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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 21:37

Vous n’avez peut-être jamais écouté de musique classique, étudié le latin ni eu d’éducation religieuse, il y a pourtant de fortes chances que « Dies Irae » vous dise quelque chose… Que ce soit via l’album live de Noir Désir du même nom, le court-métrage d’Alexandre Astier, Dies Irae, à l’origine de Kaamelott, le titre d’un sketch de Desproges… mais c’est bien entendu avant tout une séquence de la messe de Requiem. Le passage le plus « violent et apocalyptique » du Requiem, puisqu’il est question du jour du jugement dernier. Le texte est le suivant :

Dies iræ, dies illa,                       Jour de colère, que ce jour-là

Solvet sæclum in favílla,              Où le monde sera réduit en cendres,

Teste David cum Sibýlla !           Selon les oracles de David et de la Sibylle.

Quantus tremor est futúrus,         Quelle terreur nous saisira,

quando judex est ventúrus,         Quand le juge viendra

 cuncta stricte discussúrus !         Pour tout examiner avec rigueur !  

  (texte et traduction pris sur wikipedia, correction par Lou)

Tout un programme… et un programme qui ne manquera pas d'inspirer de très nombreux compositeurs. L’impression que donne le plus souvent le Dies irae au sein d’une messe de Requiem est assez curieuse ; imaginez un musicien, lors d’une cérémonie d’enterrement, jouant une musique de circonstance, grave, triste, solennelle… et subitement, emporté par la musique, oubliant le contexte, le chagrin des proches du défunt et toute forme de décence, il se met à marteler son instrument comme un damné pour en tirer une musique totalement apocalyptique… voilà, caricaturé, l’effet que produit le Dies Irae

 

A tout seigneur tout honneur, commençons par le plus célèbre des Requiem, celui de Mozart. Son superbe Dies Irae est d’une puissance rythmique qui n’a rien à envier à un Beethoven :

Le 2° Dies Irae à connaître impérativement est celui de Verdi… et vous le connaissez forcément, puisqu’il a été utilisé très régulièrement comme musique de bande-annonce ou de film. On le retrouve d’ailleurs dans le dernier Tarantino, Django Unchained, lors de la cavalcade du Ku Klux Klan. Un des grands « morceaux de bravoure » de la musique classique :

 

Mais mon Dies Irae préféré est sans doute celui de Dvorak (je suis un grand amateur de Dies irae, lorsque je découvrais le classique, j’ai dû m’en faire toute une K7…) Plutôt que d’utiliser à chaque fois le Dies Irae de Verdi comme illustration, on ferait bien de se tourner vers celui de Dvorak, ça changerait un peu, et il est tout aussi sombre, puissant et apocalyptique :

 

Je me faisais des K7 de Dies Irae dans ma jeunesse... je fais des playlist de Dies Irae sur mon blog près de 20 ans plus tard :

Le Dies Irae n’est pas présent dans toutes les messes de Requiem… Le texte du Dies Irae date du XI° siècle, mais il n’a été intégré aux Requiem qu’au début du XVI° siècle, dans la Messe des Morts d’Antoine Brumel. Le célèbre – et magnifique – Requiem de Fauré se veut plus apaisé que tourmenté, et n’utilise ainsi pas le Dies irae, pas plus que Brahms dont le Requiem est en Allemand et ne suit donc pas la liturgie catholique latine, ou Duruflé qui a composé un Requiem « à l’ancienne », influencé par le Moyen Age et la Renaissance, époques avant l’introduction du Dies Irae. Mais le Dies Irae, enfant trop turbulent (limite démoniaque) de la liturgie catholique, a été retiré des Messes en 1969…

 

Après avoir vu différentes musiques pour une même séquence de la messe de Requiem, passons à l’inverse, un même thème musical pour des œuvres très diverses. Il existe un Dies Irae « originel », un chant grégorien (du Moyen Age) qui a su parcourir les siècles et qui continue, encore maintenant, d’être régulièrement cité dans de nombreuses musiques.

Pour vous le mettre dans l’oreille, écoutez (plutôt deux fois qu’une), ses 40 premières secondes :

 

Les notes (pris sur wikipedia  :

The  

 

Ce thème musical a été réadapté par la suite dans plusieurs Requiem (mais pas ceux dont je parlais précédemment, qui ont leur propre Dies Irae), ou utilisé dans des motets. Mais c’est au XIXème siècle que le Dies Irae grégorien va trouver une deuxième jeunesse. Rien de plus normal, après tout, le Moyen Age et la Mort sont deux des grandes obsessions romantiques…

Sa plus célèbre apparition est sans doute dans le dernier mouvement, Songe d’une Nuit de Sabbat, de la Symphonie Fantastique (1830) de Berlioz. Le héros, sous opium (car oui, on n’a pas attendu le rock pour mêler drogue et musique), se retrouve hanté par les visions cauchemardesques d’un Sabbat, au son du Dies Irae grégorien qui apparaît à 3’16.

Pour repérer les Dies Irae cités dans les œuvres de la playlist suivante, il faut l’écouter sur grooveshark afin de pouvoir suivre mes indications avec le minutage :

[Edit : playlists disparues avec l'arrêt de grooveshark, j'en refais une sur spotify, avec toutes les citations du Dies Irae de cet article... les minutages précisés dans l'article ne sont plus forcément justes, puisqu'il ne s'agira pas toujours des mêmes interprétations, je les laisse à titre indicatif, et j'y reviendrai pour les modifier]

Avant les romantiques, Haydn a utilisé le Dies Irae dans une œuvre profane, sa Symphonie n°103 (premier mouvement).  Le début du thème du Dies Irae s’entend à 0’10 dans le grave, ou encore à 1’13 dans l’aigu.

 

Le Dies Irae grégorien chez les romantiques

Après Berlioz, plusieurs compositeurs vont intégrer le Dies Irae grégorien à des œuvres profanes :

Liszt- Danse Macabre (Totentanz) Paraphrase sur le Dies irae (1849) Sur un accompagnement au piano, l’orchestre joue le thème du Dies Irae dans les graves (il débute au bout de 5 secondes). C’est le thème principal de l’œuvre, et il revient donc, « paraphrasé » comme l’indique son sous-titre, de nombreuses fois.

Liszt – Csardas Macabre (1881). Le motif principal utilise les premières notes du Dies Irae.

Saint-Saëns – Danse Macabre (1874). Dies Irae en majeur et très facilement identifiable, de 2'41 à 3’07.

Saint-Saëns – Symphonie n°3 (1886), 4° mouvement. Le thème, à 0’33, est une variation du Dies Irae, autres variations à partir de 5'40.

Moussorgsky – Chants et danses des morts (1875). Les premières notes de piano, dans le grave.

Tchaikovsky – Symphonie Manfred (1885), 4° mouvement (à 16’50, et répété en boucle à partir de 17’32) et Suite n°3 pour orchestre, 4° mouvement, thème avec variations (à 5'11).

Brahms – Intermezzo OP. 118 n°6 en mi b Mineur (1893) Le thème est basé sur le Dies Irae

Gustav Mahler – Symphonie No. 2, « Résurrection » (1894), 1er mouvement (à 11’07, à 11’52) et 5° mouvement (dans le Ritardando, les premières notes du Dies Irae se retrouvent  à 0’48, 0’56, 1’07, 2’49, 2’57, 3’10, 3’18, 3’34, 3’46, 4’21, et Wieder sehr breit commence par ce motif)

 

Le Dies Irae au XX° siècle

Le Moyen Age n’exerce plus la même fascination sur les artistes du XX° que sur les romantiques. Et pourtant, le Dies Irae continue d’être régulièrement cité… Plusieurs raisons à cela :

Tout d’abord, il reste encore quelques post-romantiques, tel Rachmaninov. Si, au XIX°, on était fasciné par le côté fantastique et mystérieux du Moyen Age (cf. Berlioz et Liszt), on s’intéresse au XX° plus « sérieusement » qu’auparavant aux musiques anciennes (de la Renaissance et du Moyen Age), et on cultive le goût de la citation (post-modernisme). Ensuite, le Dies Irae a cette connotation morbide qui ne manquera pas de trouver écho dans les musiques sombres et dissonantes du XX°, et dans ce siècle violent où les guerres deviennent mondiales… voir par exemple le Dies Irae « Auschwitz oratorio » de Penderecki. Et, dernier élément à prendre en considération, certains compositeurs - notamment des pays de l’Est - sont croyants et attachés à la liturgie…

Quelques exemples (toujours dans la même playlist)

Rachmaninov – Symphonie n°1 (1895), 1er mouvement (Le thème principal est dérivé du Dies Irae, que l’on reconnaît plus particulièrement à 50’’, à 1’35, à 6’56, 12’43 etc.)

Rachaminov – Symphonic Dances (1940), Lento Assai – Allegro (citation du Dies Irae par exemple à 2’23, et à partir de 4’12)

Rachmaninov – Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934) Pendant toute la variation VII, au piano.

Encore chez Rachmaninov, plusieurs réminiscences du Dies Irae dans une de mes œuvres de chevet, L’Ile des Morts (1909), notamment à partir de 6'20, et, surtout, les premières notes du Dies Irae répétées de 14'03 à 16'30 (et il est assez net, dans le grave, à 17'55)

Chez Rachmaninov, le Dies irae tourne à l’obsession, on le retrouve cité aussi dans le 4° Concerto pour Piano (3° mouvement), ses 2° et 3° symphonies, et dans The Bells.

Igor Stravinsky, 3 pièces pour quatuor à cordes. N° 3 : Cantique (1914) (Le thème principal, qui arrive à 0’10)

Eugène Ysaye – Sonate pour violon n°2 en La mineur (1923) Tout le premier mouvement, Obsession, est construit sur le thème du Dies Irae.

Nikolaï Medtner, Quintette pour piano et cordes (1949) 1er mouvement (notamment à 0’11 et à 2’22, mais il revient assez régulièrement)

Khatchaturian – Symphonie n°2 (1943).  Andante Sostenuto (vaguement à 3’37, plus évident de 6’03 à 7’03, et repris de 7’57 à 9’25, puis encore à 9’53 et à 10’20)

Shostakovitch – Symphonie n°14. 1. De profundis (le thème de départ, aux violons, est inspiré du Dies Irae), et 10. La Mort du Poète

George Crumb – Black Angels (premier mouvement, à 4’53 et 5’03)

 

Chansons :

Stephen Sondheim - The Ballad of Sweeney Todd (Comme les oeuvres précédentes, les chansons qui suivent - et les BO - sont dans la playlist) 

Jacques Brel – La Mort. Si vous n’êtes pas amateur de classique et voulez tout de même pouvoir identifier ce thème et bien vous le mettre dans l’oreille, vous pouvez vous fier à ce morceau de Brel qui utilise le Dies Irae grégorien comme thème de base de sa chanson.

Scott Walker a repris cette chanson de Brel, devenu « My death », où il s’éloigne un peu plus que Brel du Dies Irae

HF Thiéfaine – Le 22 Mai (thème du Dies Irae très présent, en particulier au début)

The Melvins - Dies Iraea (merci à Fabien W. Furter de me l'avoir indiqué, dans les commentaires) 

Paraît qu’on le retrouve aussi chez Sardou… vous m’excuserez de ne pas l’avoir cherché ni mis dans la playlist, pas plus que je ne l'ai fait pour bon nombre de groupes metal qui ont forcément dû l’utiliser…

Cinéma :

Bien entendu, un thème musical aussi connoté que le Dies Irae grégorien n’a pas manqué d’être employé régulièrement au cinéma. Quelques exemples :

Chez Kubrick, ce qui n’étonnera personne, dans Orange Mécanique et The Shining. Le Dies Irae grégorien est même le thème principal de Shining, et s’entend dès la scène d’ouverture :

 

Le Septième Sceau de Bergman (à écouter ici avec des images du film) 

Jour de Colère de Carl Theodor Dreyer (BO de Poul Schierbeck) : On entend une réadaptation du Dies Irae grégorien dès le générique… rien de plus normal puisque, si vous avez bien tout suivi depuis le début, « Dies Irae » signifie « Jour de Colère » : 

 

Certains l’aiment Chaud de Billy Wilder (BO de Adolph Deutsch)

I Confess (La Loi du Silence) Hitchcock, musique de Dimitri Tiomkin. Un meurtre, un prêtre... il n'en fallait pas plus pour que résonne, dès les premières scènes, le thème du Dies Irae.

L’Obsédé (The Collector) de William Wyler (BO de Maurice Jarre)

Les Diables (The Devils) de Ken Russell (BO de Peter Maxwell Davies et de David Munrow)

Le jardin du diable d’Henry Hathaway (BO de Bernard Herrmann), sur youtube (II. The Church, thème facilement identifiable)

Obsession de Brian de Palma (BO de Bernard Herrmann)

It's a Wonderfull Life, BO de Dimitri Tiomkin : Pottersville Cemetery (à partir de 5’15, facile à identifier)

Rencontres du 3ème type, de Steven Spielberg (BO de John Williams) Un des thèmes principaux du film, on le retrouve, par exemple, dans Main Title & Mountain Visions, à 1’06, 1’33, et plus encore de 2’01 à 3’00)

Poltergeist (BO de  Jerry Goldsmith) Escape from Suburbia, à 1’15

Les nuits avec mon ennemi, de Joseph Ruben (BO de Jerry Goldsmith)

Le Bazar de l'Epouvante, de Fraser C. Heston

Un espion de trop (Telefon) de Don Siegel (BO de Lalo Schifrin)

The Murders in the Rue Morgue (BO de Charles Gross)

Star Wars - L’Attaque des Clones (The Tusken Camp, à 5’15 - avec quelques légères bribes durant le morceau) et La Revanche des Sith (Anakin’s Betrayal, surtout à partir de 1’40, mais on retrouve régulièrement les premières notes du Dies Irae dans ce morceau) (BO de John Williams)

Michel Strogoff - Les Funérailles (BO de Vladimir Cosma)

Demolition Man (BO d'Elliot Goldenthal). Là, au moins, j'ai pas dû me taper toute la BO pour trouver l'endroit où est cité le Dies Irae, puisque le premier morceau s'intitule "Dies Irae" (et le thème arrive au bout de 22 secondes) 

Une curiosité, un « Dies irae Psychédélique » du grand Ennio Morricone, pour le film Escalation (1968). Un Dies Irae à la fois assez fidèle au Dies Irae grégorien... et assez psyché :  

 

 

Morricone a composé un autre Dies Irae (mais qui n'est pas basé sur le chant grégorien, je l'ai ainsi mis dans la première playlist), pour le film « Le temps du Destin » de 1988.

Le Dies Irae grégorien a été relevé dans de nombreuses autres œuvres (je les liste sans vous les faire écouter, car soit elles ne sont pas disponibles sur grooveshark ou youtube, soit je n’ai pas été totalement convaincu par le fait qu’elles citent le Dies Irae)

Charles-Valentin Alkan – Souvenirs: Trois morceaux dans le genre pathétique, Op. 15 (No. 3: Morte)

Ernest Bloch – Suite Symphonique

Michael Daugherty – Metropolis Symphony 5th movement, "Red Cape Tango"; Dead Elvis (1993) for bassoon and chamber ensemble.

Luigi Dallapiccola - Canti di prigionia

Diamanda Galás – Masque Of The Red Death: Part I – The Divine Punishment

Donald Grantham – Baron Cimetiére's Mambo

Charles Gounod – Faust opera, act IV

Gustav Holst – The Planets, movement 5, "Saturn, the Bringer of Old Age"

Arthur Honegger – La Danse des Morts, H. 131

Nikolai Myaskovsky – Symphony No. 6, Op. 23

Respighi, Impressioni brasiliane. N° 2 : Butantan (1927)

Bernd Alois Zimmermann – Prélude de son opéra Die Soldaten (1957-1965)

Reynaldo Hahn – Mélodie n°1, Trois Jours de Vendange

Frank Martin - La Nique à Satan, oeuvre scénique pour solistes, choeur et orchestre

Pierre Henry – Une Tour de Babel (1999) 

 

Je me suis basé en partie sur les listes disponibles sur wikipedia ou chez Nikkojazz pour référencer toutes ces citations (relativement) connues du Dies Irae. Et j’apporte aussi ma petite pierre à l’édifice, il y a au moins 3 musiques de films dans lesquelles j’ai reconnu par le passé le Dies Irae grégorien, mais il ne me semble pas que d’autres les aient remarquées et listées :

Old Souls (BO Inception) – Hans Zimmer 

Une évocation du Dies Irae grégorien parcourt toute la pièce, et s’entend plus distinctement de 6’08 à la fin. Hans Zimmer aime le Dies irae, puisqu’on le retrouve, semble-t-il (j’ai vu ça sur un site… diesirae.com) dans les BO, que je ne connais pas, de The Road to El Dorado, Crimson Tide, et même celle du Roi Lion

Danny Elfmann – Making Christmas (Nightmare before Christmas de Tim Burton) Le thème principal utilise les premières notes du Dies Irae. D’une certaine manière, le texte Making Christmas sur une citation musicale du Dies Irae nous signifie clairement, dès les toutes premières secondes, qu’il s’agira de « préparer Noël sur le thème de la Mort » : 

Sweeney Todd – Opening title

 

The Ballad of Sweeney Todd est référencé comme citant le Dies irae, pourtant, la citation me semble encore plus évidente dans le morceau d’ouverture, à 1’41.

 

Parmi les nombreuses raisons qui peuvent expliquer la fascination qu’exerce toujours ce thème musical sur les compositeurs, il y a entre autre le fait que l’on ne connaisse pas son créateur. Un thème anonyme, qui n’appartient à personne… et donc appartient à tout le monde. On aurait pu imaginer que le génial Dies Irae de Mozart devienne la référence, et éclipse ce vieux thème grégorien… mais si l’on cite dans une œuvre le Dies irae de Mozart, c’est autant Mozart que le Dies Irae que l’on cite. Un peu comme la différence qui existe entre citer un proverbe « anonyme », qui appartient à tous et que l’on fait sien, ou une phrase d’un auteur célèbre, qui reste « la » phrase de tel auteur, l’expression de sa pensée. Le fait que l’on ne connaisse pas l’auteur du Dies Irae grégorien participe aussi de sa magie et de son mystère, un thème sombre qui nous vient des profondeurs de l’histoire, qui n’est pas « le thème de tel compositeur », mais tout simplement « le thème de la mort » (ou du jugement dernier).

Je me doute bien que peu parmi les lecteurs iront écouter toute la playlist en vérifiant le minutage pour entendre toutes les citations musicales du Dies Irae… ce n’est pas le but, tout cela est avant tout une « base de données » qui permettra à ceux qui s’intéressent à la question de repérer facilement et rapidement toutes ces occurrences du Dies Irae. J’ai fait une dernière playlist, beaucoup plus courte, avec le Dies Irae grégorien suivi des œuvres qui le citent d’une manière très marquée, afin de bien l’avoir dans l’oreille et le repérer facilement :

 

 

Musique classique, chansons, films… il existe tant d’œuvres qui citent le Dies Irae grégorien qu’il fait partie de notre culture commune ; vous ne pouvez y couper, il faut pouvoir le reconnaître. Et la culture, contrairement à ce que laisse à penser ce vieux cliché tenace, ce n’est pas fait pour briller dans des soirées mondaines (avec blind-test spécial Dies Irae), c’est de la communication, un langage qui nous permet de mieux comprendre l’art et nos semblables… la mélodie du Dies irae est un signifiant important, vous pouvez certes apprécier un film ou une musique sans reconnaître le thème du Dies Irae qui y ferait subitement une apparition, mais c’est une part de l’œuvre et de son sens, qui pourra vous échapper… La culture, dans ce cas précis, ce n’est pas de connaître par cœur le nom de toutes les œuvres qui utilisent le Dies Irae grégorien, mais c’est de savoir à quoi il fait référence, et d’avoir en tête cet incontournable thème musical afin, tout simplement, de mieux comprendre les œuvres, si nombreuses, qui l’utilisent…

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 17:13

Vous pensiez que j'en avais fini avec les bilans et playlists 2012 ? C'est mal me connaître... après mes nombreux bilans par genre, voilà donc un petit "bilan des bilans", afin de tous les regrouper, et de conclure cette rétrospective 2012 par une playlist ne contenant que la substantifique moelle de 2012, les 20 meilleurs morceaux de l'année.

 

Malheureusement, il manque mon favori, The End de la BO de Bullhead, qui n'est pas sur Grooveshark et que vous retrouverez ici : Raf Keunen - The End.

  

 

Best-of 2012

 

 

 

 

La Version longue, de plus d'une centaine de titres : Playlist 2012

 

Les bilans et playlists par genre :

 

Rock

 

Rap

 

Folk & Folk-rock

 

Electro

 

Jazz

 

Musiques du monde

 

Classement des albums 2012

 

Les films de 2012

 

 

Pour en finir, vraiment, avec 2012, il ne manque plus que le CDB, qui va rendre sa copie très bientôt, n'hésitez pas à y donner vos notes pour départager les albums de tête !

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 17:12

Bullhead Rundskoptake shelterkiller joeCosmopolisMartha Marcy May Marlene-copie-1the descendants 

The-dark-knight-rises.jpgKilling-Them-Softly.jpgla-taupe.jpg 

 

 

 

 

     Après la quête du père en 2009, la séparation en 2011, le thème qui m’aura semblé le plus marquant dans les films de 2012 est celui du « cocon »… Les pertes et séparations, douloureuses, de 2011, mènent d’une manière somme toute logique, à un retour au cocon. Il est loin, le cinéma hollywoodien conquérant des années 50 ou 60… conquêtes de l’ouest, du monde, de l’espace… en 2012, on préfère se recroqueviller dans son cocon.

C’est le premier grand film américain de l’année qui a donné le ton, Take Shelter… un homme qui, pour protéger sa famille d’une menace dont on ne sait si elle est réelle ou le fruit de sa folie, se lance dans la construction d’un bunker. Difficile de trouver mieux comme métaphore du cocon… C’est aussi l’héroïne du très beau Martha Marcy May Marlene qui passe de cocons en cocons, celui d’une communauté / secte à la maison de sa sœur. Des cocons, aussi, pour les héros… James Bond, archétype s’il en est du héros viril sans attaches et conquérant, voyageant de pays en pays et de femmes en femmes ; pour la première fois depuis 50 ans, retourne vers son passé et ses origines, dans son cocon qu’est le manoir familial. Autre manoir-cocon, celui de Batman, reclus depuis des années lorsque débute The Dark Knight Rises, ayant laissé tomber toute vie sociale, professionnelle, aventurière et héroïque. Et s’il reprend du service, c’est moins par volonté de puissance que par désir d’en finir, et, d’une certaine manière, de fuir le monde… Reclus eux aussi, les américains d’Argo en Iran… ils ne sont pas « en cavale », mais planqués dans une maison dont ils ne sortent jamais, en espérant un retour dans le grand cocon qu’est la mère patrie… Un cocon n’est pas forcément une maison, ce peut être une voiture, telle la limousine du Cosmopolis de Cronenberg, au sein de laquelle se déroule les ¾ du film, cocon en mouvement qui protège le personnage principal d’un monde extérieur qui plonge dans le chaos. Ou, dans un registre très différent - mais une idée de mise en scène assez proche - le bus de The We and the I dont on ne sort qu’à la toute fin du film… (voire la barque de L’Odyssée de Pi, film que je n’ai pas vu).

Le cocon, c’est aussi la relation fusionnelle du ménage à trois de Savages d’Oliver Stone, celle des trois frères de Lawless (Des Hommes sans Loi, scénario de Nick Cave), qui cherchent seulement à faire leur petit business tranquillement, dans leur coin, en famille, ou encore celle du héros de Ted incapable, à 35 ans, de se séparer de son ours en peluche (qui vit et parle, certes, mais ours en peluche tout de même). C’est l’islamisme radical dans la Désintégration, la fuite d’un monde extérieur hostile, et l’impression de n’être compris et intégré que lors de ces petites séances intimistes et coupées du monde où le personnage principal se laisse manipuler par un rabatteur. The Secret propose aussi en quelque sorte un « retour au cocon » (je ne peux en dire plus sans dévoiler la fin), quant au « Dictator », il n’est au fond qu’un grand enfant dont le pays est un immense cocon (pour lui, et seulement pour lui), satisfaisant le moindre de ses désirs et caprices, et il n’aspire qu’à une chose, bien entendu, y retourner (contrairement aux deux personnages précédents de Sasha Baron-Cohen, Borat et Bruno, qui, eux, avaient pour souhait de « conquérir » l’Amérique). C’est aussi dans un cocon que vivent les personnages de Margin Call, trader et financiers dans leur bulle… et c’est aussi ce que recherche le héros de Looper, heureux et comblé seulement dans le petit cocon qu’il est parvenu à créer dans une des réalités.

Le cocon, c’est le refuge et le fantasme du paranoïaque, celui de Take Shelter évidemment, mais aussi J. Edgar (d’Eastwood), enfermé dans son bureau où il écoute et répertorie les secrets des puissants, ces secrets qui le protègent de tous ceux voulant l’expulser de sa création et son cocon : le FBI. C’est la réalité fantasmée du remake de Total Recall, ou encore le hacker de Aux Yeux de Tous, qui, sans mettre un pied hors de sa chambre, parvient à explorer et manipuler le réel. C’est aussi, mais à l’opposé, Jack Reacher, refusant la « vie moderne », sa technologie et ses facilités afin d’être impossible à repérer. Pour vivre heureux, vivons caché, dans son cocon…

Autre thème important, lié au cocon : en 2012, les héros sont fatigués, et de moins en moins « solaires ». Le héros de Bullhead a beau se shooter aux hormones de bœufs, il reste face à la femme qu’il aime un petit garçon timide et fragile… et malgré ses excès de violence ou sa musculature qui en impose, il n’a rien du héros fort, dynamique et charismatique, il est hanté par son passé et traîne sa misère tout au long du film. L’aîné des frères de Lawless est le chef de famille, le « mâle dominant »… mais comme le héros de Bullhead, c’est un grand taiseux, un homme toujours sur la défensive. Idem pour le héros du Territoire des Loups, traumatisé par son passé tragique, au bord du suicide au début du film… voire le héros de Looper, pas beaucoup plus solaire que les autres…

On n’avait jamais vu James Bond aussi affaibli, incapable, après son accident et après s’être un moment « coupé du monde », de faire quelques exercices physiques sans s’essouffler, ou de toucher une cible à quelques mètres. Il est même déclaré inapte à reprendre su service, et ne doit sa réintégration qu’à une falsification de son dossier. On n’avait jamais vu non plus Batman aussi déprimé, usé, ne se déplaçant plus depuis des années que dans son manoir, et à l’aide d’une canne… à peine parvient-il à en sortir qu’il se retrouve – pendant une bonne partie du film – au fond d’un puits… bref, il passera la majeure partie du film à simplement tenter de « sortir de son trou ».

Les nouveaux super-héros de cinéma ne partent pas, capes et cheveux au vent, sauver le monde, leurs ambitions ont été revues à la baisse… ils utilisent leurs pouvoirs pour se faire des blagues de potache, jouer à la baballe au milieu des nuages, et se laissent dominer par leurs émotions négatives (tout ça dans Chronicle).

Nous vivons dans un monde hostile et déprimant, qui pousse à se recroqueviller dans son cocon. Que nous reste-t-il, faire la révolution ? Même ça, les anars rigolards de Groland n’y croient plus, Le Grand Soir est un constat d’échec ; les lendemains qui chantent, c’est de l’histoire ancienne, plus qu’une chimère dans l’esprit de sympathiques losers…

Tous les héros n’auront pas été fragiles, déprimés, taiseux, tourmentés ou affaiblis… il y en a eu au moins deux particulièrement sûrs d’eux, virils, efficaces et imposants, bref, deux héros à l’ancienne… sauf qu’il s’agit de deux crapules cyniques, deux tueurs implacables, Killer Joe & Cogan. Auxquels on pourrait ajouter le « héros » de Cosmopolis, tout autant cynique et sûr de lui que les deux autres… En 2012, il faut être un salaud sans états d’âme pour oser être sûr de soi, dominant et bien dans sa peau…

Pourquoi au juste, ce cocon et cette déprime ? La réponse la plus simple serait bien entendu « la crise ». Sauf que c’est un peu court… comme je l’ai déjà dit dans mon bilan de l’an dernier, ce n’est pas tant la crise économique qu’une crise plus profonde qui sourd dans les œuvres. Car on n’attend pas du cinéma et de l’art en général qu’ils nous expliquent qu’il y a une crise économique et que les gens sont inquiets… Pas besoin d’œuvres et d’artistes pour cela ; une télé, un journal et de simples journalistes font l’affaire… Non, ce que nous disent plutôt tous ces films, c’est qu’à notre époque, l’aspiration majeure est de se créer son petit cocon et s’y fondre (même les homos veulent reproduire la cellule familiale traditionnelle, couple + enfants)…  signe de peur et de déclin pour les uns, de prudence et de sagesse pour les autres, ou un peu des deux, à chacun de l’interpréter comme il l’entend.

 

Seuls quelques films ne m’auront pas vraiment plu en 2012, les 6 derniers du classement, les autres se tiennent à pas grand-chose, quasiment tous les films que j’ai vu cette année (et tous vus au cinéma, à part Wrong et Ted) ont des notes entre 7 et 8… de bons films, même si j’ai des réserves pour chacun (ce qui n’est pas le cas pour les premiers du classement)…

1.      Bullhead – Michael R. Roskam  9

2.      Take Shelter – Jeff Nichols  8,5

3.      Killer Joe – William Friedkin

4.      Cosmopolis – David Cronenberg

5.      Martha Marcy May Marlene – Sean Durkin

6.      The Descendants – Alexander Payne

7.      The Dark Knight Rises – Christopher Nolan 8

8.      Killing Them Softly (Cogan)- Andrew Dominik 

9.      La Taupe – Tomas Alfredson 

10.  Millenium – David Fincher

11.  Argo – Ben Affleck 

12.  Margin Call – J.C. Chandor 

13.  Savages – Oliver Stone 

14.  La Cabane dans les Bois – Drew Goddard 

15.  Chronicle – Josh Trank 

16.  Des Hommes sans Loi – John Hillcoat

17.  The We and the I – Michel Gondry

18.  La Désintégration – Philippe Faucon

19.  J. Edgar – Clint Eastwood

20.  Skyfall – Sam Mendes 7,5

21.  Moonrise Kingdom – Wes Anderson

22.  The Dictator – Larry Charles

23.  Wrong – Quentin Dupieux 

24.  Total Recall – Len Wiseman 

25.  Prometheus – Ridley Scott

26.  Jack Reacher – Christopher McQuarrie

27.  Aux Yeux de Tous – Cédric Jimenez

28.  Sherlock Holmes 2 : Jeu d’Ombres – Guy Ritchie

29.  Le Grand Soir – Kervern / Delépine

30.  Looper – Rian Johnson 

31.  The Secret – Pascal Laugier

32.  End of Watch – David Ayer

33.  La Dame en Noir – James Watkins

34.  The Amazing Spider-man – Marc Webb

35.  Faust – Alexandr Sokurov  7

36.  The Bourne Legacy – Tony Gilroy 

37.  La Part des Anges - Ken Loach

38.  Securité Rapprochée – Daniel Espinosa

39.  Ted – Seth McFarlane

40.  The Avengers – Joss Whedon

41.  Le Hobbit, un voyage inattendu – Peter Jackson

42.  Blanche neige et le Chasseur – Rupert Sanders

43.  Le Territoire des Loups – Joe Carnahan  6,5

44.  John Carter – Andrew Stanton 5

45.  Les Infidèles – Collectif

46.  Félins – Keith Scholey, Alastair Fothergill

47.  The Expendables 2 – Sylvester Stallone

48.  La Colère des Titans – Jonathan Liebesman

49.  Hunger Games – Gary Ross 4

Envie de noter ces films (ou d'autres) ? Direction le Cinéma Des Blogueurs (ouvert à tous), il ne reste que très peu de temps avant que je ne fasse les comptes et publie le classement 2012 définitif...

Bilans cinéma des années précédentes :

Les films de 2011 

Les films de 2010 

Les films de 2009

Les films de 2008

Les films de 2007

Les films de 2006 

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