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Classements d'albums

9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 16:57

Pour illustrer l'article suivant - et parce que je viens de tomber sur un logiciel de musique pas mal du tout, Magix Music Maker - j'ai décidé de vous composer un morceau basé sur le mode dont il sera question... un morceau que je comptais mettre en fin de l'article, mais tant qu'à faire, autant le faire bien et consacrer un billet pour cette première compo que je mets en ligne.  

 

La majeure partie du morceau a été faite assez rapidement, en quelques heures alors que je prenais en main ce logiciel. Je l'ai ensuite retravaillé pendant plusieurs jours afin qu'il soit plus... "présentable".

Ce "Vortex" est très technoïde, les morceaux qui suivront le seront sans doute moins, même s'ils resteront dans un registre électro...

 

Vortex :

 

 

Vortex by Winter Loge
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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 22:35

fighter.jpgmelancholia-copie-1.jpg true-grit.jpg

 

 une-separation.jpgBlack-SwanDrive 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2009, la « quête du père protecteur » me semblait être le thème fort des films de l’année (cf. bilan 2009), quel aura été celui de 2011 ? La séparation, comme le dit le titre d’un des grands films de l’année. En 2011, le cinéma nous aura particulièrement interrogés sur la séparation, la perte de ce qui nous est le plus cher, le deuil, et comment se reconstruire…

 

 

Une Séparation (d’Ashgar Farhadi). Dans ce magnifique film iranien, la peur de la séparation touche tous les personnages. Un homme qui craint de perdre son honneur, de se séparer de sa femme, de sa fille ou de son père (et qui risque ainsi de tous les perdre), une femme qui doit choisir entre se séparer de son mari ou renoncer à ses ambitions professionnelles, une fille qui ne veut pas se séparer d’un de ses parents, une employée de maison qui craint de perdre son travail, son mari, et son bébé… Personne ne veut se séparer de ce à quoi il tient, ce qui contribue à amplifier chaque fois un peu plus le drame qui se joue. 

 

Melancholia (de Lars Von Trier). A peine mariée, l’héroïne, hantée par une insondable mélancolie, se sépare de son époux… et, persuadée que la fin du monde n’est plus qu’une question de jours, se prépare à tout perdre. Dialectique entre les contraires : la fusion ultime et la séparation totale (grand thème du Tristan et Isolde de Wagner dont le Prélude rythme tout le film). Une fusion destructrice, celle des deux amants chez Wagner, et des deux planètes dans leur « danse de la mort » chez Von Trier… Le « wagnérien » que je suis aura été gâté cette année, entre la place prépondérante du prélude de Tristan et Isolde dans Melancholia (cf. mon article sur le Prélude de Tristan), et la Siegfried-Idyll qui berce A Dangerous Method de Cronenberg.  

 

Deux frères qui se séparent : Fighter, à mon sens la meilleure surprise de l’année, avec un Christian Bale étonnant. Deux frères particulièrement unis, qui, pendant une bonne partie du film, vont se brouiller, se séparer, devoir apprendre à vivre l’un sans l’autre… et pour l’un des deux, il est aussi question de se séparer de sa mère et de ses sœurs pour évoluer.   

 

Perte d’un enfant, perte d’un frère : The Tree of Life (Terrence Malick). La séparation la plus dure qui soit : la mort de son enfant. Et pour ce sujet terrible, un des films les plus beaux visuellement de l’année. On n’en attendait pas moins de Terrence Malick. Sur la séparation entre des parents et leur enfant, il y aura aussi eu cette année La Guerre est déclarée (que je n’ai pas vu), et Insidious, film fantastique où des parents se retrouvent séparés de leur fils non pas physiquement, mais psychiquement, celui-ci s’étant perdu dans d’autres plans de réalité…

 

Perte de la mère : A priori, Super 8 n’est pas un film sur la séparation… mais c’est une séparation, un deuil qui donne l’impulsion au film : la perte de la mère. Sans être le sujet principal, il sous-tend le film et trouve sa résolution dans les dernières secondes… Perte de la mère (et de la sœur), aussi, dès le début de Sucker Punch. L’héroïne perd tout, et se reconstruit par l’imaginaire pour s’en sortir. Comme dans Super 8, d’une certaine manière, puisque le cinéma, dans lequel se jette le jeune garçon, est aussi fuite dans l’imaginaire… La perte de la mère, c’est la perte de la personne avec laquelle un enfant entretient la relation la plus fusionnelle… tout son monde s’écroule, il lui reste à en recréer un nouveau par l’imaginaire, un univers transitionnel, pour se délivrer de l’angoisse et de la souffrance.   

 

Perte du père : La perte d’un père, à la base de True Grit et Le Discours d’un Roi n’est pas surmontée de la même manière que celle de la mère dans les deux films précédents. On comble le vide laissé par la mort de la mère dans l’imaginaire, et celle d’un père par la volonté et l’action… Le nouveau roi doit vaincre son bégaiement pour succéder dignement à son père et mener son peuple avec assurance, et la jeune Mattie Ross, dans True Grit, tient à venger, avec une détermination sans faille, l’assassinat de son père.

 

Perte du conjoint : Contagion (Soderbergh). Séparation rapide et brutale : une femme (Gwyneth Paltrow) tombe malade, et en quelques heures décède sans que son compagnon (Matt Damon) ne puisse rien y faire. Mais, comme son nom l’indique, le film ne s’arrête pas à une seule perte dans son scénario-catastrophe, il relate une épidémie mortelle d’une ampleur vertigineuse. Des familles, des quartiers et des populations décimées, la séparation à grande échelle… flippant sur le papier, un peu moins dans sa réalisation.

 

Perte d’un proche : Route Irish (Ken Loach). Un Ken Loach, noir, très noir. Et très réussi. Plus qu’un proche, c’est son meilleur ami que perd, en Irak, le héros qui fera tout pour comprendre ce qui se trame derrière cette mort suspecte. Une « séparation avec sa meilleure amie », aussi, mais dans un registre opposé : Bridesmaids (Mes meilleures amies), sûrement un des films les plus drôles de l’année.

 

Séparation forcée : Présumé Coupable. Basée sur une histoire vraie, celle d’un homme, lors de la fameuse affaire d’Outreau, accusé à tort, séparé de force de toute sa famille. Malgré l’absurdité de cette justice qui n’en est pas une, les mauvais traitements qu’il subit et qu’il est obligé de s’infliger pour qu’on l’entende, ce sur quoi insiste le film, dès la première scène où le héros est littéralement arraché à sa famille, c’est bien la douleur de la séparation. Une famille dont on le sépare et qui lui échappe chaque jour un peu plus… Dans un genre qui n’a absolument rien à voir, Thor de Kenneth Brannagh. Où il est aussi question d’un homme arraché à sa famille, ses proches, et même à son royaume, son univers, ses pouvoirs… les scènes sur terre sont pas mal du tout, assez drôles et sympathiques, mais celles dans le royaume d’Asgard sont franchement kitsch et pompeuses.

 

Séparation intellectuelle : A Dangerous Method – David Cronenberg. La séparation de deux des plus grands esprits de leur temps, séparation du maître et de l’élève, Freud et Jung. Pas le meilleur Cronenberg, mais un film à voir si l’on s’intéresse à la psychanalyse. Là aussi, par ce thème de la séparation, on peut rapprocher ce film d’un autre dans un genre radicalement opposé, (le très surévalué par la critique) X-Men : First Class. Il est encore question de deux brillants esprits, visionnaires, animés tout d’abord par une même cause mais finalement amenés à se brouiller, se séparer, s’opposer. Comparer Freud et Jung à deux personnages des X-Men, fallait oser, mais c’est bien le même acteur – une des révélations de l’année, notamment pour son rôle dans Shame - Michael Fassbender, qui joue dans les deux cas celui qui va s’affranchir (Jung et… Magneto).

 

Séparation homme-singe. La Planète des Singes : les Origines, aurait aussi pu s’appeler « Une séparation »… ou plutôt « Des séparations », puisque le jeune singe héros du film ne cesse de subir des séparations qui finiront par créer le cataclysme que l’on sait. Séparé de sa mère, séparé de ses congénères par cette intelligence « artificielle » qui en fait un être à part, et, surtout, séparé de son « père adoptif humain », ce qui achèvera de le radicaliser et le mener à conduire la révolte des singes. Une bonne surprise que cette Planète des Singes, un vrai bon film d’anticipation.

 

Séparation professionnelle : The Company Men. Film très actuel, l’histoire d’un cadre qui perd son boulot, et doit apprendre à s’en sortir, revoir ses ambitions à la baisse, réapprendre à vivre. Dans Le Stratège, film qui prouve bien qu’il est possible de faire des films intelligents sur le sport, le manager d’une équipe de base-ball se sépare en début de film de ses joueurs stars, puis, pendant la majeure partie de l’histoire, ne cesse de prendre ses distances avec son entourage professionnel (équipe, assistants, entraîneur)…

 

Séparation politique : Pater. La séparation du président et du premier ministre n’est pas le thème central du film, mais c’est cela qui va créer la tension de la 2° partie. Et Pater met en scène, brouille et « dévoile » d’une façon originale (mais qui ne m’a pas totalement convaincu) la séparation de la fiction et du réel, très ténue ici.

 

Séparé de son environnement : Essential Killing. Lors d’un transfert de prisonniers, un Taliban prend la fuite et tente, dans une nature froide et hostile, d’échapper à ses poursuivants. Ou comment survivre quand on n’a plus rien et que l’on est coupé de son environnement naturel…

 

Perte d’identité : Sans identité. Dans une ville étrangère, un homme se retrouve privé d’à peu près tout, même de son identité, usurpée par un autre.

 

Perte de la raison, perte des illusions : Black Swan. On retrouve ici le thème de la séparation avec la mère, l’héroïne se sent étouffée par une mère protectrice, et n’arrive pas à couper le cordon… Mais ce qu’elle perd, surtout, au fil du film, ce sont ses illusions. Plus elle doute et perd ses illusions, plus elle plonge dans l’illusion et en perd la raison. C’est une séparation radicale qu’envisage l’héroïne à la fin pour mettre fin à ce qui l’empêche de se transcender.

 

Perte du succès, de la célébrité : The Artist. Ne l’ayant pas vu, je n’en dirais pas plus, mais c’est bien un thème au cœur du film.

 

Perte du temps : Time Out. Une idée fascinante (et un film qui, sans être mauvais, l’est moins) : la mise en application du proverbe « le temps, c’est de l’argent ». Fini, la monnaie, les pièces et billets, tout se paie en « temps de vie »… un appareil électronique vous permet à chaque instant de voir le temps qu’il vous reste à vivre, qui se compte en heures pour les plus pauvres. Difficile de faire mieux, pour saisir la perte du temps qui passe, que ces bracelets électroniques avec compte à rebours jusqu’à votre mort. Et dans ce film aussi, la perte de la mère joue un rôle déclencheur.   

 

Perte du libre arbitre : L’Agence. Un scénario parano très K. Dickien, où le héros découvre qu’une « Agence » tire les ficelles de la destinée de chacun… mais le film est trop léger et anecdotique pour un tel sujet.  

 

Bien entendu, les thèmes de la perte et de la séparation sont très fréquents et n’ont rien de nouveau en 2011. Il y a toujours un moment où l’on perd quelque chose… et je vous rassure tout de suite, je ne me suis pas séparé et n’ai rien perdu de grave l’an dernier, rien qui aurait pu me pousser à voir les films à travers ce prisme.

S’il y a bien une perte / séparation dans un des films de l’année, Drive, il aurait été trop artificiel de le lister avec les autres, le film s’articule beaucoup plus autour d’une rencontre. Comme dans le gros succès français de l’année, Intouchables. Ou, d’une certaine mesure,  dans le très recommandable Avant l’Aube.    

 

Ce qui est intéressant dans le thème de la perte / séparation des films listés ci-avant est :

 

1.      Il est soit l’impulsion du film, soit le déclencheur qui fera basculer l’histoire.

2.      Il se décline vraiment de toutes les manières possibles. On aura vraiment tout perdu en 2011… ses parents, ses enfants, ses frères, sa famille, ses proches, son boulot, ses illusions, son identité, son libre arbitre, le temps, la célébrité, son mentor, son environnement…   

 

Pourquoi ce thème traverse-t-il tant les films de cette période ? Parce que l’on est dans une période de crise… pas seulement économique, mais une crise de confiance dans l’avenir, qui s’accroît chaque année un peu plus. Melancholia aurait aussi été un bon titre pour résumer l’année… Le cinéma nous prépare et nous travaille non pas à la perte d’un quelconque triple A, mais à ce sentiment plus diffus de la perte et la séparation, et à comment le surmonter. Les artistes captent une part des malaises et angoisses des sociétés, qu’ils transposent et reformalisent. S’ils sont, dans le meilleur des cas, visionnaires, il ne faut pas oublier qu’au cinéma, ils ont forcément un train de retard, il faut du temps pour faire un film. Entre-temps, les peuples ont commencé à se prendre en main (révolutions arabes, mouvements des indignés, Anonymous…) Reste à savoir si c’est le début d’un vrai changement, ou un simple râle d’agonie…  

 

Mon classement :

 

1.      Fighter – David O’Russell

2.      Drive - Nicolas Winding-Refn True Grit - Joel & Ethan Coen

3.      Melancholia - Lars Von Trier 

4.      Une Séparation - Ashgar Farhadi 

5.      Black Swan - Darren Aronofsky

6.      True Grit - Joel & Ethan Coen 

7.      The Tree of Life - Terrence Malick 

8.      Le Discours d’un Roi - Tom Hooper

9.      Le Stratège - Bennett Miller  

10.  Hugo Cabret - Martin Scorsese

11. Route Irish - Ken Loach

12.  Super 8 - JJ Abrams 

13.  Mission : Impossible – Protocole Fantôme - Brad Bird

14.  La Planète des Singes : les origines - Rupert Wyatt 

15.  Detective Dee - Tsui Hark

16.  L'Irlandais - John Michael McDonagh

17.  A Dangerous Method - David Cronenberg    

18.  The Company Men - John Wells 

19.  Avant l’Aube - Raphaël Jacoulot

20.  Sucker Punch - Zack Snyder   

21.  Mes Meilleures Amies (Bridesmaids) – Paul Feig  

22.  Sans Identité - Jaume Collett-Serra 

23.  Pater - Alain Cavalier 

24.  Mr Nice - Bernard Rose 

25.  Time Out - Andrew Niccol 

26.  Essential Killing - Jerzy Skolimowski 

27.  Scream 4 - Wes Craven 

28.  Contagion - Steven Soderbergh    

29.  Présumé Coupable - Vincent Garenq 

30.  Limitless - Neil Burger 

31.  Insidious - James Wan 

32.  Animal Kingdom - David Michôd       

33.  Captain America : First Avenger - Joe Johnston 

34.  La Défense Lincoln - Brad Furman

35.  Source Code - Duncan Jones 

36.  L’Assaut - Julien Leclercq 

37.  Thor - Kenneth Brannagh 

38.  Blitz - Elliott Lester 

39.  Priest - Scott Charles Stewart 

40.  L’Agence - George Nolfi  

41.  The Green Hornet - Michel Gondry  

42.  The Prodigies - Antoine Charreyron 

43.  X-Men First Class - Matthew Vaughn 

44.  Hell Driver - Patrick Lussier  

45.  Le Dernier des Templiers - Dominic Sena 

46.  Tron Legacy - Joseph Kosinski  

 

J’ai pas mal hésité pour le n°1… les 4 premiers se tiennent dans un mouchoir de poche, chacun ayant ses (grandes) qualités et quelques (petits) défauts… A partir de la 36° place, je vous les déconseille. Les 3 derniers étant de vrais navets.

 

43 films vus au cinéma cette année (soit environ un par semaine). Pour les 3 autres, je plaide coupable, monsieur le juge, je suis un infâme pirate qui détruit l’industrie du cinéma et le monde de la culture en téléchargeant. Promis, j’le referais plus (de toute façon, c’est plus possible, maintenant que l’on se retrouve « séparé » de force de MegaUpload).

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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 17:02

Cet article était à la base un commentaire en réponse à l’article de Thom (oui, comme à la grande époque, nos articles se répondent)… mais le commentaire était tellement long que j’ai finalement décidé de le publier ici.

Il ne me semble pas que ceux qui condamnent la fermeture de MegaUpload, et qui considèrent qu’elle est grave, le fassent en défendant réellement le site. Au contraire, je n’ai lu quasiment que des articles qui, à raison, disaient bien que MegaUpload n’est sûrement pas un modèle et qu’il est même difficilement défendable (bon, je ne parle pas de commentaires de téléchargeurs dégoûtés qu’on ait cassé leur jouet, mais d’articles plus sérieux sur le sujet). Ce n’est pas le système MegaUpload que l’on défend, ce n’est même pas sa liberté d’exister, c’est la façon dont cela a été fait. Je suis désolé, mais que la police d’UN état puisse, sans aucun procès, interdire l’accès à la planète entière à un site utilisé partout dans le monde, et un site sur lequel se trouvait aussi bon nombre de contenus parfaitement légaux, ce n’est pas tolérable.

Imaginez que sur blogger refleurissent des mp3-blogs, plus de très nombreux blogs qui proposeraient des liens vers des contenus illégaux (films, jeux vidéos etc…) Imaginez que les dirigeants de blogger, en douce, rétribuent ces blogueurs qui leur apportent une grosse audience… vous trouveriez normal que le FBI, sans crier gare, devant les dizaines de milliers de blogs « illégaux », interdise à toute la planète l’accès à blogger et ferme ainsi tous ses blogs ? Vous trouveriez normal que Le Golb disparaisse du jour au lendemain de la toile ? Moi pas. Et je suis désolé, mais c’est exactement la même logique que pour MegaUpload. Qu’on ait 20, 50, 80 ou même 90% de blogs « illicites » sur blogger ne change rien à l’affaire.

Le DDL et ces sites de stockage qui s’engraissent considérablement grâce à du contenu illégal, on est d’accord, c’est pas glorieux, le p2p était plus « démocratique » et fidèle à l’esprit du net. D’ailleurs, je n’ai moi non plus jamais payé le moindre abonnement à ces sites. Car les gros sites de stockage style MU, c’est bien dans la lignée de ce mélange d’efficacité et de régression (oui, l’efficacité peut-être une régression) qui transforme le net en un « super-minitel ». Au lieu d’avoir des internautes qui interagissent tous les uns avec les autres, fidèles à l’essence du net qu’est la décentralisation, on a quelques gros sites auxquels tout le monde se connecte. Paradoxalement, il y a tout de même dans le DDL quelque chose de plus démocratique que dans le p2p, mais du point de vue des œuvres uniquement, qui sont toutes logées à la même enseigne. Que vous téléchargiez le dernier blockbuster ou un petit film roumain, ça vous prendra autant de temps (après, il est vrai qu’il est plus difficile de tomber sur ce petit film roumain que sur un blockbuster… mais à partir du moment où il est uploadé, il est aussi rapide d’accès que les derniers Spielberg). Avec le p2p, moins ce que vous demandez est médiatisé, plus il est long de l’obtenir. Vous voulez télécharger le dernier single de Rihanna, c’est hyper-simple et rapide, des millions d’individus l’ont, il est possible de le récupérer en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Par contre, si vous cherchez un obscur album, qui n’a jamais été réédité, d’un petit groupe post-punk polonais… il faut être connecté en même temps que le seul type au monde qui l’aura mis dans son dossier de partage.  Ca peut prendre des jours, des semaines, voire des mois…  Et, bien évidemment, si je suis depuis le début un défenseur du partage sur le net, ce n’est pas tant pour que tout le monde télécharge le dernier Rihanna, c’est bien en premier lieu pour que l’on puisse découvrir des œuvres moins médiatisées, ou que l’on puisse donner une nouvelle vie à celles qui ne sont plus disponibles dans le commerce (mais qui sont toujours protégées par le droit d’auteur et fait que celui qui voudrait les partager risque gros). Ce qui « tue » une œuvre n’est pas qu’on la télécharge illégalement (les œuvres massivement téléchargées rapportent toujours beaucoup de pognon), mais bien qu’elle ne soit plus accessible au public.

Ce qui est à mon sens le plus pernicieux et le plus dangereux pour la liberté et la neutralité du net dans toute cette histoire, c’est que les politiques et industries nous poussent de plus en plus vers un système où celui qui transmet, héberge, guide, est responsable du contenu des autres. Vous êtes responsable des commentaires postés sur votre blog. Si un type balance des conneries qui tombent sous le coup de la loi, s’il met un lien vers du contenu illégal, vous êtes en tort, et passible de sanctions (amendes, procès, voire fermeture du blog… même si vous êtes en désaccord avec ce que le type a écrit et l’avez critiqué !) Et ils veulent chaque fois un peu plus que tous les maillons de la chaîne aient leurs parts de responsabilités et soient condamnables. Le blogueur responsable des commentaires de ses visiteurs, l’hébergeur responsable du contenu des blogueurs, les moteurs de recherche responsables du contenu vers lesquels ils dirigent, les FAI responsables des contenus de tous les sites auxquels ils donnent accès… avec cette logique, que connaissent si bien les politiques, même pas besoin d’exercer une vraie censure, que tout le monde peut voir et donc critiquer s’il y a de l’abus, ce sont les autres qui censurent à leur place ! Personne n’a envie de se retrouver dans la merde, donc tout le monde y va de sa censure, de son filtrage, et, dans le doute, on supprime tout ce que l’on « pense » être trop tendancieux. Plus efficace que la censure, l’autocensure.  Je vous laisse imaginer les conséquences que cela aura sur le net… et vous en détaille une petite.

Imaginons qu’un nouveau blogueur, sans foi ni loi et suffisamment doué en informatique pour ne pas se faire repérer, considère que mon blog (ou le vôtre) est un concurrent pour le sien. Qu’il se dise que sans mon blog, on irait plus souvent sur le sien. Qu’est-ce qui l’empêche d’aller poster des contenus illicites, condamnables dans les commentaires de mon blog ? Injures racistes, propos homophobes, liens vers du téléchargement illégal, voire même photos pédopornographiques. Je ne suis pas 24h/24 sur mon blog, vous le savez bien, il m’arrive de mettre du temps à répondre aux commentaires (et même d’en louper et d’en redécouvrir une semaine, un mois, voire 2 ans plus tard)… donc il se peut que je puisse en louper, ou ne pas réagir à temps pour les supprimer. Ce nouveau blogueur, juste après avoir posté ces contenus et propos condamnables pourrait alors contacter Over-Blog et leur donner le lien vers cette photo pédophile dans les commentaires. Ils la voient, suppriment le blog, et voilà des années d’écrits, de travail, de discussions et débats anéantis.

Des contenus censurés suite à des plaintes illégitimes, il y en a eu… venant des ayants droit et de l’industrie qui, par exemple, se plaignent auprès de youtube. Le site ne veut pas prendre de risque, supprime les vidéos, alors qu’il n’y avait parfois pas lieu d’être ! Ce qui nous amène à ces cas absurdes et profondément injustes, comme celui d’Edwyn Collins, qui voit son tube (dont il détient les droits) retiré de Myspace, suite à une plainte de Warner (qui non seulement n’en avait pas les droits, mais continuait à le vendre et va même jusqu’à interdire l’auteur et détenteur des droits de l’utiliser) et n’a pu le récupérer qu’après des mois de procédure (j’en parlais ici).

Un blogueur a bien été condamné à 6 mois de prison non pas pour ce qu’il écrivait sur son blog, mais pour ce que ses visiteurs écrivaient. 

Le garant de notre liberté d’expression sur le net – et donc de notre liberté d’expression tout court, puisque c’est bien sur le net qu’elle s’exprime en public de la manière la plus simple et démocratique possible au XXI° siècle  - c’est la neutralité du réseau. Ce n’est pas plus aux FAI qu’aux hébergeurs de contenu de censurer en amont sous peine de sanctions, mais à la justice, si l’on est bien dans un état de droit.  

La fermeture de MegaUpload, au fond, ce n’est pas le problème. Le vrai enjeu dans cette histoire, enjeu essentiel pour les années à venir, c’est celui du filtrage. Donc de l’autocensure de contenus, autocensure pratiquée par tous les intermédiaires. Blogs et sites webs qui filtrent les commentaires, hébergeurs divers et variés qui filtrent les sites webs ou contenus, FAI qui filtrent les hébergeurs, le tout avant même que la justice n’ait à intervenir… à force de filtrer, c’est sûr, il ne restera plus rien qui dépasse. C’est exactement ce que souhaitent les industries du divertissement (« industries culturelles » étant un bien grand mot pour ce qu’elles font), bon nombre de gouvernements, de médias bousculés par l’arrivée du web, et de marchands en tous genres. S’ils pouvaient faire du web un gigantesque Disneyland familial, inoffensif et commercial, ils le feraient. A nous de nous battre pour les en empêcher.

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