Comme je l’avais annoncé ici, je me suis lancé dans la composition d’un album. Un travail exigeant et prenant qui explique que je sois un peu moins présent sur mon blog ces derniers temps. Mais plutôt que de continuer à bosser seul dans mon coin et vous proposer ensuite le « produit fini », je me suis dit qu’il serait plus intéressant de vous faire le récit de la composition de l’album. Ce qui permettra d’aborder concrètement et « de l’intérieur » nombre de questions musicales, ainsi que de discuter avec vous de mes choix.
Il m’est déjà arrivé de tomber sur des sites d’artistes qui tenaient un petit journal de la genèse de leur album, ce que je trouvais, au mieux, sympathique mais vaguement anecdotique, au pire, mortellement ennuyeux. Du genre :
- Lundi : Aujourd’hui, je suis content, j’ai enfin terminé le 4° morceau, il sonne vraiment pas mal, j’ai hâte de vous le faire découvrir.
- Mardi : Fredo est venu faire un petit solo de trompette sur une de mes nouvelles compos, on s’est bien marré, et le feeling est bien passé.
- Dimanche : Alex est passé chez moi pour jouer des parties de violon sur deux morceaux, on a mangé ensemble, je lui ai fait des pâtes avec une bolognaise, on a commencé à bosser vers 15h, fini vers 17h30, puis on a pris l’apéro en écoutant tous mes titres pour voir s’il n’y avait pas d’autres endroits où l’on aurait pu glisser du violon. Il m’a dit qu’il connaissait aussi un très bon saxophoniste qu’il me présentera. Cool.
- Vendredi : Gros coup de déprime, je ne suis pas sûr d’arriver au bout de l’album, je n’ai pas d’inspiration, ça fait plusieurs jours que je n’ai pas réussi à avancer.
- Mardi : Ca va mieux, Fredo est passé pour qu’on se tape le bœuf, on s’est bien marré, et ça m’a donné de nouvelles idées.
Vous l’aurez compris, pas de ça ici. J’imagine que ça ne vous intéresserait pas, et ça tombe bien, moi non plus. Il s’agira en fait surtout de creuser des questions esthétiques et problèmes compositionnels… Ne fuyez pas, ce n’est pas pour autant que je vais rentrer dans des considérations techniques et théoriques incompréhensibles pour de non-musiciens, il n’y aura pas de « J’ai galéré comme un damné pour trouver un moyen de revenir en la bémol mineur après cette putain de modulation qui m’a conduit en ré dièse, mais j’y suis parvenu par enharmonie avec sol dièse… » Le but ne sera pas d’expliquer comment composer de la musique, comment résoudre de quelconques problèmes harmoniques - ni ternir un journal sur l’avancement des travaux - mais de rentrer en détail dans des questionnements esthétiques (sur la cohérence d’un album, par exemple) et des questions plus pragmatiques (comme celle de la diffusion). Des questions suffisamment vastes pour intéresser tout le monde (enfin, tous les passionnés de musique), et des tentatives de réponses en pratique.
Dans cette série d’articles, je vous livrerai donc quelques titres en illustration, une manière aussi d’avoir vos avis. Travailler seul, sans producteur et sans groupe, c’est très bien, mais à un moment, il faut tout de même un public de connaisseurs à même de juger de la qualité – ou pas – de la musique que l’on souhaite diffuser au public.
Cette série d’articles ajoute une pression supplémentaire, si mon album est une vraie daube (ce qui, après tout, est envisageable), j’aurais l’air con de l’avoir pris comme base pour aborder des questions esthétiques… à moins de composer, volontairement, le pire album possible, pour montrer tout ce qu’il ne faut pas faire… une idée amusante, qui m’est déjà passé par la tête, mais, curieusement, je préfère tenter de sortir un bon album. Espérons que j’y parvienne…