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26 août 2011 5 26 /08 /août /2011 13:30

Un lecteur m’a demandé de lui fournir des références pour une de ses élèves qui compte faire des études de musicologie… l’occasion d’un nouvel article. Et un article un peu spécial, car jusque-là, j’ai toujours tenu à ce que mes articles soient accessibles à tous, et puissent intéresser tous ceux qui se passionnent pour la musique. Celui-ci est particulier, car si vous n’avez pas de connaissances théoriques et ne comptez pas vous lancer dans des études musicologiques, il ne vous concerne pas vraiment.

 

Cette sélection de livre n’est pas la plus pointue qui soit, le but n’est pas de décourager – voire dégoûter - de jeunes étudiants qui n’ont pas encore le bagage théorique suffisant, ce sont des références, des guides, une « porte d’entrée » vers la musique classique et la musicologie.

 

Guides pour débuter :

 

guide de la musiqueGérard Denizeau – Le Guide de la Musique : Une Initiation par les Œuvres (Larousse, 2005)

 

Un ouvrage très accessible pour commencer, clairement adressé aux débutants mais plutôt bien fait, qui permet de s’initier au classique, à ses genres et ses différentes esthétiques, à partir de l’étude de grandes œuvres.

 

 

 

 

 

guide illustreUlrich Michels – Guide Illustré de la Musique (Vol I et II, Fayard, 2000)

 

Sans doute l’ouvrage à recommander en premier lieu à quelqu’un qui compte se lancer dans des études musicologiques. Un guide très pratique, dont une page sur deux est composée de schémas, tableaux, exemples musicaux. Si vous ne voulez acheter qu’un seul de ses deux volumes, privilégiez le premier (avec les genres et formes, les instruments, la théorie, un lexique musical et l’histoire de la musique des débuts à la renaissance… le 2° est simplement consacré à l’histoire de la musique du baroque jusqu’à nos jours).

 

Histoire de la musique :

 

 

histoire_musique.jpg

Jean et Brigitte Massin - Histoire de la Musique Occidentale (Fayard, 1987)

 

 L'histoire de la musique comprise dans le Guide Illustré est pratique pour piocher quelques infos, pas pour être lue de bout en bout. Pour cela, vous trouverez beaucoup d'histoires de la musique, plus ou moins développées selon ce que vous cherchez. Si vous désirez quelque chose d'assez consistant, je vous conseille cet ouvrage publié sous la direction de Jean et Brigitte Massin, très complet.

 

 

 

Théorie et analyse musicale

 

theorie-de-la-musique.jpg

Claude Abromont, Eugène de Montalembert - (Guide de) La Théorie de la Musique (Fayard, 2001) 

 

Un excellent ouvrage, qui part vraiment des bases jusqu'aux formes d'écritures musicales les plus complexes, avec beaucoup d'exemples musicaux et, ce qui est très appréciable, il ne se limite pas à la musique classique occidentale mais parle aussi de musiques traditionnelles, du jazz etc... De plus, vous y trouverez une histoire de la théorie et des théoriciens majeurs de la musique. Une référence incontournable pour des étudiants en musicologie...  

 

 

Non, je n'ai pas d'actions chez Fayard, je n'ai conclu aucun deal avec eux pour mettre en avant leurs ouvrages, mais force est de reconnaître que c'est sans doute la maison d'édition qui est la plus intéressante pour trouver des ouvrages musicaux aussi didactiques que bien foutus et sérieux (notamment avec sa série des "Guide de").

Avec ces 4 premiers bouquins, vous aurez vraiment une "base de travail et de découverte" suffisante. Maintenant, pour aller un peu plus loin, quelques livres de référence par lesquels il vous faudra passer si vous comptez vous engager dans des études musicologiques :

 

 

 

nattiez-encyclopedie.jpg

Jean-Jacques Nattiez (sous la direction de) - Musiques, une Encyclopédie pour le XXI° siècle (Vol I à V, Actes Sud, 2003)

 

On ne demandera pas à un étudiant de première année d'acheter les 5 gros volumes (à 55 euros chaque) et de lire leurs milliers de pages, mais c'est assurément une référence à connaître, à emprunter en bibliothèque et au moins à feuilleter.

A peu près tout est abordé, de l'histoire aux techniques, des musiques du monde à la musique contemporaine, de la musique classique aux musiques populaires, des instruments aux théories etc... Des articles sérieux et intelligents qui vous donneront un bon aperçu de ce que peut être la musicologie...

 

Et si vous vous intéressez au jazz, je vous recommande très vivement L'Aventure du Jazz (en 2 volumes) de James Lincoln Collier, un bouquin aussi passionnant et complet qu'accessible.   

 

Les ouvrages précédents vous apportent surtout des informations, les suivants sont des réflexions sur la musique :

 

adorno-philosophie-musique.jpgTheodor W. Adorno - Philosophie de la Nouvelle Musique (Gallimard, 1979)

 

Adorno est le penseur incontournable dans le domaine musical. Sortie en 1948, sa Philosophie de la Nouvelle Musique est un livre essentiel pour comprendre les enjeux esthétiques de la musique contemporaine...

 

 

 

 

 

 

Boucourechliev_langage.jpgAndré Boucourechliev - Le Langage Musical (Fayard, 1993)

 

Un livre relativement accessible, et pourtant très recommandable. Une réflexion particulièrement riche et pertinente sur la musique et le sens... Si le Guide Illustré est l'ouvrage que je conseille en premier lieu comme référence "pratique", celui-là est celui que je conseille pour comprendre un peu mieux ce qu'est la musicologie, sans pour autant se retrouver perdu dans un ouvrage réservé aux spécialistes. 

 

 

 

attali_bruits.jpgJacques Attali - Bruits (P.U.F, 1977)

 

Oui, il s'agit bien du même Jacques Attali. Qui n'est certes pas un "musicologue", mais son ouvrage sur la musique n'en est pas moins à connaître. Une étude originale, relativement accessible elle aussi et passionnante sur l'évolution à travers l'histoire du musicien, de l'esthétique et de la musique face à l'évolution économico-sociale...

 

 

 

Impossible de terminer sans citer quelques écrits de référence de compositeurs de renom :

 

Le Traité d'Harmonie, Le Style et l'Idée ou Fondements de la Composition Musicale de Schoenberg

Opéra et Drame de Wagner

Le Traité d'Orchestration de Berlioz

Penser la Musique Aujourd'hui ou Points de Repères de Boulez

Ecrits Divers sur la Musique de Schumann

 

Et, enfin, un livre qui m'avait pas mal marqué à l'époque, réservé plutôt à un public de connaisseurs : Musique, Pouvoir, Ecriture de Hugues Dufourt.

 

Si l'on voulait être vraiment exhaustif, il faudrait mentionner des bouquins sur l'acoustique, la sémiologie de la musique, l'anthropologie et l'herméneutique, l'ethnomusicologie, la sociologie de la musique etc... mais le but, ici, est surtout de donner quelques ouvrages de référence pour ceux qui veulent acquérir les bases des connaissances et réflexions musicologiques. En espérant qu'ils trouveront leur bonheur dans cette petite sélection...  

 

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15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 10:05

Des musiques aussi révolutionnaires, influentes et - n'ayons pas peur des mots - sublimes que le Tristan et Isolde de Wagner, vous pouvez les compter sur les doigts d'une main. Que faire pour les compositeurs suivants après une oeuvre telle que Tristan ? Schoenberg la considérait comme la source de la musique moderne, lui qui partira du chromatisme "exacerbé" de Tristan pour fonder l'atonalité puis le dodécaphonisme. Influence considérable sur la musique du XX° et, de manière un peu plus anecdotique, sur la musique de cinéma... cent fois copiée, jamais égalée pour illustrer la passion amoureuse (et même le mystère et l'étrangeté, avec le solo de cor anglais du III° acte utilisé d'une façon inoubliable dans le Freaks de Tod Browning).  

 

L'oeuvre est d'une telle cohérence, d'une telle dimension "organique" (une des obsessions de Wagner) que les premières mesures à elles seules permettent de comprendre tout ce qui va suivre. Les 5 heures de Tristan (dans la version de Bernstein, qui a tenu à respecter scrupuleusement les tempos très lents de Wagner, les autres versions durent le plus souvent autour de 4 heures) sont ainsi synthétisées de manière remarquable dans les 2-3 premières mesures du Prélude...

 

Tristan.png 

 

 

En quelques notes de musique, l'essentiel est dit de cette oeuvre pourtant si riche et complexe...

Un saut de sixte mineure (la -fa) aux violoncelles pour débuter. Lyrisme et profonde mélancolie. Le lyrisme de ce saut d'intervalle, et la mélancolie du mineur et de la sonorité des violoncelles. Puis on arrive à l'accord le plus célèbre de l'histoire de la musique, celui qui a tant fasciné les analystes, "l'accord de Tristan". Normalement, dans la musique tonale, on assoit bien la tonalité au début, pour moduler (passer dans d'autres tonalités) plus tard... mais là, Wagner brouille les cartes dès le premier accord plaqué de l'oeuvre. Un accord dissonant, un accord "vague", qui pourrait évoquer 5 tonalités différentes. Bref, dès le début, on ne sait pas où l'on est, on ne sait pas où Wagner veut nous emmener, cet accord étonnant est plus une couleur qu'une balise... Mais une couleur sombre, trouble, qui marque le caractère onirique de l'oeuvre. Tristan est "l'homme de la nuit", tout au long de l'opéra, il maudira le jour, lieu de l'ordre, des conventions, des règles, et glorifiera la nuit, lieu de la passion, de l'évasion, du rêve. Un accord "vague", dans tous les sens du terme, comme ces vagues de désir qui vont submerger les deux amants, et ces vagues sur lesquelles ils évoluent puisque Tristan et Isolde sont au premier acte sur un navire. C'est même tout le Prélude qui semble fonctionner "par vagues" (répétitions, marches harmoniques, lenteur, caractère hypnotique)...   

De cet accord trouble naît le thème du désir, la montée chromatique sol#-la-la#-si. Car contrairement à la légende, le philtre d'amour n'est chez Wagner qu'un prétexte, le désir est déjà présent aux premières mesures de l'oeuvre. Un prétexte qui leur permettra de s'avouer cet amour qu'ils tentaient tant bien que mal de masquer. Dans la musique classique, le chromatisme - notes qui se suivent directement mais ne peuvent appartenir à une même gamme - est souvent associé à la souffrance, la noirceur, le mystère... un chromatisme lent et descendant permet de figurer la chute ou la douleur, comme je l'expliquais ici chez Bach. Mais dans Tristan, le mouvement est ascendant, c'est bien de désir qu'il s'agit, le désir qui ne cesse de monter. Le désir élève, il nous fait vivre (mouvement ascendant), comme il nous fait souffrir et nous consume (chromatisme). Le désir n'est pas qu'appétit de vie, il est aussi aspiration à la mort (se fondre dans la nuit pour en finir avec les tourments, le souhait de Tristan).

 

Cette dualité du désir, nul ne pouvait mieux la saisir et l'illustrer que Wagner à cette période de son existence (les années 1850, il commence à écrire le livret de Tristan en 1854, et la musique en 1857, pour terminer l'oeuvre deux ans plus tard). Wagner, personnage romantique s'il en est, exalté, révolutionnaire, et qui vivait à ce moment ce qu'il exprimait dans Tristan. Recherché par la police, en fuite et en exil après sa participation aux insurrections de 1848, sa femme et lui sont hébergés par un riche commerçant... avec l'épouse duquel il aura une relation pendant plusieurs années (Mathilde Wesendonck). Mais dans le même temps, Wagner découvre la philosophie de Schopenhauer, qui aura sur lui une influence considérable, et va le conduire à se passionner aussi pour le bouddhisme. Des pensées qui rejettent le désir, qui le considèrent comme un poison (le philtre d'amour, décrit ainsi par Tristan lors du III° acte), une émanation de l'ego qui nous détourne de l'harmonie du monde. Ce désir qui se nourrit de nous, qui nous rend perpétuellement insatisfaits ; une fois l'objet du désir acquis, c'est un autre désir qui naît. Ce désir qui nous ronge et nous affaiblit, comme Wagner affaiblit la tonalité d'une manière inédite dans Tristan. La dualité entre l'apologie romantique du désir et son rejet par la philosophie de Schopenhauer et les philosophies orientales font de Tristan une oeuvre aussi lyrique et passionnée que sombre et tourmentée. Eloge de la passion amoureuse, ou expression du renoncement schopenhauerien ? Les commentateurs de l'oeuvre ont souvent bataillé pour défendre l'une ou l'autre de ces interprétations, mais les deux coexistent bien dans Tristan. La résolution de ce tiraillement, qui est celui de Wagner comme de son héros, est aussi longue et ambiguë que peuvent l'être, à leur niveau, les résolutions d'accords dans l'oeuvre... C'est là aussi tout le génie de Wagner, ses audaces et innovations ont révolutionné la musique, et pourtant, elles ne sont pas de "l'expérimentation pour l'expérimentation", elles se justifient par le sens de l'oeuvre... si les résolutions d'accords tardent tant, ou sont si inhabituelles, c'est bien parce que la musique est à l'image du désir insatiable qu'il veut illustrer. 

 

Pourtant, à la toute fin de l'opéra, Wagner parvient à trouver une résolution à ces deux conceptions du désir, une résolution par la transcendance. L'amour sublimé dans la mort, et la mort comme seule fin possible à cette passion dévorante. Tristan et Isolde n'est pas un conte de fées, pas de "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants", impossible d'imaginer Tristan et Isolde couler des jours heureux avec trois enfants, un chien, un jardin et une maison, quand bien même on leur offrirait un royaume. Ce qu'ils aiment, ce n'est pas l'autre, c'est l'amour et la passion. Contrairement à la plupart des tragédies amoureuses qui précédaient celle de Wagner (et même à la légende originale), ce n'est pas un événement extérieur qui cause leur mort, ce n'est pas la jalousie d'un tiers, ce n'est pas le conciliant roi Marke (époux d'Isolde et père adoptif de Tristan), ce ne sont pas les conventions et règles sociales contre lesquelles ils se dressent ni une question d'honneur... c'est, à l'intérieur d'eux, ce désir insatiable qui les consume, cette passion extrême. Seul le néant pourra mettre fin à leur souffrance...

 

Les premières mesures contiennent, en germe, tout le sens de l'oeuvre... et même, d'une certaine manière, la base des nouvelles esthétiques qui succèderont au romantisme. Le chromatisme omniprésent et l'affaiblissement de la tonalité conduiront à l'atonalité, au dodécaphonisme et au sérialisme de Schönberg, et l'accord de Tristan est déjà un accord "vague" comme le seront quelques décennies plus tard les accords de la musique "impressionniste" de Debussy (des accords dont la couleur compte plus que la fonction tonale, on en trouvera aussi chez Schönberg, notamment en 1909 dans Farben - couleurs - des 5 Pièces pour Orchestre Op. 16).  

   

 

Lorsqu'on n'est pas habitué à la musique classique, les opéras de Wagner ne sont pas la porte d'entrée la plus facile. Opéras interminables, longs monologues, chant en allemand, recherche d'une "mélodie infinie" plutôt que succession d'airs ainsi que tempos souvent très lents ont de quoi décourager les plus motivés. Pour découvrir Wagner, mieux vaut commencer par ses ouvertures et préludes d'opéras, qui restent assez accessibles sans pour autant être de la musique "facile", loin de là. Celui de Tristan est sans doute le plus fascinant, rarement (pour ne pas dire jamais) musique n'aura été auparavant aussi hypnotique, voluptueuse, envoûtante et passionnée. Donc vous pouvez y aller les yeux fermés. Que dis-je, vous "devez" y aller les yeux fermés. Un chef-d'oeuvre pareil, ça se respecte et ça se mérite, pas question de l'écouter en surfant sur le web, il faut s'y abandonner totalement pour goûter à ses incroyables subtilités harmoniques et orchestrales et se laisser submerger par ses vagues d'émotions et de sensualité... 

 

 

 

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 16:20

Le rap a beau exister depuis une trentaine d'années, il reste toujours pas mal de gens pour penser que "le rap, c'est facile, suffit juste de parler sur des samples". C'est à eux que je dédie ce Worldwide Choppers de Tech N9ne (et donc pas à mes lecteurs habituels qui, je l'espère, ne tomberaient pas un tel cliché), une rencontre au sommet entre quelques-uns des plus grands virtuoses du rap. Tech N9ne, bien sûr, et, par ordre d'apparition : Ceza, Tech N9ne, JL, USO, Yelawolf, Twista, Busta Rhymes, D-Loc et Twisted Insane. Mention spéciale à Busta Rhymes ; ils sont tous impressionnants, mais lui est encore un cran au-dessus, sa partie (de 3'50 à 4'40) mérite de rentrer au panthéon de l'art du flow (et pas uniquement pour une question de vitesse d'exécution).      

 

Dommage tout de même que le refrain soit un peu lourd (il pourrait faire penser à du Metallica période Black Album ou du System of a Down), et gâche un peu ce morceau de bravoure : 

 

 

 

Je vous vois venir avec vos gros sabots : "pourquoi fais-tu l'apologie de la virtuosité dans le rap, alors que tu tapes régulièrement sur celle du prog et du metal ? Deux poids deux mesures ?"

Absolument pas. La virtuosité n'est pas une tare en soi, tout dépend de ce pourquoi on l'utilise. Le gros problème de bon nombre de groupes prog et metal qui se vautrent dans la virtuosité, c'est qu'ils laissent la désagréable impression de "premiers de la classe". Du genre "j'ai bien appris mes gammes et mes exercices de tapping et sweeping, je vais vous les jouer à 200 à l'heure pour le prouver". Aucune espèce d'intérêt. Qu'on leur donne des prix dans des concours, pourquoi pas, mais de là à les laisser enregistrer des albums... 

 

Dans la musique classique, art majeur qui revendique richesse et complexité, la virtuosité est assez naturelle. Mais elle est toujours un moyen, jamais une fin, elle doit uniquement servir l'oeuvre et non l'inverse. L'étalage de virtuosité pour en mettre plein la vue n'est pas mieux considéré dans le classique que le prog ne l'a été dans le rock.

La virtuosité jazz a une double légitimité, d'abord celle du rapport à l'Afrique et à la transe, ensuite celle de la révolution be-bop, cette volonté de ne plus "charmer" le grand public comme le faisaient les grands orchestres swing des années 30, mais de privilégier l'expression individuelle. Un cri de révolte, une manière de défouler ses frustrations (celles des noirs américains), même s'il est vrai que le jazz tombe aussi parfois dans la démonstration.

 

Voilà pourquoi Hendrix est un des rares virtuoses de la guitare rock qui a su convaincre au-delà de petits cercles de techniciens. La virtuosité d'Hendrix n'a rien d'un travail de "premier de la classe", bien au contraire, c'est, un peu comme l'a été le jazz, l'expression débridée d'une aspiration à la liberté et à la transcendance.

 

Autre élément à prendre en considération : le groove. Qui permet à la virtuosité jazz comme à celle d'Hendrix de ne pas donner l'impression mécanique de suites de gammes un peu scolaires. 

 

Mais revenons-en à ce Worldwide Choppers... la virtuosité fonctionne ici (comme c'est en général le cas dans le rap) parce qu'elle est dans cette même tradition musicale noire de recherche d'intensité et ce besoin, pour des individus issus de minorités de s'exprimer d'une manière "frappante". Il n'est pas question que de vitesse, la qualité des rappeurs qui se succèdent sur ce morceau ne se limite pas au débit rapide (voire ultra-rapide), mais au travail du "flow", du placement rythmique, particulièrement efficace ici.

 

Sorti il y a peu, le dernier album de Tech N9ne, All 6's and 7's, est à l'image de son morceau de bravoure, Worldwide Choppers... efficace et brillant dans la plupart des couplets, mais malheureusement parfois plombé par des refrains un peu lourds, ou quelque peu racoleurs... le syndrome Eminem, en quelque sorte.

 

L'album en écoute sur Grooveshark.

 

Si vous ne connaissez pas Busta Rhymes, je vous conseille, dans un registre plus léger, sur une prod typique de Dr. Dre, cet autre grand moment de virtuosité rap, le single Break ya Neck.  

 

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