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Classements d'albums

17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 13:42

          Le double heureux-événement que vient de connaître Thierry m'a incité à lui concocter une playlist "classique pour enfants" [edit : de 0 à 7 ans, surtout]... playlist qui s'adresse aussi à FabAlf... et, bien sûr, tous les nouveaux parents.

Pourquoi faut-il faire écouter du classique le plus tôt possible aux enfants ?

Pour qu'ils puissent, adultes, faire les malins dans les dîners mondains en étalant leur culture ? Non, bien sûr... C'est tout simplement parce que le classique est la musique idéale pour aider les petits (et les grands) à se développer de la meilleure manière possible. Pas de batterie binaire qui martèle le temps, mais une musique qui permet d'accroître l'intelligence, la subtilité et l'attention (richesse dans les détails, superpositions de lignes, travail sur les nuances).
Evidemment, il ne suffit pas de lui faire écouter, très jeune, du classique, pour qu'il devienne nécessairement intelligent... ce serait trop facile... et ce n'est pas parce qu'il n'en écoutera pas qu'il deviendra forcément stupide. Mozart ne fera pas le travail d'éducation à votre place.

Quels musiciens classiques ?

Tous les compositeurs et toutes les oeuvres classiques ne sont pas systématiquement bons pour les enfants en bas âge. Evitez de manière générale Beethoven (trop de tension), Wagner (trop sombre), Chopin (trop triste), Stravinsky, Bartok, Schoenberg (et la majeure partie des oeuvres du XX°)...
Le compositeur idéal, c'est Mozart. Pour des raisons acoustiques et esthétiques.
Acoustiques, car il représente la perfection en matière de musique tonale (musique fondée sur les lois physiques de l'acoustique).
Esthétique, car il est représente là encore la perfection dans "l'esthétique classique". L'esthétique classique (en gros, de 1750 à 1800), c'est l'esthétique de la clarté, de l'équilibre, de l'harmonie, de l'élégance et de la délicatesse. 
La musique de Mozart est particulièrement joyeuse (sans être bêta), légère (sans être superficielle), carrée et équilibrée (mais avec de la fantaisie)... rien de mieux pour les enfants. 
Après, il ne s'agit pas de faire n'importe quoi avec n'importe quelle oeuvre... si vous enfermez votre bébé dans le noir avec le Requiem de Mozart à fond, je décline toute responsabilité pour ce qu'il adviendra de lui...

Quelles conditions ?

Certains parents imaginent, parce qu'ils connaissent mal le classique et trouvent les chansons pop "fun, légères et amusantes", qu'un enfant en bas âge prendra beaucoup plus de plaisir à écouter des chansons pop que du classique. Ce n'est pas forcément le cas... un enfant peut prendre autant de plaisir avec du classique, tout est question de "conditionnement"... mais, bien entendu, pas question de l'attacher à une chaise en face des haut-parleurs, ni de le giffler parce qu'à 5 ans, il n'arrive pas à chanter la partie de soliste du 3° mouvement du Concerto pour Violon de Brahms, ce con (le gamin, pas Brahms), et n'a pas composé autant d'oeuvres que Mozart au même âge. 
Le but n'est pas de le forcer, mais de l'accompagner (avec du classique en musique de fond, par exemple). L'enfant est très curieux, mais aussi obsessionnel. Il ne s'agira pas d'enchaîner les 100 CD de l'intégrale Mozart, mais, tout en variant de temps en temps, revenir aux mêmes oeuvres, qu'il puisse se familiariser, s'habituer, trouver des repères, approfondir.


N'allez pas penser non plus, si vous êtes un indécrottable rockeur, que d'écouter du classique jeune rendra votre gamin accro à cette musique, et qu'il ne deviendra donc pas le fan de rock que vous attendiez pour lui transmettre vos disques fétiches. Le classique est bon pour lui, pour son équilibre, sa vivacité d'esprit, son attention, mais rien ne dit qu'il aimera cette musique en grandissant. De plus, on peut parfaitement aimer le rock et le classique, j'en suis la preuve. Et quoiqu'il en soit, même s'il a aimé cette musique dans son enfance, il y a très peu de chances qu'à 15 ans sa chambre soit couverte de posters de Bach et Haydn...


Deux playlist adaptées pour les enfants de 0 à... 150 ans, car, contrairement à ce que font Henri Dès et Chantal Goya, ce sont des musiques qui peuvent s'écouter à tous les âges, et qui n'ont rien d'infantilisant.

Le classique pour enfants :


 

 

Mozart - Concerto pour piano n°23 (1. Allegro)

Bach - Suite n°2 en Si mineur (badinerie)

Debussy - Préuldes, La Fille aux Cheveux de Lin

Schubert - Moment Musical n°3 en Fa mineur

Mozart - Sonate pour Piano n° 11 "Alla turca"

Mozart - Concerto pour Clarinette en La, (1. Allegro)

Mozart - Sérénade en Sol, "Eine Kleine Nachtemusik" 

Bach - Suite française n°3 en si mineur (Allemande et Menuet) 

Vivaldi - Concerto Grosso en Ré mineur, Op. 3 n°11 (3. Allegro)

Prokofiev - Symphonie n°1 "Classique", en Ré

Mozart - Les Noces de Figaro, Acte II, "Voi che Sapete"

Haydn - Concerto pour piano en Do (Divertimento - Finale) 

Tchaikovsky - Casse-Noisette, Danse de la Fée Dragée

Saint-Saëns - Le Carnaval des Animaux, Fossiles

Schumann - Album pour la Jeunesse (10)

Schumann - Scènes d'enfants (1) 





Une deuxième playlist, idéale, celle-là, pour calmer et reposer un enfant :

 

Mozart - Piano concerto n°21 (2. Andante)

Mozart - Sonate pour Piano en Do (2. Andante) 

Bach - Air from Orchestral Suite n°3 in D

Debussy - Suite Bergamasque (Clair de Lune)

Saint-Saëns - Le Carnaval des Animaux (Aquarium)

Mozart - Concerto pour Clarinette en A (2. Andante)

Satie - Gymnopédie n°3

Fauré - Pavane Op. 50

Fauré - Berçeuse Op. 16

Chopin - Berçeuse in D flat Op. 57

Mozart - Quintette pour Clarinette en La (2. Larghetto)

Schumann - Scènes d'enfants (Rêverie) 

 

 

 

Pour des enfants un peu plus âgés (7 à 10 ans), Kfigaro a concocté une excellente playlist, le lecteur est dans les commentaires...

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 16:20
Franz Schubert (1797-1828, compositeur autrichien) - 2° mouvement (Andantino) de la sonate pour piano en la majeur (D. 959)

La cerise sur le chef-d'oeuvre
Valse avec Bachir, ce sont deux morceaux auxquels je tiens particulièrement, deux morceaux pourtant à l'opposé l'un de l'autre, This is not A Love Song de P.I.L, et l'andantino de la sonate pour piano D. 959 de Schubert. 

La vidéo de
This is not a love song, comme je l'expliquais précédemment, c'est l'ex-chef de file du mouvement punk, l'ex-ennemi public n°1 de la bonne société anglaise qui cabotine avec arrogance et nous dit "J'ai beau venir d'un milieu prolo, être le plus provocateur des punks, je m'en fous, je m'incruste sans aucune gêne dans le "beau monde", dans vos costumes, vos bagnoles, votre univers, mais les pieds sur la table".
Schubert, c'est l'inverse... le génie discret, introverti, et incompris. Sa pauvreté a parfois été exagérée, il n'était pas inconnu... mais a tout de même été Sans Domicile Fixe et ses oeuvres n'avaient, pour l'essentiel, pas vraiment de succès. Sans parler du fait qu'il n'a jamais vraiment connu l'amour (et en a beaucoup souffert) a contracté à 25 ans la syphilis (auprès d'une prostituée semble-t-il), cette maladie qui va le ronger jusqu'à sa mort prématurée, à 31 ans (mort encore plus jeune que Mozart). 

S'il fallait lancer un grand concours des vies d'hommes célèbres les plus tristes et pathétiques, difficile de trouver mieux (enfin pire) que celle de Schubert. Pas vraiment gâté par la nature, myope, pauvre, incompris, n'a pas connu l'amour, atteint d'une maladie douloureuse jusqu'à sa mort à 31 ans... à ce stade, ce n'est plus un destin malchanceux, c'est de l'acharnement. Comme si les dieux de la musique lui avaient donné trop et que les autres dieux ont décidé de tout lui reprendre à côté pour équilibrer. Car ce pauvre myope timide, malade et rondouillard est un des plus grands compositeurs de l'histoire. A la fois un grand novateur, qui ne sera compris que bien après sa mort (grâce à Liszt, notamment), et peut-être le plus grand mélodiste de l'histoire de la musique. Ce que prouve ce magnifique andantino...

Une des mélodies les plus belles, poignantes et mélancoliques que je connaisse. Brahms l'appelait "berceuse de la douleur", il avait raison. Ce seul thème sublime, c'est déjà une raison de placer au plus haut ce mouvement. Mais Schubert ne s'arrête pas là. Il le fait suivre d'une partie centrale stupéfiante, inattendue après cette première partie si émouvante et délicate, mais aussi étonnante pour l'époque (1828). L'andantino est de "forme-lied", c'est à dire que la 2° partie est "contrastante", alors que la 3° partie est un retour à la 1° partie (subtilement variée). Mais le contraste dans cette 2° partie est... fou. Des modulations particulièrement audacieuses et déstabilisantes, ajoutées à une violence, une liberté, une montée en tension et une frénésie qu'on ne pouvait imaginer succéder à une première partie aussi mélancolique et touchante. Bref, ce que fait ici le timide Schubert, quand on replace les choses dans leur contexte, c'est bien plus étonnant et violent que ce que feront les punks... 

D'une certaine manière, c'est tout le romantisme qu'on retrouve dans ce mouvement. Si Beethoven est le "père", le précurseur, le guide pour les musiciens romantiques, il reste par certains aspects un classique comme Haydn et Mozart. Schubert, lui, est souvent considéré comme le premier vrai compositeur romantique. Dans cet andantino, on a les deux facettes du romantisme à leur plus haut :
1° et 3° parties : mélancolie, délicatesse, intériorité, solitude, rêve, tristesse, souffrance
2° partie : originalité, tension, folie, violence, étrangeté, provocation, fantastique, tourments, révolte

Cet andantino est d'autant plus surprenant dans cette sonate en la majeur que l'oeuvre est plutôt apaisée, lumineuse, sereine. Une oeuvre écrite juste deux mois avant sa mort... après des compositions plus désespérées, sombres, témoignages de sa douleur, Schubert revient à un peu plus de "légèreté"... sauf dans ce 2° mouvement, poignant et déchirant, comme si la mort, la douleur et le tragique de sa condition surgissaient à nouveau au beau milieu d'une période de sage résignation.

La musique classique n'a pas forcément besoin de codes, de savoir, pour être comprise et aimée... surtout dans ce cas-là. Je ne vois pas comment - à moins d'être allergique à la mélancolie - on peut ne pas être sensible et touché par le thème génial de la 1° partie (et ne sautez pas la 3° partie, le thème y revient avec une magnifique variation). Si vous restez insensibles, c'est que vous n'êtes pas humain (je ne vois pas d'autre explication) :



Franz Schubert - 2° mouvement de la sonate pour piano en la majeur D. 959


(J'ai mis deux versions, celles de Pollini et Brendel, avec une toute petite préférence pour Pollini, même si les deux sont assez proches)

Le rythme de l'andantino est un rythme de valse (valse lente, 3 temps avec le premier temps plus appuyé)... pourtant, ce n'est pas ce titre que l'on entend au moment de la fameuse valse du film, qui est la non-moins belle
Valse n°2 op. 64 de Chopin. Mais l'andantino de Schubert est beaucoup plus dans "l'atmosphère" et l'esprit du film.    

Pour terminer, si certains découvrent la beauté de la musique de Schubert par ce biais, une playlist avec des oeuvres (ou surtout des mouvements) que j'aime particulièrement et qui ont le grand mérite d'être des chefs-d'oeuvre avec d'inoubliables mélodies envoûtantes :
 

  


Critique du film Valse Avec Bachir
This is not A love Song de P.I.L.
 
Carnets sur sol : remarquable article sur les lieder de Schubert.
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5 avril 2008 6 05 /04 /avril /2008 13:44
robert-schumann.jpgLorsque Thom a lancé l'idée d'un crossover sur des oeuvres liant musique et littérature, je n'ai pas eu à chercher longtemps, une s'est immédiatement imposée à moi, les sublimes Kreisleriana (1838) de Schumann. Chef-d'oeuvre où se "rencontrent" deux génies... qui sont tous deux en quelque sorte le "double inversé de l'autre".
E.T.A. Hoffmann (1776-1822) et Robert Schumann (1810-1856) ont chacun longtemps hésité entre la musique et la littérature. Mais l'art auquel ils ont renoncé continuera à hanter leurs oeuvres, et à les passionner.  Hoffmann se consacrera à la littérature (même s'il composait "à ses heures perdues"), devenant un des pères et des maîtres du fantastique... mais la musique reste très présente dans ses écrits. Par de nombreuses critiques musicales, bien sûr, mais aussi au coeur de ses nouvelles et romans avec notamment le personnage de Kreisler.
Schumann, le "romantique des romantiques" comme on l'a surnommé, deviendra un des plus grands compositeurs de l'histoire (il n'a pas été reconnu comme il le méritait de son vivant), mais la littérature inspirera nombre de ses compositions, et ses chroniques musicales lui permettront de satisfaire son besoin d'écriture.

Les Kreisleriana et Le Chat Murr

Les Kreisleriana de Schumann sont un cycle de 8 pièces pour piano, inspirées par le roman d'Hoffmann Le Chat Murr (1821), qui a pour personnages principaux un musicien extravagant, Johannes Kreisler, et... un chat. Un roman d'une grande originalité, pas simplement parce qu'un chat y tient un rôle majeur, ni même parce que ce chat doué d'intelligence sait lire, écrire et rédige ses mémoires, mais parce que dans la préface Hoffmann écrit que l'on a retrouvé un manuscrit retraçant la vie d'un certain Kreisler... dont un chat aurait utilisé des feuilles pour écrire sa propre histoire. Le titre complet de l'ouvrage est d'ailleurs : Les sages réflexions du Chat Murr, entremêlées d'une biographie fragmentaire du maître de chapelle Johannès Kreisler présentée au hasard de feuillets arrachés. Ainsi, s'entremêlent de manière souvent surprenante des fragments de ces deux histoires, Hoffmann n'hésitant pas à faire des coupures brusques qui donnent à chacun de ces fragments des impressions d'inachèvement, puisqu'on est parfois arrêté en plein milieu d'une situation touchant la vie de l'un pour revenir à celle de l'autre. Le roman est lui-même inachevé (Hoffmann l'a laissé tombé à la mort de sa source d'inspiration... son chat, qu'il avait appelé "Murr" en raison de ses ronronnements), ce qui est finalement en accord avec la structure et le style de l'ouvrage.

Nouveau jeu de double, donc, entre Kreisler et le chat (leurs histoires ne sont pas sans rapport, puisque le maître du chat est un vieux professeur, confident de Kreisler qui fût un de ses élèves) ; tous deux ont en commun leur marginalité. Un jeune chat qui, plutôt que de courir après les souris, préfère se plonger dans les oeuvres de Dante, Homère ou Socrate... de quoi se sentir à part au sein de la communauté des chats. Conscient de sa différence, de son intelligence, sûr de son génie poétique et de la profondeur de sa pensée, ce chat Murr est d'une incommensurable pédanterie, qui donne lieu à des pages d'une grande drôlerie. Mais le personnage qui nous intéresse ici est avant tout Kreisler. Souvent considéré comme un "double littéraire" d'Hoffmann, il a fasciné par la suite de nombreux compositeurs romantiques, particulièrement Schumann et Brahms (lequel signait ses premières oeuvres : "Kreisler Junior"). Car ce Kreisler incarne à merveille l'artiste romantique : excessif, incompris, tourmenté, marginal, extravagant ou mélancolique selon ses humeurs, passionné, peu soucieux des bonnes manières et des conventions, mystérieux...
Comment Schumann traduit-il musicalement la personnalité de Kreisler ? Par des pièces très agitées, fantasques et fantastiques (harmonies denses, étranges et très audacieuses), en alternance avec d'autres particulièrement contemplatives et mélancoliques. 
Afin de mieux saisir le lien musique-littérature, je vais détailler ma favorite, la 7°, très brève mais passionnante.

Pas de version qui m'ait vraiment convaincu sur youtube, alors je vous ai importé une que je trouve magnifique, celle de la non moins magnifique Hélène Grimaud : 

Schumann - 7° Kreisleriana

 

[Edit : La version de Evgeny Kissin :

 

 

Celle de Akiko Nakkai :      

 




La première partie commence par un thème déjà très original et surprenant, tumultueux, aux harmonies riches et étranges, auquel succède sans transition un 2° qui contraste nettement, un beau thème lyrique et typiquement romantique, avant le retour au premier thème pour conclure cette partie. Deux thèmes qui sont les deux facettes de la personnalité de Kreisler, personnage sombre et tourmenté, mais aussi passionné, en quête de beauté et de grandeur.
Le contraste entre la première partie et la partie centrale est encore plus original... on était en plein romantisme, on a subitement l'impression de revenir, sans transition aucune... un siècle en arrière, chez Bach. Un contrepoint en canon, à la fois docte, sévère et virtuose. Sûrement pour figurer les brusques coupures du roman où le chat féru de philosophie ne cesse d'invoquer les textes anciens des grands auteurs de l'histoire. Difficile de faire mieux que ce que fait ici Schumann dans la "mise en musique" du texte. Deux petites minutes de musiques qui saisissent avec génie l'essence du roman et des personnages. Le tout dans une pièce "folle", une cavalcade effrénée, qui, après un retour bref à la première partie, se termine par un nouveau contraste encore plus radical que les précédents. La cavalcade se stoppe net pour laisser la place à une conclusion de type choral aussi calme qu'est tourmenté le reste de cette pièce. Un calme qui est, du coup... déstabilisant.

Il y aurait de quoi en dire beaucoup sur les 7 autres chefs-d'oeuvre de cet incontournable de la musique romantique pour piano que sont les Kreisleriana. Du célèbre premier (à écouter ici), au dernier dont le thème étrange est une des plus belles transcription musicale du fantastique (avec un jeu très intéressant sur le décalage, des appoggiatures de la mélodie aux basses à contretemps) :
 
8° Kreisleriana

 

[Edit : 8° Kreisleriana par Akiko Nakkai :

  



Dans les Kreisleriana, le thème du "double", si romantique, devient vertigineux :
Littérature - musique
Hoffmann - Schumann, doubles inversés l'un de l'autre
Le Chat Murr et la superposition singulière de deux histoires
Kreisler, double littéraire d'Hoffmann 
Contrastes de pièces très agitées et très lentes dans les Kreisleriana (et cette 7°, où l'on a à la fois les deux thèmes pouvant symboliser la double personnalité de Kreisler, puis deux parties, l'une sur Kreisler, l'autre sur le chat, et nouveau contraste entre l'ensemble très mouvementé et la conclusion sobre et apaisée)  
Schumann signait ses écrits sous deux pseudos, qui représentaient ses deux facettes (Florestan : lyrique, exalté, passionné, et Eusébius : calme, rêveur, mélancolique)

Mais ce jeu de double n'est pas "que de la littérature", il mène tout droit à une fin tragique. Schumann était pourtant brillant, génial, cultivé, sa vie amoureuse a été heureuse (pas le cas de tous les romantiques). Il aimait la fille de son professeur de piano, Ludwig Wieck, qui s'est longtemps opposé à leur union (il ne voulait pas donner sa fille, Clara - qui sera une des plus grandes pianistes du XIX° - à ce jeune artiste à l'avenir incertain)... mais cette belle histoire d'amour (une des plus célèbres du XIX° - Schumann et Clara, c'était tout de même autre chose que l'autre et Carla) se terminera bien, Clara Wieck deviendra Clara Schumann, ils auront 8 enfants et vécurent heureux ensemble... heureux... jusqu'à ce que Schumann ne sombre dans la folie et la schizophrénie et finisse ses jours dans un asile. Le thème du double, pour Schumann, n'était donc pas simplement artistique, mais touchait à une de ses plus profondes fêlures...
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