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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 10:28

Bedroom Community    02/2010

bjarnason-processions.jpgComment faire de la musique contemporaine en 2010 ? Une musique, d'ailleurs, que l'on ne sait même pas comment appeler... "Contemporaine" ? Au sens propre, Britney Spears, c'est aussi de la musique contemporaine... alors que les oeuvres expérimentales des années 60 ou 70 le sont de moins en moins... "Classique" ? On est loin du véritable style classique, qui, en gros, a duré de 1750 à 1820. Et le terme "classique" est peu adapté pour des oeuvres contemporaines ultra-dissonantes. "Musique savante" ? Les musiques des minimalistes et des postmodernes tel Arvo Pärt sont-elles plus "savantes" que le jazz de Coltrane ou les pièces d'Aphex Twin et Autechre ? Bref, une musique dont la pertinence du nom comme de son existence propre a de quoi laisser dubitatif. Car quelle est la pertinence d'un genre musical issu de la plus illustre des lignées (Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin, Liszt, Wagner, Mahler, Debussy et tant d'autres) mais qui n'intéresse plus qu'une toute petite poignée de spécialistes capables de la comprendre ? Une musique inaudible dans tous les sens du terme, diront les plus sarcastiques...  A quoi bon faire de grandes oeuvres, si on ne les destine qu'à la plus petite frange du public, et si leur impact sur la société est quasi-nul ?

Avant les choses étaient plus simples : il y avait la musique populaire, facile, sans grandes ambitions ni prétentions, et la "musique classique", innovante, riche et complexe. Maintenant, les frontières sont plus floues... non seulement la musique populaire (rock, hip-hop, électro etc...) se targue d'ambitions esthétiques et séduit, par ses artistes les plus intéressants (Radiohead, Dälek, Aphex Twin & co), un public qui se dit exigeant... mais en plus, l'idée de la supériorité d'un "grand art" sur un "art mineur" n'est plus aussi ancrée qu'elle ne l'a été. Comment, donc, faire de la musique contemporaine dans un tel contexte ? Faut-il continuer à avancer, comme le préconisait Adorno, à aller toujours plus loin dans l'innovation sans se soucier des attentes du public... quitte à créer des oeuvres totalement incompréhensibles pour le commun des mortels ? Faut-il, comme l'ont fait les compositeurs néo-classiques (ou postmodernes) revenir en arrière (notamment à la tonalité) et proposer des oeuvres plus agréables, qui empruntent au langage des compositeurs du XVIII°, XIX° et début XX° ? Un public un peu plus vaste peut adhérer, mais là, ce sont les plus pointus des esthètes et mélomanes qui refusent de suivre, et considèrent que l'on tombe dans la régression. Faut-il intégrer des éléments rock, pop, électro ? Avec le risque d'être accusé d'opportunisme, voire de racolage...

Face à ces questionnements, la musique de Daniel Bjarnason, jeune compositeur islandais, est tout simplement une des "propositions musicales" les plus intéressantes de ces dernières années. Il parvient à éviter le racolage (pas de "jolies mélodies" pour toucher la ménagère, ni de batteries rock, chant pop ou sons techno pour appâter un public plus jeune, mais quelques rythmes, notamment dans le premier morceau, inspirés du rock et intelligemment adaptés pour violoncelle), évite aussi la régression (c'est de la musique "moderne", pas du collage d'éléments piqués aux grands maîtres du classique) et les expérimentations des compositeurs les plus radicaux incompréhensibles pour 99,9% de la population. La musique de Bjarnason n'est pas une musique "facile", accessible, mais elle a cette ampleur, ce souffle, qui permettent à des auditeurs pas forcément initiés à tous les arcanes de la musique contemporaine de s'y laisser prendre.

Au fond, Bjarnason reprend les choses là où Bartok les avait laissées. Une musique qui ne caresse pas l'auditeur dans le sens du poil (notamment par sa dureté, ses dissonances), mais ne cède pas au sérialisme intégral ou au "tout atonal". Il y a du Bartok chez Bjarnason... dans l'esprit, la vigueur, mais aussi de manière plus concrète dans l'écriture de certains passages. Par exemple quelques brèves frappes percussives à l'orchestre dans le premier mouvement de la suite "Processions" (In Media Res) qui évoquent ceux de la fameuse partie centrale (martellato) de l'adagio de la monumentale Musique pour Cordes, Percussion et Célesta. Du Bartok dans la deuxième suite, mais aussi du Shostakovitch dans la première (Bow to String), où l'on pense aux quatuors du russe (voire à ceux de Gorecki, même si Bow to String n'est pas un quatuor), notamment au génial 8°, avec ces contrastes où le temps musical s'étire, s'étend, se distend, puis au contraire se resserre, s'accélère... Contrastes extrêmes où l'épure et l'étirement temporel succèdent à des tourbillons sonores, à la plus grande nervosité et aux tensions les plus vives. S'il fallait chercher des influences à l'islandais Bjarnason, elles seraient plutôt du côté des compositeurs des pays de l'Est que des compositeurs nordiques. Et si l'on tient à y trouver des éléments spécifiquement islandais... c'est du côté de la nature qu'il faut se pencher. A l'heure où l'on apprend qu'un volcan sème la panique en Islande, un "désert de glace qui pourrait se transformer en fournaise"... une nature sauvage, mystérieuse, indomptable, le feu et la glace, voilà de quoi la musique de Bjarnason est faite. Alternances entre passages glacées qui vous engourdissent lentement, éruptions sonores et flammes dévorantes et tourbillonnantes qui vous saisissent littéralement. Bjarnason ne craint pas la puissance, le lyrisme, l'intensité dramatique et, osons le mot, l'émotion ("mon dieu, mêler encore musique et émotion dans la musique du XXI° siècle, c'est d'un vulgaire !). On ne s'étonnera pas qu'il ait aussi composé des musiques de films (et, accessoirement, fait quelques arrangements pour ses compatriotes de Sigur Ros).

Comment, donc, nommer cette musique ? De la grande musique, dans tous les sens du terme.

 

 

A lire : 

La chronique de Benjamin F. (avec laquelle je suis loin d'être d'accord... certes, sur les conflits et l'écriture souvent "cinématographique" et dramatique de Bjarnason, tu as parfaitement raison Benjamin... mais comment peux-tu déplorer ces tutti orchestraux et ces masses sonores, qui sont d'ordinaire tellement plus excessives dans une bonne partie de la musique contemporaine, où il faut monter le son à fond pour bien entendre une ligne fébrile de violon, et le baisser de moitié lorsque débarquent sans prévenir de fracassantes explosions orchestrales ? Chez Bjarnason, c'est assez bien pensé pour être écoutable sur albums et pas seulement en concert... et puis Benjamin, mon cher Benjamin, comment peux-tu mettre un tout petit 7 à ce chef-d'oeuvre et des flopées de 8 à tant de disques assez communs de pop, rock, metal ?) (Ceci-dit, il faut lire les chroniques de Benjamin F. Très bien écrites et en général très bien vues... c'est pourquoi je me permets de le critiquer dans ce cas précis, je ne comprends pas vraiment ses réserves...) 

 

Daniel Bjarnason - Processions

 

L'album comporte deux suites en trois mouvements (Bow to String et Processions), une en deux mouvements en bonus track (All sounds to silence come), et la pièce pour harpe et percussion Skelja. L'album est en écoute intégrale (enfin, sauf la suite en bonus-track), avec une très bonne qualité sonore, et je vous recommande particulièrement les deux mouvements qui sont, à mon sens, les plus fascinants de l'album (et, de très loin, les deux meilleurs morceaux de l'année), le premier de Bow to String (Bow To String I: Sorrow Conquers Happiness) et le dernier de Processions (Processions III: Red-Handed) : 

  

 

 

Vous pouvez aussi écouter l'album sur son site, et le commander, c'est par ici : Processions 

Son myspace

 

Track List :


1. Bow To String I: Sorrow Conquers Happiness
2. Bow To String II: Blood To Bones
3. Bow To String III: Air to Breath
4. Processions I: In Medias Res
5. Processions II: Spindrift
6. Processions III: Red-Handed
7. Skelja

8. All sounds to silence come I: listen! 
9. All sounds to silence come II
 

 

Bow to String
Sæunn Þorsteinsdóttir: Cello (or 'an infinite number of cellos')
Valgeir Sigurðsson: Programming on 1st movement, Sorrow conquers happiness

Processions
Iceland Symphony Orchestra
Víkingur Heiðar Ólafsson: Piano
Daníel Bjarnason: Conductor

Skelja
Katie Buckley: Harp
Frank Aarnink: Percussion

 

All sounds to silence come performed by the Ísafold Chamber Orchestra

All music Composed and Conducted by Daníel Bjarnason               

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commentaires

T
<br /> <br /> Hello G.T., je suis en train d'écouter Sui poemi concentrici de Salvatore Sciarrino. Je n'en suis qu'au 1er, mais j'adore. Est-ce grave ? ^^<br /> <br /> <br /> En tout cas, c'est terrifiant et beau !<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> il y a effectivement un lien avec le cinéma, cela m'evoquait le brian tyler de killing room, le jablonsky de texas chainsaw massacre pour le rythme, des bouts de Loduca sur evil dead, calé sur du<br /> romantisme et la dedans il arrive encore a coller des petites mélodies de piano à la mozart, ça part un peu dans tous les sens mais ça se tient, je ne le classerai pas en album du mois ça<br /> s'écoute avec un intérêt plus que poli maintenant est-ce qu'il n'abuse pas des contrastes et des ruptures de styles ... ou en est-ce un exercice ? ceci-dit il a un don pour se faire chevaucher<br /> plusieurs lignes melodiques a priori antagonistes, un combat de tigres et d'elephants pour le plaisir du roi (comme a Hué) oui christophe tu peus me huer bien fort pour le name dropping mais<br /> j'attend toujours ma gâterie<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> J'ai écouté l'album une fois pour le moment. Ca m'a pas mal intrigué, voire scotché par moments. C'est bon signe pour les prochaines écoutes.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> THESHAMAN : ce qui me fait surtout plaisir, c'est de voir que l'on peut, comme toi, sans connaître la musique contemporaine<br /> et sans avoir une grande culture jazz ou classique, arriver à apprécier cet album, pourtant apparemment plutôt diffcile d'accès... Ce qui prouve bien que lorsqu'on est passionné de<br /> musique et qu'on a un minimum de curiosité, on peut parvenir à s'intéresser, aprécier, puis comprendre des musiques qui ne sont pourtant pas notre "culture" de base... <br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> Si ça peut te faire plaisir, ton article a intéressé au moins une personne. Ca me change un peu d'écouter de la musique intelligente, pour une fois. :) J'écoute ça en ce moment, ça me semble<br /> effectivement très intéressant même si j'y capte pas forcément grand chose, n'étant pas un connaisseur en "musique contemporaine" (je suis qu'un con de rockeur bas du front moi). En tout cas, même<br /> sans rien capter je trouve ça tout à fait prenant.<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> THIERRY : Ce sont aussi mes morceaux favoris de l'album, même si je préfère, dans la suite Processions, le 3° mouvement<br /> aux 2 autres... mais d'un cheveu, les 3 sont excellents (et le premier est le plus "bartokien", pas seulement pour ce petit passage qui me fait penser à la Musique pour Cordes, Percussion et<br /> Célesta...) <br /> <br /> <br /> L'analyse "britneyspearsienne", c'est pour quand ? ^^<br /> <br /> <br /> Je vais finir par m'y mettre, un jour... <br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Dur pour moi d'extraire des morceaux "préférés", mais j'ai particulièrement adoré la 1ère partie de Bow To String et la suite complète des<br /> Processions (avec une légère préférence pour la 1).<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> J'avais beaucoup aimé cet album au temps déjà lointain de la chronique de Benji, mais l'avais laissé traîner dans mon dossier des "à réécouter".<br /> <br /> <br /> N'étant pas de "culture classique" (j'aime, sans rien y connaître), je ne m'y étais pas replongé depuis.<br /> <br /> <br /> Je viens en tout cas de le basculer dans mon dossier de mes "TOPS DU TOP 2010".<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Je fonds, je virevolte, c'est fantastique !<br /> <br /> <br /> Merci, Guillaume <br /> <br /> <br /> L'analyse "britneyspearsienne", c'est pour quand ? ^^<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> BENJAMIN : Tant mieux, alors... parce que j'ai un peu hésité à faire ce commentaire, je craignais qu'il soit mal interprété, et<br /> que tu y vois une animosité qui n'existe pas... mais je ne pouvais renvoyer vers ta chronique sans parler de ces "réserves" que je ne partage pas du tout...<br /> <br /> <br /> Quant aux notes... oui, on le fait tous plus ou moins, et il m'arrive aussi de me choquer moi-même^^ en mettant une meilleure note à un album que j'aime bien mais plutôt anecdotique, qu'à un<br /> album qui me touche moins mais dont je reconnais les qualités<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> SUNALEE : excellente initiative, n'hésite pas à me donner le lien quand il y aura un site ou une page web qui y renvoie...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Un projet (Archipels) tentant de rassembler toutes ces musiques est en préparation à la Médiathèque de la communauté française de Belgique. Il sera proposé à différentes médiathèques françaises<br /> et à des musées. Pas encore de site internet (c'est pour bientôt) mais voici un extrait d'un document de présentation:<br /> <br /> <br /> "Archipels : quelles musiques ?<br /> <br /> <br /> Il s'agit en grande partie de musiques "orphelines", isolées dans leur singularité, inclassables, entre classique, expérimentations de la<br /> culture rock, nouvelles musiques improvisées, nouvelles lutheries, toujours sur des frontières...<br /> <br /> <br /> Des compositeurs qui obliquent vers des systèmes pluriculturels et intègrent à leurs écritures des éléments non occidentaux. Des musiciens issus<br /> des scènes non classiques et qui développent des pratiques de plus en plus savantes, hors catégories, laboratoires... Dispersées, considérées isolément, elles peuvent sembler anecdotiques<br /> en-dehors des milieux spécialisés qui s’y intéressent. Elles prennent tout leur sens et apparaissent comme les témoins sonores indispensables de la modernité en étant rassemblées dans un ensemble<br /> qui respecte leur diversité."<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Très bel article ultra-référencé et très pertinent (notamment sur les rapprochements avec Bartok) sur un disque que contrairement aux apparences j'apprécie beaucoup^^ ! Je ne reviens donc pas sur<br /> le fond de l'article avec lequel je suis bien en phase.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sinon je te remercie évidemment pour le lien et pour les compliments (on ne dirait pas comme ça, mais ça me touche vachement de recevoir des éloges d'un mec comme toi^^). Pour ce qui est de<br /> Daniel Bjarnason, j'aime vraiment beaucoup ce disque ("il n’en reste pas moins une grande épopée contemporaine à la fois triste et intense."). C'est juste que chez moi 7 c'est déjà une très bonne<br /> note :) Effectivement il m’arrive de mettre des notes supérieures à des disques artistiquement moins aboutis mais la raison est assez simple : je ne note pas le disque à proprement parlé mais<br /> plus son positionnement par rapport à mon univers. Dans l'idée, un chef d'oeuvre objectif qui ne me touche pas peut avoir une moins bonne note qu'un second couteau qui raisonne chez moi. C'est<br /> pour ça qu'on peut lire des aberrations comme un Fear Factory qui est mieux noté qu'un Stanley Brinks. Je ne veux pas mettre en avant des disques qui sont objectivement considérés comme de grands<br /> disques mais juste des albums qui m’émeuvent. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pour le problème sonore, tu as évidemment raison, et c'est justement pour ça que je n'écoute quasiment jamais de classique chez moi et que ma culture sur la question s'est toujours faîtes en<br /> concert. Est-ce que le fait que ce soit moins gênant que chez les grands légitime les imperfections ? Peut-être. Je trouve juste que ça nuie encore un peu au plaisir d'écoute, même si en<br /> comparaison l'effet est bien atténué. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Enfin tout ça pour dire que je suis d'accord et que ce Daniel Bjarnason est un grand disque ! :)<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> VINCENT : La musique romantique fait partie de la "musique classique" au sens large... mais ça pose un problème de<br /> terme, puisqu'on appelle "style classique" celui qui précède le "style romantique", et, justement, les romantiques ont revendiqué une certaine liberté (voire révolte) face aux règles<br /> classiques... Par commodité, on parle de "musique classique" pour toute la production de musique "savante"... mais le terme n'est pas idéal, considérer Webern ou Stockhausen comme des<br /> compositeurs de "musique classique", c'est un peu étrange...<br /> <br /> <br /> Quant au jazz, il a bien sûr aquis ses lettres de noblesse, tout le monde reconnaît sa complexité... pour autant, peut-on le ranger dans une catégorie "musique savante" ? Le jazz New-Orleans et<br /> une partie du jazz vocal ne collent pas vraiment à cette appellation. Et le terme "musique savante" me dérange, il donne l'impression que ces musiques sont avant tout "intellectuelles", qu'elles<br /> demandent un regard quasi-sicentifique pour être appréciées... alors qu'on peut parfaitement vibrer à l'écoute d'une symphonie de Beethoven, être totalement transporté, séduit, conquis,<br /> sans avoir la moindre idée de ce que sont des accords de fa# mineur, des phases cadentielles, des ponts modulants ou enharmonies... tout comme on peut approcher "l'oeuvre<br /> britneyspearsienne" par l'analyse harmonique (même s'il n'y a pas de quoi écrire des centaines de pages sur le sujet...) <br /> <br /> <br /> Si l'on fait référence avant tout à la création lorsque l'on utilise le terme "musique savante", il n'en reste pas moins qu'il a de quoi rebuter une bonne partie du public qui<br /> a l'impression qu'il faut être soi-même "savant" pour les comprendre...<br /> <br /> <br /> Sinon... Aphex Twin est tout de même là depuis une 20aine d'années... et il est d'ailleurs plutôt bien considéré par les quelques personnes qui le connaissent dans le milieu "classique", par de<br /> jeunes compositeurs, notamment... mais, en effet, il faut que le temps fasse son affaire pour que l'on ait plus de distance pour juger le travail des Aphex Twin, Autechre et Amon<br /> Tobin...  <br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Interessant... Je me souviens avoir lu un article sur la culture islandaise, qui citait lui même un proverbe : "Sur l'île, la moitié de la population écrit les livres que l'autre lit".<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> "On est loin du véritable style classique, qui, en gros, a duré de 1750 à 1820."<br /> <br /> <br /> La mort de Bach et le début du romantisme... Qu'est-ce que cela veut dire au juste ? Pourquoi le romantisme ne rentre pas, aujourd'hui, dans l'appellation de musique classique ?..<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> "Les musiques des minimalistes et des postmodernes tel Arvo Pärt sont-elles plus "savantes" que le<br /> jazz de Coltrane ou les pièces d'Aphex Twin et Autechre ? "<br /> <br /> <br /> Arvo Pärt est clairement d'inspiration classique (je ne sais si le terme est bien choisi !), et son minimalisme ne l'empêche bien sûr pas de rentrer dans la catégorie de musique savante.<br /> Coltrane, je pense, est également un musicien "savant" ; la complexité du jazz est reconnue, aujourd'hui (le simple fait qu'il soit enseigné dans les conservatoires est révélateur, dans une école<br /> avec un nom pareil). En revanche, pour les Aphex Twin, Autechre et autres Amon Tobin, est-ce que ce n'est pas aussi un manque de recul ? Une quinzaine d'année n'est peut-être pas suffisant pour<br /> juger... Effectivement, on ne peut leur dénier une recherche musicale poussée, du point de vue des croisements fusionnels entre rythme et mélodie, sons et notes, mais le flou que tu évoque se<br /> dissipera peut-être avec le temps... Ou s'épaissira ?<br /> <br /> <br /> <br />
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