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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 12:53

Si je traînais dans les stades de foot, moi aussi, je sifflerais la Marseillaise... non pas pour des raisons politiques, mais musicales. Certains nous bassinent depuis des lustres sur le thème "il faut changer les paroles de la Marseillaise"... ils n'ont pas tort. Le sang impur qui abreuve nos sillons, aux armes citoyens formez vos bataillons, nos fils et nos compagnes égorgés par de féroces soldats mugissants, l'étendard sanglant est levé, tout ça est totalement déplacé. Mais le plus grave, ce ne sont même pas les paroles... c'est la musique. Raide, sèche, pétaradante, militaire... un des plus mauvais hymnes nationaux. Et pourtant, il y a une rude concurrence à ce niveau. Si ça ne tenait qu'à moi on les supprimerait tous... sauf l'hymne russe (voire l'hymne israélien).

En même temps, Marseillaise et coq français sont cohérents. Les allemands, américains, russes ont choisi l'aigle ; les anglais, belges et tant d'autres ont pris le lion... nous, on a pris un des animaux les plus grotesques de la création : le coq. Qui peut toujours faire le malin au milieu de quelques poules facilement impressionnables, mais rabaisse son caquet et ne fait pas un pli face aux aigles et lions. Musique et paroles de la Marseillaise, coq gaulois... c'est sans doute un "concept"... le concept du français : cocardier, infatué, mesquin, grotesque. Avec un autre hymne, d'autres symboles, les français auraient peut-être une autre image d'eux-mêmes, et donneraient une autre image aux étrangers...

C'est tout de même dingue qu'en France, on risque d'être puni par la loi quand on manque de respect aux symboles.
Respecter les symboles, je veux bien... encore faudrait-il que les symboles soient respectables. Pourquoi ne parle-t-on jamais de la musique de la Marseillaise ? Parce que les français sont un peuple qui a un tel mauvais goût en matière de musique qu'ils n'entendent pas la médiocrité de celle de leur hymne ?
Là encore, si ça ne tenait qu'à moi, on virerait la musique de la Marseillaise... et on la remplacerait par l'hymne russe.
Peu importe que ce ne soit pas très conventionnel, au moins, on aurait un hymne digne.
L'hymne russe est grandiose, émouvant, poignant : c'est l'âme slave, de la grandeur, et de la douleur. Ce sont de vastes paysages, la puissance d'un grand pays, mais aussi l'histoire tragique d'un peuple qui a particulièrement souffert.
Dans les moments paroxystiques de l'hymne russe, on a des notes longues, donc de l'espace, de l'ampleur... dans les moments paroxystiques de l'hymne français ("Aux armes"), ce sont des notes précipitées, un coq nerveux qui court dans tous les sens (et après, on s'étonne qu'ait été élu qui vous savez)...

Fermez les yeux, les images de "carte postale" de la vidéo ci-dessous pervertissent un peu la perception de l'hymne qui semble du coup moins "poignant"... mais c'est une très bonne version :



Une autre bonne version de l'hymne russe, un peu différente. 

PS : Non, la maffia russe n'a pas racheté mon blog... et non, je ne suis pas financé par le ministère du tourisme russe... je compte juste créer le CRIMHS (Comité pour le Remplacement Immédiat de la Marseillaise par l'Hymne Soviétique).

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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 18:32

Vous venez de découvrir Muse et Placebo, vous pensez écouter de la bonne musique et pas la même daube commerciale que vos copains de classe... vous vivez dans un trou perdu, vous avez l'impression d'avoir bon goût parce que vous, vous n'écoutez pas Céline Dion, Johnny et Michelle Torr comme vos voisins, mais des "grands du rock", Dire Straits, Queen, U2... vous êtes décidés à partager vos goûts et votre passion du rock sur le net... n'en faites rien, malheureux ! Ou alors, lisez bien attentivement ce guide du rockeur qui vous permettra d'éviter de vous ridiculiser dans la communauté très select des fans de rock. 

Etre un rockeur, c’était plus simple avant… fallait une guitare, une chevelure désordonnée, les fringues de circonstance et bien tenir l’alcool. Maintenant que le monde a changé, et que l’on a tous une autre vie sociale sur le net... s’agit de s’adapter et de savoir comment, en 2008, survivre dans l'univers sans pitié du rock.
Ce premier article a pour objectif de poser les bases, viendront ensuite le "Guide du rockeur 2.0" (pour bien réussir votre entrée dans le web rock) et le "Guide de la rockeuse".

Les principes de base

Le rock est vaste, mais il est truffé de pièges. Certains groupes ou courants sont à proscrire d’emblée. En gros, tout ce qui n’est pas « cool ». Le metal symphonique (voire le metal en général), Coldplay, Keane, le rock progressif, le hard FM, Sting, les groupes pseudo post-punk pour ados débiles (Blink machin, Offspring & co, My chemical romance etc…), bref, évitez en général les groupes qui se prennent trop au sérieux (Joy Division excepté), et ceux qui ne sont pas sérieux du tout (le Bonzo Dog Doo-Dah Band excepté).

Quel que soit votre genre de prédilection, il est IMPERATIF de connaître ses classiques sur le bout des doigts : les grands du rock 60’s. Beatles, Dylan, Stones, Who, Velvet, Doors, Hendrix, Pink Floyd (avec Syd Barret, bien sûr)… et notez qu’on ne dit jamais « le Velvet Underground », « les Rolling Stones », « les Pink Floyd », mais « le Velvet », « les Stones », « le Floyd ».  Il faut donner l’impression que « le Velvet », c’est vos potes, un groupe qui vous accompagne depuis toujours, pas un groupe que vous venez de découvrir et avec lequel vous gardez une certaine distance respectueuse.

Exemple 1 : On ne dit pas « j’aime bien le Velvet Underground » mais « rien ne vaut le Velvet » 

Exemple 2 : On ne dit pas «J’adore Pink Floyd, Dark side of The Moon est mon album favori » (de toute façon, on ne dit pas Dark Side of The Moon, mais « Dark Side »), on dit « le Floyd, c’est devenu chiant après le départ de Barrett » 

Une fois ces fondamentaux acquis, à vous de choisir parmi les artistes et courants respectables du rock… il y en a plein, dans tous les styles, aucune excuse si vous tenez tant à revendiquer publiquement sur le net votre attachement à des trucs honteux.

Pourtant… il n’est pas recommandé d’avoir un « bon goût parfait ». C’est forcément suspect. On risque de croire qu’en fin de compte, vous n’avez aucune personnalité, et que vous ne pouvez aimer que ce qui a été « écouté et approuvé » par le milieu rock. Il vous faut un ou deux trucs honteux, que vous brandirez sans complexe, histoire de montrer que vous n’avez pas peur de vous affirmez et de prouver (enfin, de faire croire) que vos goûts ne dépendent pas de ceux des autres. Le rockeur est snob, il a besoin de montrer sa différence, et de faire preuve de panache en osant – mais à petite dose - défendre ce qui est critiqué partout ailleurs. Attention tout de même, il y a des indéfendables...

Le top 5 des groupes indéfendables :
1. Tokio Hotel
2. Superbus 
3. Manowar
4. Nightwish
5. Poison

Le top 5 des pires groupes qu'il est - avec beaucoup de mauvaise foi et de panache - possible de revendiquer (mais un seul dans cette liste, si vous prenez les 5, vous êtes bon pour le grand prix du mauvais goût rock'n'roll)
1. Queen
2. Bon Jovi
3. U2
4. Coldplay 
5. Yes


 A vous de trouver la juste mesure… et n’hésitez pas à préciser que vous n’êtes pas dupes, et que vous savez bien que tel groupe est un peu honteux.

On ne dit pas « Je suis fan de Queen  », mais « entre deux Sonic Youth, il peut m’arriver de me passer un vieux U2, pour déconner ».

Dans le même ordre d’idées, il vous faut une ou deux têtes de turc (mais pas trop non plus), parmi les grands du rock. C’est un des plaisirs favoris du fan de rock : tourner en dérision un groupe devant lequel tout le monde se prosterne. N’importe quel grand… sauf trois intouchables : le Velvet, les Stooges, Tom Waits. Si vous ne comprenez rien au Velvet, c’est que vous n’êtes pas assez « cool ». Si vous ne comprenez rien aux Stooges, c’est que vous n’êtes pas assez « sauvage » (donc pas assez rock’n’roll), si vous ne comprenez rien à Tom Waits, c’est que vous n’êtes pas assez « roots ».    

Le vrai fan de rock n’appartient à aucune chapelle, il n’a besoin de personne pour lui dire quoi écouter (il a un bon goût rock’n’roll inné), il doit savoir tout avant les autres.

On ne dit pas « J’ai écouté le premier album de X., il est génial », mais « J’ai été déçu par le premier album de X., je n’y retrouve pas les qualités de son tout premier EP, beaucoup plus rêche et spontané »

Il est obligatoire de dénigrer la presse rock. Sinon, vous risquez de passer pour un suiveur, un rockeur sans personnalité qui a besoin de l’avis des journalistes pour se faire le sien.

On ne dit pas « J’ai lu un excellent article sur Radiohead dans les Inrockuptibles », mais « On m’a dit qu’il y avait un papier pas trop mauvais sur Radiohead dans les inrocks » (oui, même si on n’est pas censé les lire, il faut dire « les inrocks »)


Etre un rockeur moderne

Si vous n’êtes plus tout jeune, évitez de passer pour un vieux rocker pathétique coincé dans les années 70.

On ne dit pas « Styx, Rush, ça c’était de la vraie zik, maintenant, y a plus que du rap de merde et de la pop de taffiolle genre Coldplay »… là, c’est l’exemple extrême (et il en existe des comme ça) qui cumule toutes les fautes.

Faute de goût rock’n’roll (Styx et Rush, c’est indéfendable), tout en passant pour un vieux con et un gros réac (ce qui revient au même). Le seul bon point, c'est le mépris pour Coldplay... sauf qu'il vous est retiré à cause de l'injure homophobe. Si, vraiment, vous êtes définitivement coincé dans les 70’s, dites au moins : « mon univers, c’est les Stooges, les New-York Dolls, les Pistols, les Clash, mais il y a tout de même eu quelques bons trucs ces dernières années » (par contre, là, ne surtout pas ajouter « comme la reformation des Stooges », sinon, vous perdrez toute crédibilité rock’n’roll).

La hype : un rockeur qui se respecte doit la détester, cracher dessus dès qu’il le peut… mais être au courant du moindre petit début de frémissement hype. Le tout, c’est d’avoir l’air blasé, de faire comme si vous aviez les bons réseaux, les bonnes infos, comme si tout passait par vous avant les autres… sans laisser croire que vous traînez toutes les nuits sur le web à dénicher les dernières nouveautés et à voir ce qu’en pensent Pitchfork et vos blogs rock favoris.
Sachez modérer vos enthousiasmes. Vous découvrez un nouveau groupe qui vous a emballé ? Restez un minimum mesuré, sous peine de passer pour le type qui oublie tous les grands anciens et les échelles de valeurs… vous vous retrouverez vite ridiculisé par des « Mouais, du calme, c’est tout de même pas Dylan » ou « Un chef-d’œuvre, ça ? Alors le White Album, c’est quoi ? »

Tout est dans le juste milieu… être suffisamment blasé pour ne pas avoir l’air d’un ado hystérique, mais suffisamment curieux pour ne pas avoir l’air du vieux rockeur perdu dans les décennies précédentes dont il était question ci-dessus.


Quelle culture ?

La seule culture rock ne suffit pas… là encore, tout est question d’équilibre. Si vous lisez Homère en grec ancien, ne l’ébruitez pas. Mais ne faites pas non plus comme si vous n’en aviez jamais entendu parler (Homère qui ? Simpson ??). Le rockeur a de la culture, mais juste ce qu’il faut. Le tout est de ne pas avoir l’air d’un gros bourrin inculte, ni d’un rat de bibliothèque.

Le rockeur doit-il écouter du jazz et du classique ? Oui, mais pas trop… il est snob, il a du goût, il doit avoir des références… mais ne pas avoir l'air trop élitiste. Il se doit de respecter le jazz et le classique, de prouver qu’il a ainsi une oreille suffisamment fine pour en percevoir les richesses, sans être un grand connaisseur. Pour autant, pas question de passer pour un lourdaud qui, une fois sorti du rock, n’a plus les bonnes références.

On ne dit pas « Aaah, la grande musique… j’adore le Canon de Pachelbel, l’adagio d’Albinoni et les Carmina Burana », mais « Le classique, ça peut m’arriver d’en écouter… j’aime bien me mettre un peu de Debussy et de Schumann, parfois ».

Même chose pour le jazz…. On ne dit pas « Je me relaxe en écoutant Diana Krall », mais « De temps en temps, j’aime écouter de bons vieux disques de Billie ou de Miles » (oui, car même si on ne connaît rien au jazz, même si on n’a que Kind of Blue de Miles Davis, toujours sous emballage plastique, on dit « Miles » ou « Billie », le rockeur est partout chez lui, tous les grands musiciens sont ses potes…)

Pour ce qui est de la culture populaire autre que le rock… il faut avoir des références, mais ne surtout pas passer pour quelqu’un qui s’y intéresse de trop près. Pas de « Britney qui ??? Connais pas… », c'est pas crédible, mais par exemple, un « Christophe Willem ? ça me dit quelque chose, mais j’vois pas trop…  il joue dans quel groupe ?» c’est risqué, mais si ça passe, vous pourrez susciter l’admiration, et renvoyer vos interlocuteurs à leur médiocrité car eux connaissent forcément ce genre de daubes. Vous pourrez laisser entendre que vous ne regardez pas la télé, que vous ne suivez rien de l’actualité people, que vous ne gardez pas en mémoire les informations inutiles, voire même que vous n’habitez pas dans la Creuse, mais à Londres…    

Maintenant, il s’agit de définir les principales catégories de rockeurs acceptables. Avec, à chaque fois, les indications nécessaires sur les groupes à aimer, les pièges inhérents à chaque catégorie et comment les éviter.  En-dehors de celles-là, point de salut...


Roots ou dandy ?

Les deux catégories de rockeur les plus valorisantes sont les catégories « roots » et « dandy »


Le rockeur « roots »

C’est le vrai de vrai, le pur et dur, celui qui aime les bons vieux blues rugueux, le punk furieux et le rock foutraque et déjanté à la Beefheart. Son truc, c’est le rock 50’s, le blues, le rock garage, Johnny Cash, le MC5, Hendrix, les Stooges, Zappa, Captain Beefheart, Tom Waits, The Birthday Party, Nick Cave, les Ramones, Springsteen, les Sex Pistols, Clash (voire les Pixies, Mötörhead, AC/DC et les Stones période Beggar’s Banquet-Exile). Il aime les Doors pour leur côté bluesy, mais se doit de toujours préciser : « par contre, les solos d’orgue de Manzarek, qu’est-ce que c’est chiant ».

Il existe des variations et sous-catégories. Vous pouvez privilégier le folk-rock et le blues. Dans ce cas, vos modèles seront Johnny Cash, Dylan, Neil Young, Woody Guthrie, Tom Waits, John Lee Hooker, Robert Johnson, Blind Willie McTell etc… ou privilégier le rock punk et teigneux : MC5, Stooges, Pistols, Clash, Fugazi, Black Flag, Mötörhead...
Pourquoi "roots" dans ce dernier cas ? Parce que tout ce qui compte pour lui, c'est qu'il y ait guitare, batterie, basse, de la hargne et de la bière, le reste est superflu...  

Evitez les pièges, roots ne veut pas dire « gros bourrin ». Pour cela :

- Pas question de rester coincé dans le passé… vous devez avoir aimé certaines choses – mais pas trop, sinon vous perdez votre crédibilité roots - dans les 15 dernières années, par exemple les débuts de PJ Harvey, 16 Horsepower, The John Spencer Blues Explosion, les White Stripes (même si le succès d’Elephant vous a un peu refroidi), les premiers Kings of Leon (mais vous détestez leur virage pop-rock), The Angels of Light, The Black Keys, The Bellrays, Mark Lanegan.

- Vous aimez quand ça cogne, quand c’est rêche, rugueux, mais vous avez du goût… pas question de revendiquer n’importe quoi. Nirvana doit vous laisser indifférent (beaucoup trop de succès pour vous) et interdiction formelle d’aimer le metal. C’est ce qui prouve que même « roots », vous avez du goût : vous aimez la violence et l’intensité des Stooges, mais pas la lourdeur du metal (et encore moins ses démonstrations techniques pompeuses et pas cool du tout).
 
Quelques grands du rock que vous pouvez vous permettre de descendre : Beatles, Bowie, Radiohead, Pink Floyd, Smiths. Attention tout de même à ne pas déraper… on a beau être roots et cash, pas de propos homophobes, le rockeur moderne est tolérant, sinon il passe pour un plouc réac. On ne dit pas « les Smiths, c’est de la musique de tapettes », mais « les Smiths, c’est de la musique de gonzesses » (parce qu’il y a une limite, tout de même, dans le consensuel, le rockeur roots est obligé de cultiver un petit côté macho)…

Les "gros mots" dans le vocabulaire du rockeur roots : synthés, violons, arrangements, remixage, sophistiqué, délicat, cristallin, romantique, planant, pop anglaise, disco, joliesse, électronique, aseptisé, girlie, Madonna, "signer chez une major", années 80.

Le rockeur « dandy »

Là, il y a deux écoles… l’école « Velvet », et l’école Smiths » (en gros, l’école américaine – enfin, surtout new-yorkaise – et l’école anglaise)


L’école Velvet. Vous aimez quand c’est cool, sombre, arty, un peu glauque, désabusé, décadent… l’idéal, c’est tout à la fois. Comme le Velvet, forcément votre groupe favori. Vous aimez aussi Dylan, Syd Barrett, les Doors, Television, les New-York Dolls, Suicide, les Stooges, Can, Captain Beefheart, Nick Drake, Bowie (surtout la période berlinoise), Joy Division, la no-wave, la cold-wave, P.I.L., Sonic Youth, les premiers Cure, Bauhaus, My Bloody Valentine, Slint. Vous détestez la power-pop et, bien entendu, vous êtes totalement hermétique au funk.

Dans ces 15 dernières années, vous devez avoir apprécié Nick Cave, Morphine, Mazzy Star, Pavement, Smog, Red House Painters, PJ Harvey, Radiohead, TV on the Radio, Shearwater, Tortoise, Mogwaï, Low, Animal Collective, Gravenhurst, le post-rock, les Liars, The Black Angels.

Le piège : passer pour un sinistre dépressif. Pour cela, il faut dans vos références quelques groupes plus légers, colorés et « positifs ». L’idéal étant Love et les Beach Boys (Arthur Lee et Brian Wilson ayant eu des destins qui forcent le respect du rockeur dandy). Pour ne pas avoir l’air trop mou du bulbe non plus, il vous faut quelques groupes plus « directs et spontanés » ; privilégiez les Kinks, Clash, Who, Pistols.

Quelques grands du rock que vous pouvez vous permettre de descendre : Led Zeppelin (trop lyrique), AC/DC et Nirvana (trop simples et carrés).

Les gros mots dans le vocabulaire du dandy de l'école Velvet : puissance, héroïsme, joie, danse, festif, pop sautillante, simplicité, rythme entraînant, efficacité, tubes, McCartney, meilleures ventes, naïf, joli, agréable, cuivres pétaradants.    

L’école Smiths. Vous aimez le rock mélodique, délicat, raffiné, sensible, mais aussi le rock direct, sexy, entraînant, nerveux.

Vos favoris : Beatles, Kinks, Small Faces, Who, Love, Bowie, The Zombies, Roxy Music, Talking Heads, Nick Drake, Clash, Gang of Four, Blondie, Smiths, Pixies, Happy Mondays, Stone Roses.

Ce que vous avez aimé ces 15 dernières années : Elliott Smith, Radiohead, Divine Comedy, Sufjan Stevens, Damon Albarn, Pulp, Belle & Sebastian, Weezer, Richard Hawley, Suede, Supergrass, Arcade Fire, Andrew Bird, Libertines, The Coral, Strokes, Arctic Monkeys, Foals.

Vos références, ce sont surtout les anglais. Vous aimez la plupart des groupes qu’affectionne le dandy de l’école « Velvet », sachant que vous avez été, en général, nourri aux inrocks (même si vous ne l'avouez pas). Vous lisez la presse rock anglaise avec assiduité, NME en tête.

Les grands du rock que vous pouvez vous permettre de descendre : Queens of the Stone Age et Led Zeppelin (trop lourds), Springsteen (trop américain), Janis Joplin (trop de déballage de tripes), Hendrix (trop de solos)…    

Le piège : avoir l’air « précieux » et vous faire traiter de tantouzes par la branche plouc des rockeurs roots. Pour éviter cela, aimez aussi des groupes plus teigneux qui ne sont pas en contradiction avec vos goûts, les "3 S" en tête : Stooges, Stones et Sex Pistols.

Les gros mots pour le dandy de l'école Smiths : cradingue, bourrin, puissant, rock-progressif, beauf, metal, ploucs, solo, sueur, tripes, Lemmy, gros son, lourd, Black Sabbath, grunge, Yoko Ono.


Le rockeur éclectique

De plus en plus courant depuis l’arrivée du net et la possibilité d’écouter de tout en croisant des rockeurs de toutes les obédiences. Il ne s’agit pas d’écouter n’importe quoi, bien sûr, pas de rock pour la ménagère genre Queen, U2, Dire Straits, Sting, Coldplay, Phil Collins… non, essentiellement ce qu’écoutent les rockeurs roots et dandys. Mais, généralement, l’éclectique ne se limite pas au rock, il écoute de l’électro, du hip-hop, de la soul, du jazz etc, etc…

Pourtant, il est moins gratifiant d’être éclectique que roots ou dandy. Car eux ont une identité bien affirmée, et vous risquez de passer pour un type qui ne sait pas choisir son camp. Comment y remédier ? Il vous faut pas mal de têtes de turcs sur lesquelles taper régulièrement pour bien montrer que vous n’êtes pas consensuel. Du style et une très bonne culture musicale sont aussi indispensables pour être respecté.

Lorsqu'on est un rockeur éclectique, on ne dit pas "J'écoute de tout" mais on dit "Je déteste la varièt', le metal, le rock-prog, le r'n'b actuel, la nouvelle scène française, l'ancienne scène française, les comédies musicales, le hard FM, le rock mainstream, l'accordéon, la house, le disco, mais à part ça, j'écoute de tout."   


Le furieux

Pour lui, c’est simple : plus c’est bruyant, noisy, subversif, violent, mieux c’est. Le rock n’a pas vocation à toucher le public, mais à le frapper à grands coups de marteaux (-piqueurs de préférence). Il déteste la sensiblerie et, par certains côtés, rejoint le rockeur « roots ».

Son univers : Punk, hardcore, indus, électro déjantée…

Ses favoris : MC5, Stooges, Sex Pistols, Genesis P-Orridge, Minor Threat, Fugazi, Black Flag, Dead Kennedys, Einstürzende Neubauten, Mötörhead, Throbbing Gristle, Front 242, Metal Urbain, Sonic Youth, Laibach, Ministry, Nine Inch Nails, Mike Patton, Mr. Bungle, Alec Empire, Aphex Twin, Merzbow.

Piège : le gros handicap du furieux, c’est le manque de « cool » dans ses goûts quelque peu bourrins. C’est pourquoi il lui faudra montrer un minimum de distance, de dérision et de cynisme. Il ne doit pas se prendre trop au sérieux (sous peine de passer pour un psychopathe) et mettre en avant les performances arty et décalées de ses groupes indus favoris.

On ne dit pas « c’est un groupe monumental, surpuissant, le diable en personne qui remonte des limbes pour détruire ce monde abject », mais « de vrais barges, totalement fracassés, je les ai vu sur scène découper des poussins à la tronçonneuse… délire ! »

Il aime la violence, ne vibre que si les sensations sont extrêmes, mais il prend ça plutôt « cool ». C’est aussi pourquoi le furieux doit bien montrer son rejet du metal (Slayer et quelques autres sont autorisés). Un genre beaucoup trop naïf, lyrique et « premier degré » pour lui.

Concernant les « grands du rock » qu’il peut se permettre de descendre : même remarque que pour le rockeur roots.

Les gros mots dans le vocabulaire du furieux : ballade, sensible, unplugged, raffiné, symphonique, sobre, mollasson, nouvelle scène française, Coldplay, charmant, cristallin, finesse, pop, éthéré, mélodie ciselée, mélodie, McCartney, flûte traversière.   


L’iconoclaste

Très risqué, il vous faudra encore plus de style et de véhémence que l’éclectique... mais, surtout une bonne dose d’humour. L’iconoclaste rue dans les brancarts, défend l’indéfendable, ridiculise les intouchables, répond U2 quand on lui parle de Joy Division… mais avec un tel panache, un tel humour, que tout lui est pardonné.

Le piège : si vous n’avez pas les épaules assez solides, pas assez d’humour, et si vous n’avez pas un minimum de connaissance de l’histoire du rock et des goûts « autorisés », vous risquez d’être totalement ridicule. Il faut au moins avoir l'humour, le talent et la capacité de s'affirmer de Christophe (Pop-Hits) pour se permettre d'être un iconoclaste repectable et respecté, c'est dire si c'est périlleux... 


L’ultra-snob

Il existe des ultra-snobs roots, dandys, furieux, éclectiques… l’ultra-snob, c’est celui qui n’écoute que des groupes totalement inconnus, et les rejette dès qu’ils commencent à avoir un petit début de notoriété. Pour lui, les groupes qui vendent sont des vendus. Même les intouchables.

C’est une posture particulièrement difficile pour  deux raisons :
1° l’ultra-snob épate au début, en balançant des noms de groupes que personne ne connaît, mais il est difficile de converser avec lui… ça finit par devenir lassant de lui répondre à chaque fois « connais pas… » « jamais entendu parler… » « qui ça ? » « de la néo-cold-wave lithuanienne ??? »….

2° raison : maintenant que tout est accessible sur le net, les groupes obscurs dont parle l’ultra-snob, on peut les écouter… et c’est là que le présupposé bon goût de l’ultra-snob en prend un coup.

Certains, plus malins que d'autres, savent jouer de dérision pour court-circuiter ces critiques (par exemple Lyle, sur J'écoute de la musique de merde). 

Impossible de lister ici des noms de groupes que pourrait écouter l'ultra-snob, il nierait illico. Sa hantise, c'est tout ce qui est référencé et "officialisé".  

Il n'est pas obligatoire de se cantonner à une catégorie, vous pouvez prendre un peu dans chaque... encore faut-il savoir le faire intelligemment.
Si vous devez choisir... ne commencez pas par l'ultra-snob et l'iconoclaste, ce sont les plus casse-gueule. Le dandy de l'école Smiths a un avantage, vous pouvez vous enthousiasmer plus que les autres sur les nouveautés, et défendre la notion de "plaisir immédiat et pop"... mais le problème, c'est qu'il est généralement une des cibles favorites des rockeurs roots et furieux. Le dandy de l'école Velvet est plus polyvalent, il peut s'entendre avec ceux de l'école Smiths, les roots, voire même avec les furieux. Le roots est intéressant car il vous permet d'éviter les pires critiques pour tout fan de rock, voir ses goûts taxés de pompeux, superficiels, hype, mollassons, naïfs, lisses...

Maintenant, vous ne pourrez plus dire qu'on ne vous a pas prévenu...   


1. Guide du rockeur
2. Guide du rockeur 2.0
3. Guide du rock pour les filles
4. Lexique
5. Traductions 

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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 12:37

Suite de la première partie, qui est à lire ici.


19-21 ans


Après le hard, je me mets au prog 70’s… on pourrait dire que je passe finalement par tous les sous-genres les plus nuls du rock… sauf que là, on ne m’y reprendra plus, pas question d’écouter tout et n’importe quoi, ni de revendiquer une vision esthétique de la musique aussi primaire que "plus c’est violent et brutal, mieux c’est". Pas de prog à la Yes, Emerson, Lake & Palmer (que j’avais déjà écouté dans ma période hard), mais du Floyd, King Crimson, Peter Hammill,Van der Graaf Generator, Magma, Gong, Art-Zoyd, Can, Soft Machine… bref, ceux que je défendais à la fin de mon article sur le rock-prog.

Il y a des gens qui changent leurs goûts en fonction de leurs amis et influences, mais le grand malade de musique que je suis fait plutôt l’inverse, je change mes amis en fonction de mes goûts (et ce sera pareil, après, quand je passerai au rock indé… enfin, à nuancer tout de même, plusieurs de cette période restent aujourd'hui parmi mes meilleurs amis, c’est surtout que je me mets à fréquenter d’autres milieux). Avec cette nouvelle bande… ce sera comme la précédente : traîner, refaire le monde par d’interminables discussions, jouer de la musique, faire des conneries… cette fois puissance 10.

Pink Floyd sera donc mon groupe favori, et j’oublie un peu The Wall pour lui préférer surtout Animals, Ummagumma, Meddle et Atom Heart Mother. De King Crimson, ce sera In The Wake of Poseidon, devant Red et In The Court of the Crimson King.

En parallèle se développe très rapidement ma passion pour le classique. J’en suis un vrai « boulimique », j’emprunte à la médiathèque autant de rock que de classique. La sonate Appassionnata de Beethoven, puis tout Beethoven, Chopin, Wagner, Stravinsky, Schubert, Bach, L’île des Morts de Rachmaninov, le Stabat Mater et le Requiem de Dvorak… mes goûts me portant particulièrement vers le XIX° et le XX°, le romantisme allemand, la musique russe, l’impressionnisme de Debussy, et les compositeurs slaves de la fin du XX°. Plus tard, je m’intéresserai aussi à Mozart (il m’a fallu du temps pour y arriver), et aux musiques baroques, de la renaissance et du Moyen Age. Depuis 1991, ma passion pour le classique ne s’est jamais éteinte, elle a toujours été parralèle à celle pour le rock. Je trouvais dans le classique une chose que j’ai toujours aimée dans le rock, et ici en bien plus fascinante : les œuvres à rallonge, des musiques qui me font voyager, des « œuvres-monde » qui s’étendent et se déploient, et me transportent plus que des chansons avec couplet/refrain sur 3 accords.

Avec un ami, je vais même m’inscrire au conservatoire (ce qui, finalement, revenait moins cher que des cours de guitare)… trop « vieux » pour être accepté dans les classes de guitare, j’y fais du solfège et de l’orgue (seul instrument qu’on pouvait commencer sur le tard), et je vais y rester 6-7 ans. Vers 97-98, ma passion pour la musique et le classique en particulier étaient tels que je me lance dans des études de musicologie… mais revenons-en à cette période, vers 92-93.

Je me mets au rock 60’s… Led Zeppelin reste un de mes groupes favoris, le seul que j’écoute toujours autant que dans ma période hard. Puis les Doors (que j'avais tout de même commencé à écouter plus tôt, vers 90-91), les Who, le Velvet, les Pretty Things… et les Beatles. Un moment important… j’accepte de lâcher du lest dans mon obsession pour la noirceur, et je redécouvre le plaisir simple de mélodies agréables dans un cadre « chanson pop ». C’est grâce à Pink Floyd que j’ai pu en venir aux Beatles, par des chansons comme Julia Dream, If, Echoes, Paintbox…  Je comprends que la musique pop peut aussi être légère, directe, agréable, et de grande qualité… Deux ans auparavant, le con que j’étais aurait pu dire « bah, les Beatles, c’est de la musique de gonzesses, ça vaut pas Metallica ».

Autre découverte importante à cette période : Bowie. Je ne connaissais avant que Tin Machine, dont j’aimais beaucoup le single Under The God. Je commence par le premier, une belle claque, puis Diamond Dogs… et les autres…

Le prog va aussi me mener au jazz, par Coltrane, qui deviendra très vite une de mes « idoles ». Beaucoup de jazz des années 50, 60, 70, et ce n’est que bien plus tard que je m’intéresserai au jazz des décennies précédentes. Comme pour le classique, ma passion du jazz se développera en parralèle à celle du rock, et ne s’éteindra pas… Après Coltrane, il y aura surtout Mingus - les deux restent d’ailleurs toujours mes jazzmen favoris, avec Ellington – puis Steve Coleman. Mais le jazz, je vais m’y mettre autant par les concerts que les albums. Plus facile, dans une ville où il n’y a pas beaucoup de lieux pour faire jouer les groupes, de tomber sur des bœufs de jazz intéressants que des groupes de rock pas trop pourris… de 20 à 28 ans, je vais très fréquemment sortir pour aller écouter de la musique, chaque fois qu’il était possible d’en entendre… jouée très souvent par des amis (qui faisaient du jazz, parfois du rock). Lorsqu’on ne vit pas dans une grande ville comme Paris, Marseille, Lyon, les musiciens se croisent et sympathisent assez facilement (et se brouillent aussi souvent, à cause de leurs caractères de merde…) A partir de cette époque, je joue un peu plus « sérieusement » en groupe… sérieusement étant un bien grand mot, puisque l’essentiel de nos répèts consistaient en des impros foutraques (qui n’avaient rien de jazz, on n’avait pas le niveau, c’était plutôt sous influence rock psychédélique)... on était un groupe d'amis plus qu'un groupe de rock. Je me souviens de notre première fête de la musique… des commerçants acceptent de nous filer du courant, tout contents de voir un groupe, qui, pensaient-ils, aller ramener du monde avec des chansons rock vers leur stand de merguez et boissons… ils ont vite déchanté quand ils nous ont entendu… pas une seule reprise, pas le moindre petit début de morceau travaillé, pas la moindre grille sur laquelle se baser, on a improvisé des heures et des heures, jusqu’à la fin de la nuit et que les flics nous virent. Notre truc, c’était Pink Floyd, Syd Barrett, les Doors… on imaginait qu’il suffisait juste d’un grain de folie et d’inspiration pour faire quelque chose d’intéressant. On a tout de même pu ramener un peu de monde, sans doute plus par curiosité que pour la qualité musicale de notre « prestation ».

Les titres rock qui m'ont le plus marqué pendant cette période :




21-24 ans

Alors que ma bande de potes de l’époque reste très attachée au rock 60’s – 70’s (et certains au jazz et classique), je finis par avoir envie de nouveautés, marre du « le rock, ça se limite aux 60’s et 70’s, maintenant, il n’y a plus que de la merde »…  il devait forcément y avoir quelques groupes actuels intéressants…  Il y a eu Sonic Youth (j'ai traîné deux de mes amis fans de rock 60's et 70's à un de leurs concerts, ils ont détesté...), dont j’avais entendu quelques titres de Goo vers 91… puis ce sera Dirty et Sister, mais le moment où Sonic Youth va réellement devenir mon groupe favori et m’amener à me plonger dans le rock indépendant, ce sera, paradoxalement, avec Experimental, Jet, Set, trash and no star. Je dis « paradoxalement », car ce n’est généralement pas un des albums favori des fans du groupe. Sonic Youth, nouvelle révélation… si j’ai pu tant aimer le groupe, c’est peut-être parce que j’y retrouvais ce que j’avais pu aimer : sombre comme la new-wave, violent comme le metal, un côté direct, urgent, comme le rock 60s, mais aussi expérimental et original comme le rock 70s. Jusqu’à OK Computer et Mezzanine, Sonic Youth restera mon groupe favori toute cette période de « découverte » du rock indé.

Sonic Youth est la première claque, le 4-track demo de PJ Harvey sera la 2°. Autre révélation importante : on peut donc faire du rock, et du très bon, avec un 4 pistes, quelques guitares rêches et une voix (mais quelle voix !).

Je découvre l’émission de Bernard Lenoir, à laquelle je deviens accro, ce qui me mènera, vers 95-96, à lire les inrockuptibles… le premier magazine de rock que je vais lire régulièrement. 

Sonic Youth, PJ Harvey… et le choc qu’a été Grace de Jeff Buckley. Si le rock peut-être brut, direct et simple comme celui de PJ Harvey, il peut aussi être lyrique sans être boursouflé, ce que m’apprendra Buckley (quoique chez Pink Floyd et King Crimson, j'en avais déjà eu l'intuition). Les autres disques de 94 à 96 qui m’ont vraiment marqué, en vrac :


PJ Harvey – To Bring you my love
Radiohead – The Bends
Soundgarden – Superunknown
Mazzy Star – So tonight that I might see
Björk – Post
Morphine – Good
Nick Cave – Murder Ballads
Elysian Fields – Bleed your cedar
Portishead - Dummy
Nine Inch nails – The Downward Spiral
Tricky – Maxinquaye
Divine Comedy – Promenade
Pulp – Different Class
Supergrass – I should coco
Lisa Germano - Geek the Girl
Suede – Dog man star
Blur – The great escape
Faith No More – King For a Day, fool for a lifetime
Smashing Pumpkins – Melon Collie
Mojave 3 – Ask me tomorrow
Sonic Youth – Washing Machine
Spain – the Blue Moods of spain
dEUS – Worst Case scenario
dEUS – In a bar under the Sea
Scott Walker – Tilt
Chemical Brothers – Exit Planet dust
Chemical Brothers – Dig your own hole
Pavement - Wowee Zowee
Cat Power - What would the community think
Prodigy – The fat of the land
Young Gods – Only Heaven
Jay-Jay Johanson - Whiskey
Bowie – Outside
Orbital – In sides
16 Horsepower – Sackcloth’n’ashes
Thurston Moore - Psychic hearts
Olivia Tremor Control - Dusk at Cubist Castle


Une bonne époque… des disques et artistes qui, pour la grande majorité sont devenus des "classiques", mais à l'époque, pas d'internet, pas si évident que cela d'en entendre parler (à part Prodigy et 2-3 autres) et de trouver des gens qui les écoutent (lorsqu'on n'est pas sur Paris)... 
Un de mes groupes préférés de 94 à 97 est maintenant totalement oublié (et ils ont splitté) : Delicatessen (à ne pas confondre avec un autre groupe du même nom). Leur album Skin Touching Water de 95 est un de ceux que j’ai le plus aimé et écouté.  Rien sur deezer ni jiwa, bien sûr… j’aimais aussi beaucoup leur suivant, Hustle into Bed. Injuste qu’ils n’aient pas eu plus de reconnaissance… Skin Touching Water était pour moi l’album idéal de rock indépendant… et lorsque je l’écoute, je revois toutes les images de cette période de ma vie, mon immersion comme un poisson dans l’eau vaseuse du milieu rock indé.
Je vous upload quelques titres de Skin Touching Water que j'écoutais sans cesse à l'époque, en commençant par I'm Just Alive, leur plus-grand-tube-que-personne-ne-connaît :



Sonic Youth, PJ Harvey, Jeff Buckley, Radiohead, Mazzy Star, Morphine, Delicatessen, Elysian Fields, dEUS… j’ai l’impression de trouver enfin le genre musical qui me ressemble et réunit tout ce que je cherche dans le rock… le metal comblait un besoin de violence, évasion, défoulement mais, j’ai fini par le comprendre : ce n’était "pas vraiment moi"… je ne me vois pas plus en chevalier tueur de dragons et sauveur de princesses qu’en démon de l’enfer… le rock-prog de Pink Floyd, Crimson, Magma, j’aimais (et j’aime toujours), mais ça manquait d’une certaine forme de « spontanéité », du plaisir immédiat des chansons pop-rock… le rock 60’s… c’était tout de même la musique d’une autre époque, d’une autre génération, il ne pouvait m’appartenir totalement… je prends vraiment conscience de tout ça le jour où j’entends My iron Lung  de Radiohead chez Lenoir… exactement ce que je cherchais : un morceau rock, direct, mais pas bourrin… des émotions, du lyrisme, mais pas d’héroïsme pompeux… de l’originalité, du style, mais sans oublier le plaisir, la mélodie… des mélodies agréables, mais dignes, pas de racolage variétoche.

Retour, aussi, à des chansons pop-rock agréables, non pas du rock mainstream à la U2, Dire Straits & co, mais de quelques groupes indés sans grandes prétentions capables de pondre des chansons à la fois jolies, légères, mais pas racoleuses... notamment Drink The Elixir de Salad. Ou les chansons raffinées de Divine Comedy (Promenade sera un de mes albums favoris) et Suede (Dog man star). Bien que je sois toujours beaucoup plus sensible aux chansons mélancoliques et sombres, je peux apprécier (grâce à ma période Beatles) quelques chansons pop plus "positives", telle, justement, la très beatlesienne Wake up Boo des Boo Radleys.    

Sinon, toujour un certain besoin de violence, que je retrouve chez Sonic Youth, Soungarden, Tool, Faith No More, Prodigy, les Young Gods et Nine Inch Nails… je commence aussi à écouter de plus en plus d’électro, via Portishead (la première fois que j’ai entendu Sour Times, ça a été le coup de foudre), Björk, Prodigy, Chemical Brothers, Orbital, les Young Gods, Underworld … et l’énorme claque qu’a été pour moi (mais je ne suis pas le seul…) Outside de Bowie (en plus, I’m deranged avait une place de choix dans Lost Highway de Lynch).

Un peu de français (vraiment nouveau pour moi), à petites doses : Gainsbourg, surtout, puis Dominique A, Miossec (j’aimais juste le premier, Boire), Tue-Loup….

Je fréquente les fans de rock indé de la ville… mais aussi - c’est le grand écart - les boîtes de nuit (un peu la même schizophrénie que j’avais à l’époque dans mes goûs musicaux, entre le rock indé et l’électro). Non pas que j’aime particulièrement les boîtes, mais mon meilleur ami était DJ, et j’allais souvent le voir (pour boire à l’œil, raconter des conneries, découvrir un « nouveau monde » et des gens très loins des fans de rock)… j’ai même été DJ un moment (vers 97-98, pas dans une boîte, mais dans deux pubs ; être payé pour boire en passant des disques, ça me semblait plutôt un bon plan)… ça n’a pas duré (en gros, une à deux fois par semaine sur 7-8 mois), je comptais en profiter pour - autant que faire se peut - passer des trucs plus intéressants que les gros tubes habituels… pourtant, j’ai fini par en avoir marre, pas assez de liberté, trop de daubes imposées, et pas vraiment mon univers. Mon titre fétiche, celui que je passais tous les soirs en début de soirée : Right de Bowie.


Les 5 artistes/groupes de rock qui m’ont le plus marqué pendant cette période :

      1.      Sonic Youth
2.      PJ Harvey
3.      Delicatessen
4.      Bowie
5.      Radiohead

Les chansons de mes 21-24 ans :





Quelques autres...




De 24 ans à maintenant
 :


En 97-98, deux albums vont compter parmi les plus importants de ma vie musicale : OK Computer de Radiohead et Mezzanine de Massive Attack. Maintenant, je comprends mieux pourquoi ces deux albums m’ont autant fasciné : ils contenaient un peu tout ce que j’aimais et cherchais dans le rock, en mieux.

OK Computer : j’aimais déjà beaucoup The Bends, mais OK Computer sera une toute autre révélation. Dans la lignée de Grace : du lyrisme fin et sensible, loin des boursouflures metal. Des atmosphères, des harmonies et structures originales et intelligentes. Un album très raffiné, mais avec aussi un côté « écorché vif ».

Mezzanine : Je me souviens encore du jour où je suis allé l’écouter au casque, chez le disquaire… ça n’a pas duré longtemps, les 35 premières secondes de Angel, je repose le casque, achète l'album et fonce l’écouter chez moi. Cette basse sourde, hyper-sombre, lente, hypnotique… un choc rare, comme celui de Shake the Disease ou One. Et le reste de l’album était à la hauteur de ce premier contact. Mezzanine, c'est l'album qui arrivera à me toucher au plus profond, à me donner l'impression d'être "chez moi" avec ses ambiances sombres et froides comme celles qui ont tant marqué ma jeunesse via les Cure et Depeche Mode, et ses passages planants qui me ramenaient à Pink Floyd...  je ne crois pas avoir jamais eu autant l'impression de trouver "l'album parfait", l'album que je recherchais depuis toujours...
J’avais déjà entendu vaguement leur premier album (Portishead m’avait donné envie d’en savoir plus sur le trip-hop), mais je n’avais pas accroché, trop « soul » pour moi. Il me fallait un Mezzanine pour me faire passer vers les musiques noires-américaines (blues et jazz exceptés, puisque je les aimais déjà avant). Jusqu’à mes 25 ans, j’étais allergique au funk, à la soul, au rap, ces musiques n’avaient pas… la « noirceur » que je recherchais, elles étaient trop festives, terriennes, j’avais besoin d’évasion, de trip, pas de groove (même si j’ai pu l’aimer dans le jazz, chez Led Zep et quelques autres). Mezzanine sera un « pont », qui saura me faire apprécier particulièrement le groove. D’abord par le rap… Public Enemy et le Wu-Tang Clan, surtout… je retrouve dans le rap finalement l’énergie, la violence et la révolte que j’aimais dans le hard, mais avec du groove au lieu de rythmiques lourdingues et de mélodies bêtas. Un peu plus tard viendront aussi la soul, et un peu de funk…

Autre courant plutôt nouveau pour moi : le folk (c’est à ça qu’on doit réaliser qu’on vieillit, on se met à aimer le folk). Via un album rock, que j’écoute en boucle depuis, Highway 61 de Dylan… ce n’est qu’à cette période que je me mets à Dylan. Je commence à m’intéresser pas mal, vers 96-98, aux « musiques du monde » : tzigane, surtout, mais aussi flamenco, bossa, chanson napolitaine etc… et à Tom Waits…

Grande passion pour l’électro : Aphex Twin, Amon Tobin, Squarepusher, Autechre, Plaid, Boards of canada bref, surtout le label Warp… pas étonnant que je sois sensible à l’électro, les sons électroniques sombres et froids de Depeche Mode, ça reste, au final, là d’où je viens…

Il y aurait trop à dire sur cette période, je ne vais pas m’étendre, car il n’y a pas d’énormes « bouleversements » dans mes goûts, juste des genres musicaux qui « s’ajoutent » au rock indépendant, au rock 60’s et 70’s, au classique, au jazz… le hip-hop, donc, l’électronica, le folk et le rock 50’s (grâce au Reverend Frost... qui m'a d'ailleurs donné l'idée de me mettre moi aussi au blog)… de plus, d’un point de vue totalement égoïste, ça m’intéresse moins de revenir sur cette période, trop proche, il n’y pas la « nostalgie » et, surtout, parce que la majeure partie de mes goûts plus récents, vous les connaissez si vous me lisez…

Si je me suis moins attardé dans cet article sur le jazz et le classique (pas de playlists, il manque trop de choses sur deezer et jiwa), c'est parce que ces musiques, contrairement au rock, n'ont pas pour moi la même temporalité, ne sont pas liées à une période particulière. Lorsque j'écoute les vieux albums de Depeche Mode, Pink Floyd, Sonic Youth, Radiohead... ce sont des souvenirs d'une époque qui reviennent... mais lorsque j'écoute Beethoven ou Coltrane, ils restent intemporels (d'autant plus que je n'ai pas cessé de les écouter depuis...), pas de nostalgie de mes premiers pas dans le classique ou le jazz.  

Voilà… je me doute que certains penseront que cette suite d’articles hyper-longs pour parler de l’évolution de mes goûts à quelque chose de terriblement mégalo… ils n’auront pas forcément tort, mais ça me semble tout de même intéressant, j’aimerais beaucoup, de la même manière, savoir quels sont les « parcours musicaux » des blogueurs que je lis régulièrement. Que ce soit brièvement, dans les commentaires, ou plus en détail, sur vos blogs…

(si vous désirez commenter de manière générale ces deux articles, privilégiez cette page... si c'est pour parler essentiellement des années 80, c'est sous la première partie)  
  
    

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