Vous aussi, vous êtes déjà lassés de la campagne présidentielle avant qu’elle ne commence réellement ? Vous aussi, la perspective d’avoir soit Hollande, soit Sarkozy président jusqu’en 2017, ça vous déprime ?
Heureusement, il nous reste l’art. Quelques grammes de sublime dans un monde médiocre. Le plaisir de l’esthète : fuir la morosité, la lourdeur et la vulgarité du monde en s’abandonnant totalement à des œuvres de génie. Comme le 3° mouvement du premier quatuor de Brahms. Plonger dans ce mouvement, c’est neuf minutes dans un monde sans Sarkozy, Morano, Hollande, Aubry, Mélenchon, Le Pen, Joly, DSK, Coppé… neuf minutes dans un monde de rêve, de finesse et d’élégance. Il n’est pas nécessaire de s’y plonger pour être saisi par la beauté mélodique, mais le plaisir est décuplé lorsque vous lui accordez l’attention qu’il mérite et suivez en même temps les différentes lignes des quatre musiciens. Des mélodies qui s’entrelacent avec une musicalité et une subtilité remarquables.
J’insiste à chaque fois que je vous parle de classique sur le fait d’écouter « attentivement »… car la musique pop habitue à une écoute assez simpliste, avec une mélodie accompagnée par de la rythmique et quelques riffs ou gimmicks simples… du coup, l’oreille paresse, et il faut un minimum d’effort, face à de la musique classique, pour entendre simultanément des thèmes et harmonies nettement plus riches et complexes. Mais ce n’est pas un effort « austère et scolaire » qui vous est demandé, juste un effort d’attention et d’abandon pour retirer un plaisir encore plus grand et des émotions beaucoup plus fortes. Si j’osais, je dirais que, pour le sens auditif, la différence entre la pop et le classique est la même qu’entre la pornographie et l’érotisme…
Il n'est pas toujours évident de trouver les meilleures versions des oeuvres classiques sur Grooveshark, là, par chance, il y a ma favorite, celle du quatuor Amadeus...
Johannes Brahms – Quatuor à cordes n°1 en do mineur, op. 51, 3° mouvement (1873)