2 février 2010
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18:04
Patrick Zelnik, président du label Naïve, a remis il y a peu un rapport (commandé par le ministère de la culture) sur "l’offre légale de contenus culturels sur Internet et sur la rémunération des créateurs et le financement des industries culturelles". Je ne reviendrai pas dessus, il a été suffisamment critiqué par les internautes et la presse étrangère (notamment parce que Zelnik est un ami de Carla Bruni - elle est signée chez Naïve) mais aussi par le directeur général du SNEP (Syndicat national de l'Edition Phonographique), qui remet en cause son impartialité et son objectivité.
Mais il y a au moins une chose de bien qui ressort de tout ça, Zelnik a en effet déclaré : "Si le téléchargement ou l'écoute légale sur Internet représentaient 30% du marché de la musique, ce serait très bien. Mais ce n'est pas le cas, nous sommes à la traîne de nombreux pays. Ce n'est pas dû qu'au piratage mais aussi à la forte concentration du marché avec quatre majors (Warner Music, Emi, Universal Music, Sony) et peut-être bientôt trois. Cette concentration créée une popérisation de l'offre." (Puisque la législation sur les droits d'auteur m'oblige à citer l'auteur de l'article et de l'interview, je dois donc vous livrer le nom du journaliste de la rubrique économie de l'Express pas foutu d'écrire "paupérisation" correctement, Emmanuel Paquette... l'article est à lire ici)
Et, plus loin, Zelnik dit "La concentration dans l'industrie musicale a tué le disque. On ne va pas faire la même chose dans l'univers numérique."
D'un côté, on se réjouit de voir un patron de gros label accuser frontalement les majors de la crise de l'industrie... de l'autre, ça laisse tout de même un goût amer, parce que les labels indépendants auraient dû le faire beaucoup plus tôt, profiter des nombreux débats publics qui ont eu lieu depuis maintenant une dizaine d'années sur le téléchargement pour fustiger les politiques lamentables des majors, au lieu de leur emboîter servilement le pas et s'attaquer à leurs propres clients.
Je ne vais pas m'attarder, sur le sujet, j'en ai déjà longuement parlé dans l'article : De la responsabilité des Majors dans la crise du disque. Non, le but premier de ce billet est de vous conseiller (que dis-je, vous ordonner !) de lire ce bouquin indispensable, disponible gratuitement en ligne, Confession d'un Pédophile, l'Impossible Filtrage du Web. Ne fuyez pas, il ne s'agit pas du livre glauque d'un pédophile qui vous détaillerait ses pratiques, mais plutôt de commentaires, par un collectif d'auteurs, sur ce livre qui explique comment les acteurs du marché de la pédopornographie se jouent des filtrages et de la censure. Un livre qui se lit assez rapidement, mais qui vous apportera des éléments nécessaires pour comprendre le web ainsi que la nuisance et l'imbécilité des lois (tel Loppsi) qui ont pour but de mieux le "contrôler"...
Sous prétexte de lutter contre ce qui ne peut que tous nous révolter, le gouvernement est sur le point de faire passer une loi aussi stupide que dangereuse... Non pas "dangereuse" seulement parce qu'elle est liberticide, mais parce qu'au fond, comme cela est remarquablement démontré dans le livre, loin d'inquiéter les acteurs du marché de la pédopornographie, elle ne fera que les renforcer... et les aider à mieux faire fructifier leur monstrueux business. Et cela d'autant plus couplé avec Hadopi, car des jeunes qui voudront télécharger le dernier film, jeu vidéo ou album à la mode se retrouveront sur les réseaux cryptés, au beau milieu de pédophiles. On prétend protéger le peuple et les jeunes en particulier de la pédopornographie, et on les envoie dans la gueule du loup... où les pédophiles seront encore plus indétectables, car plus on sera tenté "d'avancer masqué" sur le net et de passer par les réseaux cryptés, plus les pédophiles, terroristes et criminels en tous genres qui les utilisent seront "noyés dans la masse"...
Dans ce livre, vous trouverez les témoignages passionnants (et effrayants) de gens qui, eux, luttent vraiment contre la pédophilie (l'expert Tom Morton, le gendarme Hervé Recoupe) et, pas occasionnellement pour de basses raisons électoralistes. Pour eux, ces lois sont plus une entrave au bon déroulement de leur travail et de leurs enquêtes que de vrais outils pour lutter contre la pédophilie.
Les auteurs de l'ouvrage sont :
Fabrice Epelboin, ReadWriteWeb
Tom Morton, expert auprès des tribunaux anglais
Guillaume Champeau, Numerama
Hervé Recoupe, adjudant enquêteur de la Gendarmerie Nationale
Mathieu Pasquini, InLibroVeritas
Jérémie Zimmermann, La quadrature du net
Préface de Robert Ménard, fondateur de Reporter sans frontières
Hadopi, Loppsi... ce qui est désespérant dans l'histoire, c'est qu'on y retrouve toujours le même processus. On part d'une"bonne intention" (bien sûr qu'il faut lutter de la manière la plus efficace, sévère, intransigeante possible contre cette ignominie qu'est la pédophilie, et bien sûr qu'il faut protéger les artistes), on joue sur la peur, en faisant croire que le net est une zone de non-droit où se trouvent à chaque coin de page web des hordes de pédophiles, hackers, "pirates" qui agissent en toute impunité... on use de démagogie et de clientélisme, on nous fait croire qu'il est possible de "contrôler" tout cela intelligemment, et on nous pond des lois qui, au bout du compte, ont toutes les chances de faire bien plus de mal que de bien. L'enfer est pavé de bonnes intentions...
Enfin, un peu de musique pour conclure sur une note plus légère... avec un titre de circonstance :
Point 7 - Hacker IP Extrait de leur album électro très recommandable, What (Toytronic, 2009)
Le livre en PDF
L'article de Numerama
Mais il y a au moins une chose de bien qui ressort de tout ça, Zelnik a en effet déclaré : "Si le téléchargement ou l'écoute légale sur Internet représentaient 30% du marché de la musique, ce serait très bien. Mais ce n'est pas le cas, nous sommes à la traîne de nombreux pays. Ce n'est pas dû qu'au piratage mais aussi à la forte concentration du marché avec quatre majors (Warner Music, Emi, Universal Music, Sony) et peut-être bientôt trois. Cette concentration créée une popérisation de l'offre." (Puisque la législation sur les droits d'auteur m'oblige à citer l'auteur de l'article et de l'interview, je dois donc vous livrer le nom du journaliste de la rubrique économie de l'Express pas foutu d'écrire "paupérisation" correctement, Emmanuel Paquette... l'article est à lire ici)
Et, plus loin, Zelnik dit "La concentration dans l'industrie musicale a tué le disque. On ne va pas faire la même chose dans l'univers numérique."
D'un côté, on se réjouit de voir un patron de gros label accuser frontalement les majors de la crise de l'industrie... de l'autre, ça laisse tout de même un goût amer, parce que les labels indépendants auraient dû le faire beaucoup plus tôt, profiter des nombreux débats publics qui ont eu lieu depuis maintenant une dizaine d'années sur le téléchargement pour fustiger les politiques lamentables des majors, au lieu de leur emboîter servilement le pas et s'attaquer à leurs propres clients.
Je ne vais pas m'attarder, sur le sujet, j'en ai déjà longuement parlé dans l'article : De la responsabilité des Majors dans la crise du disque. Non, le but premier de ce billet est de vous conseiller (que dis-je, vous ordonner !) de lire ce bouquin indispensable, disponible gratuitement en ligne, Confession d'un Pédophile, l'Impossible Filtrage du Web. Ne fuyez pas, il ne s'agit pas du livre glauque d'un pédophile qui vous détaillerait ses pratiques, mais plutôt de commentaires, par un collectif d'auteurs, sur ce livre qui explique comment les acteurs du marché de la pédopornographie se jouent des filtrages et de la censure. Un livre qui se lit assez rapidement, mais qui vous apportera des éléments nécessaires pour comprendre le web ainsi que la nuisance et l'imbécilité des lois (tel Loppsi) qui ont pour but de mieux le "contrôler"...
Sous prétexte de lutter contre ce qui ne peut que tous nous révolter, le gouvernement est sur le point de faire passer une loi aussi stupide que dangereuse... Non pas "dangereuse" seulement parce qu'elle est liberticide, mais parce qu'au fond, comme cela est remarquablement démontré dans le livre, loin d'inquiéter les acteurs du marché de la pédopornographie, elle ne fera que les renforcer... et les aider à mieux faire fructifier leur monstrueux business. Et cela d'autant plus couplé avec Hadopi, car des jeunes qui voudront télécharger le dernier film, jeu vidéo ou album à la mode se retrouveront sur les réseaux cryptés, au beau milieu de pédophiles. On prétend protéger le peuple et les jeunes en particulier de la pédopornographie, et on les envoie dans la gueule du loup... où les pédophiles seront encore plus indétectables, car plus on sera tenté "d'avancer masqué" sur le net et de passer par les réseaux cryptés, plus les pédophiles, terroristes et criminels en tous genres qui les utilisent seront "noyés dans la masse"...
Dans ce livre, vous trouverez les témoignages passionnants (et effrayants) de gens qui, eux, luttent vraiment contre la pédophilie (l'expert Tom Morton, le gendarme Hervé Recoupe) et, pas occasionnellement pour de basses raisons électoralistes. Pour eux, ces lois sont plus une entrave au bon déroulement de leur travail et de leurs enquêtes que de vrais outils pour lutter contre la pédophilie.
Les auteurs de l'ouvrage sont :
Fabrice Epelboin, ReadWriteWeb
Tom Morton, expert auprès des tribunaux anglais
Guillaume Champeau, Numerama
Hervé Recoupe, adjudant enquêteur de la Gendarmerie Nationale
Mathieu Pasquini, InLibroVeritas
Jérémie Zimmermann, La quadrature du net
Préface de Robert Ménard, fondateur de Reporter sans frontières
Hadopi, Loppsi... ce qui est désespérant dans l'histoire, c'est qu'on y retrouve toujours le même processus. On part d'une"bonne intention" (bien sûr qu'il faut lutter de la manière la plus efficace, sévère, intransigeante possible contre cette ignominie qu'est la pédophilie, et bien sûr qu'il faut protéger les artistes), on joue sur la peur, en faisant croire que le net est une zone de non-droit où se trouvent à chaque coin de page web des hordes de pédophiles, hackers, "pirates" qui agissent en toute impunité... on use de démagogie et de clientélisme, on nous fait croire qu'il est possible de "contrôler" tout cela intelligemment, et on nous pond des lois qui, au bout du compte, ont toutes les chances de faire bien plus de mal que de bien. L'enfer est pavé de bonnes intentions...
Enfin, un peu de musique pour conclure sur une note plus légère... avec un titre de circonstance :
Point 7 - Hacker IP Extrait de leur album électro très recommandable, What (Toytronic, 2009)
Le livre en PDF
L'article de Numerama