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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 15:55

henri_dutilleux.jpgAprès Ray Manzarek il y a quelques jours, c’est au tour d’Henri Dutilleux de nous quitter cette semaine. Honte sur moi, il a fallu qu’il décède pour que j’en parle ici. Je ne manque jamais une occasion de taper sur la musique française (rock, rap, chanson), mais je ne mets même pas en valeur nos vrais grands artistes. Et Dutilleux était de ceux-là, un des plus remarquables compositeurs du XX° siècle.

Pour un compositeur mort à 97 ans, il laisse une œuvre étonnamment succincte. Mais peu importe la quantité lorsqu’on a une telle qualité.

 

 

 

 

La fin du règne de la tonalité dans la musique (enfin, dans la musique dite classique, les musiques populaires sont restées tonales) a entraîné l’apparition de nouvelles écoles, de nouvelles méthodes de composition et de nouveaux systèmes. Parfois passionnants, mais, comme tout système, toujours un peu rigides. Dutilleux, lui, n’était pas un homme de système, de clan, il a toujours tenu à son indépendance et, surtout, à l’indépendance de sa musique. Si le terme n’était pas sujet à controverse (et à des interprétations négatives), on pourrait, afin de mieux aider à cerner l’art de Dutilleux, parler de « musique pure ». Au-delà des modes, des écoles nationales et stylistiques, des cadres préfabriqués, d’une volonté d’imposer un sens extra-musical aux œuvres. Une musique pure, une musique libre :

-          Il est dans la continuité de Debussy, mais on ne peut le réduire à cette filiation, il a son propre style et son propre univers. Une de ses œuvres les plus accessibles et appréciées est la Sonatine pour flûte et piano (1943), mais il était gêné par le succès de cette œuvre très debussyste et « française », lui qui ne voulait pas être rattaché à une école nationale.

Sonatine pour flûte et piano :

 

-          Il a emprunté plusieurs de ses titres d’œuvres à des poèmes, des tableaux… mais il ne croyait pas en la musique « à programme », ou « à message ». Chercher à enfermer la musique dans une signification précise allait à l’encontre de ses conceptions, et on ne saurait lui donner tort. Le plaisir du son plutôt que le confort du sens.

La musique de Dutilleux n’est pas une musique austère, elle est poétique, sensuelle et onirique. Pour autant, ce n’est pas une musique facile et accessible, elle est aussi riche, exigeante et complexe. Mais elle n’est pas autant élitiste que celles de de bon nombre de compositeurs contemporains. Tout auditeur un minimum aventureux, même s’il connaît mal la musique « savante » contemporaine, peut se laisser séduire et emporter par les œuvres de Dutilleux. Une musique qui se vit comme un rêve et demande à ce que l’on s’y abandonne pleinement. Ce n’est pas de la « musique française », de la « musique atonale », mais un univers onirique envoûtant et transcendant…

Trois œuvres de Dutilleux que je vous recommande particulièrement :

Timbres, Espace, Mouvement, pour orchestre ou « la Nuit Etoilée » (1978) (en deux parties) : 

 

Sans doute l’œuvre que je préfère de Dutilleux, difficile de trouver musique plus onirique et même cosmique que celle-là…

Symphonie n°1 (1951)

Sa 2° symphonie est considérée comme sa meilleure, son style y est plus affirmé que dans la première… mais j’ai un grand faible pour cette première symphonie (malgré le sublime Andantino de sa 2°), une de mes symphonies de chevet. Une des symphonies les plus saisissantes du XX° siècle, magistrale de la première à la dernière note :

   

Métaboles, pour orchestre (1964) : 

 

Et si vous en voulez plus – comment ne pas en vouloir plus – vous ne pourrez passer à côté de ses deux autres chefs-d’œuvre que sont sa 2° Symphonie et son Concerto pour Violoncelle « Tout un monde lointain… » (Un magnifique titre d’œuvre, tiré d'un vers du poème La Chevelure de Baudelaire « Tout un monde lointain, absent, presque défunt »)

Dutilleux – Symphonie n°2, « Le Double » (1959) (album comportant aussi Métaboles et Timbres, Espace, Mouvement)

Dutilleux – Tout un Monde Lointain… (1970)

"Tout un monde lointain", peut-être l'expresison qui résume le mieux l'oeuvre de ce très grand compositeur... 

Henri Dutilleux sur Wikipedia

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