1. Présentation
2. L’œuvre échappe à son auteur
3. La cohérence d’un album
La question de la cohérence est sans doute la plus importante lorsqu’on réalise un album… enfin, après la qualité des compos, évidemment. La constance dans la nullité et la médiocrité a beau être une forme de cohérence, elle n’a aucun intérêt…
Quels sont les principaux éléments à prendre en compte pour travailler la cohérence d’un album ? Le son, l’ambiance, le style, l’agencement des morceaux et les textes (ou noms de l’album et des morceaux pour un album instrumental).
Avant le net et l’accès relativement simple à des logiciels de composition, il fallait passer par un ingénieur du son et un producteur pour diffuser au public de la musique enregistrée. Ce qui garantissait (dans le cas d’un producteur intervenant dans la réalisation) une certaine cohérence sonore. Mais maintenant, avec, en outre, le fait que les genres musicaux sont beaucoup plus poreux, et qu’il est fréquent de tomber sur des musiciens mélangeant allègrement des styles très différents les uns des autres, la question de la cohérence est inévitable.
Je ne vais pas rentrer dans des détails théoriques, d’autant plus qu’il n’y a pas de règles strictes et de formules magiques, tout dépend du type d’album que l’on fait… Mais plutôt illustrer cela avec un cas particulier, qui me pose un petit problème.
J’aime beaucoup le 3° morceau que j’ai composé cette année, Diversion. Le premier réalisé sans importer de boucles rythmiques, j’ai tout écrit de A à Z, de la moindre note de piano au moindre coup de caisse claire. Pas de cordes (trop) lyriques non plus, et c’est le seul composé en sachant à l’avance où j’allais. Le problème, c’est qu’il ne colle pas avec les autres.
- L’instrumentation piano-basse-batterie tranche avec mes autres compos, plus électro.
- Le thème de départ n’est pas du tout dans l’esprit de celui des autres morceaux.
- Il est le seul (des 5 morceaux pour l’instant composé) qui n’est pas « atmosphérique ».
Bref, il donnerait l’impression, au sein de l’album, de tomber comme un cheveu sur la soupe. La seule possibilité qu’il me reste pour l’intégrer serait de composer quelques morceaux qui puissent faire office de transition. Non pas de bêtes morceaux de transition, mais des morceaux à part entière qui fassent le lien entre celui-là et les autres, par leur instrumentation et leur style. D’un autre côté, j’aime particulièrement les albums qui ont une identité forte, une ambiance très homogène (cf. The Carapace), beaucoup plus que les albums qui misent avant tout sur la diversification (à quelques exceptions près, le génial White Album des Beatles en tête). Je n’ai donc pas fait de choix définitif, mais je penche plutôt pour l’évincer, et l’utiliser, pourquoi pas, dans un autre album…
Normalement, je devrais vous faire écouter les morceaux de l’album dans cette série d'articles… mais les deux seuls que je vous propose pour l’instant, n’y seront sans doute pas. Vortex (à moins que je le retravaille), et maintenant Diversion.
Ecoutez-le en entier (et fort, si possible), ou ne l’écoutez pas du tout… ne vous arrêtez pas au thème de départ (que je n’aime pas vraiment), il est assez inoffensif et carré, mais c’est voulu, ce qui compte, et ce qui m’a intéressé dans sa composition, c’est la manière dont il évolue.
Je suis bien entendu très curieux d’avoir votre opinion sur ce morceau. Non pas sur sa cohérence au sein de l’album, puisque vous ne disposez pas des autres morceaux pour comparer, mais sur cette question qui me taraude : est-ce qu’il sonne suffisamment « pro » pour figurer sur un véritable album, ou est-ce qu’il donne encore trop l’impression d’être bidouillé par un amateur sur un logiciel (en même temps, je fais avec ce que j’ai, même si l’on peut toujours peaufiner certaines choses). C’est sûr qu’il a un côté « piano mécanique », mais ça ne me gêne pas tant que ça, j’aime bien ce côté « honky-tonk barré » par endroits…
Diversion
(Note à moi-même, bonne stratégie, qui n'était pourtant pas intentionnelle, de faire écouter un morceau pourri - en l'occurence Superstar de Madonna - juste avant une de mes compos...)
(En revanche, mauvaise idée que d'inciter mes lecteurs à écouter le magnifique I will Stand Alone dans l'article précédent... j'ai pas l'air fin, à côté...)