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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 22:03

Suite à l'excellent article de Ska sur le polémique clip de Justice, Stress, j'ai décidé d'y aller moi aussi de mon commentaire. Le paradoxe, c'est que je ne comptais pas alimenter cette polémique alors que le visionnage de cette vidéo m'a laissé plutôt perplexe... je partage le ressenti assez général, que l'on retrouve dans les commentaires de l'article de Ska, trouvant qu'il y a quelque chose d'assez désagréable et méprisable dans cette utilisation caricaturale de la violence de jeunes de banlieues... pourtant, je ne suis pas d'accord avec la plupart des arguments que je lis contre ce clip, et c'est pourquoi je choisis, malgré tout, de le défendre.

Tout d'abord, pour ceux qui ne le connaissent pas et veulent se faire leur propre opinion avant de lire la suite, voici l'objet du délit :
 



- Alimenter des tensions, susciter la violence, pour que Justice vende sa musique et sa marque de fringues, c'est lamentable.

Je suis entièrement d'accord (ça part mal, pour les défendre). Mais, à côté de cela, combien de groupes ont flatté les "bas instincts", joué sur la violence, la provoc', pour vendre leurs musiques ? 

Les Stones se sont bien fabriqués une image de mauvais garçons, par opposition aux Beatles, et parce que c'était "vendeur"... et ont ainsi influencé la jeunesse de l'époque...

Les mouvements rock, hard, punk, rap, électro, sont des mouvements qui ont toujours eu à voir avec la rébellion, la provoc, des musiques destinées au "défoulement" des frustrations, défoulement souvent "bête et méchant".
Depuis les origines du rock, les musiciens cherchent à choquer la société, les bonnes moeurs, usant parfois de provoc' facile, et avec des intentions commerciales, souvent... On pense aux Stones, à Mc Laren avec les Sex Pistols, à Manson, à N.W.A., Eminem, 50cent... pour citer les exemples les plus marquants.
Rock, rap & co ne sont pas des mouvements de purs philanthropes humanistes désintéressés...

En faire des tonnes dans la provoc' pour vendre et se faire remarquer, c'est monnaie courante dans le rock et le rap, Justice ne sont pas les premiers, ni les derniers... de plus, il faut tout de même leur accorder une vraie prise de risque, leur énorme tube D.A.N.C.E. leur a ouvert un vaste public international... et avec cette nouvelle vidéo - et ce morceau particulièrement sombre - ils font tout pour rebuter le grand public.   

- Ce clip donne du grain à moudre à l'extrême-droite et aux sarkozystes, il présente la même image des jeunes de banlieues que eux font passer auprès de la population.

C'est vrai...  si on se met dans la tête d'un sarkozyste ou d'un type d'extrême-droite, on voit bien que c'est de nature à alimenter leurs fantasmes sur les jeunes de banlieues "tous des sauvages, inintégrables et ingérables, des dangers pour la société"...

Mais... ils n'ont pas attendu ce clip pour présenter cette image "déplorable" et se convaincre de cela, il leur suffit d'avoir entendu les paroles de titres de rap et d'être tombé sur les clips ! Et pas seulement dans le gangsta-rap. Les Roots, groupe de rap bien plus subtil et modéré que la moyenne, qui ne joue d'ordinaire pas sur les clichés "gangsta" et critique même les discours tendancieux que l'on trouve chez bon nombre de rappeurs... les Roots, justement, viennent de sortir un clip qui n'a pas grand chose à envier à celui de Justice de ce point de vue. A voir non seulement pour l'exemple, mais aussi parce que c'est un excellent morceau de rap, le meilleur et plus intense que j'ai entendu cette année :



Dans un autre genre, le Wu-Tang Clan... pas du gangsta-rap, et pourtant, mettez-vous 2 minutes dans la tête d'un mec d'extrême-droite (ou de quiconque ayant pas mal de préjugés sur les noirs, jeunes de banlieues, immigrés etc...) et regardez leur fameux Wu-Tang Clan ain't nuthing ta f' wit (un de mes titres préférés tous genres confondus) :




Que voulez-vous penser d'autre, de ce point de vue, que : "ce sont des sauvages et des dangers pour la société"... Mais c'est aussi l'image que souhaitent donner cette jeunesse des quartiers, une manière d'incarner ce qui fait peur pour renverser symboliquement le processus de domination, ce que j'expliquais dans mon analyse de Wolves du même Wu-Tang Clan. 

Il y aurait des centaines de clips de rap qui auraient fait aussi bien l'affaire, qui ont de quoi rebuter radicalement les xénophobes, racistes, et les conforter dans leurs opinions. Et alors ? Le rap, le rock, l'électro n'ont pas vocation à remplacer l'éducation nationale ou les institutions, ce sont des cris de révolte, du défoulement, de la contestation, de la provocation.

- Il n'y a pas de propos "intelligent", pas de nuances.

Il n'y en a pas plus dans bon nombre de morceaux rock et hip-hop. 
Entre Bono et Sid Vicious, le rock a choisi son camp, depuis longtemps. Suffit de lire des blogs de rock pour constater que U2 est un des groupes les plus détestés, moqués, et les Sex Pistols un des plus respectés. Pourtant, on a de quoi être totalement d'accord avec Bono : oui, il faut sauver la forêt amazonienne, aider l'Afrique... et trouver malsain et crétin de voir Sid Vicious affublé d'une croix gammée. Mais cette échelle de valeurs ne fonctionne pas dans le rock, les sermons de Bono sont emmerdants, et les provoc' de Sid Vicious sont rock'n'roll...  
Certes, des Dylan et des Springsteen ont su, eux, écrire des textes politisés, responsables, intelligents,sensibles... mais ils sont des exceptions, ce n'est pas l'essence du rock que de suivre cette voie casse-gueule.
Vous imagineriez Jim Morrison, Hendrix, Joplin, après une vie saine et raisonnable, discuter aujourd'hui politique intérieure américaine autour d'un thé vert (du commerce équitable, bien sûr) ?

Ce qu'on attend du rock ou du rap, c'est que ça cogne, ça groove, de se prendre des claques, pas des leçons de morale. Avoir l'impression, lorsqu'on écoute du rock, d'entendre un discours de Ségolène Royal, c'est chiant... 

Sincèrement... ça intéresse quelqu'un du rap modéré et poli, avec un texte du genre :

Hier, j'ai croisé un flic qui m'a légèrement importuné,
Il a quelque peu abusé de son pouvoir,
Mais pour autant, ne les mettons pas tous dans le même panier
La plupart font juste leur devoir
Leur vie est pas toujours facile non plus
Mes frères, ne faisons pas d'amalgames
Il faut que le respect règne dans nos rues
Ceci afin d'éviter de bien tristes drames

Amis policiers, serrons-nous la main
Que cela augure de joyeux lendemains    

Je le laisse à votre disposition, libre de droits, à condition que vous m'indiquiez le nom de votre groupe, que je ne l'écoute jamais...

- Justice n'a pas de légitimité

On peut comprendre qu'un groupe de rap de jeunes de quartiers défavorisés ait "la haine", crie sa révolte, ses frustrations, provoque... Par contre, des versaillais qui font de l'électro... sûr qu'ils semblent pas les mieux placés pour traiter de ce sujet. Pourtant, s'il est normal de se demander pourquoi Justice a choisi un tel clip, il n'y a pas lieu de leur refuser le droit de s'emparer de ce phénomène. Sinon, on n'aurait pas le droit de faire du blues si l'on n'est pas noir américain, de faire du rap si l'on ne vient pas d'un ghetto... chacun resterait enfermé dans sa petite niche, et ce serait assez pathétique (dans les commentaires de son article, Ska démonte assez bien cet argument).  

- C'est un très mauvais exemple, ça pourrait influencer les jeunes, les pousser à l'acte...

Les mauvais exemples, qui ont influencé la jeunesse, ils sont légions dans le rock et le rap, même parmi les plus illustres.
Des jeunes qui se sont pris pour Jim Morrison, jouant les équilibristes sous LSD sur la rambarde du balcon, au 5° étage... des fanas de Syd Barrett tombés dans le même état que leur idole... des fans de gangsta-rap qui ont voulu faire comme les stars du genre... des amateurs de black metal qui se lancent dans le satanisme, qui profanent des cimetières... des types devenus fous qui ont découpé toute leur famille parce qu'ils n'en pouvaient plus de leur fille mettant du Lorie à fond (bon, ça, c'est autre chose).
On pourrait  aussi reparler du fameux massacre de Columbine, par un fan qui s'est dit influencé par Marilyn Manson.

L'argument de la "mauvaise influence" a été très souvent utilisé, aux Etats-Unis, par des associations chrétiennes, des gens de droite et d'extrême-droite, depuis les tous débuts du rock... musique satanique, qui pervertit la jeunesse avec ses rythmes trop rapides et ses paroles provocantes. Et le rock ayant toujours eu à coeur d'aller chaque fois plus loin dans la provoc', les puritains ont toujours trouvé de bonnes raisons pour se scandaliser : paroles qui poussent au suicide ou à la violence, apologie de la drogue et des moeurs "dissolues", références sataniques dans le hard, anti-christianisme etc, etc...    

D'un côté, tout cela est ridicule et mensonger, car cette influence est très limitée... des milliers de jeunes ont écouté et aimé Necrophiliac de Slayer, ils ne sont pas devenus nécrophiles pour autant.
Ceux qui en viennent à des actes délictueux, criminels, après avoir écouté tel ou tel groupe... ont de
toute façon un problème et auraient d'une manière ou d'une autre basculé dans le "côté obscur". 
Mais on ne peut se cacher derrière cette évidence et faire comme s'il n'y avait aucune influence. L'adolescence est un âge critique, on se cherche, on s'identifie à des modèles... qui sont souvent des stars du rock, du rap.
Mais la liberté de création, d'expression, est aussi à ce prix, savoir que des gens influençables risquent de confondre fiction et réalité, expression artistique et manifeste politique... Ce n'est pas aux artistes de se substituer aux parents, institutions, politiques...

De plus, Justice n'est sûrement pas un groupe qui a une forte influence chez les jeunes de banlieues... ceux qui pensent qu'il faudrait censurer cette vidéo à cause de sa "mauvaise influence" (Justice ne veut de toute façon pas qu'il soit diffusé à la télé), devraient avant tout demander à ce que l'on interdise Scarface, bien plus "influent" auprès des jeunes de quartiers, un modèle beaucoup plus fort... mais si on commence par là, faudra ensuite s'occuper de pas mal de titres de rap, de rock... et la censure d'oeuvres qui ont une mauvaise influence, ça nous ramène tout de même aux politiques culturelles de Staline et Hitler...   

- Il n'y a pas de "point de vue"

C'est une des critiques les plus pertinentes... parce que l'art, ce n'est pas du "réel à l'état brut", c'est un propos, une métaphore, une vision. Rien de tel ici, on ne sait absolument pas ce que veulent signifier Justice. Si encore il y avait des paroles... certes, il y a un titre, et l'on peut interpréter les images comme l'incarnation de ce qui angoisse et "stresse" le plus une partie de la société française, cette peur - parfois irraisonnée et raciste - des jeunes de banlieues, ou le "stress" de ces jeunes qui ont l'impression de vivre dans une société hostile, sans perspectives d'avenir, et expriment leurs frustrations par le biais de cette violence.

Que le spectateur se sente autant perdu devant ces images sans message, ça me semble tout de même intéressant. On vit dans un monde et une société où l'on voudrait tout expliquer, comprendre, décrypter, où chacun, sur le net, y va de son commentaire sur n'importe quel sujet (forums, blogs) puisque tout le monde se sent autorisé à donner son avis sur tout (et surtout ce clip, comme je le fais ici). Le problème de la délinquance dans les banlieues est un des plus discutés, peut-être le plus sensible en France actuellement... Alors proposer des images choquantes, très réalistes qui touchent au coeur de la peur la plus forte d'une partie de la population, sans le moindre point de vue, ce n'est pas inintéressant.

Ce clip, s'il a un mérite, c'est d'être un des moins consensuels qui soit. Il a de quoi choquer tous les gens de gauche "c'est scandaleux, ce n'est pas que ça, les jeunes de banlieues"... mais en mettant de côté cette bonne conscience de gauche, faut bien avouer que c'est aussi ça, il y a une attirance pour la violence gratuite qui n'est pas négligeable... "l'angélisme de gauche", cette politique de l'autruche sur des questions qui angoissent beaucoup de français, c'est aussi une des raisons de l'échec récurrent de la gauche depuis les années 90. Et de quoi choquer tout autant les sarko-lepénistes car, même si cela peut les conforter dans certains préjugés, le clip met en scène leur "cauchemar", il a un effet repoussoir et je doute que beaucoup puissent regarder la vidéo en entier. 

Alors quand on voit le nombre de gens qui ont de quoi être choqués par ce clip, même parmi des fans de rock et rap qui en ont vu, eux, des provocations outrancières... on a quelque part envie de leur dire "vous avez tout de même vraiment réussi un truc, là..."

  
Les explications moyennement convaincantes de Justice,
ici.

Wolves , du Wu-Tang Clan

L'article de Ska

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commentaires

G
<br /> <br /> PIETRO : Pour le Wu-Tang, c'est assez simple, il faut écouter en priorité leurs deux premiers albums :<br /> <br /> <br /> Enter the Wu-tang 36 chambers<br /> <br /> <br /> Wu-Tang forever<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce sont leurs deux grands albums, indiscutablement. Quant aux albums solos des membres du groupe, il y en a des tas, souvent inégaux, mais si je devais en conseiller 2 :<br /> <br /> <br /> Raekwon - Only Built 4 Cuban Linx<br /> <br /> <br /> GZA - Liquid Swords<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Bonjour G.T,<br /> <br /> <br /> J'aimerai avoir quelques conseils discographiques concernant le Wu Tang Clan. Quel est ou quels sont leurs meilleurs albums?<br /> <br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br />
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G
LYRIANN : Sans être fana de leur musique, je la trouve tout de même efficace et prenante...
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L
Très intéressant et musique pas du tout attachante...
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G
FYD : (tu permets que je t'appelle FYD, je suis flemmard^^)... entièrement d'accord avec toi...
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F
Justice, le plus rock des groupes électro.Voici une raison.Vu les réactions qui se sont déchaînées sur le net suite à la mise en ligne de la vidéo, on ne peut qu'affirmer que Justice a parfaitement réussi sa mission et compris comment ça marche. Ca quoi ? Nous, les gens. J'ai vu leur DVD, je ne suis pas fan de leur musique, mais j'ai été curieuse de rencontrer leur univers. J'ai adoré. Très Rock n Roll, ça bouge beaucoup, tres provoc, tres sexe, tres alcool, tres drogues. Voilà ce qu'ils aiment. Provoquer. Se donner un genre, peut être, mais surtout choquer. Avant la tecnhique sex drugs rock n roll était très à la mode (elle est restée), aujourd'hui ils innovent. Why not? Ca a marché.
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G
THOM : Désolé de n'avoir pas répondu plus tôt, j'avais loupé ton commentaire... mais bon, rien à ajouter, je suis entièrement d'accord !V. : Merci beaucoup, et à bientôt !
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V
Cette analyse politique de la musique est très intéressante. Et met vraiment en lumière le "contenu" qu'il peut y avoir dans un message musical.Ces sujets sont peu voire pas abordés dans les médias.Donc, vraiment félicitations de souligner ces points !A bientôt 
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T
Arbobo, je suis bien sûr tout à fait d'accord...et évidemment pas du tout d'accord :-)Ma position vaut ce qu'elle vaut, mais pour moi les critères moraux (même sans oeillères) ne s'appliquent pas à des oeuvres comme elles s'appliquent à des individus, du moins pas dans les mêmes proportions.Quant à l'absence de point de vue...j'ai dit ce que j'en pensais plus haut, cela peut tout à fait être un parti pris. Et du reste...je ne suis même pas d'accord, en y réfléchissant bien, sur le fait qu'il n'y aurait pas de point de vue dans ce clip. Il y en a, faussement documentaire (manifestement parodiant les reportages tv), particulièrement noir et radical. Ce qu'il n'y a pas, c'est un message. Ce n'est pas du tout pareil à mon sens...
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G
THOM : Certes, mais ce clip de Chamfort n'a pas autant déchaîné les passions que celui de Justice, je pense...ARBOBO : Je ne vais tout de même pas te censurer et virer ce commentaire, alors que je ne censure pas le clip de Justice :-)Et ce n'est pas du tout hors-sujet... j'entends bien ce que tu dis, je pense pareil sur de nombreux points... mais il n'empêche que je trouve le point de vue de "l'absence de point de vue" intéressant dans ce clip...The CIVIL SERVANT : De la distanciation et de la morgue, Morrison en avait (pour l'élégance, ça dépend de ce qu'on entend par là)... mais bon, on ne va pas rentrer dans ce débat, j'y reviendrai dans mon article sur Morrison...
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T
Par rapport à ce qu'en dit Thom, il me semble que pour être rock'n'roll, il faut un minimum de distanciation et d'élégance, voire de morgue. Toute qualité dont je ne doterai pas Morrisson (qui en avait d'autres).Dans ce truc de Justice je les cherche. Alors qu'Iggy à poil chez Mourousi, je les vois tout de suite, pareil pour Cash (cf. mon post plus haut) et bien d'autres.Non je persiste à penser qu'il s'agit d'un exercice vain d'un combo dont la musique me fait par ailleurs l'effet d'une tronçonneuse hoquetante et mal réglée.
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A
perso j'assume les mots "morale" et "idéologie" (pris dans son sens large de conceptions politiques ordonnées, pas au sens d'oeillères, bien sûr).quand certains (pas moi) parlent d'incitation au racisme, c'est évidemment une condamnation morale.mon point de vue moral à moi, c'est de dénoncer d'une part la lacheté des 2 gars, d'autre part leur mélange de mercantilisme forcené (ils vendent le blouson siglé en question) et de jouissance sadique.Ce que je déteste chez sorel, tout gaucho que je suis (que j'étais?), je le déteste aussi chez certains artistes et non-artistes. Mon point de vue moral et idéologique, c'est de lutter contre une valorisation de la violence comme valeur en soi.Des séries comme Dexter, engrenages, NY unité spéciale, etc., jouent constamment sur la violence, une violence qui me prend aux tripes. Mais sauf exception je n'ai jamais de colère morale contre ça. Quant-à la provo, là aussi j'ai une position morale. Provoquer pour provoquer c'est de l'hypocrisie, c'est faire du commerce (de la comm) à bon compte, et tenir un discours sans l'assumer. Toutes les provos ne se valent pas, elles ont des contenus différents, dire "c'est provocateur" ça ne nous en dit pas tellement. Parler de racisme anti-blancs, c'est de la provo, vivre à la campagne en antispéciste bio c'est de la provo, se shooter en public c'est de la provo,  faire une action anti-pub c'est encore de la provo. Toutes ont un contenu différent.De 1968 on n'a retenu, apapremment, qu'une valorisation de la provo en soi. Or l'important était la révolte contre un ordre oppressant, une révolte contre la domination. Idem dans le port des vestes militaires : c'était directement lié au fait, aux EU et en Allemagne, à l'action pacifiste et à l'insoumission (au sens militaire du terme) de ceux qui brulaient leur feuille de route pour le Vietnam. Aujourd'hui, c'est juste un vêtement folklorique chic.je trouve que trop souvent la provocation, comme le fameux "second degré", sont des notions tronquées, qu'on n'utilise que pour la partie qui nous arrange, en les vidant d eleur sens plein. Et aussi, ce qui est pire, on en fait des talisman, des valeurs en soi censées prevenir et disqualifier la critique de manière aussi caricaturale et fausse que le "fasciste" lancé dans les années 70 à celui qui vous contredisait.bon, je ne parle plus du tout du clip de justice ou des roots ou n'importe quel autre, là :-)GT tu le vires si ça te gonfle ou si c'est trop hors sujet.
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T
Pour Morrison oui, je sais, je tire loin :-)Et pour un autre clip ces dernières années...euh...non. Si : celui où Alain Chamfort renversait des gens dans sa voiture, censuré par le CSA. Tu l'as déjà oublié ? Pourtant on avait vachement parlé (et on rappellera que la passionnata des anti-ce-clip se nommait alors...Ségolène Royal).Sur ce, bonne journée, déjeuner sur Art-Rock - quel bonheur !
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G
THOM : Dieu ne parle pas seulement via les ipod (ne cherchez pas, c'est une private joke), mais aussi via les code anti-spam... parce que là, pour être en phase, on est en phase, je suis 100% d'accord avec tout ça... (à part 2-3 détails, sur lesquels je reviendrais dans un article à venir sur Morrison...) Tu as entièrement raison de pointer du doigt le fait qu'on ne peut pas dire "bof, c'est inintéressant", à partir du moment où tout le monde y va de son commentaire, souvent assez argumenté... il y a des milliers de clips inintéressants, dont tout le monde se fout royalement... et, bien entendu, ils ne donnent pas lieu à autant de discussions, haines, rejets que celui de Justice qui anime tout le web... je ne me souviens pas d'un clip qui ait autant fait parlé ces 5 dernières années. C'est bien la preuve qu'il touche quelque chose d'intéressant... Je suis certain que derrière ce rejet du clip, il y a en grande partie de l'idéologie et de la morale, sauf que personne ne veut utiliser ce "gros mot". 
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T
Intéressant, tout ça... Nina commence : "On ne passe pas à Justice ce qu'on passerait aux Doors" Ama-L dit : "Justice joue sur l'effet de réel, sans rien en faire, sauf<br /> éventuellement se construire une vague image de gars pas gentils. C'est<br /> tout de même assez pathétique, non ? " G.T. répond : "On peut trouver ça pathétique... ou alors rock'n'roll, non ?" Tout est là, non ? Bien sûr que G.T. a raison. Simplement la<br /> définition du rock'n'roll (je parle de l'attitude) s'est<br /> immanquablement déplacée au fil des décennies. On peut trouver cette<br /> forme de subversion stérile et sans intérêt, non constructive et<br /> dépourvue d'esthétique. Mais la zigounette de Jim Morrison, fort jolie<br /> au demeurant, était-elle pourvue du moindre sens esthétique ? Et<br /> celle d'Iggy ? Son absence de point de vue ne vous a jamais choqué ? Et<br /> les fringues multicolores des romantiques au moment de la Bataille<br /> d'Hernani ? C'était quoi leur sens profond - à part de choquer la<br /> bourgeoise ? La vérité, c'est que tant qu'un tel clip provoque des réactions autres<br /> que l'indifférence dont je faisais montre au premier commentaire...ça<br /> signifie que ce genre de subversion n'est pas si vain et stérile que<br /> certains l'affirment (en en faisant 10 pages, pour bien souligner à quel point ce n'est pas intéressant :-)).Ce serait différent de la provoc des Doors, nous<br /> dit Nina ? Au contraire : c'est exactement pareil. C'est même mieux<br /> par plein de côtés (parce que bon, excusez-moi, mais pour provoquer<br /> Morrison ne faisait même pas l'effort de pondre un clip, il se<br /> contentait de s'en foutre plein la gueule et de faire n'importe quoi<br /> sur scène, la plupart du temps sans s'en rendre compte ! C'est même le principal reproche que lui font ses détracteurs). La vraie<br /> différence entre les deux...c'est l'époque, et l'hypermédiatisation<br /> autour. Cette dernière parce qu'elle a le pouvoir (aussi merveilleux<br /> qu'effarant) de changer le moindre pet de Pete Doherty en info de<br /> première main. La première parce qu'elle soumet cette forme de<br /> subversion à un public bien plus blasé et distancié que celui de<br /> 1967-68. Mais dans le fond...tout ça c'est du pareil au même, l'article<br /> de G.T. étant de ce point de vue presque trop tendre avec les orfraies<br /> et leur cris. Il n'y a jamais eu (et il ne devra jamais y avoir) de<br /> limite "morale" à l'art (quelle horreur), d'obligation de défendre un<br /> point de vue ou de passer un message. Cela va bien au-delà du rock.<br /> Quant à l'argument selon lequel il faut avoir du talent pour la<br /> subversion...hum...il me paraît bien fallacieux. Je n'aime pas Justice,<br /> je trouve ça sans intérêt (et jusqu'au commentaire de Nina je me disais<br /> que j'étais bien le seul). Mais je ne considère pas que les mauvais<br /> groupes ont moins droit à l'expression (et donc à la provocation) que les<br /> bons. Accepter ça, ce serait ouvrir la porte à...des trucs auxquels<br /> aucun d'entre nous n'aimerait ouvrir la porte (j'espère). En somme...il est tout à fait possible que les gars de Justice soient<br /> des connards prétentieux. Et alors ? Jim Morrison n'était pas un<br /> connard prétentieux, qui plus est violent avec les femmes ? Ah mais non<br /> - c'était un génie. Rien à voir, on lui pardonnera. Alors que ces gros<br /> nazes de Justice... :-)(code anti-spam... TGT ! Deux fois en une semaine...)
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G
LAIEZZA et CHRISTIAN : Comme disait Baudelaire - provocateur bien plus radical que Justice - :<br /> « La femme est le contraire du Dandy.Donc elle doit faire horreur.La femme a faim et elle veut manger. Soif, et elle veut boire.Elle est en rut et elle veut être foutue.Le beau mérite !La femme est naturelle, c’est-à-dire abominable.Aussi est-elle toujours vulgaire, c’est-à-dire le contraire du Dandy. »NINA : Je ne trouve pas du tout que Justice soit un "mauvais groupe", et ce morceau me plait beaucoup... il n'y a que leur tube D.A.N.C.E. que je ne supporte pas...Et on ne passait pas tant de choses que ça aux Doors à l'époque, ils "défrayaient la chronique" plus que Justice maintenant...AMA-L : Justice joue sur l'effet de réel, sans rien en faire, sauf éventuellement se construire une vague image de gars pas gentils. C'est tout de même assez pathétique, non ? On peut trouver ça pathétique... ou alors rock'n'roll, non ?Les jeux dont tu parles... ne font sans doute pas des tordus en puissance. Pas plus que de voir ce clip nous pousse à la violence...  Par contre, plus j'y pense, plus ce clip me semble tout de même proposer "un point de vue"... je ne crois pas que ce soit le manque de point de vue qui choque, mais le manque de "morale". Le fait qu'ils prennent un sujet sensible sans nous prendre par la main, sans nous dire "voilà ce qu'il faut en penser"... ce que je presiste à trouver quelque part pas inintéressant.
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A
En tant que fille la polémique m'intéresse :-) mais j'en avais déjà causé chez Ska...Cela dit, je rejoins Arbobo sur un point qui me semble essentiel : les mômes sont siglés Justice. Du coup, je finis par me demander si le but de ce clip n'est pas de dire "Justice balance un morceau qui joue gratuitement sur la violence et fait peur au pékin moyen" - ce qui est tout de même un peu fort de café.Tes arguments n'y font rien, G.T., je persiste à penser que cette vidéo est vaine et ne propose aucun point de vue.GTA IV, qui est un jeu, se pose clairement dans la fiction. Je ne suis pas fana de ce genre de gameplay (ou plutôt je suis nulle) mais en tant qu'accro aux jeux de Sokal par ex, auxquels j'ai joués avec le même bonheur que devant certains longs métrages (et j'ai même versé ma larme à la fin de Sybéria, pour tout avouer), je comprends qu'on s'y plonge, qu'on aime ça et que ça ne fasse pas des joueurs des tordus en puissance.Justice joue sur l'effet de réel, sans rien en faire, sauf éventuellement se construire une vague image de gars pas gentils. C'est tout de même assez pathétique, non ?
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N
Non mais le problème de ce clip reste que le groupe est fondamentalement mauvais. On ne passe pas à Justice ce qu'on passerait aux Doors, tout simplement parce que Justice est mauvais, et que personnellement, ce groupe m'intéresse moins que the Doors. Tout le monde ne peut pas être subversif, il faut un peu de talent pour ça. 
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L
Mais si ! Nous l'avons juste vendue au Diable, nuance :)
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C
La réponse a déja été faite par Vincent Amalric à Catherine Deneuve, dans le film "Roi & Reines", justifiant ainsi son refus d'être soigné par une psy de sexe féminin :"C'est parce que les femmes n'ont pas d'âme..."
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L
Je ne sais pas si tu verses toujours dans la sociologie des blogs, mais tu noteras que les filles, non seulement elles notent plus gentiment, mais en plus, elles n'ont rien à faire de ce genre de polémiques. Tu crois que c'est typiquement masculin ? ;)
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G
CIVIL SERVANT : merci à toi de participer de brillante manière à cet échange !Je suis assez d'accord avec toi et avec CHRISTIAN, tout ce que vous dites est très juste... et pourtant, je ne sais pas trop pourquoi, je persiste à trouver ce clip pas si inintéressant...THOM : Bien vu ! :-)BOB HARRIS : Euh... merci de me faire confiance :-)
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C
Bah le clip des Roots est violent, mais il a de la distance. Rien à voir avec Justice. Quand à "Orange Mécanique", que dire de plus : distance, second degré, projet artistique, talent, fiction, oeuvre littéraire, musique...Et comme je suis un vieux con, la célèbre phrase de Godard "le travelling est une affaire de morale" a pour moi du sens. Puisqu'on en est aux références (quand je pense qu'on cite même Wiseman en parlant de ce clip !), la violence ne me dérange pas quand elle est filmée comme dans "C'est arrivé près de chez vous" ou même "Funny Games" égratigné par Ska. Distance, point de vue, second degré, interrogation : l'image a un sens. Et la violence, c'est comme le cul, ça existe alors pourquoi pas le filmer ?Dans le clip de justice, le sens je ne suis pas sur de le comprendre : je trouve ça malsain. Je n'aime pas ces types avec ce logo dans le dos, et je n'aime pas que l'on m'impose ça.J'ai vu plusieurs fois "Salo, ou les 120 jours de Sodome", des milliards de fois bien plus violent et insoutenable. Mais voilà, chez Pasolini, comme chez Sade, rien n'est gratuit ! Et de toute façon la musique n'a pas besoin d'images, elles sont déjà là, dans nos têtes. Les clip sont presque toujours des pléonasmes musicaux, une mise en boite comme une autre pour mieux vendre. Je ne garde que deux bons souvenirs de clips : "Russian" de Sting, et "Sing 'O' The Times" de Prince.
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B
je n'ai pas vu le clip ms je partage entièrement l'avis de GT...
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T
Personne ne tombe sur les Roots ? Oui mais bon : ils sont blacks et américains. Donc c'est normal :-)
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T
Merci à The Civil Servant de réussir à trouver les mots correspondant à ma pensée concernant ce type de démarche pseudo-artistique. J'ai finalement regardé le clip. J'aurais dû (à nouveau) m'abstenir. J'aimerais savoir ce que pense Costa-Gavras (le vrai ...) de tout cela.
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T
Bonjour GT, bonjour à tous les autres que je connais ou ne connais pas. Putain ici c'est plus fort que l'emission culturelle sur la 3 après Marie Drucker. C'est une plaisanterie, mais à peine en fait. Je ne connais pas beaucoup de blogs où on échange des arguments d'une telle pertinence et, ce qui ne gâte rien, dans des messages écrits en un agréable français. J'ai regardé le clip, lu les explications vasouillardes de Justice et au bout du compte je me rangerais du coté de ceux qui considèrent ça nul, voire pire encore : vain (au sens de vanité).Je trouve en effet que cette démarche trahit une incroyable vanité de la part de ses auteurs, celle d'imaginer qu'ils représentent (mettent en représentation, comme au théatre) quelque chose en filmant des similis frappes de banlieues. Représenter supposerait qu'il y ait des personnages (soit donc des personnes, des personnalités) en mouvement. Or nous n'observons dans ces images que du vide, des ectoplasmes en guise d'acteurs.Ou alors ce n'est pas un film, c'est un documentaire (monté bien sur) et la vanité laisse alors la place à la crétinerie, celle d'imaginer que ce "documentaire" aurait plus de puissance anxiogène pour qui le regarde que n'importe quel panouille du Droit de Savoir de Charles Villeneuve.En fait, soit ils ont fait preuve d'une grosse dose de prétention en croyant mettre en scène, soir d'une forte part d'ineptie en jouant aux docu-menteurs.Tiens, juste pour conclure, quelqu'un, un peu plus haut, évoque Johnny Cash. Remember "I shot a man in Reno, just to watch him die", ça ça met vraiment les boules quand c'est chanté à Saint Quentin. Je ne me serais approché de Cash que prudemment je crois si j'avais été amené à le rencontrer.Mais vraiment un réel plaisir intellectuel que de venir ici.
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G
ARBOBO  : En fait... je n'ai pas l'impression d'y voir plus clair, je suis toujours autant perplexe, impossible pour moi d'avoir un avis vraiment tranché sur la question...Sinon, je n'ai pas vu ce documentaire... je dirais bien "ça a l'air intéressant, faut que je trouve ça", mais 4h, c'est vraiment trop long... :-)
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A
tiens, sur le "point de vue", je pense aux documentaires fleuve de fred wiseman, j'ai été scotché par "welfare", près de 4 heures dans un "project" pourri (équivalent de nos "cités"), où sans le moindre commentaire on a une pluralité de points de vue, on les intègre tous tour à tour.incroyable et passionnant :-)
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A
uh uh uh je me suis un peu lâché ^^message après message je trouve que cette discussion nous éclaire de plus en plus, on y voit de plus en plus clair sur les mécanismes, ça me botte bien :-)
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G
THOM : Je ne dis pas que tu dis que je le dis ! (bon, si, en fait, mais je n'ai pas pu m'empêcher de la faire)HD... j'y ai en effet pensé en écrivant cette phrase :-)Sinon... je regrette que personne ne m'ait fait de commentaires sur le clip des Roots (bon, Thom, te sens pas obligé, ce n'est pas toi que je vise, je sais que les clips t'emmerdent)... parce que j'aurais aimé savoir pourquoi tout le monde tombe avec une telle "violence" sur Justice, et personne ne dit rien sur les Roots... est-ce que le clip des Roots vous semble plus "acceptable" ? 
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T
Je ne dis pas que tu le dis :-)Je dis que le sens commun a tendance à considérer les choses ainsi, et que OM c'est un peu l'exception qui devient la règle.Ensuite "avoir affaire à des gosses dépassés par leur bêtise"... ça pourrait être une bonne définition du rock, non ? Tu lis trop HD ;-)
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G
THOM : Sur Orange Mécanique, je n'ai jamais dit le contraire. Je dis juste qu'il y a aussi des "coups". Et je ne dis pas que l'existence d'Orange Mécanique justifie quoi que ce soit...Ensuite "avoir affaire à des gosses dépassés par leur bêtise"... ça pourrait être une bonne définition du rock, non ? :-)
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T
THOM a bien raison deEvite les formules pléonastiques, quand même :-)Sinon...sur "Orange mécanique", oui et non. Le film est composé de plusieurs parties, il n'y a pas que cette scène clé et c'est même parce qu'il y a le reste que c'est un temps fort...de ce point de vue, je regrette, je suis de l'avis d'Arbobo : "Orange mécanique" est à la violence filmée ce que Johnny Cash est à la Foi chantée : une grosse bonne excuse. L'existence de ce film, à mon sens, ne justifie ni n'excuse les facilités prises par certains clippers bas de front, ce qui est à mon sens le cas échéant. L'idée c'est juste de s'éclater à filmer cette explosion de violence, pour moi c'est très clair. Et comme le rappelle fort justement Arbobo...les justifications du groupe sont peu convaincantes, on a surtout l'impression d'avoir affaire à des gosses dépassés par leur bêtise...
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G
CHRISTIAN : l'article de Ska, tout aussi brillant (sinon plus) que celui de GT Ah ben merci, ça fait plaisir... mais je ne te retiens pas, hein, restes-y, chez Ska, puisque c'est teeeeelllement mieux que mon blog médiocre (susceptible, moi ? :-) )Plus sérieusment... je me doute bien que tu as compris de quel Scarface il s'agissait, tout ça est une manière de me parler de cet album, que je ne connais pas... et qu'il faudra que je trouve...Sinon, marrant l'anecdote du type qui trouve que Justice n'a pas compris le thème de son morceau :-)THIERRY : Oui mais tu te rends compte qu'en t'abstenant, tu fais le jeu de Cali qui... ça va, j'arrête, on va pas importer ici le débat de l'année dernière :-)PYROX : Passi, je n'aimais déjà pas avant qu'il devienne jury de la star academy, alors... ce n'est pas maintenant que je me mettrais à regarder son clip... :-) Mais bon, c'est un autre exemple intéressant...CHRISTOPHE : très vrai et amusant, ce rapport entre Stones et Beatles... pas toujours évident d'imaginer qu'à la base, John "peace & love" Lennon était un petit voyou qui aurait fait détaler les bourges Mick et Keith :-)Certes, j'ai pris des exemples de rap U.S. ... tout simplement parce que c'est ce que j'aime et connais mieux. Mais dans le rap français, tu as des tas de trucs vraiment violents, des appels à la haine, à "casser du blanc" etc...Ensuite... la violence serait légitime dans les clips si elle est "de gauche" ? :-)J'ai revu le clip de Smalltown boy que tu as mis en lien... bien sûr, on est ici dans quelque chose de plus subtil, avec un message clair... mais bon, rock, électro et rap n'ont pas forcément vocation à être "militants".Sur U2... ben... désolé... ça doit pas être facile tous les jours, d'aimer "beaucoup beaucoup" U2 non ? :-) ARBOBO : Sacré message... Je suis d'accord avec toi en grande partie, même si, malgré tout, je persiste à trouver dans ce clip quelque chose d'assez fort et intéressant...Je pense que personne ne compare le clip à du Kubrick en prétendant que c'est du même niveau, c'est juste que lorsqu'on pense à une bande de jeunes qui s'éclatent en... éclatant la tête de tous ceux qu'ils croisent, on ne peut que penser à Orange Mécanique... L'absence de point de vue... c'est un "vaste débat" et THOM a bien raison de préciser que l'absence de point de vue est aussi un "point de vue"... Il aurait fallu qu'ils fassent quoi ? (tiens, c'est marrant, voilà que je parle comme sarkozy) Qu'ils montrent que ces jeunes ont une vie difficile, avec un début de clip où on les voit poursuivis sans raison par des flics, où ils galèrent sans un rond, et, par exaspération, en viennent à la violence... super... ça aurait été bien confortable pour notre "bonne conscience de gauche", on aurait eu notre petite explication satisfaisante "c'est la faute à la société, aux flics etc..." mais bon... on connaît déjà ce discours, on l'a vu et entendu des centaines de fois... Là, on nous laisse face au "fait", brut, ce que je ne trouve pas forcément moins pertinent...Quant au "passages aux coups", Kubrick y vient lui aussi, la scène où la petite bande à laquelle "on s'identifie" rentre chez ce couple, les tabasse et viole la femme est une des scènes clés du film, et elle n'est pas dans la simple "suggestion". Une scène particulièrement malsaine, choquante, et exceptionnelle (ce que n'est pas le clip de Justice, je te l'accorde) 
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T
Waouh ! Arbobo, bravo pour cette intervention dont je partage bien des remarques...à une petite chose près : l'absence de point de vue est souvent en soi un point de vue, elle peut s'apparenter à la démarche elle-même (Cf., en litté, le Nouveau Roman).Précision pour mémoire, car en ce qui concerne le clip...je doute que l'absence de point de vue obéisse à une quelconque démarche ;-)
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C
Quand Arbobo fâché, lui toujours faire ainsigcn 
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A
je crois pas que le problème soit la violence du clip, ça peut l'être pour les chaines télé, mais pas pour nous amateurs de musique qui n'avons pas des contingences de "diffuseur".Hey Joe, I shot the sheriff, I fought the law, Killing in the name, Hexagone, Qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu...quelques tubes qui me viennent spontanément à l'esprit, et dnot la voelnce est d'autant plus incontournable qu'elle est dans le sparole,s alors qu'on peut échapper à un clip même en subissant un matraquage radio.Stress, en l'occurence, est un instru. Justice a été obligé de s'exprimer, parce que c'est sur eux que les retombées commerciales sont les plus fortes, et l'impact éventuel en programmation de concerts. on n'a pas entendu Gavras, alors que même si Justice et pedro winter ont du jouer un rôle, c'est lui le réal et je serais surpris qu'il n'ait pas eu latitude pour proposer et réaliser à sa manière.La comparaison avec Orange mécanique est absurde. On oublie, qui plus, que c'est l'adaptation d'un livre, le propos n'est pas né du film et le contenu est plus complexe, l'histoire bien trop variée avec ses chapitres successifs, pour qu'on puisse faire cette comparaison. Sans oublier la différence de talent, comparer ce clip à du Kubrik, autant nous faire croire que le morceau 'est digne de Kraftwerk, faut pas déconner non plus. si vous voulez un truc pas trop mal et en même temps suffisamment pourri et commercial pour valoir la comparaison, prenez "natural born killers", ça vaut pas mieux comme comparaison.la question du point de vue est effectivement essentielle. Soudain, parce qu'on a aimé justice en live ou en disque, parce que le clip de "Dance" est génialissime, on ose trouver courageux et intéressant une absence de point de vue. Alors que tout amateur, de musique, de film, d'art en général, baille d'ennui et crie à l'imposture, à l'absence d'art, lorsqu'il n'y a pas de point de vue.Cet argument est vide, il n'est là que pour contrebalancer la critique envers le clip, qui effectivement est massive et souvent virulente.je trouve pathétique (je pèse mes mots) les justifications penaudes du duo sur ce clip, un filet d'eau tiède dont on ne tire qu'une chose : la surprise d'avoir provoqué de la violence (dans le sréactions), alors que le clip est justement composé à 100% de violence brute, c'est la seule chose qui le distingue.plus que ça : je maintiens qu'on passe trop souvent sur l'essentiel de ce clip : les casseurs portent le logo du groupe, donc soit ils en sont des représentants (de commerce?), soit ils les figurent (ils SONT le duo, pour ce clip).Dans les 2 cas cette violence est exercée au nom où avec l'aval symbolique du duo. C'est pour moi l'élément clef qui explique qu'on leur demande des comptes et qu'on s'en prenne à eux.certains artistes se sont représentés eux-même, dans la fiction d'un clip, en agresseurs, ils assument au mions le temps d'un clip d'être les porteurs de cette violence.justice, eux, on ne sait pas. D'après leur pitoyable explication, ils ne portent pas grand chose.je comprends pas non plus la référence à une quelconque "censure", à une heure où tout le monde peut voir ce clip sur le net le fait qu'io passe en télé ou non est devenu sans aucun impact  sur l'accès qu'on y a, tout le monde peut le voir.  D'ailleurs Justice et Ed banger ne se sont pas rendus sur ce terrain, et pour cause.La jouissance sadique n'émane même pas de personnages, au sens fort du terme, ce ne sont que des corps en action, menaçant. Sans nom ni histoire, sans contexte non plus. Rien, à part qu'ils tapent sur tout ce qui bouge.La violence physique, elle peut être subie, ou échangée, le choix de mettre l'acent du clip sur les agresseurs, portant le logo du groupe, ne saurait être neutre. Une fois encore l'absence de point de vue est un leurre, pour avoir absence de point de vue il faudrait qu'on soit aussi extérieurs à ces casseurs, et qu'on filme aussi du point de vue des agressés, et des spectateurs directs des agressions. Ce n'est pas le cas.Au contraire, la réalisation du clip nous impose l'identification à une bande d'ordures laches (action en bande) et sadiques. Heureusement, la plupart des spectateurs ont refusé et rejeté cette identification. Or je le répète, elle se fait au nom de Justice, cette identification. Eux l'endossent, à tous le sens du terme. Mais voilà, apparemment ils ne comprennent pas grand chose aux images, ou alors ils sont trop lâches pour avouer que ce clip est exactement ce qu'ils voulaient faire.enfin, le stress, l'angoisse, on peut le sfaires ressentir sans coups ni agression, tout le cinéma d'angoisse repose là-dessus, la pression lancinante, l'attente insupportable, l'anticipation flippante du pire. Le passage aux coups, d'un point de vue filmique, c'est la facilité, c'est le geste cinématographique zéro, au niveau écriture c'est très très pauvre.Bref, le contraire de Kubrik ;-)quant-à GTA, rien que la pub me débecte, déjà. Mais y joue qui veut, je m'en fous un peu.PS : ça soulage ;-)
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C
Bon, je ne retartinerai pas mon avis déjà bavé chez Ska, mais je ferai quelques ajouts à cet article analytique intéressant, même si j'avais bien aimé le coup de gueule de Ska, très sain et mobilisateur, et surtout avec une analyse de cinéphile en bonus, ce qui est un plus dans notre monde de bourrinos wakenwo.Beatles & the Stones :"Les Stones se sont bien fabriqués une image de mauvais garçons, par opposition aux Beatles,"Les débuts de l'arnaque : les petits bourges se font passer pour des durs, alors que les prolos Beatles se bastonnaient réellement sur les docks d'Hambourg mais passaient pour de "gentils" garçons (sales aux cheveux longs, quand même) chantaient des bluettes mièvres (ce que nous autres dermocosmeticiens appelons à la réécoute régulière du Live at the Hollywood bowl des "putains de wakenwo à se rouler par terre"©).Alors Justice, bof, it's the same old song...Rap et violence : b'en tiens... Bon, je ne jette pas la pierre à GT de tomber droit dans le piège du poncif, parce qu'il y a aussi de la pertinence dans les exemples décrits, et la violence dans les clups de beaucoup de rappeux est d'une connerie souvent abyssale, dont Justice et Kourtrajmé ne sont que de talentueux rejetons. J'apporterai toutefois quelques mises en perspectives :- Nonobstant cet excellent brûlot rédigé en francaoui par notre MC GT, tes exemples principaux puisent dans l'imagerie US. Or, la violence relative du clup de Justice, c'est qu'il se passe très objectivement en France. Et là, ça fout les chocottes parce qu'on s'y croit davantage que dans GTA IV.- Je dis poncif, parce que tu aurais pu rester dans un registre comparable musicalement, et tirer tes exemples dans la techno ou la dance pour renforcer l'idiotie du geste, culturellement parlant. Et là, pour le coup, même les clups les plus violents de The Prodigy ou Leftfield ne jouaient jamais dans ce registre droitier, mais davantage dans le côté gauchiste, restant toutefois davantage symbolique qu'émotionnels (en dépit d'usage immodéré de montage stroboscopiques qui rendaient davantage épileptiques que révoltés).Pour bien illustrer, je prendrais l'une des référence du Red wedge anglo-mondial (mondial, parce que Nitzer Ebb sont des Néozeds et ont toutefois soutenu le Parti travailliste ainsi que la grève des mineurs), ces groupes très militants : Bronsky Beat, avec Smalltown boy, vidéo qui est une plongée tragique mais subtilement montée dans l'univers de l'homophobie dans les quartiers populaires GB. (je vous ai trouvé le clup pour vous faire votre opinion). Les clups de Frankie goes to Hollywood (vous vous rappelez certainement de Relax) étaient aussi de petits bijoux de provoc symbolique, ne jouant pas avec les émotions.U2. Le cas : "U2" Depuis quelques temps, je découvre sur le ouèbe que U2 (que j'aime beaucoup beaucoup (enfin jusque Rattle inclus, parce qu'après... bof)) sont détestés. C'est vraiment dommage. Je les trouve bien moins vulgos que Sid Vicious, et pas plus qu'Iggy Pop ou Lou Reed (j'ai vu le Velvet en première partie de U2, franchement, je ne sais pas lesquels étaient les plus pédants, poseurs, clichées et tout et tout).Brefle :je kiffe U2 et toute cette sorte de choses.Mais ça, bien évidemment, personne n'ose le dire.sjl 
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P
cette polémique sur un clip rappelle, comme le faisait remarquer passi dans une interview, la censure de son morceau "émeutes", jugé trop violent, alors qu'il n'était constitué que d'images d'actualités. a la différence pres que dans le cas de passi, le morceau aussi contenait un message explicite.
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C
Je viens de lire l'article de Ska, tout aussi brillant (sinon plus) que celui de GT, et j'ai de suite pensé à une connaissance sur un autre forum qui était vraiment déçu par ce clip : pour lui il était évident que cette musique était la bande son d'un film de Zombies, et il ne comprenait pas leur délire. Il voulait même leur envoyer un mail pour leur explique qu'il s'étaient trompés...
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T
Je ne peux décidément pas m'empêcher de dire ou faire des bêtises.Cali VS Justice ... Dur de choisir !C'est un peu comme Sarkozy VS Royal. Je m'abstiens.
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C
Au fait GT, quand tu parles de Scarface, tu fais référence au film ou au rappeur ? Parce que je tiens l'album "The Diary" de Scarface comme peut-être l'album le plus émouvant du rap...Non, tu dois parler du film.
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T
Thierry >>> Bien sûr que c'est un coup de pub...pour faire monter les stats d'Art-Rock :-)G.T. >>> je ne dirai qu'une chose : ...
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G
SKA : Tu as raison, il y a cette différence...mais entre un gamin qui passe des journées dans le "crime virtuel" sur son PC, et un autre qui voit le clip de Justice, je ne sais pas vraiment ce qui aura la plus "mauvaise influence"...SYST : Donc, ce clip est pas si mal, puisqu'il suscite des discussions intéressantes :-)THIERRY : où est le bon vieux temps de "What's going on ?" ?Tu ne vas pas nous refaire le coup du "bon vieux temps"... :-)Justice n'est pas Marvin Gaye, c'est sûr, mais à l'époque de what's Going On, il y avait aussi Alice Cooper ou Black Sabbath, qui faisaient pas dans la finesse question provoc'...Et maintenant, comme chanteur engagé de qualité, on a tout de même Cali (je plaisante, hein:-) )D'ailleurs... je préfère 100 fois le clip de Justice à n'importe quoi de Cali... ce qui rejoint l'argument Sid Vicious vs Bono Et deux commentaires inutiles, deux !Euh... en fait, 3, avec le doublon ;-) Mais bon, c'est pas de ta faute, les commentaires d'over-blog ont déconné toute la journée... 
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C
Non, non, Thierry, tu te trompes : trois commentaires inutiles, trois. Mais c'est juste parce qu'il y a de l'écho.Bon, voila, finalement assez d'accord avec tout le monde. Disons que pour résumer : je n'aime pas les clips, je n'aime pas Justice, je n'aime pas les films ou clips du petit Gavras, je n'aime pas Kourtrajmé... Ce truc, je sais pas ce que c'est, je ne sais pas ce qu'il faut en penser. C'est efficace, comme la musique de Justice. Mais c'est vide aussi, comme la musique de Justice, aussi. Et quand c'est gratuit comme ça, je ne peux m'empécher de trouver tout ça malsain.Mais à part ça, comme j'aime pas la morale non plus, je suis ok avec ton article GT.Brillant d'ailleurs ton article. Inutile ?Ps : c'est quand même un documentaire de rêve pour le JT de TF1 ce clip.
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T
je ne le défendrai pas car n'aimant ni la "musique" de Justice ni une telle stigmatisation de la violence (quelle qu'en soit le but), et ayant lu assez de réactions à ce clip, je me suis promis de ne pas le regarder, tout simplement. je n'ai pas non plus envie de participer au débat. certains trouveront la démarche de Justice totalement géniale, d'autres la décrieront. je préfère ne rien en penser. je dirais simplement qu'à mon avis, c'est tout ce que vous voulez (coup de pub, ...) sauf de l'art ou une démarche citoyenne !Mais je dis ça sans avoir visionné le clip. Je botte donc en touche !Et deux commentaires inutiles, deux !@++
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T
je ne le défendrai pas car n'aimant ni la "musique" de Justice ni une telle stigmatisation de la violence (quelle qu'en soit le but), et ayant lu assez de réactions à ce clip, je me suis promis de ne pas le regarder, tout simplement. je n'ai pas non plus envie de participer au débat. certains trouveront la démarche de Justice totalement géniale, d'autres la décrieront. je préfère ne rien en penser. je dirais simplement qu'à mon avis, c'est tout ce que vous voulez (coup de pub, ...) sauf de l'art ou une démarche citoyenne !Mais je dis ça sans avoir visionné le clip. Je botte donc en touche !Et deux commentaires inutiles, deux !@++
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T
où est le bon vieux temps de "What's going on ?" ?textes engagés, musique écoutable ... et pourtant un bonhomme dont la vie n'était pas un exemple de morale ...je ne prendrai pas deux secondes pour défendre ce clip !
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S
Décidément, des articles ultra-fouillés sur des problématiques essentielles du rock. Je suis d'accord avec toi sur pas mal de points... c'est bien que la discussion sur ce clip de JUSTICE (dont on se tape tous) permette aux différents blogueurs de discuter de cette notion de provocation dans la musique et les médias en général!SysT
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