Rock 2002 - interscope ******
Les années 2000 c'est, dit-on, le grand retour du "rock à guitares". Non pas qu'il ait été absent des années 90, il a même eu son heure de gloire dans la première partie de la décennie avec Nevermind de Nirvana. Mais par la suite, l'électro ou le rock plus complexe et raffiné de Radiohead ont glané tous les honneurs. La question est donc... chez quel groupe des années 2000 peut-on trouver le digne successeur de Nevermind ?
Radiohead ? Excluons-les tout de suite, ils sont hors-catégorie. Radiohead ne fait plus vraiment du rock, mais du... Radiohead. Trop aventureux pour être les représentants d'un genre en particulier.
Les "idoles des jeunes" Placebo et Muse ? Bof... un romantisme adolescent un peu trop indigeste quand on a passé l'âge.
Red Hot Chili Peppers, Foo Fighters ? Si Placebo et Muse s'adressent à l'ado pleurnichard qui est en nous, eux tentent de réveiller l'ado rigolard et crétin. Idéal pour les jeunes skaters californiens amateurs de bières, fêtes, grosses guitares et hymnes rock pas très fin, mais ça reste assez vain.
Coldplay ? Trop pop.
Franz Ferdinand, The Libertines, Bloc Party, Strokes, Arcade Fire ? Il y a du bon chez eux (quoique j'ai un peu de mal à le percevoir chez les Strokes et Libertines). C'est efficace, mais on peut être légèrement agacé par ce côté "hype & arty", par la vénération souvent excessive de magazines rock branchés qui, si on les laissait faire, leur dresserait un autel au panthéon des génies du rock, entre les Beatles, Elvis et Led Zeppelin. Et j'ai le faible de penser qu'une jolie mèche ne vaut pas un bon riff.
Metallica, Kyo, Rolling Stones, U2, Keane, Dream Theater, Evanescence, Indochine, Naast, Plasticines ? Là, on toucherait le fond... ce serait la énième mort du rock, mais de celle-ci pas sûr qu'il s'en remette.
Les White Stripes ? C'est déjà plus crédible. Elephant, comme Nevermind des années 90, ça aurait de la gueule. Mais, vous l'aurez deviné, j'opterais plutôt pour Songs for the Dead des américains Queens of The Stone Age.
Digne successeur de Nevermind, il ne cible pas un public particulier, mais a su conquérir les amateurs de rock de toutes les chapelles. De grosses guitares pour amateurs de rock californiens, des bases de blues-rock teigneux, des mélodies imparables sans être putassières et variétoches, et ce sur chaque titre (tout comme Nevermind, encore une fois), du lyrisme (sans se vautrer dans le pathos adolescent), quelques morceaux particulièrements sombres, violents ou speedés, pour les amateurs de metal ou punk, et une qualité exceptionnelle de l'ensemble, qui a séduit jusqu'aux amateurs de rock indépendant les plus exigeants.
Un album consensuel ? Sûrement pas. Juste un album qui, comme Nevermind, London Calling ou Nevermind the bollocks aligne des titres parfaits avec une furieuse et irrésistible énergie.
Si Nevermind a cet avantage qu'il a plus profondément marqué son époque, Songs for the deaf, plus élaboré et quasiment aussi efficace n'a pas à souffrir la comparaison.
Queens of the Stone Age, c'est avant tout le groupe de Josh Homme (guitare et chant). Avec Nick Olivieri (bassiste, qui l'a suivi dans QOTSA) il était membre de Kyuss, groupe qui, au début des années 90 a fait partie des pionniers du stoner rock (rythmiques, lourdes, répétitives, hypnotiques, qui empruntent au blues et au metal). Pourtant, QOTSA s'éloigne du stoner rock pur et dur (même si on y retrouve quelques rythmiques particulièrement lourdes et les références aux drogues...) Mais les mélodies soignées, la richesse de l'album et la jubilation que suscite son écoute n'ont pas grand chose à voir avec le stoner rock.
Autre lien avec Nirvana... la participation de Dave Grohl (batteur de Nirvana, précision pour ceux qui n'auraient pas écouté de rock dans les années 90). Dave Grohl n'est pas toujours très inspiré avec ses Foo Fighters, mais là, il s'est surpassé. Notons aussi la présence de Mark Lanegan, qui a co-écrit quelques titres avec Josh Homme et chante sur certains morceaux.
Depuis, les QOTSA ont sorti un autre album, l'excellent Lullabies to Paralyze, un peu plus tortueux et sombre que Songs for the Deaf, mais d'une qualité, là aussi, assez exceptionnelle.
Le meilleur moyen pour les découvrir ? Une version live (bon son, même s'il faut monter le volume) de No One Knows, avec Dave Grohl à la batterie, pas là pour faire de la figuration :
Le clip de Go with the Flow, un des morceaux les plus "accrocheurs" de l'album :
Plus violent, deux vidéos lives de titres que je n'aurais pu laisser de côté (avec leur batteur habituel, chaînon manquant entre l'homme et le gorille) :
Hangin' Tree (avec Mark Lanegan au chant)
Queens of The Stone Age - Songs for the deaf
1.You Think I Ain't Worth A Dollar, But I Feel Like A Millionaire
2. No One Knows
3. First It Giveth
4. Songs For The Dead
5. The Sky Is Fallin'
6. Six Shooter
7. Hangin' Tree
8. Go With The Flow
9. Gonna Leave You
10. Do It Again
11. God Is In The Radio
12. Another Love Song
13. A Song For The Deaf
14. Mosquito Song (bonus track)
15. Everybody's Gonna Be Happy (bonus track)
A lire, chroniques de l'album par :
Systool
Klak
Thom
Le Bal des Vauriens
Guic'
Autres chroniques de Queens of the Stone Age ici :
Queens of the Stone Age - River in the Road
PJ Harvey & Josh Homme - Crawl Home
Les meilleurs albums de 2002