Ce blog n’a pas pour vocation de traiter du p2p, mais, en contrepoint aux absurdités proférées par Zazie & Co (voir article précédent), je tenais à faire entendre ces paroles qui changent des discours formatés des majors et de leurs VRP de luxe.
Très peu d'artistes favorables au p2p osent le dire publiquement, car ils savent que leurs maisons de disques risquent de le prendre très mal. Pourtant, dans le dernier numéro des inrockuptibles (avec un dossier sur le p2p), il en est un qui met "les pieds dans le plat", c'est Benjamin Biolay qui déclare:
C'est le problème de l'industrie, des directeurs commerciaux. C'est pas du tout mon affaire. On ne me vole en rien en téléchargeant. On ne m'a d'ailleurs jamais demandé mon avis sur rien, ni sur le copy control, ni sur le site de téléchargement de Virgin Music. [...] Les disques sont hyper chers. Il y a une époque ou les maisons de disque étaient blindées et les tourneurs tout petits. On avait alors mis en place un "tour support", dont s'acquittaient les producteurs. Aujourd'hui que les tourneurs génèrent beaucoup d'argent, on n'a qu'à faire l'inverse, un "disque support" ! Sinon faire du lobbying au Parlement, c'est une honte.
Je trouve d’autant plus remarquable ces paroles de Biolay qu’il écrit pour beaucoup de gens et qu’une bonne partie de ses " revenus " viennent des droits d’auteurs.
Dominique A est un peu plus dubitatif, mais, à contre-courant de la "propagande" des majors qui veulent nous attrister en nous faisant croire que les "petits" artistes sont les principales victimes du p2p, il dit :
Le téléchargement est une aubaine pour les petites structures, car c'est un mode de diffusion fantastique, mais c'est un motif d'inquiétude croissant pour les grosses boîtes. D'ailleurs, on n'entend pas beaucoup gueuler les petits labels, ce sont toujours les mêmes, les gros poissons, qui font du bruit. Pareil pour les artistes : j'ai l'impression que ce sont surtout les gros vendeurs qui réagissent.
Comme quoi, tous ne sont pas de braves toutous au service de leurs maisons de disques…
Biolay dit " On ne me vole en rien en téléchargeant ". Alors, si vous ne connaissez pas sa musique, téléchargez-la ! Et surtout, si elle vous plaît, achetez ses albums ! Ce serait pas mal que les internautes utilisant le p2p, en pied de nez à l’industrie du disque, se donnent le mot et achètent massivement ses albums dans les semaines qui viennent. D’autant plus qu’ils sont de qualité, largement au-dessus de la moyenne de la " nouvelle scène française ", et ses mélodies et orchestrations témoignent d’un vrai travail " d’orfèvre ". Négatif est un double album (pour le prix d’un) opulent, d’une richesse étonnante, et son dernier, "A l’Origine ", est plus pop-rock mais toujours aussi inspiré. Et sa musique est autrement plus passionnante que celle d’un Vincent Delerm…
Pour vous faire une idée, écoutez La vanité, Négative folk-song ou Dernier souper au château de " Négatif ", et Ma chair est tendre ou Dans mon dos tirés de " A l’origine ".
Après, on aime ou non sa musique, mais faut aussi lui reconnaître une vraie " générosité ", dans le sens ou, si l’on est sensible à son style, il n’y a quasiment rien à jeter dans ses albums. Une des raisons invoquées le plus souvent par les internautes pour justifier le fait qu’ils téléchargent est que la plupart des disques sont composés de 2 ou 3 bons titres, les autres n’étant que du remplissage, ce qui n’est absolument pas le cas chez Biolay.
Sinon, écoutez aussi Dominique A, particulièrement son magnifique dernier album, "Tout sera comme avant" (son prochain devrait sortir dans peu de temps), qui est en plus actuellement à prix réduit chez les disquaires…. Lui aussi place la barre très haut, et même trop haut pour que les têtes de gondole de la nouvelle chanson française puissent le suivre.