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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 16:36

L'Elite de Brooklyn (Brooklyn's Finest) - Antoine Fuqua

 

 

LLITE--1.JPGL'Elite de Brooklyn... une bande de super-flics virils et inflexibles qui font régner l'ordre à Brooklyn ? Non, bien au contraire, il ne s'agit pas de ce genre de nanards ; le titre est ironique (mais certains pourraient s'y tromper, surtout avec sa traduction française). Très loin de ces mauvais films, Brooklyn's Finest n'est pas simplement un bon film policier, c'est un grand film, un superbe "polar crépusculaire" dans la lignée du génial Collateral de Michael Mann, des films de James Gray ou du très sombre Le Prix de la Loyauté.  

 

Trois destins croisés de flics de Brooklyn, mais, à la différence des films d'Inarritu ou, plus récemment, du très réussi Ajami, on n'y observe pas avec quelques distances une "mécanique implacable" où les actions des protagonistes vont, malgré eux, avoir des effets inattendus sur la vie des autres. Antoine Fuqua ne traite pas ses personnages comme des pions sur un échiquier, ne cherche pas à faire le malin avec un clin d'oeil au spectateur histoire de lui dire "admire cette brillante construction", ce qui l'intéresse, c'est avant tout l'humanité de ses (anti-)héros.

 

Un flic dépressif à quelques jours de la retraite, usé par des années à fréquenter ce qu'il y a de plus sordide dans Brooklyn (Richard Gere), un autre infiltré dans un gang et ne sachant plus trop de quel côté il est (Don Cheadle), et un troisième ne voyant plus que la corruption pour subvenir aux besoins de sa famille nombreuse (Ethan Hawke)... a priori, rien de bien original, rien que l'on n'ait déjà vu ou lu des centaines de fois par ailleurs. Mais peu importe, c'est bien pour cela que le style est aussi déterminant en art : selon la façon dont il est traité, le sujet le plus original peut donner naissance au film le plus soporifique, et le sujet le plus banal au film le plus fascinant. Dans Brooklyn's Finest, Antoine Fuqua ne révolutionne certes pas le polar ou le cinéma, mais livre un film d'une telle maîtrise, d'une telle justesse et d'une telle force que l'on ne s'y ennuie pas une seconde. Pas de fusillades spectaculaires et chorégraphiées à la John Woo, ici, lorsqu'une balle est tirée, l'effet est toujours brutal et soudain, et les détonations assourdissantes. Un trio d'acteurs remarquable (on avait oublié que Richard Gere pouvait être un si bon acteur), complété par un Wesley Snipes impeccable en caïd (d'ordinaire plutôt habitué aux navets, le voir si convaincant dans un film de cette qualité est une bonne surprise). 

 

Brooklyn's Finest vs The Wire

 

La référence à The Wire n'est pas seulement pertinente parce que plusieurs seconds rôles du film sont des acteurs de la série, mais bien parce que l'influence de la géniale The Wire est assez patente dans Brooklyn's Finest. Les deux sont habités par une grande mélancolie, des flics touchants et un peu paumés, des voyous "humains" qui ne sont pas uniquement des caricatures de petites frappes bling-bling, et un vrai souci de réalisme. Forcément, Brooklyn's Finest n'atteint pas la complexité d'écriture et le réalisme de The Wire... mais ce qu'il perd de ce point de vue, il le gagne en atmosphères, en puissance dramatique, et dans la réalisation et la beauté visuelle. C'est bien pour cela que l'une est une série, l'autre un film (qu'il faut impérativement voir sur grand écran)... chacun utilisant au mieux les caractéristiques du format qui est le sien. Depuis une dizaine d'années, il est vrai que les séries, en général, se sont montrées beaucoup plus inventives et passionnantes que le cinéma... mais tant qu'il y aura de magnifiques films comme Brooklyn's Finest, qui prennent toute leur dimension sur grand écran, le cinéma continuera à rester une expérience irremplaçable, même lorsqu'il lorgne du côté des séries.

 

En guise de conclusion, mention spéciale à la BO de Marcelo Zarvos, qui accompagne le film à la perfection... et qui ne fait pas "qu'accompagner", d'ailleurs, elle joue un rôle à part entière, apporte au film un souffle, une gravité et un dramatisme peu communs, et le fait baigner dans des climats sombres et envoûtants.

La BO est disponible sur deezer... mais, aussi réussie soit-elle (elle ressemble pas mal par endroits à une BO dont je suis un fan absolu, celle de Crash de Cronenberg) il est certain que de l'écouter sans avoir vu le film ne permet pas de l'apprécier à sa juste valeur (par exemple, ces percussions qui semblent un peu lourdes, parfois, mais qui contribuent à merveille à l'ambiance pesante du film).

 

En écoute : BO Brooklyn's Finest      

 

La fiche du film sur Allocine

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 17:08

Changement dans les extrêmes du classement, un nouveau premier et un nouveau dernier cette semaine : 

 

Polar Bear Peepers 

 

1.  Polar Bear - Peepers  7,5  (6 votes)  (JB)

2.  Stanley Brinks - Hoots  7,3  (17 votes)  (F)

3.  Dillinger Escape Plan - Option Paralysis  7,3  (11 votes)  (HM)

4.  The Whitefield Brothers - Earthology  7,2  (9 votes)  (S)

5.  Liars - Sisteworld  7,1  (14 votes)  (R)

6.  Voice of the Seven Thunders - Voice of the Seven Thunders  7,1  (12 votes)  (R)

7.  Lawrence Arabia - Chant Darling  6,8  (11 votes)  (R)

8.  Autechre - Oversteps  6,8  (11 votes)  (E)

9.  Viol - Welfare Heart  6,7  (12 votes)  (F)

10.  Gil Scott-Heron - I'm New Here   6,6  (14 votes)  (S)

11.  Jose James - Black Magic  6,6  (8 votes)  (S)

12.  Tindersticks - Falling Down a Mountain  6,5  (12 votes)  (R)

13.  B.R.M.C. - Beat the Devil's Tattoo  6,4  (15 votes)  (R)

14.  Fool's Gold - Fool's Gold  6,4  (12 votes)  (R)

15.  Midlake - The Courage of Others  6,4  (16 votes)  (R)

16.  The Very Most - A Year with the Very Most  6,4  (8 votes)  (R)

17.  Shearwater - The Golden Archipelago  6,3  (11 votes)  (R)

18.  Adam Green - Minor Love  6,3  (10 votes)  (F)

19.  Four Tet - There is Love in You  6,2  (11 votes)  (E)

20.  Massive Attack - Heligoland  5,9  (19 votes)  (E)

21.  Spoon - Transference  5,8  (6 votes)  (R)

22.  The Besnard Lakes - Are the roaring Nights  5,7  (13 votes)  (R)

23.  High on Fires - Snakes for the Divine  5,3  (3 votes)  (HM)

(4)

24.  Ringo Starr - Y Not  4,4  (5 votes)  (R)


25.  Fear Factory - Mechanize  4,3  (6 votes)  (HM)

26.  Gorillaz - Plastic Beach  4,3  (14 votes)  (E)

27.  Hot Chip - One Life Stand  4  (6 votes)  (R)

(3)

28.  Vampire Weekend - Contra  3,6  (11 votes)  (R)


29.  Lil'Wayne - Rebirth  3  (4 votes)  (H)


(0)

30.  Slash - Slash  0,9  (4 votes)  (HM)

 

 

 

(F) : Folk, folk-rock

(R) : Rock, pop

(E) : Electro

(H) : Hip-hop

(S) : Soul-funk

(M) : Musiques du monde

(JB) : Jazz, blues

(HM) : Hard, metal

 

Les blogs qui participent au classement

Systool    
Alternative Sound                      

Le Golb   
7and7is     
Classe ou Crasse 
Guic'the old 
Lyle        
Le Chant de la Sirène   
Le Bal des Vauriens   
Arbobo    
Jazz, Blues & co  
Libellus
Rxqueen    
Chroniknroll
Kill Me Sarah

Les Insectes sont nos Amis 
Strategikon
Labosonic
Pop-Hits   
Pyrox         
Circus Circus
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Christian
115th dream    
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The man of Rennes steals our Hearts  
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Between the Lines of Age
Bruxelles-Bangkok-Brasilia 
De la lune on entend tout
The paths of art
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I'll give her melodies
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Pop Revue Express

Popup Monsters

 

 

 

Vous désirez participer ? Les règles sont ici.

 

Si vous souhaitez proposer un album, c'est sur cette page.


A noter cette semaine
:

 

These New Puritans - Hidden (8,5)

 

The Souljazz Orchestra - Rising Sun (8)

 

Efterklang - Magic Chairs (6,5)

 

A Silver Mt Zion - Kollaps Tradixionales (6)

 

Erykah Badu - New Amerykah Part II : Return of the Ankh (5)
 

 

Pour prendre de l'avance sur les prochains disques, vous pouvez consulter mon classement des albums 2010, avec les albums en écoute intégrale pour la plupart.

Classements des blogueurs
2009
2008  2007

  

 

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 16:22

Rivages Rouge, Payot, 2009 (préface de JD Beauvallet) 

 

Manchester-Music-city.jpgLe meilleur argument que je puisse trouver pour vous inciter à lire ce bouquin, c'est que je n'ai jamais vraiment aimé les Buzzcocks, Smiths, Stone Roses, James, Inspiral Carpets, Oasis ; groupes phares de Manchester surévalués à mon goût... pourtant, ce livre m'a passionné (et pas seulement parce qu'il est aussi beaucoup question, évidemment, de Joy Division).

 

Le principe est intéressant, John Robb (auteur et musicien), a recueilli pendant une année les témoignages de tous les principaux acteurs de la scène musicale de Manchester (groupes, producteurs, managers, DJ, journalistes, fans etc... et l'inévitable Tony Wilson, bien entendu) sur chacune des époques qu'ils ont traversées. Par exemple, vous retrouverez tout au long du livre Johnny Marr, qui raconte ses premiers concerts à Manchester lors de la période punk, les disquaires et clubs où il traînait, puis, plus loin, la formation des Smiths, le succès, et à la fin son avis sur les groupes de Manchester plus récents (fans des Smiths, rassurez-vous, Morrissey - comme les autres membres du groupe - s'exprime aussi sur tous ces sujets, mais Johnny Marr est particulièrement loquace). Pour chaque période s'entrecroisent ainsi les récits de tous ceux qui l'ont vécu (de l'intérieur ou de l'extérieur), ce qui permet une lecture "chronologique" où l'on saisit bien l'évolution de la scène musicale de Manchester, avec à chaque fois plusieurs points de vue. Mais ce procédé de "récits croisés" est autant une des grandes forces du livre qu'une de ses limites, car ceux qui ne connaissent rien à cette scène et ne voient pas qui sont des Peter Hook, Howard Devoto, Shaun Ryder, Genesis P. Orridge et autres Ian Brown pourraient être un peu perdus par endroits, et obligés de se rendre chaque fois au "générique de fin" pour savoir à quel groupe appartient celui qui parle (ce n'est précisé que lors de la première intervention de chacun).

 

Les Buzzcocks, Joy Division, New Order, Smiths, Happy Mondays, Stone Roses et Oasis cités sur la couverture ont bien sûr une place de choix dans le livre (ainsi que ces labels et lieux "mythiques" que sont Factory et l'Haçienda, et des événements fondateurs comme le concert des Sex Pistols au Free Trade Hall), mais de Herman's Hermits aux Doves en passant par A Certain Ratio, Magazine, Section 25, The Fall, 808 State, A Guy Called Gerald, Inspiral Carpets, les Charlatans, Chemical Brothers, The Verve , Badly Drawn Boy et tant d'autres, quasiment tous les groupes mancuniens qui ont compté sont présents. Manquent à l'appel... Mark E. Smith (il en est souvent question, mais n'a pas voulu s'exprimer, ce qui n'étonnera personne) et Autechre. Le seul vrai reproche que je pourrais faire au bouquin, c'est justement l'absence d'Autechre. Mais à la décharge de l'auteur, le livre se focalise plus sur la scène rock - même si une bonne partie concerne la scène électro-dance, essentielle pour comprendre "Madchester" - et Autechre est, dans tous les sens du terme, un groupe à part.

 

Un ouvrage dense (480 pages), très réussi, qui montre bien l'évolution de la ville, la genèse aléatoire et amateuriste des groupes rock, la continuité entre les différents artistes mancuniens et comment passer de Joy Division aux Happy Mondays, d'une ville industrielle terne et glauque à la madchester psychédélique et colorée, de l'héroïne à l'ecsta, de Factory à l'Haçienda... et pourtant, il est assez paradoxal de constater que ce qui est la "base" de la musique pop à Manchester dans les 60's, c'est l'intérêt très prononcé de ses habitants pour les musiques noires américaines. Car les Buzzcocks, Joy Division, Smiths, James et autres the Verve seront des groupes typiquement représentatifs d'un "rock anglais blanc", très loin des racines blues et du groove. S'il existe une réelle continuité dans la scène musicale de Manchester, ses racines noires-américaines n'ont pas autant qu'on aurait pu le penser contribué à définir le son de la ville et l'identité de ses groupes phares.

 

Il serait formidable que ce type de bouquins puisse exister pour toutes les grandes villes musicales... car il faut bien entendu que la ville ait eu une certain poids dans l'histoire de la musique pop pour intéresser au-delà de ses frontières. Un Tourcoing, Perpignan ou "Roubaix Music City 1976-1996", pas sûr que ce soit d'un intérêt exceptionnel...     

      

Bref, un livre que je conseille vivement à tous les amateurs d'histoire du rock, même s'ils ne sont pas forcément de grands fans de la scène de Manchester (et s'ils le sont, ils ne peuvent en faire l'économie : Thom et Guic, ce livre est fait pour vous...)

 

Et pour conclure sur une citation d'un des personnages de cette scène, puisque ce sont eux qui ont la parole tout au long du bouquin de Robb : "Le Greater Manchester Council a publié un livre sur la régénération de la ville. Au début, il y a une chronologie qui retrace les événements importants liés à Manchester. La deuxième entrée, c'est la date de l'ouvreture de l'Haçienda. C'est marrant de se dire que la ville a été transformée par une bande de barjots comme Factory, des types qui faisaient leur truc en indépendants, sans l'aide de personne, et qui se sont installés sur Whitworth Street West, dans un quartier où personne n'osait aller. Tout ça, c'est grâce à Rob Gretton et à Tony Wilson." (Ben Kelly, designer)  

 

A lire, en complément : Pourquoi Joy Division ?

 

A écouter, en illustration : Manchester Playlist

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