La situation a beau être dramatique au Japon, j'avoue - humain trop humain - que l'annonce hier du décès de Nate Dogg m'a plus marqué.
Pour commenter sa mort, la phrase cliché la plus évidente serait "Une voix du rap west coast qui disparaît"... sauf que Nate Dogg n'est pas "une voix", mais LA voix du rap de L.A. C'est bien simple, lorsque j'ai commencé à écouter du rap, je pensais que Nate Dogg était le seul rappeur qui savait chanter, puisqu'on ne cessait de le trouver sur les refrains (les "hook"), chez Dr. Dre, Eminem, Snoop Dogg, 2Pac, Xzibit et les autres. Nate Dogg, c'est "le rappeur qui ne rappe pas mais qui chante". Le plus remarquable, c'est qu'il avait une façon de chanter tout à fait personnelle, un chant cool, limpide et posé devenu un des "sons" caractéristiques du G-Funk / Gangsta rap. Jamais d'emphase ou de lyrisme, son chant restait cool en toute occasion, volontiers minimaliste, et se distinguait des traditionnelles voix noires très expressives à la James Brown.
Avec la disparition de Nate Dogg, le rap west coast perd sa voix et un de ses membres "historiques" : Nate Dogg, Snoop Dogg et Warren G sont devenus amis au lycée - Snoop est aussi son cousin - ils ont monté un groupe ensemble, et lorsqu'il les a découvert, le "parrain" Dr. Dre les a pris sous son aile.
L'apport de Nate Dogg (Nathaniel Dwayne Hale de son vrai nom) au rap west coast était original, sa mort précoce l'est tout autant pour un "gangsta rappeur", elle n'est pas due à une overdose, un assassinat ou une fusillade... mais à une attaque cérébrale (une double, même).
Pour lui rendre hommage et le faire mieux connaître, je vous ai concocté une playlist avec ses titres emblématiques, où, pour la plupart, il est en charge du refrain.
On commence par un de mes morceaux de chevet, The Hardest Mutha Fucka's, avec Kurupt... le chant de Nate Dogg y précède le premier couplet de Kurupt, ce qui vous permettra d'identifier sa voix si vous la découvrez. On passe ensuite à un des tous meilleurs titres d'Eminem, Bitch Please II, puis au célèbre Regulate de Warren G et Nate Dogg, qui les a mis tous deux sur le devant de la sène en 1994. Un titre un peu plus hargneux pour continuer, My Name d'Xzibit avec Eminem et Nate Dogg, puis... que de bonnes choses, si vous n'êtes pas allergique au gangsta rap : du 2Pac, Snoop Dogg, Dr. Dre, Notorious B.I.G, The Game, 50 cent, Obie Trice ; des titres où les interventions de Nate sont toujours impeccables :