bien traduits leurs sentiments et aspirations que dans ce texte éloquent :

So close, no matter how far
Couldn't be much more from the heart
Forever trusting who we are
And nothing else matters

Never opened myself this way
Life is ours, we live it our way
All these words I don't just say
And nothing else matters

Trust I seek and I find in you
Every day for us something new
Open mind for a different view
And nothing else matters

Never cared for what they do
Never cared for what they know
But I know...

So close, no matter how far
Couldn't be much more from the heart
Forever trusting who we are
And nothing else matters

Never cared for what they say
Never cared for games they play
Never cared for what they do
Never cared for what they know
And I know...

Metallica - Nothing Else Matters


Qui d'autre que James Hetfield pouvait saisir avec autant de justesse et de sensibilité les sentiments des jeunes gays de son temps !
Coup de maître, puisque James faisait ainsi taire les quelques-uns qui dans la communauté traitaient les membres de Metallica de "honteuses" qui n'assumaient pas.

Les "power-ballads", fondamentales dans l'hisoire du hard, moments où les groupes dévoilent leurs petits coeurs sensibles et leur goût pour les sucreries écoeurantes.

Il y aurait tant de choses à dire sur la suite... mais par manque de temps, je vais aller un peu plus vite, et lister les autres styles et groupes importants :   

Le speed metal et ses voix de castrats à faire passer Brett Anderson pour Tom Waits.

Les bien-nommés "Sodom", grands amateurs d'hommes en uniforme, avec leur fameux hymne :
Fuck the Police.

Le "progressive-metal" (dont les fers de lance sont Dream Theater) plus communément appelé "chochotte-metal". On vire le hard de tous les poils qui dépassent, on lisse, on peaufine, on se lance dans de longues démonstrations techniques de premiers de la classe, croyant obtenir ainsi une certaine respectabilité auprès de la société... malgré quelques allusions suggestives dans les titres (Dream Theater - Pull Me Under), l'exhib technique ou de vraies ballades de midinettes, on tente de ne pas trop tomber dans les clichés "cage aux folles" du hard. Mais c'est d'un ennui monumental.

- Le death metal, fin des années 80... toujours en phase avec son époque, le metal, par le "death" va exprimer les peurs, angoisses des années sida. Ce fléau traumatise toute la communauté gay, pour laquelle amour et mort deviennent concrètement liés, ce qui explique l'émergence et le succès du death auprès d'une communauté qui n'avait plus de gay que le nom.

- Skid Row : groupe de hard qui a connu un beau succès dans les années 80-90, grâce à son chanteur, Sébastian Bach (sic), bel éphèbe blondinet qui a fait rêver toute la communauté hard. De Slash à Kerry King (Kerry Queen, pour les intimes...) en passant par Joe "The Toxic Queer" Perry, nombreux sont les guitaristes tombés sous son charme, qui ont affirmé être prêts à tout quitter pour lui, et l'accompagner à la ville comme à la scène. Mais il a chaque fois décliné, ce qui aurait suscité de nombreuses rumeurs qui ont fait frémir la communauté hard, rumeurs sur sa prétendue hétérosexualité. Il semblerait maintenant que ces rumeurs ont été lancés à l'époque par Axl Rose, profondément jaloux du beau Sebastian.  









Skid Row - Youth Gone Wild













- Sepultura, des travelos brésiliennes reconverties dans le thrash. 

- Le gothico-lyrico-metal : un des genres les plus populaires (et ridicules) actuellement. Il y a toujours eu une fascination dans la communauté gay pour les divas (ce qui rejoint le goût pour le kitsch). Fascination pour les divas d'opéra chez les gays cultivés issus de l'élite, pour les divas de la variét' (Dalida, Madonna, Gloria Gaynor...) chez les gays des couches plus populaires, et des divas du gothico-lyrique-metal chez les jeunes gays dont la culture se limite à l'héroïc-fantasy, trop peu instruits pour l'opéra. Nightwish, Evanescence, Within temptation, Tristania... des "groupes à chanteuses", et des chanteuses qui en font des tonnes dans le registre soupe-lyrico-kitsch :

Nightwish - End of All Hope    

 



Within Temptation



A moi de faire mon coming-out... le gothico-lyrico-metal est sans doute le genre que je déteste le plus, il réunit tout ce que je ne supporte pas : démonstrations techniques, lissage variétoche, niaiserie, kitcherie, boursouflures, gothique de supermarché... et pourtant, je trouve le refrain de la chanson suivante assez chouette (j'aime bien l'harmonie vocale à 2 voix de la chanteuse), et le reste de la chanson pas inécoutable (mais rassurez-vous, j'ai honte...) :

Tristania - Mercyside

- Le meilleur pour la fin : Queens of the Stone Age. Sûrement ce qu'il y a de plus intéressant actuellement dans le hard. Un nom qui annonce la couleur, les "Queens" menées par Josh "Homme" (ça ne s'invente pas...), affichent fièrement leurs inclinations. La vidéo suivante vous permettra de mieux comprendre pourquoi "Homme" est devenu une icône gay : voix haut-perchée, moues sexy, petite chemisette rose, et, surtout, son fameux déhanché sensuel :

QOTSA - First it Giveth

Certains seront déçus de voir que dans cette vidéo, Nick "les vêtements, moins j'en porte, mieux je me porte" Olivieri a bizarrement gardé le bas.   

Cet article vous aura peut-être décontenancé - voire consterné - (pour ceux qui sont allés jusqu'au bout), alors quelques explications... Ce n'est en fait qu'une (très longue) private joke. Tout part d'un mail à Thom où je lance une bête blague sur les inclinations de James Hetfield, précisant qu'il faudrait penser écrire la "véritable histoire du metal"... il me répond hier en plaisantant : "chiche !"... et voilà. Tout ça pour quoi ? Parce que je jubile à imaginer la tête de Thom qui débarque sur mon blog et voit que je l'ai pris au pied de la lettre. En plus dans un article interminable, avec photos, vidéos... (oui, je sais, tout ça pour ça, je suis un grand gamin...)

De plus... le milieu hard a beau être divers et varié - et prôner pour une partie des valeurs de liberté et de transgression - il compte aussi un certain nombre de réacs homophobes (ce qui est aussi paradoxal que des homophobes fanas d'Elton John et des Scissor Sisters). Savoir qu'en tapant "histoire du hard" il y en a qui tomberont sur cet article, j'avoue que l'idée m'amuse pas mal... 

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