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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 13:30

the-dark-knight-ost.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

Si je ne devais retenir que trois choses de la trilogie de Nolan, ce seraient les suivantes :

1.      La volonté de revisiter l’univers de Batman en s’adressant à un public mature. Un public, notamment, qui n’est pas prêt à accepter comme allant de soi qu’un milliardaire mette un costume de chauve-souris la nuit pour aller traquer les criminels à l’aide de gadgets et de ses capacités physiques hors-norme. Dès le premier film de la trilogie, tout est mis en place pour nous rendre cet univers cohérent, de la psychologie du héros à ses capacités physiques en passant par son arsenal et ses ennemis. Une trilogie parfaitement en phase avec son héros, super-héros plus « crédible » et humain que l’essentiel des autres personnages de comics (car lui n’a pas de pouvoirs surnaturels). Et un Christian Bale impeccable dans le rôle.

 

2.      La prestation d’Heath Ledger dans The Dark Knight. « Plus le méchant est réussi, plus le film l’est aussi », disait Hitchcock à Truffaut. Et peu de films ont eu des méchants aussi fascinants que le Joker de The Dark Knight. Loin du cabotinage grand-guignolesque de Jack Nicholson (amusant, certes, mais un peu fatiguant à la longue) dans le premier Batman de Tim Burton ; chez Nolan, Heath Ledger campe un joker aussi crédible que barré, jubilatoire que flippant, chaotique que machiavélique.

 

3.      La musique. L’élément sur lequel, sans surprise, je vais m’attarder ici. Et si The Dark Knight est le meilleur de la trilogie, ce n’est pas seulement grâce à l'interprétation d'Heath Ledger, mais aussi à la musique de Hans Zimmer / James Newton Howard et à son utilisation (dans la continuité du premier, Batman Begins, par ses thèmes et son orchestration, mais c’est dans le 2 où elle est le mieux exploitée et développée).  

 

Les BO de blockbusters, faut bien l’avouer, c’est souvent chiant. Trop emphatique, trop naïf, trop pompier. A l’image des blockbusters eux-mêmes, et en particulier des films de super-héros. Le secret, pour qu’une œuvre fonctionne, réside toujours dans l’alchimie et l’équilibre. Et tout comme Nolan a su trouver le bon équilibre entre film spectaculaire et divertissant d’un côté, tragédie intense et poignante de l’autre, la musique parvient elle-même à éviter de tomber dans l’emphase héroïco-pompière habituelle par une noirceur peu commune, ainsi qu’une cohérence et une fluidité assez remarquables. Suffisamment d’ampleur, de lyrisme et de puissance pour donner le souffle nécessaire à ce genre de films, et suffisamment de noirceur et de profondeur pour que le film soit plus proche d’une tragédie que d’un bête pop-corn movie héroïque.

Les deux éléments qui, à mon sens, caractérisent le mieux la musique de The Dark Knight, qui lui donnent toute sa cohérence et parviennent à créer une véritable atmosphère sont d’un côté les motifs d’accompagnement répétitifs, plutôt dans l’aigu et souvent aux violons. De l’autre, ses thèmes amples et sombres (aux cordes graves en général). Traditionnellement, on accompagne plutôt avec les basses, et les thèmes sont plus aigus, ici, c’est fréquemment l’inverse. Les motifs d’accompagnement dans l’aigu ont un effet obsédant et tendu, les thèmes et motifs principaux dans le grave baignent le film dans une noirceur envoûtante.

 

Les premières minutes de « I’m not a Hero » illustrent parfaitement la musique que l’on retrouve tout au long du film :

 

 

La musique proposée dans The Dark Knight par Zimmer et Howard se situe quelque part entre la musique romantique et la musique minimaliste. Romantique par ses thèmes amples et sombres, sa richesse harmonique, ses chromatismes ; minimaliste par ses motifs d’accompagnements répétitifs qui donnent l’impression de vagues musicales obstinées. Le tout enrobé de quelques éléments électro et électriques.

 

La musique de The Dark Knight (ainsi que celle des 2 autres de la trilogie), comme toute bonne musique de film, demande à être appréciée avec le film, où elle prend toute sa dimension, mais elle peut aussi s’écouter « pour elle-même », elle a suffisamment de richesse, de musicalité et d’intérêt pour cela. Quelques-uns de ses thèmes sont vraiment somptueux, fascinants, et m’obsèdent depuis la sortie du film il y a pourtant déjà 4 ans.

Si vous ne deviez écouter qu’un autre titre de la BO, en plus du « I’m Not a Hero » ci-dessus, je vous recommande le plus long, qui clôture la BO « A Dark Knight » :

 

 

 

 

Les BO des trois films à écouter en intégralité :

 

La BO de Batman Begins

 

La BO de The Dark Knight

 

La BO de The Dark Knight Rises

 

 

Un dernier mot sur The Dark Knight Rises, qui vient de sortir… le film divise, mais je fais partie de ceux qui le trouve digne des 2 précédents, en particulier pour ses dimensions symboliques et psychologiques, plus développées encore. Mais il a des longueurs et reste en-dessous de The Dark Knight. La musique est toujours fascinante et de grande qualité, même si elle est un petit peu moins bien exploitée là aussi que dans le précédent volet...

 

L'article suivant sur la BO de The Dark Knight, avec un thème de Zimmer / Newton Howard bien pompé sur Debussy

 

Article sur la BO chez Raw Power Mag 

 

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 13:49

Si vous êtes allé au cinéma dernièrement, il y a  de fortes chances que vous soyez tombés sur cette bande-annonce… sinon, petite séance de rattrapage, c'est à ne surtout pas louper (la bande-annonce, hein, pas le film) :

 

Des bandes-annonces débiles, on en voit toute l’année. Mais je ne me souviens pas avoir été autant consterné auparavant par l’une d’elles. Entre le fou rire et l’incrédulité. Abraham Lincoln chasseur de Vampires ! Tout est dans le titre. S’il avait été question d’un film de série Z, décalé et foutraque, pas de problème, l’idée, dans ce cas précis, aurait même été plutôt réjouissante. Mais non. Aucun humour dans cette bande-annonce, tout nous indique qu’il s’agit d’un film « sérieux », épique, pas d’une farce décalée malgré la présence de Tim Burton à la production.

Ce film est certes tiré d’un roman américain à succès, mais dans quel esprit malade et puéril a pu germer cette idée de faire un grand film d’action sérieux où Abraham Lincoln ferait du karaté la nuit contre des hordes de vampires, et signerait l’abolition de l’esclavage le jour ?

Du très grand n’importe quoi. C’est un peu comme si l'on se lançait dans un « Pompidou chasseur de loups-garou ». Ou « Charles de Gaulle contre les zombies ». Nous verrions le grand Charles, quelques heures après la signature des accords d’Evian, s’en aller dans la nuit pour défoncer des zombies à grands coups de pelle. Un chef-d’œuvre cinématographique, pour sûr…

Ce genre de crossover grotesque est, heureusement, pas vraiment dans les mœurs françaises, il est plus hérité d’une culture « comics » propre aux américains. Si un super-héros de cinéma (Schwarzy) peut devenir homme politique aux Etats-Unis, pourquoi pas l’inverse ? Mais ça n’excuse pas la débilité du sujet, et, surtout de son traitement. Quelle sera la prochaine étape… Kennedy chasseur de démons ? Où l’on apprendrait que Kennedy a organisé son attentat, un faux pour faire croire à sa mort et pouvoir ensuite, en toute discrétion, purger la mafia et la CIA des démons qui possédaient leurs chefs ? A l’aide d’incantations ésotériques et de son fidèle nunchaku ?

George Washington face aux extra-terrestres ? Le jour, il repoussait les anglais, et la nuit, les invasions extra-terrestres ?

George W. Bush et les zombies mutants irakiens ? N’accablez pas W. sur la guerre en Irak. Des armes de destruction massive, il y en avait vraiment, mais pas celles que l’on imagine. Saddam créait une armée de zombies mutants à l’aide de produits chimiques qu’il déversait dans les canalisations, ce qui est resté secret pour ne pas affoler la population mondiale, et George Bush Jr. himself, dans le plus grand secret, enfilait chaque soir son costume moulant en lycra siglé d’un W pour combattre héroïquement ces armées de zombies mutants.

Tout cela rejoint ce que je disais déjà dans Cinéma dépotoir, on a l’impression, plus que jamais, que le cinéma mélange et recycle n’importe quoi. Il l’a toujours un peu fait, mais ce qui est assez effrayant, c’est que ces films qui n’auraient pu être autre chose que de sympathiques et décalés films de série Z pour un public d’amateurs deviennent maintenant de « grands films d’action» qui se prennent très au sérieux. Comme si le peuple était trop con pour s’apercevoir de la crétinerie totale du sujet. Rassurez-moi, vous avez bien tous éclaté de rire en voyant cette bande-annonce ?

Jusqu’où ira-t-on… j’en frémis rien que d’y penser. Jules César contre les Transformers ? Bill Clinton et Cléopâtre ? (le grand mélo de l’été 2016, la momification de Cléopâtre a permis d’en garder des traces d’ADN, on pourra la cloner et elle vivra une grande et belle histoire d’amour avec Bill) et sa fameuse suite (pour automne 2018) Hillary vs Cléopâtre ? Mitterrand et l’attaque des grands requins blancs ? Churchill chevalier Jedi ? Hitler contre Goldorak ? François Ier et les robots martiensRoosevelt, Kung-Fu master ?

Toutes ces idées-là, on les a normalement au cours de soirées très très arrosées. Mais le lendemain, on se réveille en disant « putain, qu’est-ce que j’ai pu raconter comme conneries », pas « ça y est, je la tiens l’idée géniale pour faire un grand film ». A moins de n’avoir pas évolué depuis ses 12 ans… ce qui semble être le cas depuis un moment pour un peu trop de réalisateurs… En même temps, de la part d'une industrie qui a été capable de donner le nom du génial Ludwig à un stupide clébard, plus rien ne m'étonne vraiment... 

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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 22:46

L’été, les blogs sont désertés... l’occasion de faire passer en douce quelques vieux tubes honteux.

En écoutant le dernier De La Soul, First Serve, un morceau a particulièrement attiré mon attention, Move’em In, Move’em Out. Non pas qu’il soit particulièrement réussi, mais il me disait quelque chose…

De la Soul - Move’em In, Move’em Out

 

 

J’aurais vraiment aimé vous dire que j’ai cherché de longues heures avant de tomber sur « l’original »… mais non, il n’était pas si loin dans ma mémoire, j’ai assez rapidement retrouvé ce morceau que j’aimais beaucoup à l’époque (j’étais très jeune, hein), Feel The Heat de Jean Beauvoir. Pas un des plus gros tubes des années 80, mais il a eu une certaine notoriété, d’autant plus qu’il accompagnait la sortie du Cobra de Stallone (on est là encore dans des références prestigieuses).

Ecoutez le riff d’accompagnement de Move’em In, Move’em Out, puis celui du couplet de Feel The Heat, c’est quasiment la même chose.

 

Je trouvais à l’époque le refrain un peu décevant, mais j’adorais le couplet (cet accompagnement, plus les notes de synthé un peu « fausses » et assez originales, à partir de 0’45). Et sur quels intervalles se font cet accompagnement ? Toujours cette satanée sixte qui m’obsède, et qui me fait vraiment aimer n'importe quoi. La quinte de l’accord qui monte sur la sixte, ce qui donne chez Jean Beauvoir un enchaînement Am-F (chez De La Soul, on n’est pas en la mineur mais en fa mineur).   

Peut-on affirmer que De La Soul a pompé cet accompagnement et ainsi parler de plagiat ? Oui et non. Si Jean Beauvoir attaquait en justice, ça m’étonnerait qu’il puisse faire valoir ses droits. Il y a pourtant bien 4 mesures (on parle de plagiat lorsqu’on a au moins 4 mesures identiques), mais ce n’est pas la mélodie qui est « plagiée », c’est l’accompagnement. Une suite d’accord identique à une autre n’est en général pas considérée comme du plagiat, encore heureux, vu les nombreuses suites d’accords qui ont été utilisées dans des milliers de morceaux (telle la grille de blues en 12 mesures).

Mais ici, en plus des notes du riff, et même si le tempo n’est pas tout à fait le même (il est un peu plus rapide chez De La Soul), le rythme est vraiment identique (et il y a aussi une similitude dans le son, et la basse), ce qui me laisse à penser qu’il y a forcément une influence directe. Enfin, l’essentiel, c’est que De la Soul n’a pas copié le look de Jean Beauvoir… ça, ce serait vraiment criminel.    

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