Le Révérend Tom Frost, pour la création de son site officiel, me demande de lui écrire une petite biographie… ce que je fais. Mais voilà qu’il m’annonce qu'un "mystérieux inconnu" m'a devancé et qu'il va mettre sa bio sur son site !
Non, vraiment, je ne comprends pas. Je lui avais pourtant concocté une superbe hagiographie, le présentant comme un " grand malade ", " limite suicidaire ", pour lequel " une frange non négligeable des amateurs de musique lui restera toujours impossible à conquérir ". Que demander de plus !
Parce qu’il serait dommage de gâcher une si belle bio, la voici :
Né sur les bords du Mississipi, par un mois d’Août caniculaire, d’un père cheminot et d’une mère femme de ménage, celui qui allait devenir le Révérend Frost a été très jeune remarqué par sa voix dans la chorale Gospel où il officiait…
A l’écoute de son premier album, on se dit qu’il ne peut en être autrement. Et pourtant... on serait très loin de la réalité. La question qui se pose alors est…
Qui est le Révérend Frost ?
Le Révérend Frost est un grand malade. Parce que s’approprier le répertoire blues, rock, country, gospel quand on est un jeune français blanc, faut être limite suicidaire. Pour réussir dans la musique en France, pas beaucoup d’autres choix que de chanter d’une voix mielleuse de la varièt’ bon marché ou sussurer mollement des textes pour trentenaires dépressifs. Complètement à contre-courant, le Révérend reprend de sa voix éraillée, puissante et rageuse, de bons vieux blues. Un grand malade, vous dis-je. Le cauchemar des directeurs marketings des majors. D’autant plus que, malgré son talent, une frange non négligeable des amateurs de musique lui restera toujours impossible à conquérir. Ceux-là même qui aiment que tout soit bien rangé dans de petites cases, que les bluesmen soient des noirs américains miséreux et, si possible, aveugles, ou pensent que la bonne musique tzigane ne peut être faite que par des gitans voleurs de poules vivant dans des roulottes.
Pour autant… le Révérend n’est pas un riche héritier sorti du conservatoire qui décide de se mettre au blues et au rock par caprice et pour tromper l’ennui. Autodidacte, multi instrumentiste (il joue de tous les instruments sur South of Hell, France), les galères et petits concerts dans les bars enfumés, il connaît. Sa passion et sa connaissance des musiques américaines des années 50 et 60 sont bien réelles, comme l’atteste son blog, Spread the Good Word où il fait écouter et découvrir de nombreux musiciens de l’époque. Des fidèles, un peu partout dans le monde, qui viennent s’y recueillir, il en est un qui aura une influence prépondérante. L’histoire est peu banale : le Révérend laisse une de ses reprises sur son blog et un New-Yorkais, tellement impressionné par ce qu’il vient d’entendre, se lance dans la création d'un label pour le produire. La grande classe.
Seul, avec les moyens du bord, et en un temps très bref, le Révérend enregistrera les 10 titres qui composeront son premier album : South of Hell, France. Ce qui aurait été un handicap pour un groupe pop lisse et propret est une force ici. Car sa musique, faite d’intensité, de rugosité et d’urgence s’accommode très bien de telles circonstances d’enregistrement.
Pourtant… sa culture musicale ne se limite pas aux 50’s – 60’s et à l’Amérique. Insatiable boulimique de musique, il écoute tout (mais pas n’importe quoi), et nul doute qu’il aura encore beaucoup à dire et à faire…
Enfin… je continuerais bien volontiers à user de toute ma mauvaise foi, mais je dois m’incliner et reconnaître que l'autre bio, qui vient d’être publiée en anglais sur son site, est bien meilleure que la mienne !
Tout ça pour en arriver maintenant à l'essentiel, l'ouverture de son nouveau site, avec des mp3, articles (et même un forum ! ! !) etc... à l'adresse suivante :
Vous y trouverez aussi le lien pour acheter son album (à un prix dérisoire !) en le commandant aux EU (l’attente est un peu longue) ou en l’achetant directement par Itunes.
Précédent article, sur son premier album, ici.