Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Playlist 2024

Classements d'albums

20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 20:36

Au moment même où, aux Etats-Unis, les lois « anti-piratage » SOPA et PIPA suscitent de nombreuses critiques et contestations (même Obama et son administration prennent leurs distances), coup de tonnerre sur le web, le FBI vient de fermer MegaUpload et d’arrêter ses dirigeants !

 

Coup de tonnerre et coup dur, pour tous les défenseurs de la liberté et du partage sur le net. Car le problème principal est moins de ne plus avoir à disposition le contenu hébergé sur le site que de voir le FBI capable de fermer en toute impunité un des 20 sites les plus importants au monde. Certes, MegaUpload est un des sites privilégiés par les « pirates », un des meilleurs moyens de stocker et récupérer illégalement des œuvres… tout simplement parce qu’il est un des meilleurs moyens de récupérer et stocker n’importe quel type de contenu ! MegaUpload (MU pour les intimes) n’est qu’une plate-forme de stockage, aux usagers d’en faire ce qu’ils veulent. MegaUpload, comme le p2p, ne met pas à disposition des œuvres, mais de l’espace de stockage, ce sont les usagers qui y partagent ce que bon leur semble. Et MegaUpload supprimait déjà les contenus illégaux, lorsqu’un ayant droit se plaignait.

Que des ayants droit, en s’appuyant sur une institution, puissent maintenant, si facilement, si brusquement, sans procès au préalable, obtenir la fermeture d’un site aussi gros, ça fait froid dans le dos. Et ça a de quoi susciter la colère des internautes, en particulier des Anonymous qui ont mené une attaque ciblée contre plusieurs sites (celui d’Universal,  du FBI, et même d’Hadopi…) La guerre est déclarée ? 

Des entreprises ont des comptes MegaUpload, non pas pour télécharger le dernier film de Bruce Willis, mais bien pour échanger facilement des données. Des artistes ont des comptes MegaUpload, qu’ils utilisent pour partager leurs œuvres en toute légalité, des particuliers ont des comptes MegaUpload destinés à stocker et faire circuler pour leurs proches des photos, vidéos et documents personnels, sauvegardes de leurs créations diverses, sites webs, disques durs… et tout ça, poubelle. Le site est fermé par la volonté aveugle du FBI et des ayants droit, impossible d’y avoir accès. 

Quelle sera la prochaine étape ? La fermeture de Youtube ? Parce qu’on y trouve toujours quantité de contenus « illégaux ». Clips, extraits de films, reprises de chansons, jusqu’à de simples vidéos personnelles avec pour bande-son des musiques qui ne sont pas libres de droit.

Ensuite… la fermeture des blogs et plate-formes de blogs, des forums, des réseaux sociaux ? Après tout, on y trouve beaucoup de contenus illicites, de photos, vidéos ou  liens vers des œuvres qui ne sont pas libres de droit. Et les boîtes mails, tant qu’on y est.

Il est vrai que les dirigeants de MegaUpload ne sont pas accusés seulement de fournir de l’espace de stockage, mais aussi d‘avoir rétribué des uploaders de contenus illégaux, ainsi que de blanchiment d’argent. Et alors ? Qu’ils soient jugés pour cela et  bénéficient d’un procès équitable avant que l’on ne pense à fermer leur site. Au plus haut sommet de l’Etat en France, on a bien un individu accusé d’être impliqué dans l’affaire Karachi (et plusieurs membres de son parti accusés de rétro-commissions, blanchiment d’argent)… le même qui est le premier politique à se féliciter de la fermeture brutale du site, avant procès, et de l'arrestation de ses dirigeants.

Deux poids deux mesures. Les banques ont leur part de responsabilité, et non des moindres, dans la crise qui a fait tant de dégâts ces dernières années (c’est là encore bien plus grave que ce dont on accuse MegaUpload). Est-ce qu’on a fermé les banques, est-ce qu’on les a sévèrement sanctionnées ? Non, on leur a filé plus de pognon ! Mais la grande différence, c’est que MegaUpload ne fait pas partie du sérail, on peut donc tout se permettre avec leur site. Sans prendre en compte une seconde toutes les utilisations parfaitement légales et utiles de cette plate-forme.

Dans cette histoire, nous devons tous nous sentir concernés. Car si l’on se met à fermer aussi brutalement, sans procès préalable, tout site qui ne rentre pas totalement dans la légalité, il ne restera très vite plus grand-chose sur le net (qui n’aurait d’ailleurs jamais pu se développer autant si l’on avait suivi cette politique). Vous pensez être à l’abri parce que vous n’avez jamais mis de liens pour télécharger des œuvres protégées par le droit d’auteur ? Mais êtes-vous sûr d’avoir les droits sur toutes les photos placées en illustration de vos billets ? Etes-vous sûr que les vidéos Youtube hébergées sur votre blog sont celles d’uploaders qui en ont les droits ? Est-ce que vous payez la taxe SACEM ? Avez-vous bien vérifié (puisque l‘on est responsable des propos tenus sur nos sites), dans les commentaires de vos blogs, messages de vos forums, qu’absolument rien ne tombe sous le coup de la loi, qu’il n’y a pas de propos diffamatoires, homophobes, racistes, insultants etc. ? Que celui qui peut assurer être dans la légalité la plus totale et détenir les droits sur tous les contenus disponibles, visibles ou linkés sur son blog me jette la première pierre… Car, d’une manière ou d’une autre, nous nous sommes tous développés dans une relative illégalité, et si l’on voulait nous chercher des poux, fermer nos sites et ainsi détruire des années de travail et de passion, on le pourrait…

Que l’on censure un site destiné essentiellement à la diffusion de contenus criminels (site pédopornographique, par exemple), c’est bien normal. Que l’on censure un site basé uniquement sur le téléchargement illégal de contenus protégés par le droit d’auteur, on peut le comprendre. Que l’on taxe (sans les étouffer non plus), des sites genre MegaUpload qui se font beaucoup d’argent grâce au téléchargement illégal, soit. Tout comme on taxe déjà disques durs, CD et DVD vierges, qui sont aussi de l’espace de stockage. Mais on ne devrait pas pouvoir fermer si facilement un site qui ne tourne pas qu’autour du téléchargement illégal. Peu importe ce dont leurs créateurs sont responsables.

Il y a  de quoi s’interroger sur les méthodes du FBI… si plusieurs appartements d’un immeuble hébergent des terroristes, ils font sauter tout l’immeuble ? Je l’avoue, j’aime les exemples extrêmes et caricaturaux. Pas le meilleur moyen de saisir précisément un phénomène, j’en conviens, mais assurément celui de pousser dans leurs retranchements les logiques imbéciles. Et pour en rajouter une couche, en cette période où sort le film d’Eastwood sur J. Edgar Hoover, ne faudrait-il pas penser fermer le FBI ? Qui a, au fond, bien plus à se reprocher que Megaupload. Créé et dirigé pendant près d’un demi-siècle par une des grandes crapules du XX°, il s’est développé dans l’illégalité : chantages, écoutes, manipulations politiques, campagnes de diffamations, assassinats, liens avec la mafia etc. Les responsables de Megaupload sont des enfants de chœur à côté du sinistre J. Edgar Hoover.

Pour en revenir au sujet, la grande question, dans cette affaire, c’est de savoir si MegaUpload a été fermé avant tout parce qu’on y trouve des contenus illicites, ou principalement pour les autres chefs d’accusation. Mais dans les deux cas, cette fermeture est une… connerie.

- Si le seul stockage de contenus illégaux n’est pas une raison suffisante pour le fermer, ce n’est qu’un coup d’épée dans l’eau, il existe des tas d’autres sites de stockage, les « pirates » se déplaceront sans problème de l’un à l’autre, cela n’aura en définitive pas une grande incidence sur le téléchargement illégal. Une stratégie qui n’aura servi à rien d’autre, de ce point de vue, que de susciter encore un peu plus la colère et la radicalisation des internautes contre des ayants droit et une police qui ne font pas dans le détail et pénalisent tout le monde pour les fautes de responsables d’un site. Car fermer Megaupload (4% du trafic total de l’internet, c’est pas rien), ce n’est pas comme fermer le blog d’un individu lambda ayant tenu des propos condamnables, c’est priver les internautes d’un outil universel de partage de contenus qui peuvent très bien être légaux et personnels.

- Si le stockage de contenus illégaux est une raison suffisante… c’est peut-être le début d’une vraie cyber-guerre, déclenchée par cette atteinte à la liberté des internautes et au développement du web. Car TOUS les sites de stockage seraient maintenant visés. Mais il est impossible de contrôler les contenus qui y transitent. Demander aux sites de stockages de supprimer les liens vers des contenus protégés par le droit d’auteur, ça existe déjà, et Megaupload s’y pliait. Mais on ne peut les menacer de fermeture sous prétexte que des œuvres protégées circulent, puisqu’il ne leur est pas possible de vérifier chacun des contenus avant de les mettre en ligne… ou alors, les internautes, après y avoir uploadé un de leurs documents, devraient attendre des jours, des semaines, des mois avant que leur document soit certifié « légal », ce qui serait le comble de l’absurde, à l’ère de « l’info en temps réel ».

Fermer de la sorte les espaces de stockage et rendre inaccessibles des milliers de données légales et personnelles, c’est véritablement scandaleux. Malgré Obama, les Etats-Unis semblent ne pas avoir compris que le web, comme le monde, ne leur appartient pas. Que la police d’un Etat, sans crier gare et sans aucune forme de procès rende inaccessible à la planète entière un site qui représente 4% du trafic total sur le net, ce n’est pas une avancée, un progrès, une victoire, mais bien une grande défaite pour le web et la liberté. Certains serveurs de MegaUpload se trouvaient en Virginie, ce qui a permis cette action, mais le site dépasse de très loin le seul territoire américain. Créé par un allemand, basé à Hong-Kong et, surtout, utilisé dans le monde entier par des millions d’individus chaque jour.

Protéger les artistes, je veux bien (le téléchargement illégal est-il un fléau si dangereux qu’ils nous le disent ? plus il est facile et rapide de télécharger illégalement des films, plus l’industrie du cinéma bat des records, ce qui a encore été le cas l’an dernier). Mais il faudrait surtout penser à protéger internautes et sites webs contre les polices autoritaires des Etats ! 

Il est aussi dommage que les industries du cinéma et de la musique aient si peu de connaissance de leur propre histoire… sinon, elles sauraient qu’elles se sont elles aussi en bonne partie développées par le « piratage » ou dans l’illégalité (ce sera le sujet d’un futur article). Et comprendraient ainsi que la censure n’est sûrement pas la meilleure réponse. Que les artistes, qui, à travers l’histoire, ont tant eu à souffrir de la censure pour les motifs les plus divers, se retrouvent maintenant si souvent du côté des censeurs face aux nouvelles technologies ne cesse de m'affliger.   

Plus les années défilent, plus les gouvernements s’immiscent sur le web, tentent de le contrôler, et plus nos libertés s’y réduisent. Jusqu’à quand faudra-t-il accepter de se laisser faire ? Jusqu’à ce que chaque article de blog soit validé, avant publication, par un « comité de censure » vérifiant qu’on n’y trouve pas de contenus protégés par le droit d’auteur, ou des passages qu’eux jugeront comme de la désinformation, de la diffamation, de l’injure ?

Quels que soient les délits des dirigeants de MegaUpload, cette fermeture brutale du site a tout d’une déclaration de guerre. De "guerre virtuelle", tout du moins... en tout cas, c’est ainsi que les Anonymous l’ont pris, et on les comprend. Nul doute que cette opération du FBI leur permettra de recruter en nombre (les Anonymous, pas le FBI…) Car c’est vraiment la question de la liberté sur le net qui se joue ici. Une question qui aurait pu se résoudre par la discussion, le débat, les compromis de part et d’autre, la réflexion, la prise en compte de tous les intérêts, y compris ceux, souvent oubliés, du public… malheureusement, nous sommes face à un mur, une industrie et des politiques qui ne veulent rien lâcher de ce qui concerne le droit d’auteur, et qui privilégient à chaque fois la répression au dialogue. S’ils veulent vraiment le conflit, qu’ils se rassurent, ils l’auront. Et tomberont sur plus de répondant et de capacité de nuisance qu’ils ne le pensent…

 

Partager cet article
Repost0
16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 17:53

Un titre un brin provocateur, j’en conviens… car l’année musicale n’a pas été mauvaise, loin de là. Il n’y a pas de véritable « crise » de la musique depuis 10 ans, on continue de découvrir de très bons groupes et albums, mais il manque tout de même ce sur quoi j’insiste depuis quelques temps, en particulier dans cet article et dans mon bilan de l’an dernier, l’apparition d’un nouveau genre qui marque les esprits, une onde de choc musicale vraiment excitante.

 

Puisqu’il est question d’onde de choc, la chanson de l’année est… une chanson de 2010. Car elle a eu un effet considérable sur 2011. Il s’agit de Rayes Lebled (« chef du pays », morceau qui s’adresse directement à Ben Ali) du jeune rappeur tunisien El General. Si elle n’est pas révolutionnaire musicalement, avec sa prod à la Eminem, elle l’a été dans les faits. Une virulente et courageuse critique du pouvoir en place, qui a eu l’effet d’une bombe auprès des jeunes tunisiens puis des jeunes du monde arabe en général, et qui a contribué à mettre le feu aux poudres. Les chansons ne créent pas les révolutions à elles seules - encore faut-il un peuple disposé à se révolter - mais elles peuvent jouer un rôle important, comme cela a été ici le cas (après un 2° titre mis en ligne, Tounes Bledna,  El General a été arrêté puis emprisonné, ce qui a eu pour effet d’attiser encore plus la colère de la jeunesse arabe).

 

El General – Rayes Lebled (avec traduction du texte en français)

 

 

 

Une 2°chanson qui mérite bien ce titre de « chanson de l’année », Irhal de Ramy Essam, chanteur égyptien présent avec sa guitare dès les premiers rassemblements et qui a écrit ce titre, Irahl ! (Dégage !), adressé bien sûr à Moubarak, à partir des slogans des manifestants. Comme quoi, avec une guitare et une voix, il est toujours possible de fédérer et faire la révolution. Cette chanson est devenue l’hymne de la place Tahrir et ainsi l’hymne de la révolution égyptienne.

 

Ramy Essam – Irhal

 

 

 

Une vraie bonne chanson populaire. Simple, directe, accrocheuse… et, pour le coup, véritablement historique (de plus, elle se base sur une suite d’accords avec montée d’un demi-ton puis passage à la tierce mineure, le genre de choses dont je suis très friand… mais ça, c’est pour la toute petite histoire). Reste à savoir ce qu’il adviendra réellement de cet esprit révolutionnaire dans les pays arabes, mais qui ne tente rien n’a rien…

 

Deux chansons fortes au cœur d’un bouleversement géopolitique majeur, deux chansons qui rappellent à notre bon souvenir le lien autrement plus crucial qu’un peuple peut entretenir avec ses chansons qu’un bête lien marchand… et pendant ce temps, on a eu quoi, en France, comme chanson engagée fédératrice de l’année ? Politiquement Correct de Bénabar ? On est foutu...

 

 

Sans transition aucune, un petit tour d’horizon, maintenant, des albums de l’année, des plus grosses déceptions aux meilleures découvertes.

  

Déceptions

 

A tout seigneur tout honneur, commençons par Radiohead. Un des groupes les (si ce n’est « le ») plus passionnants de ces 15 dernières années aura sorti un des albums les plus insipides de 2011, le bien nommé The King of Limbs. Je ne vais pas m’étendre sur cet album, qui ne le mérite pas, j’en ai déjà parlé ici.

 

Radiohead, PJ Harvey, le Wu-Tang Clan, DJ Shadow, Björk, Mogwai, The Roots, dEUS… la crème des années 90. Tous ont sorti un album en 2011… mais un album indigne de ce qu’ils ont été. Le dernier Wu-Tang n’est tout de même pas si mauvais, mais ils peuvent faire tellement mieux… quant à PJ, je ne comprends pas ce que les magazines rock, qui la placent pour beaucoup en tête de leur classement de l’année, lui trouvent. Certes, l’album n’est pas déplaisant, mais la voir évoluer dans ce registre pop-rock mollasson est assez triste, en fin de compte. Bientôt, un « PJ tribute to Phil Collins » ?

 

Déceptions, aussi, de la part de groupes qui ont été parmi les plus excitants du rock des années 2000 : Arctic Monkeys, The Kills, Black Keys. En perte de vitesse cette année (quoique pour les Kills, ça fait un petit moment déjà).

Et je ne parle même pas de The Horrors, leur précédent album était pourtant pas mal, mais celui-ci est consternant. Le side-project de leur chanteur, Cat’s Eyes, est finalement beaucoup plus séduisant…

 

On pouvait attendre beaucoup d’Oneida, après leur impressionnant triple album d’il y a deux ans, Rated o. Mais si leur dernier LP se laisse écouter, il est très loin de l’intensité et de la force du précédent. Un album pseudo-expérimental assez anecdotique. 

 

Dans un tout autre registre, Feist. The Reminder était un modèle d’album pop accrocheur et accessible, mais l’inspiration semble l’avoir quitté sur son dernier, Metals. 

 

Après de magnifiques perles folk-rock (Our Endless Numbered Days, The Shepherd’s Dog), premier faux-pas pour Iron & Wine. Rien de catastrophique, mais un album deux tons en-dessous des précédents.

 

 

Valeurs sûres, bonnes surprises et confirmations

 

-          Steve Coleman - The Mancy of Sound. Mon album de l’année. Steve Coleman est un des plus grands jazzmen de ces dernières décennies, il le confirme à chaque album. The Mancy of Sound étant même à mon sens un de ses tous meilleurs dans sa riche discographie. Pour en savoir plus, voir ma chronique.

-          Tom Waits – Bad as Me. Comme Steve Coleman, une valeur sûre, un géant de la musique de ces 30 dernières années. J’ai rarement (pour ne pas dire « jamais », malgré quelques albums moins marquants que les autres) été déçu par Tom Waits, ce n’est pas Bad as Me qui va changer la donne… un très bon cru !

-          Thurston Moore – Demolished Thoughts. Une excellente surprise. Ces dernières années, la production de Sonic Youth (et disques solos de ses membres) a été plutôt inégale, un peu décevante, mais le grand Thurston remonte la barre avec ce très bel album, entre rock et folk-rock…

-          Anthony Joseph & the Spasm Band. Rubber Orchestras m’aura légèrement moins emballé que le superbe Bird Head Son sorti en 2009, mais ça reste un album de grande qualité, et Anthony Joseph un des artistes à suivre cette décennie…

-          Amon Tobin – ISAM. Ca fait un moment que l’électro peine à se renouveler (j’en parlais ici), malgré la percée du dubstep ces dernières années. Heureusement, il reste Amon Tobin, toujours à l’affût de nouvelles sonorités, de nouvelles manières de composer, et son ISAM aura été à mon sens la proposition électro la plus originale et passionnante de 2011. L’album n’a certes pas fait l’unanimité, il n’y a guère que Nyko et moi, parmi les blogueurs de notre « communauté », qui avons vraiment été fascinés par cet album… mais peu importe, je maintiens, c’est du grand Tobin (cf. chronique).

-          Beans – End it All. Après Fluorescent Black (d’Anti-Pop Consortium), meilleur album rap de 2009 à mon sens, Beans est de retour, toujours au top, son End It All est un des meilleurs albums rap de 2011…

-          Graham Reynolds & the Golden Arm Trio - Duke ! Three Portraits of Duke Ellington. Auteur de l’excellente BO de A Scanner Darkly il y a quelques années, Graham Reynolds revisite en 2011 de manière jubilatoire le répertoire du génial Duke Ellington (cf. chronique).

-          Marissa Nadler. Son dernier album n’est certes pas son meilleur, on pourra lui reprocher de glisser vers des territoires plus pop, mais que voulez-vous, j’aime cette fille, je ne résiste que très difficilement à son chant de sirène…

 

Quelques autres groupes attendus et qui ont répondu à mes attentes cette année : Faust, Plaid, The Field, Black Joe Lewis & the Honeybears, et Dengue Fever.

 

Découvertes

 

Une fois n’est pas coutume, la plupart des meilleures découvertes de l’année furent rock. Notamment dans le rock sombre et hanté, avec The Skull Defekts (cf. article), Sisters of Your Sunshine Vapor (merci Thierry), Young Widows et The Oscillation. Mais aussi dans un registre plus garage, l’imparable Don’t Give a damn about Bad Reputation des Driving Dead Girl (voire aussi le Shapes have Fangs), ou, dans un registre très beatlesien, le formidable album de Mini Mansions.

Bref, une bonne année rock…

 

Une fois n’est pas coutume (bis), un album de  metal et un album de rap français m’auront vraiment marqué cette année, ceux de Tombs et La Canaille. Cela méritait bien que je consacre un article à chacun (cf. Tombs, La Canaille).

 

Découvert chez Sunalee, le très beau Queen of the Minor Key d’Eilen Jewell. Un petit bijou folk-country-rock, à consommer sans modération. En folk-rock, citons aussi Declan de Barra et Slackeye Slim (merci Nyko), ainsi que Jim Yamouridis et Mirel Wagner.  

 

Quelques autres bonnes découvertes :

 

-          Electro : Submerged (Space Arabs est un des meilleurs titres électro entendu ces dernières années), Hecq et Semiomime (merci Joris), Nicolas Jaar.

 -          Rap : Damu The Fudgemunk, Action Bronson (deux albums cette année, et j’ai autant aimé les deux, plus une participation sur le dernier Wu-Tang, il n’a pas chômé en 2011), J Rawls, Cunnylinguists, voire DC the Midi Alien (un album inégal, avec quelques samples un peu douteux, mais rattrapés par des morceaux terriblement efficaces).

 -          Jazz : Ambrose Akinmusire et Matana Roberts.

 -          Musiques du monde : Le Trio Joubran (cf. article), Tamikrest, Telebossa.

 

Un mot aussi sur le camarade El Funcionario et son groupe Blue Chill, je vous recommande d’aller jeter une oreille à son Heartlag EP (qui n’en est pas vraiment un, d’EP) si vous ne l’avez pas encore fait.

 

Une année musicale assez riche et satisfaisante… mais un peu bourgeoise, aussi. Manque juste cette étincelle qui ferait souffler un vent nouveau sur le monde de la musique, et, par déflagration, sur la société, comme cela a si souvent été le cas par le passé… en 2012, peut-être ?

 

 

Les 20 meilleurs albums de 2011 (la liste complète est ici) :

 

 steve-coleman-mancy.jpg   

 

1. Steve Coleman & Five Elements - The Mancy of Sound (9,5)

2. The Skull Defekts - Peer Amid (9)

3. The Oscillation - Veils (9)

4. Mini Mansions - Mini Mansions (9)

5. Driving Dead Girl – Don’t give a Damn about Bad Reputation (8,5)

6. G. Reynolds & the Golden Arm Trio - Duke ! Three Portraits of Duke Ellington (8,5)

7. Tom Waits - Bad as Me (8,5)

8. Sisters of Your Sunshine Vapor - Spectra Spirit (8,5) 

9. Le Trio Joubran - As Fâr (8,5)

10. Anthony Joseph & The Spasm Band - Rubber Orchestras (8,5)

11. Amon Tobin - ISAM (8,5)

12. Thurston Moore - Demolished Thoughts (8,5)

13. Tombs - Path of Totality (8,5) 

14. Damu The Fudgemunk – Supply for demand (8,5)

15. Beans - End it All (8,5)

16. La Canaille - Par Temps de Rage (8,5)

17. Eilen Jewell – Queen of the Minor Key (8,5)

18. Submerged – Before Fire I was against other People (8)

19. Ambrose Akinmusire – When the heart emerges glistening  (8)

20. Hecq - Avenger (8) 

 

 

 

Autres classements évolutifs sur :  
 
Le Golb  
 

Et, bien sûr, Le Classement Des Blogueurs 2011

 

Partager cet article
Repost0
6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 22:14

Pour bien commencer l’année… une des chansons les plus tristes, désespérées, sombres et dures de l’histoire. Il ne s’agit pas de rap, de rock ni de protest-song, mais bien d’une chanson datant de plus d’un siècle, écrite par Jules Jouy et mise en musique par Gustave Goublier. Chanson de révolte sur la condition féminine et la condition ouvrière, Filles d’Ouvriers est aussi radicale dans le constat que dans le moyen de s’en sortir : prendre les armes et fusiller les patrons.

A côté, les textes des morceaux de rap actuels qui font polémique ont, pour la plupart, l’air bien sages. L’occasion de rappeler que la subversion, la révolte ou l’engagement dans les chansons  remontent loin, très loin, contrairement à ce que pensent certains pour lesquels Dylan, le rock et la contre-culture 60’s ont « inventé » les chansons rebelles et engagées. Il est toujours bon de se replonger dans l’histoire de la musique pour relativiser la subversion du rock et du rap…

Filles d’Ouvriers n’est pas qu’une chanson forte, c’est aussi une très belle chanson. L’alliance du texte et de la musique en fait une des chansons les plus poignantes qui soient. Et l’interprétation de Michelle Bernard, dans la version ci-dessous, est parfaite :

 

Partager cet article
Repost0