Il est grand temps de souffler un peu, de revenir à la musique, après les digressions politiques de ces dernières semaines. D'autant plus que le CSA oblige les médias à ne plus parler des présidentielles le week-end précédant l'élection. Internet est, heureusement, un espace de liberté (espérons que ça dure) qui n'est pas soumis aux mêmes règles que les autres médias. Mais je souhaite respecter tout de même ces règles, il ne sera donc pas question des présidentielles aujourd'hui. Ceux qui voient dans le titre une référence à la très classieuse phrase d'Alliot-Marie sur Ségolène Royal (Elle change d'idées comme de jupes), ou une quelconque tentative de jouer sur l'inconscient de mes lecteurs dans cet article ont vraiment l'esprit mal tourné.
Polly-Jean Harvey, donc, est actuellement une des personnalités les plus fortes et respectées du rock. Ce qui est déjà un exploit. Dans un milieu à la base plutôt macho, pas facile pour une femme de s'imposer. Et cela l'était encore plus début des années 90, quand elle s'est révélée. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'était pas programmée pour devenir une "rock-star" et une des chefs-de-file du genre : une fille qui débarque de la campagne anglaise, sans attaches dans le milieu rock, et qui n'était ni "grande-gueule virile" ni sexy (et même plutôt rigide), il lui a fallu beaucoup de pugnacité pour convaincre. Une fois l'estime de ses pairs conquise, elle a su faire fi de pas mal de ses complexes, elle s'embellit au fur et à mesure des années et a réussi à accepter sa féminité, quitte à la surjouer parfois. Mais sans tomber dans le ridicule. En cela, elle est bien au-dessus de la plupart de ses consoeurs et concurrentes. Loin de la vulgarité de la très trash Courtney Love ou des groupes de rock de filles hommasses (style L7), et loin des petites poupées fades et mignonnes style Plasticines. PJ Harvey a un sacré caractère, un tempérament de feu, qui n'apparaît pas toujours au premier abord car elle sait en faire montre à bon escient. J'en entends quelques-uns me dire "l'image ne compte pas, seule la musique compte"... oui... mais faut pas se leurrer, l'image est depuis toujours prépondérante dans le rock, et n'empêche pas de faire de la bonne musique. Elle conditionne, qu'on le veuille ou non, la perception et le plaisir qu'on prend à l'écoute : il est impossible de faire abstraction du phénomène inconscient d'identification. Si Elvis (dont PJ Harvey est fan depuis sa plus tendre enfance) avait été tout petit, avec un visage fourbe et des tics de petite frappe au lieu de sa moue sexy et arrogante, le rock n'aurait pas suscité la même fascination et le King en aurait été un symbole moins fort et un représentant moins efficace.
PJ Harvey, donc, assume sa féminité elle porte fièrement des robes, des jupes et ose même le blanc virginal, comme cette robe très courte, à laquelle il est difficile de rester insensible, dans la vidéo ci-dessous...
PJ Harvey - Dress
Elle est tout de même plus classe qu'un quelconque "rockeur-roquet", non ?