Toujours peu de temps pour alimenter mon blog (même si je tiens à jour mon classement et ma playlist), à défaut de quantité, il fallait que je revienne avec de la qualité... non pas celle d'un long article de fond (je vous ai dit que j'ai pas le temps ?), mais une oeuvre rare. Une oeuvre assez méconnue, d'un compositeur qui ne l'est pas moins, et qui est pour moi une des plus belles pages de la musique du début XX°.
Anatoli Liadov (1855-1914) aurait pu être un compositeur de renom, mais, trop inconstant ou paresseux, il est resté en arrière-plan de ses camarades et compatriotes Mussorsgki, Rimsky-Korsakov, Scriabine ou encore Stravinsky. Pas d'oeuvre aussi marquante et spectaculaire chez Liadov que la Nuit sur le Mont Chauve (Mussorgski) ou le Sacre du Printemps (Stravinsky), mais son envoûtant poème symphonique Le Lac Enchanté (1909) mériterait bien plus de reconnaissance qu'il n'en a.
Le Lac Enchanté, c'est la fusion rêvée entre Wagner et Debussy. Ou plus précisément, entre Tristan et les Nocturnes pour Orchestre. Un climat très impressionniste avec des harmonies "tristaniennes" (ne serait-ce que l'accord, à 4'00, directement emprunté à Tristan). Mais ce Lac Enchanté ne peut se réduire au mélange de ces influences, c'est une oeuvre originale et singulière, quasi-athématique... car si l'on y distingue quelques volutes de motifs et mélodies éphémères, il n'y a pas de thème à proprement parler. Ce sont les textures et couleurs orchestrales qui intéressent ici Liadov, pas les thèmes et leurs développements. Une des premières "musique atmosphérique" de l'histoire, et déjà un des chefs-d'oeuvre du genre...