Slam - Rock - Hip-hop.... 2001 - Columbia ****
Saul Williams n’est pas n’importe qui. Diplômé en théâtre, en langues et en philosophie, poète (il a publié des recueils de poésie), figure de proue du slam, acteur et co-scénariste du film… Slam (caméra d’or à Cannes), militant contre Bush et la guerre en Irak (EP Not in my name). Son univers est donc loin de celui de la plupart des grosses pointures du rap. Pas le genre à poser dans des grosses bagnoles, villas ou jacuzzi avec flingues, chaînes en or et filles peu farouches.
S’il fallait lui trouver une ascendance… il serait plus juste de la chercher du côté de Jim Morrison et Nick Cave (surtout le Nick Cave des années 80). Comme eux, Saul Williams pourrait être qualifié de " Dark Preacher ". Toujours sur le fil, subversif, en quête de transe et de transcendance, mystique, sauvage et… cultivé : les points de rencontre avec ses glorieux aînés sont nombreux et particulièrement frappants (même s’il n’est pas aussi morbide). Saul Williams est fils de pasteur, ce qui explique bien des choses…
Comme son créateur, Amethyst Rock Star ne se laisse pas facilement enfermer ou catégoriser. Le slam évoque inévitablement le rap… mais ce n’est pas vraiment du rap. L’instrumentation est plutôt rock (basse, batterie, guitares saturées)… mais ce n’est pas vraiment du rock. Des sons électroniques très présents sur certains morceaux… mais ce n’est pas de l’électro. De l’originalité et de l’expérimentation… mais ce n’est pas de la musique expérimentale. Amethyst Rock Star, c’est un peu tout ça… mais aussi autre chose (ce qui veut tout dire, et ne rien dire du tout…)
S’il fallait le définir, le présenter comme " un grand album intense, incantatoire, sombre et aventureux " serait sans doute mieux adapté que de le réduire à un mélange de styles divers et variés. Si les titres sont quasiment tous très bons, il ne faut pas s’arrêter au premier, mais passer très vite au second, l’excellent Penny for a thought. Et surtout ne pas rater l’apocalyptique Coded language…
Parce que je ne peux m’empêcher de faire des comparaisons avec ce qui sort chez nous, deux mots sur " Grand corps malade ", dont on parle beaucoup actuellement et qui fait découvrir le slam au " grand public " français. Ses textes ne sont pas mauvais, plus soignés que ce qu’on a l’habitude d’entendre dans la chanson, mais on est très loin de la puissance évocatrice et de l’urgence de Saul Williams. Ajoutons que Grand Corps Malade est tout fier de s’être vu demander un texte par Johnny Hallyday… un artiste honnête y verrait plutôt matière à se remettre en question et se radicaliser…
Saul Williams a sorti un 2° album depuis, plutôt réussi, mais tout de même moins original et fascinant (malgré quelques très bons morceaux) que le remarquable Amethyst Rock Star.
01. lalala
02. penny for a thought
03. robeson
04. tao of now
05. fearless
06. untimely meditations
07. om nia merican
08. 1987
09. coded language
10. our father
11. wine