Pour commencer la nouvelle année dans la joie et la bonne humeur... petit tour d'horizon des musiciens qui nous quitteront pendant cette décennie. Après tout, on sait bien que les journaux préparent à l'avance les nécros de personnalités qui sont sur la fin, Music Lodge va plus loin, et vous les livre avant tout le monde...
Jean-Philippe Smet, dit Johnny Hallyday (1943-201?) : On aimerait que Johnny vive éternellement... ou, du moins, mourir avant lui, pour ne jamais avoir à supporter la démentielle surmédiatisation de sa mort... du Johnny à toutes les sauces, considéré comme "le plus grand" par les mêmes qui font de Michael Jackson un génie de la musique, ceux qui déterminent la qualité d'un artiste par ses chiffres de ventes, ceux qui ont la sensibilité artistique d'un comptable... la mort du lourdingue Johnny, qui, dans ses meilleurs années, n'arrivait même pas à la demi-cheville d'un Elvis bouffi, grotesque dans ses costumes blancs à franges et paillettes et abruti par les médocs... et pourtant, cela sera un événement national, on aura droit à des journaux qui lui seront entièrement consacrés, peu importe les drames bien plus terrifiants qui se jouent partout ailleurs, une "journée de deuil Johnny", des centaines d'émissions en hommage, des rues "Johnny Hallyday" ("Impasse Johnny Hallyday" serait plus pertinent), des services à café Johnny Hallyday, des débouche-chiotte Johnny, des écoles Johnny... bref, un grand n'importe quoi autour de l'inoubliable interprète d'"Optic 2000"...
Pierre Boulez (1925-201?) : A 85 ans, le père Boulez est toujours là (comme quoi, la dissonance, ça conserve... alors que Mozart est mort à 35 ans)... il n'aura sûrement pas droit au quart du 10ème de la "couverture médiatique de Johnny" lors de sa mort, mais lui aura eu une importance sans commune mesure avec l'autre dans l'histoire de la musique et de l'art en général. Que l'on aime ou pas ses oeuvres, il aura été un compositeur essentiel du XX° siècle, un immense chef d'orchestre, une personnalité incontournable du monde de la musique et ses écrits sur la musique resteront de grandes références. Il serait grand temps, à l'occasion de sa mort future, que l'on fasse l'effort de le redécouvrir, sans a priori, et que l'on comprenne que sa musique ne peut être réduite à de l'abstraction et de l'intellectualisme, mais comporte une véritable sensualité quand on accepte de se plonger dans ses univers sonores.
BB King (1925-201?) : Agé lui aussi de 85 ans, ses chances de passer la décennie sont minces. Il rejoindra John Lee Hooker, Muddy Waters et Robert Johnson au paradis des bluesmen. Car oui, il existe un "paradis des bluesmen", sans angelots en couches blanches ni sons de harpes éthérés, mais où la bière et le bourbon coulent à flots. Un paradis des bluesmen où même ceux qui, comme Robert Johnson, ont vendu leur âme au diable, seront rachetés... Pas un blanc-bec pour leur piquer leur musique, les seuls blancs du paradis des bluesmen ne seront que des roadies et domestiques prêts à exaucer leur moindre souhait. Comme quoi, il y a une justice dans l'au-delà... Et c'est toujours une chose que n'aura pas Johnny, qui se fera refouler à grands coups de pieds au cul par Muddy Waters, car toute la musique que, eux, ils aiment, n'a sûrement pas été composée par Obispo, Zazie, David Hallyday et autres boulets de ce genre.
Pete Doherty (1979-201?) : Il aura eu beau faire tout et n'importe quoi (sexe, drogue et chants nazis) pour rejoindre l'illustre "club des 27" (les rock-stars morts à 27 ans, Jim Morrison, Hendrix, Joplin, Brian Jones, Kurt Cobain...), il n'y sera même pas parvenu. Alors qu'Amy Winehouse (1983) est toujours dans la course, et bien parti pour y arriver... la plus grande hantise de Pete reste que son acolyte Carl Barat passe avant lui... mais, si ça peut le rassurer, ses chances d'être encore en vie en 2020 sont vraiment très maigres.
Bob Dylan (1941-201?) : Le plus triste, dans la mort de ce vrai géant des musiques populaires, ce ne sont pas les quelques albums anecdotiques sortis à la fin de sa vie, mais le fait que la couverture de sa mort sera beaucoup plus légère que celle de Johnny ou feu-Michael Jackson... Alors que trois notes prises au hasard de Highway 61 Revisited, Blonde on Blonde ou Bringing it all back Home valent largement toute la discographie des deux autres... R.I.P. Bobby, dans un siècle, tout le monde se souviendra encore de toi, alors qu'on aura oublié le "zombie pédomaniaque" et le lourdingue interprète de "Que je t'aime"...
Dick Rivers (1945-201?) : Mort le même jour que Johnny Hallyday. Du coup, tout le monde s'en fout. Toute l'histoire de sa vie...
Richard Anthony (1938-201?): Mort le même jour que Dick Rivers... (mais si ça se trouve, il est déjà mort, et personne le sait)
Keith Richards (1943-201?) : L'occasion pour Mick Jagger, élu businessman de la décennie pour la deuxième fois de suite par le mag "Music Marketing" d'une série de tournées hommage dans les plus grands stades du monde avec centaines de milliers de ballons multicolores, T-shirts "Keith Richards R.I.P" vendus 60 euros pièces à la fin de chaque concert, éléphants sur scène, montreurs d'ours, femmes à barbes etc... De mauvaises langues diront qu'après avoir su relancer la machine Rolling Stones en noyant Brian Jones dans les années 60, Mick a injecté à Keith en une fois la quantité de came que le groupe s'envoyait en un mois dans ses grandes années... mais le pire, ce n'est même pas ça, c'est l'horrible deuxième bouquin hommage d'Amantha Sthers sur Keith...
Ringo Starr ou Paul McCartney ? Qui sera le dernier Beatles en vie ? Voilà de quoi exciter les obsédés de paris en tous genres que sont les anglo-saxons... Sur la photo, Macca nous dit que Ringo sera le prochain à y passer, mais rien n'est moins sûr... Il est vrai que Ringo Starr comme dernier dépositaire de la mémoire des Beatles, ça la foutrait un peu mal... en même temps, ce serait plutôt logique : celui qui se sera le moins investi a le plus de chances de survivre aux autres...
Brian Wilson (1942-201?) : On l'imagine bien mourir quelques jours après Paul McCartney, de telle manière qu'on n'y prête que peu attention. Une nouvelle fois éclipsé par les Beatles... quand ça veut pas...
Le groupe Indochine. Le rêve du génial Desproges, s'est enfin réalisé, le groupe Indochine faisait de la moto sans casque sur une petite route escarpée de Provence. Avec un camion roulant à vive allure dans l'autre sens. (Entrez dans la baignoire sans bander. Je sais c’est difficile. Il faut fournir un effort d’imagination. Je ne sais pas moi, imaginez que vous passez la soirée à manger des moules mayonnaise tièdes dans un restaurant d’autoroute avec Jean-Claude Bourret qui vous explique les montants compensatoires. Bien. Allongez-vous dans l’eau. La tête seule doit émerger. Repérez le niveau de l’eau. Maintenant bandez. Pensez que le groupe Indochine fait de la moto sans casque. Et boum, le camion. Pierre Desproges) Comme quoi, la mort, c'est pas aussi triste que ce qu'on voudrait nous faire croire...
Charles Aznavour (1924-201?): A force de nous vendre sa "dernière tournée", ça a fini par être la bonne...
Jim Morrison et Elvis Presley : Ils en ont coulé, de beaux jours heureux, sur cette fameuse île où se sont réfugiées les stars du rock qui en ont eu marre du bruit et de la fureur autour de leur statut d'icônes rock et ont mis en scène une fausse mort pour fuir à tout jamais la société du spectacle. Ils s'éteindront enfin en paix cette décennie, et en toute discrétion, dans les bras de jolies filles exotiques sensibles à la fois à leur "Love me tender" et "Love me two times"...
Gordon Matthew Thomas Sumner alias "Sting" (1951-201?) : Ses reprises de chansons de la Renaissance n'étaient pas au goût de tout le monde, en tout cas pas à ceux de cette tribu amazonienne qu'il prétendait défendre et à qui il a donné un petit récital. Un esthète de la tribu lui aurait balancé une flèche empoisonnée dans le cou. Une mort somme toute cohérente pour celui qui se faisait appeler "Sting".
Robert Wyatt (1945-201?): La mort du génial Robert Wyatt sera un véritable électrochoc, Rock Bottom aura enfin la place qu'il mérite, celle d'un des albums les plus beaux du XX° siècle, on le découvrira et le célèbrera partout ; la subtilité, la sensibilité et l'intelligence de sa musique seront le modèle des générations futures, pas un nouveau groupe "hype" qui ne fera référence à Rock Bottom... non, malheureusement, ne rêvons pas, ce pauvre Robert Wyatt va mourir sans que nos sociétés en aient quoi que ce soit à foutre. Ce monde est vraiment lamentable...
Lorie (1982-201?) : Pour relancer sa carrière, elle décidera de se la jouer trash comme Britney ou Christina Aguilera, mais cruche comme elle l'est, elle tentera de s'envoyer une barrette de shit en intraveineuse dans le truc qui lui sert de cerveau... Comme quoi, ce n'est pas si vrai que les meilleurs partent toujours les premiers...
Mark Knopfler (1949-201?): Il a fait mourir d'ennui des générations de fans de rock, et il n'a lui-même pas survécu à l'un de ses concerts, s'écroulant mollement sur scène au beau milieu d'un des solos soporifiques dont il avait le secret. Espérons qu'il le gardera dans sa tombe...
Roger Daltrey (1944-201?) : Dis, Roger, toi qui chantais "Hope I die before I get old", 66 ans, c'est plus tout jeune, non ?
Les deux Coleman : Ornette et Steve. Dieu va vraiment pouvoir se régaler, avec son "big-band de la mort"... Ornette et Steve vont rejoindre les géniaux Coltrane, Parker, Coleman Hawkins et Lester Young aux sax, avec Miles, Dizzy et Armstrong aux trompettes, Monk, le "Duke" et le "Count" au piano à six mains, Mingus à la contrebasse, Max Roach et Kenny Clarke à la batterie, Billie Holiday au chant... et il nous reste quoi, à nous ? Diana Krall ? Alors qu'il nous laisse au moins Steve Coleman un moment...
Isabelle Marie Anne de Truchis de Varennes, dite "Zazie" (1964-2018) : En 2017, lorsque je serai enfin élu président, ma première mesure sera le rétablissement de la peine de mort pour les interprètes et compositeurs de musiques de merde. Mais puisque je suis un gars sympa, je laisserai une alternative aux musiciens, celle de faire des excuses publiques pour toutes les horreurs qu'ils ont commises, et jurer de ne plus jamais recommencer. Mlle de Truchis de Varennes n'en faisant qu'à sa tête, celle-ci tombera sous le couperet de la guillotine.
Curtis James Jackson III, alias "50 Cent" (1975-201?) : Le mec qui a survécu à 9 balles dans la peau est décédé des suites d''une bête chute dans l'escalier en descendant les poubelles. C'est con, la vie, tout de même...
Nick Cave : Nan, j'déconne, le grand Nick ne peut pas mourir... de toute façon, il est déjà mort une fois, d'une overdose... et puisqu'on ne peut mourir deux fois... (je me rassure comme je peux...)
Mais le plus étonnant, dans tout ça, c'est que John Lydon, lui, sera toujours en parfaite santé en 2020, aidé par une pratique intensive du sport et un régime macrobiotique strict... il y en a au moins un qui a bien compris que le punk était mort en 79, et qu'il fallait passer à autre chose...
Quant à Scott Walker, croisons les doigts, espérons qu'il ne disparaisse pas avant de nous livrer ses deux prochains albums, chefs-d'oeuvre à la hauteur des précédents, prévus pour mars 2019 et Juin 2032...
Autres rescapés : David Bowie (la Vittel et les albums faciles torchés sans se prendre la tête des nuits durant, ça conserve), Iggy Pop (comme d'hab', il suit la même recette que Bowie), Tom Waits (la recette inverse de celle de Bowie et Iggy Pop, ça marche aussi : grande rasade de bourbon au lever, trois paquets de clopes dans la journée pour entretenir sa voix rugueuse, et d'excellents albums)...
Mais bon, si l'on s'en tient à certains des discours subtils des majors et politiciens, TOUS les musiciens vont crever incessamment sous peu à cause du téléchargement, et il n'y aura plus de musique dans les années à venir... Pourtant, on est déjà en 2010, et la musique est loin d'avoir disparue... alors je vous souhaite à tous plein de grandes découvertes musicales pour cette décennie !